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NOUVELLES ANNALES

DES VOYAGES,

DE LA GÉOGRAPHIE

ET DE L'HISTOIRE.

RECHERCHES

SUR L'ÉPOQUE VERITABLE DE LA DÉCOUVERTE

DE LA

TERRE DE VAN DIEMEN DU NORD;

PAR J. B. B. EYRIÈS.

Lues à la séance particulière de la classe d'histoire et de littérature ancienne de l'Institut, le 26 août 1814 (1).

Tout ce qui concerne la découverte de la Nou velle-Hollande, est enveloppé d'une obscurité profonde. D'anciennes cartes, publiées de nos

(1) Voyez la note A à la fin de ces Recherches.

TOM. II.

1

jours, ont donné sujet de présumer que, dès le seizième siècle, les Portugais avoient eu connoissance de la côte orientale de ce continent (1); mais on ignore absolument les détails de leur navigation dans ces parages. Ils en ont même laissé de traces que, dans les livres de géograpeu phie, on ne trouve rien qui ait le moindre rapport aux campagnes qu'ils ont pu faire de ce côté.

si

On ne sait pas du tout si les Portugais ont connu les premiers les côtes occidentales de la NouvelleHollande. Les Hollandois, dont les navigateurs en ont, à diverses époques, découvert plusieurs points, n'ont rien publié du résultat de ces expéditions. On a supposé qu'un même motif avoit fait tenir à ces deux peuples une conduite semblable. C'est à la jalousie, à la crainte, que l'on a généralement attribué leur réserve. Ils pensoient qu'en publiant leurs découvertes, ils feroient naître chez les autres nations européennes l'idée de former des établissemens dans ces contrées; et ils appréhendoient que leur voisinage ne fût

(1) Ephémérides géographiques de Weimar, Tom. XV, p. 149. Le mémoire que donne ce recueil a pour auteur notre savant compatriote M. Coquebert de Montbret qui, après en avoir fait lecture à la société philomatique, l'envoya en manuscrit aux rédacteurs des Éphémérides, Tom. XXI, p. 3; Tom. XXIV, p. 315. ZIMMERMANN... Australien, Tom. I, p. 84, 795, etc.

incommode et nuisible même à leurs possessions dans les Indes (1). Vaines précautions. Le malheur qu'ils redoutoient et qu'ils cherchoient si soigneusement à éviter leur est arrivé; de plus ils şe sont privés de la gloire que la publication des découvertes leur eût acquise dans la postérité. Mais l'on connoît au moins les dates des découvertes faites par les navigateurs hollandois. Voici celles qui sont indiquées dans les seuls livres hollandois que j'ai pu me procurer, où il en soit fait mention. L'un est le précieux recueil de Valentyn (2), l'autre est une introduction générale à la géographie par Struyk (3). Terre d'Endraght ou de la Concorde, decouverte le 25 octobre 1616 par Dirk Hartighs d'Amsterdam(4).Terre de Witt, en 1628. Terre d'Edel, en 1619. Terre du Leeuwin ou de la Lionne, en 1622. Terre de Nuyts, le 2 janvier 1627, par le navire de Vergulde Zeepard (le Cheval marin doré) de Middelbourg. Ces deux auteurs ne donnent pas la date de la

(1) Recueil de Voyages au Nord, p. xi de la préface, Tom. I, édition d'Amsterdam, 1731, io vol. in-12.

(2) Oud en Nieuw Oost-Indien, Amsterdam, 17241726, 5 vol. in-fol. avec des cartes et des figures.

(3) Inleidning tot de allgemeen geographie door Nicolas Struyk, Amsterdam, 1740, 1 vol. in-4.°, p. 56.

(4) Voyages de découvertes aux Terres- Australes, rédigé par Péron, Tom. I, p. 194.

découverte de la Carpentarie, de la terre d'Arnhem, de la terre Van Diemen du nord. Struyk ajoute que l'on ne sait pas si la terre Van Diemen du sud est une île ou bien une partie de la NouvelleHollande, et que la Nouvelle-Zélande fut découverte, le 13 décembre 1642, par Abel Tasman. Il observe qu'il n'y a guère que les côtes de la Nouvelle-Hollande qui soient connues (1).

Avant ces deux écrivains, un François, Melchisédech Thévenot, avoit donné quelques renseignemens sur le sujet qui nous occupe. Voici comment il s'explique dans la préface de son recueil (2): » La Terre-Australe, qui fait maintenant une cinquième partie du monde, a été découverte à plusieurs fois. La partie nommée De Wittland, en 1628; la côte que les Hollandois appellent la terre de P. Nuyts, le 16 janvier 1627; la terre de Diemen, le 24 novembre 1642; celle qu'ils ont nommée la Nouvelle-Hollande, en 1644.» Il ajoute que les Chinois ont eu depuis long-temps connoissance de ce pays, puisque Marc-Pol marque deux grandes îles au sud-est de Java. Il promet de donner les voyages de Carpenter et de Diemen, à qui l'on doit le principal honneur de cette découverte; puis il continue ainsi : « Diemen en rapporta de l'or, de la porcelaine, et mille autres

(1) On trouvera quelques dates de plus dans la note 4. (2) Cette première partie parut en 1663.

richesses qui firent d'abord croire que le pays produisoit toutes ces choses. L'on a su depuis que ce qu'il en rapporta venoit d'une caraque qui avoit échoué sur ces côtes. Le mystère qu'en font les Hollandois, et la difficulté de permettre que l'on en publie la connoissance que l'on en a, fait croire que ce pays est riche.... Quoi qu'il en soit, presque toutes les côtes de ce pays ont été découvertes, et la carte que l'on en a mise, tire son origine de celle que l'on a fait tailler de pièces rapportées sur le pavé de la nouvelle maison de ville d'Amsterdam. »

etla

On lit dans l'Histoire des voyages, par l'abbé Prevost, que la Nouvelle-Hollande fut découverte en 1618 par Zechaën, Hollandois; et la terre de Carpenter, ainsi que la Carpentarie située entre la Nouvelle-Hollande et la Nouvelle-Guinée, par Carpenter, en 1662. L'abbé Prevost parle aussi très-succinctement des découvertes citées par Valentyn, Struyk et Thévenot; mais il ne donne que peu de dates, et quelque-unes sont fautives(1). De Brosses, dans l'Histoire des navigations aux terres Australes, indique, pour ces découvertes,

(1) Tom. XI, p.201, édition in-4.°. La découverte de la Nouvelle-Zélande est placée en 1654.- Le Tom. XVIII, dans lequel ont été insérés les supplémens intercalés dans les volumes précédens par les éditeurs hollandois, n'offre rien de plus. Ce qui s'y trouve p. 498 est extrait ou copié de Thévenot et de De Brosses.

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