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qu'il meure quand il voudra, il a une messe fondée pour | Ayant ainsi parlé, il le saisit par la barbe, et lui lia les mains lui. Moyennez votre ton. et les pieds.

L'ASPIRANT. A ces vieux souliers!

L'ANCIEN. Holà! vous n'y êtes pas encore; vous prenez le ton comme maître Albert: un peu plus bas. L'ASPIRANT. A ces vieux souliers!

L'ANCIEN. Vous avez bien de la peine à comprendre ce ton; vous usurpez la voix de maître Jean Grosœil, siffleur de chardonneret. Un ton plus bas.

L'ASPIRANT. A ces vieux souliers!

Lorsque le saïyid fut ainsi seul libre, le jardinier lui dit : « Écoute-moi tu as la prétention d'être.saïyid; mais qui est-ce qui a pu donner cette dignité à un méchant tel que toi? Dans tous les cas, le prophète ne t'a pas permis, sans doute, de disposer de ce qui appartient à autrui. Pourquoi donc as-tu dévasté ma propriété ? »

Le jardinier finit par attacher au saïyid les coudes derrière le dos; et il laissa ainsi liés les quatre compagnons,

L'ANCIEN. Bon; justement vous y voilà. Gardez-vous bien jusqu'à ce qu'ils lui eussent payé à son gré le prix des fruits d'oublier ce ton.

C'est de tout temps immémorial que nos prédécesseurs ont sagement ordonné que l'on réglat la voix de chaque maitre pour éviter la confusion et les surprises qui pourraient arriver. On vous dégraderait si vous changiez seulement un iota. Allez faire trois tours par la ville et donnez des bouquets aux maîtresses (les femmes des maîtres).

Et quand vous passerez devant la boutique des maîtres urelus, ou lorsque vous les rencontrerez par les rués, quel salut leur direz-vous?

L'ASPIRANT. Je leur dirai : Bonjour, maître.
L'ANCIEN. Et aux maîtres brelandiers, que leur direz-

vous ?

L'ASPIRANT. Bonjour donc.

L'ANCIEN. Où irons-nous faire la fête de votre réception ? L'ASPIRANT, à l'ancien et aux gardes. Il n'est que d'aller en plein cabaret : allons au grand Gaillard-Bois!

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UN CONTRE QUATRE.

ANECDOTE INDIENNE (1).

Un savant, un saïyid religieux), un militaire et un banyan (marchand), entrèrent un jour dans un jardin et se mirent à cueillir des fruits mûrs et verts qu'ils mangèrent. Ils en prirent et en coupèrent beaucoup d'autres qu'ils jetèrent après y avoir goûté. Le jardinier survint; mais il pensa qu'étant tout seul, il ne pouvait pas entrer en discussion avec ces quatre individus, qui ne manqueraient pas de le frapper. Il s'adressa donc d'abord au savant, et lui dit : Salut, seigneur. En qualité de savant, vous êtes le pilier de la religion, le directeur dans la bonne voie des gens égarés, fourvoyés et perdus. Quant à ce saïyid de notre foi et de notre religion, je suis son serviteur. J'ai aussi beaucoup de considération pour ce militaire. Lorsque des hommes tels que vous et eux, qui ètes mon appui, venez dans mon jardin, c'est pour moi un sujet de bénédic ion et de bonheur. Mais qu'est-ce que ce marchand? De quel droit vient-il sans crainte dans ce jardin dévaster la propriété de mon père ? Il n'a pas de prétexte à donner. » Ayant ainsi parlé, le jardinier se précipita sur le banyan, lui lia les mains et les pieds, et le poussa dans un coin. Puis il dit au soldat, qui était ivre : « Tes deux compagnons sont des personnes recommandables; ils peuvent considérer ce jardin comme leur appartenant, quoique j'en aie payé l'impot foncier; mais quant à toi, qui t'a porté à le dévaster? » Là-dessus il le saisit par le collet, le lia aussi, et le mit à l'écart.

Ensuite il dit au savant : « Tout le monde est plein de respect pour les saïyids, et j'ai moi-mème pour eux la plus

grande considération; mais toi qui as des prétentions à la science, ne sais-tu pas que c'est un crime que de dévaster' un jardin qui ne vous appartient pas ? A quoi te sert done ta science? Il en est de toi comme de l'àne chargé de livres. »

(1) Extrait du Saïr-i-Ischrat, jami ulhikáját, c'est-à-dire « la Recreation, collection de narrations. » Cet ouvrage hindoustani a été composé par Schaikh Salih Muhammad Usmani, attaché au service de la Compagnie des Indes vers 1825.

qu'ils avaient mangés ou détruits.

Cette anecdote est la mise en action de ce proverbe : « Lorsqu'au jeu de nard (1) on sépare les pièces, elles sont perdues. »

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2o A réprimer, autant qu'il se peut, l'indigence volontaire et factice.

3 A faire en sorte que l'indigent tire lui-même tout le parti possible des ressources qui lui restent.

. A lui procurer, dans le cas de détresse momentanée, par maladie, accident, manque de travail, ou surcharge de famille, le genre d'assistance qui lui est nécessaire, dans la juste mesure de ses besoins, mais de manière à ne prolonger cette assistance que pendant la durée de sa détresse, à accélérer le moment où il en sera délivré, à prévenir entin le

retour des mèmes embarras.

5o A assurer une assistance durable à celui dont le mal

heur est sans terme et sans remède.

6' A procurer cette assistance avec les moindres frais possibles.

7° A faire en sorte que l'espèce et la quotité des secours soient dans un rapport constant avec la situation physique et morale de l'indigent, avec la nature de ses besoins, et à ce qu'il ne soit pas exposé à en abuser.

DE GÉRANDO, le Visiteur du pauvre.

LÉGISLATEURS AMÉRICAINS CONFONDUS PAR LES ESPAGNOLS ET LES PORTUGAIS AVEC SAINT THOMAS.

Le prêtre législateur des Mexicains, Quetzalcoatl, qu'il ne faut pas confondre avec le dieu de l'air qui porte le mème nom, fut considéré, durant la première moitié du seizième siècle, comme ayant une identité parfaite avec saint Thomas. Non-seulement on fit voir aux Espagnols les traces qu'il avait laissées sur la terre; mais, en insistant sur les lois morales et sur les principes intellectuels qu'il avait donnés au monde,

on le représentait comme étant barbu et comme appartenant

à la race blanche. Temendaré ou Temonendaré a également au Brésil une complète identité avec l'apòtre voyageur; il en est de même de Bochica, le législateur de la NouvelleGrenade; la légende s'applique également à Viracocha, au

quel les conquistadores rapportaient aussi les incessantes pérégrinations de saint Thomas. Selon eux, le saint voya

(1) Espèce de jeu de dames.

geur, après avoir converti les Indes, serait venu par la Chine | pieds et les bras, ajoutés dans les temps modernes, sont de et le Japon prêcher l'Évangile dans le nouveau monde.

MUSÉE DU LOUVRE.

STATUE DE MINERVE, D'ALBATRE ORIENTAL.

Tout le corps drapé de cette remarquable statue antique se compose d'un seul morceau d'albâtre oriental. La draperie est d'une simplicité et d'une noblesse admirables; la tête, les

marbre blanc doré. Minerve est représentée tenant dans la main gauche une chouette. Sa poitrine est couverte de l'égide bordée de serpents et où est figurée la tête de Méduse sur un fond d'écailles. Cette égide est repliée de manière à faire voir, par sa flexibilité, qu'elle n'était dans son origine qu'une peau de chèvre, ainsi que l'indique son nom grec.

La statue, haute en son entier de 1 mètre 40 centimètres, faisait partie de l'ancienne collection des rois de France. On

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Musée de Lyon.

Portrait d'un chanoine de Bologne, par Augustin Carrache (1). Dessin de M. Lechevallier-Chevignard.

Le Musée de Lyon occupe l'ancien couvent des Dames de Saint-Pierre. La cour intérieure est entourée d'une galerie de cloître, où l'on a réuni des monuments antiques, autels, cippes et tauroboles, découverts dans le sol lyonnais. Au milieu de la cour, un tombeau romain sert de fontaine; il

(1) Augustin Carrache, frère aîné d'Annibal et cousin de Louis Carrache, naquit à Bologne en 1558. Ses œuvres sont beaucoup moins connues en France que celles de son frère aîné. Ce portrait d'un chanoine de Bologne n'offre pas d'intérêt historique, mais il est impossible de ne point le classer au nombre des beaux portraits du seizième siècle.

TOME XIX - MAI 1851.

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est entouré de lauriers roses : l'ensemble est d'un effet charmant. Le voyageur qui vient du Nord, dès qu'il entre dans cette enceinte, sent déjà l'influence de la civilisation romaine et le voisinage de l'Italie.

Après Paris, Lyon est la ville de France qui témoigne la

Augustin eut pour maîtres Prospero Fontana et Bartholomeo Passerotti. C'était une de ces organisations presque universelles, dont l'on cite en Italie beaucoup d'heureux exemples: en même temps qu'il fondait, avec Louis Carrache, cette puissante école bolonaise d'où sortirent l'Albane, le Guide, le Dominiquin, Lanfranc, le Guerchin, il cultivait avec succès la gravure sous la con

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sollicitude la plus active et la plus persévérante pour l'agrandissement et le renom de son Musée. Depuis la fondation de cette riche collection, qui ue date en réalité que du commencement de ce siècle, l'administration municipale n'a laissé échapper aucune occasion d'acquérir des tableaux dignes de prendre place près des peintures inestimables concédées par le Musée Napoléon, en 1803 et en 1811, à la ville de Lyon. Nous ne pouvons plus guère aujourd'hui concevoir une juste idée de la magnificence du Musée impérial que par l'étude de quelques-uns de ces Musées de province, où s'était, pour ainsi dire, déversé le trop-plein de ses richesses et de ses conquétes. Imagine-t-on de quel prix devait être ce que gardait pour elle une collection qui donnait à Lyon, à Caen, à Dijon, à Marseille, à Toulouse, les plus excellents tableaux du Pérugin, de Véronèse, de Rubens? Et, par exemple, que pouvait-elle se réserver de plus intéressant que cet ex-voto de l'empereur Maximilien et de sa femme agenouillés devant la Vierge, peinture si précieuse, signée du portrait d'Albert Dürer lui-même, et que la grande armée avait rapportée de Vienne?

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Les quarante-six tableaux donnés à Lyon en 1803 avaient diverses origines. - L'ancienne collection de la couronne avait envoyé deux admirables Paul Véronèse, l'Adoration des rois et le Moïse sauvé des eaux; deux jolis Albane, la Prédication de saint Jean et le Baptême de Jésus-Christ; le Portrait de Nicolas Mignard; quatre Vues de Paris, de Guernebrock; la Foi et la Religion, attribuées à Lesueur; une Adoration des rois, de Louis Carrache; un portrait d'homme, de l'école vénitienne; le Mariage de sainte Catherine, de Collin de Vermont; et la Sortie de l'Arche, de Boullongne. · Des églises de Paris venaient une sainte Paule, d'Aubin | Vouet; un Christ en croix, de Lebrun; un saint Jean composant, du Dominiquin; un Christ portant sa croix, d'un ancien maître allemand; une Adoration des bergers, de Philippe de Champaigne ; et une Trinité, de la Hyre. On avait emprunté à la collection de l'ancienne Académie de peinture, une Allégorie de la réunion de la Lorraine à la France; à celle de Châteauneuf, un David vainqueur de Goliath, d'Alexandre Véronèse. — Les conquètes d'Italie et d'Allemagne avaient aussi contribué pour une belle portion à ce premier envoi d'Italie venaient un Ex-voto à la Vierge, de Stella, et sans doute aussi deux figures du Pérugin, représentant saint Jacques et saint Grégoire, ainsi que l'Assomption de la Vierge, du Guide; des Pays-Bas venaient des Fleurs et Fruits, de Van-Brustel; la Visitation de la Vierge, de Jordaens, et un Christ soutenu par les anges, d'après VanDyck; enfin on avait apporté de Munich à la fois un Incendie de village, attribué à Jean Steen; deux faux Rembrandt: Agar renvoyée par Abraham, et Abraham sacrifiant Isaac; le bel Ex-voto du Tintoret où l'on voit la Vierge, Jésus, saint Jean et sainte Catherine; et l'Adoration des rois, de Rubens. La concession de 1811 était plus riche encore. Le Musée spécial et les magasins de Versailles avaient donné : la Bethsabée, de Paul Véronèse; des Cavaliers, de Parrocel; Diane et Endymion, de Loir; un Pot de fleurs, de Baptiste; des Oiseaux et Fleurs, de Desportes. - La Madeleine chez le Pharisien, et les Vendeurs chassés du temple, de Jouvenet,

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duite du Hollandais Corneille Cort; il enseignait l'histoire, la perspective, l'architecture; ses poésies enfia lui méritaient d'être admis parmi les membres de l'Académie dei Gelosi de Bologne. Cet artiste éminent mourut à Parme en 1602, à l'âge de quarante-quatre ans, laissant un fils, Antonio-Marziale, qui donnait les plus belles espérances, mais qui, comme son père et son oncle (Annibal mourut à quarante-neuf ans, vécut trop peu pour l'art; la mort l'enleva à trente-cinq ans.

Les plus beaux ouvrages d'Augustin Carrache sont conservés à Rome, à Bologne sa patrie, et à Parme. Plus heureux pour le fils que pour le pere, uçus possédons d'Antonio-Marziate, au Musée du Louvre, une « Scene du déluge» remarquable par de grandes qualités d'exécution.

Voy., sur l'école des Carrache, la Table décennale.

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-

↑ venaient de l'abbaye de Saint-Martin; — la Flagellation de
saint Gervais et de saint Protais, ébauchée par Lesueur,
achevée par son beau-frère Goulet, venait de l'église Saint-
Gervais, ainsi que la grande toile de Philippe de Champaigne,
· De
saint Gervais et saint Protais retirés du tombeau.
Saint-Sulpice étaient sortis : la Résurrection de Jésus-Christ,
de Lebrun, et saint Jérôme et son lion, de Crayer; — de
l'hôtel de Toulouse, César répudiant Calpurnie, de Pietre
de Cortone; des Gobelins, Télémaque et Mentor, de La-
grenée jeune; la mort de Cyanippe, de Perrin; — de l'École
militaire, une Chasse au sanglier, de Desportes père. —
Mais c'était surtout à l'Italie et à l'Allemagne que ce second
envoi avait emprunté ses plus admirables toiles: à Vienne,
le précieux ex-voto d'Albert Dürer, dont nous avons parlé;
un portrait du Padouan; une Imitation de saint Jérôme,
du Corrège; une Esquisse de têtes de vieillards, de Van-
Dyck; deux grandes Batailles, de Léandre Bassan; une
Danaë et une Présentation à la Vierge, du Tintoret; å
Berlin, la Vierge faisant jouer l'Enfant Jésus, de Carlo Ci-
guani ; à Cassel, le Portrait d'une famille, de Mirevelt;
Tobie rendant la vue à son père, de l'école de Sienne, et
une Sainte Famille avec un Donataire, de l'école du Titien;
à Munich, un tableau de gibier, de Jean Fyt; à la
collection du stathouder, une Guirlande de fleurs, de David
de Heen; le Sacrifice d'Abraham, d'André del Sarte; å
Anvers, le beau Rubens représentant saint François et saint
Dominique préservant le monde de la colère du Christ.
De Belgique provenaient encore : une Cuisine, de Sneyders;
une Adoration des bergers, de Jordaens; de Brunswick,
les quatre Éléments, de Breughel; deux tableaux représentant
saint Pierre délivré de prison, l'un par Van-Mol, l'autre par
Peter Neefs; le Baptême de Jésus, de Louis Carrache; des Coqs
et Dindons, de Honderscooter; de Turin, l'Immaculée
Conception, de Nuvolone; de Parme, la Vierge avec saint
Antoine et saint Georges, de Sisto Badalocchio; et le saint
Conrad, de Lanfranc; - de Naples, saint Luc peignant la
Vierge, de Luca Giordano ; et la Sophonisbe, du Calabrese ;

-

de Pérouse provenait cette Ascension, le chief-d'œuvre du Pérugin, dont le pape Pie VII confirma à Lyon la propriété par une lettre qui tiendra désormais place dans l'histoire de cette ville; - enfin la Circoncision, du Guerchin, faisait aussi partie de ce second envoi d'Italie.

Pour compléter cette nomenclature, il est nécessaire d'ajouter que, dès l'an vit de la république française, Paul Caire, député, avait obtenu, pour l'école de dessin de la fleur, établie à Lyon, un tableau de Fleurs et Fruits, de Blain de Fontenay; six tableaux de Baptiste Monnoyer, représentant des Paniers et des. Pots de fleurs; un Trophée avec des fleurs, de Hulliot; un Desportes père, représentant un Singe, un Paon et des Fruits, et soixante-treize dessins en feuilles.

Parmi les tableaux que la ville de Lyon a acquis de ses propres deniers, on doit citer le Marché d'animaux, du célèbre amateur lyonnais J.-J. de Boissien; divers tableaux de Claude Bonnefond; un portrait d'homme en cuirasse, de Sébastien Bourdon; plusieurs Desportes; le saint Bruno en prière, de Jouvenet; une marine de Manglard; deux Baptiste, deux Rigaud; un Paysage d'Asselyn; une Taverne de Brauwer; un Hamilton, un Van-Huysum, deux Netscher, un Ruysdael; et les deux chefs-d'œuvre du cabinet Eynard : la Délivrance de saint Pierre, de Téniers, et le Message, de Terburg; la Reine de Chypre, de Carletto Cagliari; une Agar, du Guaspre; le Christ à la colonne, de Palme le jeune; le saint François de Zurbaran; et enfin ce beau portrait d'un chanoine de Bologne, par Augustin Carrache, dont nous donnons aujourd'hui le dessin.

Depuis les concessions fondamentales que nous avons rappelées, le gouvernement a encore donné à Lyon plusieurs bons tableaux, entre autres le chef-d'œuvre de Charlet, sa Retraite de Russic.

D'autres tableaux ont été commandés par la ville ellemême, tels que le Moïse présenté à Pharaon, de M. Victor Orsel, que les arts viennent de perdre; et le portrait du père Ménestrier, par Auguste Flandrin, autre enfant de Lyon, mort en 1842, et frère des deux habiles peintres Hippolyte et Paul Flandrin.

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vous plaît, vous allez vous acquitter aujourd'hui. Pour toute récompense, je vous demande le premier coup de la bataille, et vous supplie que je n'en sois pas refusé. Et le duc répond: - Je te l'accorde. Taillefer aussitôt pique des deux... »

« Il avait armes et bon cheval, dit le chroniqueur Geoffroy Gaymar (1). S'étant placé en avant des autres, il se mit à L'école lyonnaise moderne est très-complétement repré-faire merveille devant les Anglais : il prit sa lance par le gros sentée au Musée par les chefs-d'œuvre de ces agréables bout, et, aussi facilement que si c'eût été un petit bâton, il peintres de fleurs et de tableaux de genre qui s'étaient for-la jette en l'air bien haut et la reçoit par le fer. Trois fois més sous les leçons un peu sèches de Revoil. Mais nous re- ainsi il la jeta; la quatrième fois il s'avance tout seul, envoie grettons de ne pas trouver dans cette belle galerie, qui a sa lance au milieu des Anglais, dont il en blesse un parmi le consacré des salles entières aux sculptures de MM. Legendre- corps. Après, il tire son épée, recule et la jette aussi bien Héral et Foyatier, une seule œuvre de ces maîtres qui hono-haut, et la reçoit tout de même par la pointe. Les spectarèrent la peinture lyonnaise au dix-septième siècle, les Horace Leblanc, les Panteau, les Thomas Blanchet. Il n'est pas moins fâcheux que Lyon ait perdu si complétement le souvenir de ce grand portraitiste du seizième siècle, de cet illustre rival de Janet, Corneille de Lyon, chez lequel n'avait | pas dédaigné d'aller poser la reine Catherine.

LA CHARITÉ DU RAJAH,

LÉGENDE INDIENNE.

Dans l'ère de Krishna, vivait un rajah nommé Kurrna

qui, chaque matin, avant de rompre son jeûne, distribuait en aumônes une somme de 2400 pièces d'or. Il fut tué dans une bataille, et, en récompense de ses bonnes œuvres, il entra dans le Paradis, Là, il vit des montagnes d'or, et l'un des gardiens du séjour céleste lui dit ;

- Toutes ces richesses sont à toi. L'or que ta charité distribuait sur terre s'est multiplié dans le ciel.

Cependant le rajal avait soif et faim. Il demanda quelque aliment, et le gardien lui répondit :

-Si, lorsque tu étais dans le monde des humains, tu avais donné à boire et à manger à ceux qui avaient soif et qui avaient faim, tout ce que tu aurais donné se serait centuplé ici comme ton or, Réfléchis: as-tu jamais fait une charité de cette nature?

Après y avoir gravement songé, le rajali dit:

- Je me rappelle qu'un jour, tandis qu'un de mes voisins donnait à dîner aux brahmes, un pauvre homme affamé vint à moi et me demanda dans quelle maison était préparé le franquet. Je la lui indiquai du bout du doigt.

- Pour une telle œuvre, reprit le gardien, tu recevras une récompense. Suce le doigt qui a donné une indication à ce pauvre homme.

teurs se disent l'un à l'autre que c'est enchantement; et lui, quand il eut trois fois lancé son épée, se poussa en avant. Son cheval, la bouche béante, fit un élan vers les Anglais, dont beaucoup s'imaginent être avalés par le cheval qui bâillait de la sorte. Le brave jongleur porte dessus, frappe un Anglais de son épée, et lui fait incontinent voler le poing. Il en frappe un second de toute sa force; mais il en eut tout aussitôt mauvais guerdon, car de toutes parts les Anglais lui lancèrent dards et javelots, si bien qu'ils tuèrent son cheval et lui. »

Ces faits sont attestés par les historiens de l'Angleterre les plus dignes de foi, Guillaume de Malmesbury, Matthieu Paris, Matthieu de Westminster, Alhétie des Deux-Fontaines; il en est question dans le poëme latin de Guy sur la bataille d'astings. Taillefer est d'ailleurs représenté, sur la tapisserie de la reine Mathilde, dans le moment décrit par les historiens et les poëtes (2).

EXPOSITION UNIVERSELLE DE LONDRES

EN 1851.

Le projet d'une exposition universelle des produits de l'industrie est né en France, il y a deux ans. Paris aurait donné ce grand et utile spectacle pendant l'été de 1849. Mais quelques personnes exprimèrent la crainte que ce ne fût une occasion d'agitation publique. Les Chambres de commerce, consultées, répondirent d'ailleurs qu'il n'y avait pas lieu de mettre à exécution un projet si aventureux. On renonça donc à l'exposition universelle, et l'on se contenta d'une exposition ordinaire, qui, du reste, fut aussi brillante que celles qui l'avaient précédée dans des temps plus calmes.

L'idée, abandonnée en France, traversa la mer. Après

Le rajah mit un doigt dans sa bouche, et sa faim et sa soifl'exposition de 1849, M. Sallandrouze-Lamornais fit transfurent apaisées.

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porter à Londres ses célèbres tapis avec les produits des manufactures nationales qui lui avaient été confiés par le ministre du commerce; en même temps, il convia les exposants de France à lui envoyer une partie de leurs produits. Beaucoup d'entre eux répondirent à son appel. Cette tentative eut un grand succès en Angleterre. On s'y demanda pourquoi l'on n'inviterait pas toutes les autres nations à imiter cet exemple de la France: bientôt des comités se formèrent sous la présidence du prince Albert pour organiser l'exposition qui va s'ouvrir, et des souscriptions particulières furent promptement réalisées.

On invita les architectes de tous les pays à présenter des plans de construction d'une salle assez vaste pour contenir tous les envois indigènes et étrangers. Le plan de M. Horeau, architecte français, obtint les suffrages de tous les membres du jury. Cependant on adopta ensuite un autre modèle, celui de M. Joseph Paxton de Chasseworth. Tous les détails en ont été étudiés par les entrepreneurs, MM. Fox, Handerson et compagnie.

Ce plan est simple: c'est un parallelogramme dont les (1) Chroniques anglo-normandes, I, p. 7.

(2) La Chanson de Roland, poëme de Theroulde, traduit par F. Génin.

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