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nique, n. 2923 des manuscrits de Sloane; le journal du n.. voyage qui s'étend jusqu'à Astrakhan, est suivi de notices fragmentaires sur la Russie; mais une carte manuscrite, annoncée dans le texte, ne s'y est pas trouvée. M. le comte Romanzof en a obtenu une copie exacte par la bienveillante intervention de sir Joseph Banks; il a chargé M. le conseiller d'état Adelung de le publier.

L'autre relation est d'un voyageur italien anonyme du 16. siècle, et porte le titre : Relatione degli grandissimi stati, etc., etc., del potentissimo imperatore et gran duca di Moscovia. L'auteur a visité la Russie en 1554 sous Ivan Vasilievitch il se proposait de restituer à Venise, sa patrie, le commerce des épiceries et des Indes-Occidentales qu'elle venait de perdre par suite des découvertes des Espagnols et des Portugais. Sa relation est riche en observations politiques et historiques. Il en existe deux manuscrits dans le Muséum britannique, dont M. le comte Romanzof s'est procuré une copie. Mais le manuscrit le plus complet est celui qui se trouve au Vatican, et dont le roi de Pologne, Stanislas -Auguste, s'était procuré une copie, insérée dans la précieuse collection, intitulée : Extraits de la bibliothèque du Vatican, contenant les manuscrits qui regardent l'histoire de Russie depuis l'an 1075 jusqu'à l'an 1672, tirés en 1790 pour le roi de Pologne par M. l'abbé Albertrandi, aujourd'hui évêque de Posen et de Varsovie. On trouve dans ce recueil soixantedouze pièces officielles en latin, italien et polonais. Ce recueil appartient à M. le conseiller d'état, chevalier de Trugeneff, qui va le faire imprimer sous les auspices de M. de Romanzof. La copie du manuscrit du Vatican sera soigneusement consultée pour l'édition particulière de la Relation que M. Adelung est également chargé de publier.

Sur les volcans de l'Islande, par M. le comte VARGASBEDEMAR. Copenhague, 1817.

Le descendant d'une illustre famille espagnole et sarde, aujourd'hui établi en Danemark, nous donne, dans ce petit écrit, une foule d'aperçus neufs sur plusieurs produits des volcans de l'Islande, récemment apportés à Copenhague, ainsi que sur les causes de l'activité des volcans et sur le mode de formation des substances volcaniques.. L'analyse de cet écrit savant et intéressant appartient en grande partie aux journaux de physique, mais nous pouvons en extraire quelques aperçus faits pour plaire à ceux de nos lecteurs qui aiment la géographie physique.

L'Islande paraît avoir de grands rapports avec l'Auvergne; ce sont, dans l'un et l'autre pays, des cônes qui ont été élevés du bas en haut par les gaz auxquels leurs cratères servent de cheminées. L'Auvergne était peut-être jadis une île comme l'Islande; celle-ci sera peut-être un jour une contrée méditerranée comme l'Auvergne, dont les volcans éteints ne présentent que des amas de basalte. Alors les Neptunistes (s'il y en a encore) essaieront en vain à y appliquer leurs théories de formation aquatique

Le développement des gaz souterrains, une des causes les plus puissantes des phénomènes volcaniques, est extrêmement considérable en Islande. et produit des effets prodigieux. Un Islandais fut tué, il y a quelques années, en plein champ, par un rayon d'air probablement électrique, tandis que quatre autres individus, marchant à ses côtés, n'en éprouvèrent pas la moindre impression.

A la dernière éruption de Katleghia, on vit une matière, semblable à la foudre, sortir en torrens du cratère, et tuer tous les êtres vivans avec lesquels elle se trouva

en contact.

Une pierre du poids de quatorze livres et demie, avec quelques autres moins considérables, fut lancée par le Katleghia à une distance de quatre milles danois (plus de huit lieues de 25 au degré). C'est le fait le plus étonnant de ce genre qui soit authentiquement prouvé.

Le surturbrand est, comme on sait, une substance qui a des rapports, tant avec la houille qu'avec le bois fossile, et qui se trouve en Islande jusqu'à une élévation de trois cents pieds au-dessus du niveau actuel de la mer. M. de Vargas-Bedemar pense que c'est une couche de bois qui, amassée par les courans d'eau dans les temps primitifs, pénétrée de vapeurs acres et oxygéniques, mais hors de toutes les circonstances particulières qui produisirent la véritable houille, fut carbonisée sous une couverture d'autres substances. De grandes couches de pierres recouvrent ordinairement le surturbrand. La forme aplatie et comprimée des feuillets dans lesquels cependant on reconnaît parfaitement les filamens du bois, prouve qu'une puissante pression a été exercée sur une matière ramollie. Les couches les plus basses consistent souvent en une matière fine et dissoute, contenant de petites substances combustibles et des fragmens de grès ferrugineux.

Trésor des origines et Dictionnaire grammatical raisonné de la langue françoise, par M. POUGENS, membre de l'académie des inscriptions, etc. Spécimen.

L'histoire des langues est la véritable base de l'histoire des peuples, et même une des sources les plus pures de la Géographie comparée. Il est donc de notre devoir d'appeler l'attention de nos lecteurs sur l'important travail dont M. Pougens publie aujourd'hui un spécimen. Ce savant philologue n'adopte aucun système étymologique exclusif;

il compare impartialement toutes les hypothèses qu'on sauroit imaginer sur l'origine d'un mot; il développe avec une immense érudition les raisons pour et contre; il trace, pour ainsi dire, les voyages que les mots radicaux ont faits d'une langue dans l'autre, ensuite il choisit avec modestie l'opinion qui lui paroît la plus vraisemblable, sans condamner les autres. Il y a quarante ans que M. Pougens se livre à ce travail avec une assiduité d'autant plus admirable que la privation de la vue lui en rend l'exécution plus pénible. Le Trésor des origines, qui nous intéresse plus particulièrement, formera six volumes in-folio. Nous en examinerons le spécimen dans un de nos prochains Bulletins, mais nous devons dire d'avance que depuis long-temps il n'a paru un ouvrage plus digne de la protection spéciale du gouver

nement.

Ambassade au royaume d'Aschantie, an 1817; par T. E. BOWDICH. Londres, 1819. 1 vol. in-4°.

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L'Aschantie est un puissant royaume nègre, au nord de la Côte-d'Or. Coumassie, sa capitale, est à neuf journées de route de la mer, et renferme cent mille habitans; il y a peu d'années encore, on ne connoissoit que le nom de cet état. Quelques démêlés de son souverain avec d'autres rois nègres, vivans le long de la côte sous la protection des Anglois, donnèrent lieu à l'ambassade que le gouverneur du Çap-Corse fit partir pour Coumassie.

M. Bowdich, chef de l'ambassade, a rendu un grand service à la géographie en rendant compte de sa mission. Il nous introduit dans un monde absolument nouveau. II/ seroit difficile, en Europe, de se faire une idée de la pompe barbare et de la magnificence dont il a été témoin à la cour du roi d'Aschantie; on ne se figureroit pas non plus la puis

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sance, la richesse, l'état politique de ce royaume. C'est une espèce d'aristocratie à la tête de laquelle est un roi. L'autorité de celui-ci, bien loin d'être absolue, est quelquefois forcée de plier devant celle des grands. On conçoit que cet état de choses rendit la négociation de M. Bowdich extrêmement difficile. Par un heureux mélange d'adresse, de douceur et de fermeté, il parvint à faire signer à sa majesté noire un traité tel qu'il le désirait.

La relation de son ambassade est suivie de notions intéressantes sur la géographie de l'intérieur de l'Afrique. M.Bowdich a cherché à recueillir de la bouche des Mores et des Nègres les renseignemens les plus détaillés sur cet objet intéressant: Il a pesé et comparé tous les témoignages avec une exactitude qni fait honneur à son jugement; mais, malgré ses efforts, il n'a pas pu soulever le voile qui couvre encore plusieurs points obscurs, tels, par exemple, que le cours du Niger ou Joliba, à quelque distance au-delà de Haoussa.

La description du royaume d'Aschantie, de la religion, des mœurs, usages et coutumes des habitans, du climat et des productions du pays, termine le volume. Nous ne donnons pas un extrait analytique de ce livre, parce que nous savons qu'il a été traduit en françois. Il est sous presse, et ne tardera pas à paroître.

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Un fait assez remarquable, c'est que, tandis que les phi lanthropes se réjouissent de l'abolition de la traite des Nèles habitans de la Nigritie en gémissent. A chaque instant, M. Bowdich étoit assailli de demandes par des gens qui demandoient qu'elle fût rétablie, et le roi d'Aschantie le chargea de dire à son frère, le roi d'Angleterre, que s'il prenoit le parti de renouveler le commerce, il lui feroit un sensible plaisir.

TOM. II.

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