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été appelés dans le dernier siècle, pour apaiser une rebellion en Chine, se rendirent maîtres de cet empire.

141. Une chaumière tient lieu de palais à VanHeu, lorsqu'il est question d'entendre les sages. Van-Heu était souverain d'une partie de la Chine, et si fort adonné à la philosophie qu'un jour, au retour de la chasse, lorsqu'on lui eut amené son chariot pour le reconduire au palais, crainte d'un orage, il aima mieux rester dans une chaumière où quelques philosophes s'étaient assemblés, pour profiter de leurs discours. On s'est servi depuis de ce proverbe pour exprimer une soif ardente du savoir.

142. Oublier ses ancêtres, c'est être un ruisseau sans source et un arbre sans racine. Ce proverbe veut condamner la vanité de ceux qui, ayant fait fortune, méconnaissent leurs parens.

143. Sans le mey-tse comment donner aux ragoûts les cinq saveurs ordinaires. Qui veut réussir doit agir en conséquence. Le mey-tse est une espèce d'abricot sauvage que les Chinois confisent et marinent pour en assaisonner leurs ragoûts. Par ces cinq saveurs ils veulent désigner la perfection. Les Chinois regardent le nombre 5 comme le plus parfait, d'où vient qu'ils réduisent à ce nombre les vertus cardinales, les devoirs relatifs, les commandemens de Fo, les élémens, les parties pobles du corps humain.

144. Un prince qui veut mériter le secours du ciel doit honorer et pratiquer les cinq vertus. Les cinq vertus cardinales, si révérées chez les Chinois, sont :

yin, charité; y, justice; li, politesse ou observance des rits et cérémonies; chi, prudence, et sin, fidélité. (Semedo, Hist. de la Chine.)

145. Whang-Tien protège la vertu partout où elle se trouve, sans acception de personne. Whang-Tien, c'est le souverain du ciel et un des noms dont les Chinois se servent pour désigner la Providence. Les anciens Chinois paraissent avoir eu des idées assez justes des attributs divins, témoin ce passage d'un de leurs livres classiques : « Tous les boeufs que tua Chew ne valaient pas le moindre sacrifice de VenVang, parce que le premier avait le cœur souillé de crimes, et que celui du second était pur. (Duhalde.)

146. Lorsque la flamme est dans toute sa force, elle va toujours en augmentant; mais lorsque le feu est une fois éteint, il ne se rallume plus. Ce proverbe signifie que lorsque l'esprit est dans toute sa vigueur, il est susceptible d'une plus grande perfection, mais que lorsqu'on néglige sa culture et qu'on le laisse s'abrutir, il n'est plus capable de rien.

147. Le trop grand nombre de bergers nuit au trou} peau;

il s'égare bien moins lorsqu'un seul le conduit. Les Chinois ne connaissent que le gouvernement monarchique, et n'ont aucune idée du républicain. Les Hollandais leur ayant expliqué la nature de leur gouvernement, les premiers ne s'en formèrent d'autre idée que celle d'un repaire de pirates qui vivaient dans l'anarchie. Les Chinois, à l'exemple d'Homère, appellent ceux qui les conduisent les pasteurs du peuple. Je suis pasteur et gouverneur de

cette ville, disait un mandarin à un Européen, et, comme tel, je dois travailler au bien du pays.

148. Lorsque U et Ywe se trouvent ensemble sur un vaisseau battu par la tempête, ils s'aident l'un l'autre pour se sauver du naufrage. U et Ywe signifient deux ennemis implacables. Les Anglais disent: Common danger makes friends.

149. Whay-Nghen avait une mère sage, WhayQuang un fils qui l'était aussi. Le sens de ce proverbe est que la vertu et le vice, la sagesse et la folie ne sont point héréditaires. Deux exemples vont démontrer la vérité de ce proverbe. WhayNghen était un esclave entreprenant qui se mit à la tête d'un parti qui avait pris les armes contre l'empereur. Sa mère lui reprocha un jour son crime: Malheureux, lui dit-elle, tu oses, malgré toutes mes remontrances, te révolter contre ton prince, de qui tu as reçu tant de bienfaits; et, en achevant ces mots, elle lui plongea un poignard dans le sein, en s'écriant: Je sacrifie ce traître à ma patrie et à mon prince. Whay-Quang, sous un autre règne, ayant excité une révolte, son fils fut trouver l'empereur: Je viens, lui dit-il, effacer par ma loyauté le crime de cette rébellion, et, s'étant mis à la tête d'un corps de troupes, il défit entièrement les révoltés.

150. Troubler un homme dans ses affaires, vaut autant que tuer son père. Les Chinois expliquent ce proverbe à l'aide du conte suivant : Un pauvre homme, qui voulait fêter le nouvel an, fut vendre un pot de terre, qui était tout ce qu'il possédait. Il rencontra deux personnes, dont l'une lui en offrit

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un prix raisonnable, et dont l'autre rompit le marché. Cet homme fut si frappé de ce contre-temps que le pied lui glissa; il tomba, et son pot se brisa, ce qui le mit au désespoir. Lorsqu'il eut un peu repris ses sens, il courut après celui qui avait fait rompre le marché, et fit du tapage à la porte de sa maison. En s'en retournant, il aperçut du linge qu'on avait mis sécher; il le prit, et fut le vendre pour avoir de quoi régaler sa famille. Il s'adonna au vol depuis ce jour-là, et tomba enfin entre les mains de la justice. Lorsqu'on vint à l'interroger, il accusa l'autre de l'avoir séduit et d'être son com

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plice. Étant arrivés à l'endroit où on devait les exécuter, le voleur jeta un coup d'œil d'indignation sur son compagnon: Me connais-tu? lui dit-il, je suis celui que tu empêchas de vendre son pot de terre. Tu as causé ma perte, et il est juste que tu souffres avec moi. (Duhalde.)

FIN DU PREMIER VOLUME.

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