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et leurs yeux bleus et dont l'origine commune avec la race européenne ne peut être contestée. Cette population, établie autrefois dans le voisinage de la mer et dont les travaux agricoles ont laissé des traces nombreuses, fut ménagée par les Romains, qui s'en servirent avantageusement pour la fourniture du blé à l'Italie, où le sol fut abandonné aux latifundia. Réfugiée actuellement dans les montagnes de la Kabylie, elle a conservé les mœurs et les traditions des races européennes; mais au lieu de la ménager et de l'encourager, on l'a froissée comme à plaisir, en leur enlevant ses meilleures terres, pendant qu'en Tunisie, où elle est représentée par les Kroumirs, on la traite avec le ménagement qu'elle mérite. L'orateur expose ensuite comment cette population a été refoulée, après une lutte acharnée, par les Arabes nomades qui occupèrent toute la plaine au XIe siècle. Mais les Arabes, que nos généraux ont considérés pendant longtemps comme la véritable population du pays, ne sont autres que les descendants de ces tribus de pillards, venues des bords de la Mer Rouge, d'où les Fatimites les rejetèrent sur l'Algérie et la Tunisie. La véritable population du pays se retrouve dans la population berbère, essentiellement agricole, sur laquelle on cût dû s'appuyer, dès le premier jour, mais que l'on parviendra à gagner, comme on l'a fait des Berbères de la Tunisie. De même, on a eu le tort, à Madagascar, de négliger la population indigène, pour traiter avec les Hovas. Les Anglais, au contraire, sont parvenus à consolider leur pouvoir dans l'Inde, en traitant partout avec la véritable population du pays. D'autre part, on compte, en Algérie, un grand nombre de Juifs, depuis longtemps établis dans le pays et dont le nombre n'a jamais fait l'objet d'un recensement officiel, ce qui est regrettable. En somme, dit en terminant l'orateur, on devrait prendre les mesures suivantes Supprimer le système de rattachement, s'attacher la race agricole et entamer la race nomade, par l'emploi de la force religieuse.

Séance du 19 Mars 1895. Présidence de M. de Cazenove. M. le Président donne lecture du discours, qu'il devait prononcer sur la tombe de M. Antoine Mollière, décédé le 17 mars, ce qu'il n'a pu faire, à cause d'une disposition du testament du regretté défunt. Dans un rapide tableau, l'orateur fait connaître la longue carrière de littérateur, de philosophe et de penseur de M. Mollière, esprit vaste, toujours en éveil, qui a traité avec l'autorité de l'expérience humaine, éclairée et guidée par la foi religieuse, les plus hauts problèmes de la

vie morale. Après avoir rappelé les titres de ses principaux ouvrages, M. le Président emprunte d'abord à son discours de réception quelques passages, qui caractérisent l'homme et nous expliquent sa vie tout entière, constamment dévouée au bien, sous toutes ses formes. Plus loin, citant de même l'ouvrage qu'il a intitulé: La métaphysique de l'art, il nous montre quelle haute idée l'auteur s'était faite de l'art, dont l'inspiration, disait-il, devait être puisée aux sources élevées de la foi. Né à Lyon, le 1er octobre 1809, M. Mollière s'était fait inscrire au tableau des avocats, le 10 mars 1834. Il avait appartenu ainsi, pendant quarante ans, au barreau de notre ville, où sans avoir beaucoup plaidé, il avait mérité l'estime et l'affection de tous ses confrères. Mais par dessus tout, c'était un homme de bien, qui avait fourni aux œuvres de bienfaisance un concours toujours dévoué, notamment à l'oeuvre du Dispensaire et à la Société de Saint-Vincent-de-Paul. On ne doit pas oublier non plus sa coopération active à la Société des amis des arts, qu'il présida pendant huit années. Modeste et croyant, il a enfin donné un dernier témoignage de ses sentiments intimes, en exigeant qu'à la cérémonie religieuse de ses funérailles, il n'y eût ni fleurs, ni couronnes. Et c'est ainsi que, dans sa mort, comme dans sa vie, il laisse à tous, à ses enfants, à ses amis, un grand exemple d'honneur, de travail et de foi. Après l'audition de ce discours, la séance est levée en signe de deuil.

Séance du 26 mars 1895. Présidence de M. Valson. Hommages faits à l'Académie : 10 Notice sur le tir courbe (3e mémoire), par M. le comte de Sparre; 2o Traité de zootechnie spéciale : les oiseaux de basse-cour, par M. Cornevin. M. Charles André communique une étude sur l'hiver de 1894-1895. Dans un premier chapitre, l'auteur fait connaître le nombre des jours de gelée, qu'il établit ainsi : quatre-vingt-quatre au parc; quatre-vingt-trois à Saint-Genis-Laval; quatre-vingt-seize au Mont-Verdun, répartis en diverses périodes. Dans un second chapitre, M. André établit la classification de ces divers jours de gelée de la manière suivante: On compte à Saint-Genis, dix-sept jours du 29 décembre au 14 janvier, dix-huit jours du 23 janvier au 10 février, douze jours du 13 au 24 février, onze jours du 26 fevrier au 8 mars. Au Mont-Verdun vingt-trois jours du 21 décembre au 12 janvier et quarante-cinq jours du 23 janvier au 8 mars. L'auteur étudie, en troisième lieu, la température de l'intérieur du sol. Au total, il a gelé à

une profondeur de dix centimètres pendant trente-huit jours, à partir du 29 janvier et pendant vingt-neuf jours à trente centimètres, à compter du 2 février. Enfin, dans un quatrième chapitre, M. André traite des chutes de neige. Au mois de janvier, on compte quatorze jours neigeux; en février treize jours, ce qui est supérieur à la moyenne normale. D'ailleurs, les chutes de neige ont été tout à fait exceptionnelles pour nos régions, soit par leur durée, soit par leur intensité. Enfin, l'auteur après avoir étudié les diverses périodes de dégel, compare le dernier hiver avec celui de 1879-1880, qui fut plus froid et plus long, en même temps qu'il fut plus précoce que celui de 18941895, différence qui mérite d'être notée, pour les recherches des lois de périodicité, à laquelle se livrent quelques météorologistes. - M. Ernest Lapaire, autorisé à faire une lecture, communique les premiers chapitres d'une notice sur M. Henri Hignard, membre émérite et ancien président de l'Académie (V. la Revue du Lyonnais de mars 1895).

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6 avril.

M. Devienne, conseiller à la Cour d'appel, est nommé président de Chambre, en remplacement de M. Ollivier, décédé.

M. Degounon-Loubens, conseiller à la Cour d'appel de Grenoble, est nommé conseiller à la Cour d'appel de Lyon, en remplacement de M. Devienne.

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10 avril. Départ du camp de Sathonay de la première compagnie du 200 régiment d'infanterie, formé pour l'expédition de Madagascar. 12 avril. Mort de M. Paul Chenavard, peintre, décédé à Paris, à l'âge de quatre-vingt-huit ans. Ses funérailles ont eu lieu à Lyon le 15 avril. Né dans notre ville, le 9 décembre 1807, Paul Chenavard alla étudier la peinture en Italie, en 1827. En 1848, il avait été chargé de la décoration du Panthéon, et il composa pour ce travail, qui n'a pas été exécuté, une série de cartons, conservés aujourd'hui au musée de Lyon, qui représentent l'histoire de l'humanité, de la Genèse à la Révolution française.

16 avril. Mort de M. Alphonse Desgeorge, chevalier de la Légion d'honneur, ancien membre de la Chambre de commerce, et viceprésident de la Société amicale des anciens élèves des Chartreux, décédé à l'âge de cinquante-neuf ans.

22 avril. — Ouverture de la seconde session du Conseil général du Rhône, sous la présidence de M. Bouffier.

L'Administrateur-Gérant, MOUGIN-RUSAND.

TYPOG. MOUGIN-RUSAND. - LYON

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L'

'HISTOIRE des origines de la typographie à Lyon a été l'objet de plusieurs publications

dans le cours des soixante dernières années. Cette étude avait été faite principalement d'après les monuments, c'est-à-dire d'après les produits de l'imprimerie lyonnaise; elle ne pouvait être qu'incomplète. Elle était incertaine faute du complément qu'on aurait dû trouver dans des documents alors en partie ignorés. On accordait en même temps trop de confiance au témoignage d'érudits et de curieux, ainsi qu'à des traditions; on se plaisait à former des hypothèses qu'aucun ensemble de faits ne justifiait. Descartes a eu raison de dire :

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