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forme, aux gâteaux d'avoine que l'on mange en Écosse, mais il est plus épais.

Ce pays a subi de grands changemens depuis que Norden le visita, en 1737 et 1738. On ne parle plus de plusieurs lieux dont il fait mention, et qui sont peut-être enterrés sous les sables, J'éprouvai dans mon voyage bien moins de difficultés qu'il n'en rencontra; cependant, l'excès de la chaleur m'empêcha de pousser mes recherches plus loin; rien d'ailleurs, dans l'état du pays, ne pouvoit me détourner du dessein de remonter plus haut, si j'en avois eu le projet, L'autorité du pacha me parut suffisamment établie pour permettre à un voyageur, marchant sous sa protection, d'aller jusqu'à Dongola; d'ailleurs, la bonne intelligence qui règne entre ce chef et les officiers anglois avoit engagé les officiers soumis à ses ordres à m'aider en tout; mais, à Dongola, les mamelouks qui occupoient la rive occidentale du fleuve, n'auroient peutêtre pas autant respecté une personne munie des ordres du pacha. Cependant j'eus plus d'une fois sujet d'observer que la présence des armées françoises et angloises en Égypte avoit partout inspiré aux habitans plus de considération pour les Francs qu'ils n'en avoient auparavant. Mais,' d'un autre côté, je vis aussi qu'ils ne laissoient échapper aucune occasion de me tromper et de

me duper de toutes les manières, chaque fois que nous avions à traiter ensemble, sans en excepter même le scheik d'Assouan.

L'on me dit qu'à Ouaoudi-Elfi, à quatre journées de route au-delà d'Ibrim, par eau, il y avoit des schellaals on cataractes qui rendoient le Nil impraticable, et qu'entre ce lieu et Dongola, on ne pouvoit se servir de bateaux sur le fleuve; mais je ne pus rien apprendre sur l'état du fleuve au-dessus de cette ville.

On me dit que, dans l'intervalle qui sépare ces deux villes, l'on voyoit des peintures, c'est le nom que ces gens donnent aux hiéroglyphes, sur tous les rochers qui bordent la route, et qu'à Absimbal, sur la rive occidentale, à une journée et demie d'Ibrim, il y a un temple semblable à celui de Sebou, et un autre du même genre à Farras, situé à trois heures de route au-delà. Indépendamment des tables hiéroglyphiques gravées sur les rochers, entre Ibrim et Dongola, les Nubiens me parlèrent d'autres temples que ceux que je viens de citer, dans lesquels il y avoit des peintures tirées de l'Écriture-Sainte. Ces gens appliquoient aux hieroglyphes le mot sourat ou peinture; ils l'employoient aussi pour les peintures qu'ils comparoient à celles des murs de Dekkey, et qu'ils m'avoient indiquées. Je regrettai de ne pas pouvoir recueillir des renseigne

mens plus étendus sur ce sujet, parce qu'il me parut que plus haut je remonterois le Nil (1); plus les vestiges des progrès et de l'établissement précoce du christianisme sur ses rives, en allant au sud, devenoient évidens par les inscriptions grecques et d'autres restes d'antiquité.

Quoique les buffles soient très-nombreux au nord d'Assouan, je n'en aperçus aucun entre Philae et Ibrim; les crocodiles y étoient communs, mais je n'y vis pas d'hippopotame. On me dit qu'il en paroissoit, au temps de l'inondation, dans les schellaals, notamment à Galabschi; les Nubiens le nomment farsch-el-bahr (cheval de mer) (2). Mon voyage eut lieu à l'époque où les

(1) Voici les noms des villages sur la rive occidentale du Nil, au-dessus d'Ibrim, tels qu'on me les a donnés : Ouaschebbek, Toschkaï, Armini, Forghent, Fairey (une journée de route à cheval), Ghester, Andhan, Artinoé, Serrey, Decberrey, Ischkir (à deux journées); Sahabbak, Dabbarosy, Ouaoudi-Elfi, où il y a des schellaals qui empêchent de naviguer sur le Nil (quatre journées par eau); Ouaoudel-Hooudja, Ooukmi, Serkey-Mattou (une journée); Farkey, Ouaoudel-Oualliam, Ghentz, Atab, Amarra, Abbir (deux journées); Tebbel, Artinoé, Koikky, Ibbourdiky, Saouada (trois journées), Erraoou, Oskey-Mattou, Quaouroey, Koyey-Mattou, Irreou, Saddecfent, Dellikou, Caïbaa, Ouaoudel-Mahas, Noouir, Farrit, d'où il y a deux journées de route jusqu'à Dongola, en tout huit jours depuis Ouaoudi-Elfi.

(2) Forskal nous apprend que l'hippopotame est nommé

eaux du Nil sont le plus basses, circonstance que l'on ne doit pas perdre de vue en lisant mon journal.

par les Egyptiens abou-mner; je soupçonne que ce nom est corrompu. Trad. de la Description de l'Egypte d'Abdallatiph, par M. Sylvestre de Sacy, p. 165. Un passage de Themistius (Orat. x) prouve que, de son temps, l'hippopolame se montroit rarement en Egypte. Ce discours fut prononcé à Constantinople en 369. Brown dit qu'en Egypte il ne vit ni n'entendit parler d'hippopotames, mais on lui raconta qu'ils abondoient en Nubie.

M. COSTAS a publié, dans la Description de l'Egypte (Tom. I), un mémoire sur la Nubie et les Barabras. Ce fut à Philae que ces avant recueillit les renseignemens d'après lesquels il composa son mémoire rempli de détails curieux. Ils sont conformes à ceux qui se trouvent chez le voyageur anglais, sauf quelques traits du caractère des Barabras que les événemens ont modifié. M. Costas donne les nombres jusqu'à dix dans la langue des Barabras; leur comparaison avec ceux de la langue des Berbères prouve la différence des deux idiomes. Il termine par une liste de bourgs situés des deux côtés du Nil, en Nubie, jusqu'à la grande cataracte. On y reconnoît quelques-uns des noms de M. Light. M. Costas observe que les François n'ont pas pénétré assez avant dans le pays, et ne s'y sont pas arrêtés assez pour que l'on soit en état de remplir le vide qui existe dans cette partie de nos connoissances géographiques. La relation de M. Light servira à combler une partie de ce vide,

DER CHRISTLICHE ULYSSES, etc. L'Ulysse chrétien ou le Cavalier qui a parcouru les pays lointains, représenté dans le Voyage mémorable tant à la Terre-Sainte que dans plusieurs autres provinces, contrées et villes célèbres de l'Orient, fait en 1598, avec une curiosité particulière, et acccompagné d'observations judicieuses; par CHRISTOPHE HARANT, baron DE POLZICZ, etc., conseiller et chambellan de S. M. I; écrit d'abord en langue bohême par lui-même; traduit en allemand par son frère GEORGE HARANT, en. 1638, et enfin publié par JEANGEORGE HARANT, son neveu.

Nuremberg, 1678, 1 vol. in-4.o, avec figures.-Traduit de l'allemand. Histoire littéraire des Voyages.

IL semble, dit Beckmann, que cette relation n'est pas aussi connue qu'elle méritoit de l'être. Ni Stück, qui a compilé un catalogue général des voyages, ni Lüdeke, auteur d'un voyage en Turquie, qui a donné une liste de tous les écrivains dont les relations concernent les pays soumis au sceptre ottoman, ni Meusel, qui a composé tant d'ouvrages utiles et étendus sur la bibliographie de l'Allemagne, n'ont parlé du livre

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