coulait de source et se répandait sur tout. Ami, du commerce le plus facile, père de famille adorable, académicien aimant sincèrement tous ses confrères, et aimé universellement de tous, il avait su cacher sa supériorité sous sa douceur, dépouiller la science de toute son enflure, et n'être docte que par religion. Quelle perte que celle d'un si grand homme, s'il ne nous avait laissé un fils et un neveu en qui nous le voyons déjà renaître! Je ne m'étendrai pas sur leur éloge, leurs ouvrages le feront mieux que moi. Je n'entreprendrai pas non plus le vôtre, Monsieur, à moins que vous ne vouliez me prêter le talent de vous louer aussi dignement que vous savez louer les autres. Note lue à la rentrée publique de l'Académie, le 13 novembre 1776, par , par M. le marquis DE CONDORCET, secrétaire. M. Le. Moine présente à l'Académie le buste de J.-D. Cassini. Nous devions déjà ceux de Descartes et de Fontenelle à cet artiste célèbre, si digne de transmettre à la posté- · rité les traits de nos grands hommes, par le noble enthousiasme que leur génie excite en lui. On a observé il y a longteins que ce sentiment ne se trouve presque jamais que dans les hommes qui unissent des vertus à de grands talens; et ceux qui connaissent la personne et les ouvrages de M. Le Moine savent qu'il est bien loin de démentir cette observation. Descartes avait renoncé à son pays pour cultiver la philosophie avec plus de liberté. M. Cassini quitta le sien, parce qu'il regarda le pays où l'astronomie était le plus encouragée comme sa véritable patrie. Il savait qu'en Italie ce n'est pas une exclusion pour les places importantes que d'avoir perfectionné la raison par l'étude des sciences, que souvent même elles ont été un moyen de s'élever à ces places. Il savait qu'il y avait peu d'honneurs où n'eût le droit de prétendre le descendant de ces chevaliers siennois (1), qui avaient soutenu pendant plusieurs siècles la liberté de leur patrie contre les descendans de Charlemagne. Il sacrifia ces avantages à la gloire d'être un des restaurateurs de l'astronomie. Il n'ignorait pas que la famille de Descartes ne lui avait jamais pardonné de n'avoir été qu'un grand homme, et il se soumit au préjugé qui semblait alors en France regarder une application exclusive aux sciences comme indigne d'un homme qui avait des richesses ou des ancêtres. M. Cassini consentit sans peine à n'avoir d'autre considération que celle qu'il avait acquise par ses découvertes. Cette modestie a passé à ses enfans. Nous voyons aujourd'hui dans l'Académie la quatrième génération de cette famille si chère aux sciences; et cette manière de s'illustrer a du moins cet avantage, qu'elle ne peut appartenir qu'au petit nombre de familles où le mérite est héréditaire comme le nom et les titres. (1) Les descendans de J.-D. Cassini ont été reconnus, et ont siégé au Sénat de Sienne, comme appartenant à une ancienne famille siennoise qui a donné à ́ l'église plusieurs évêques et sujets distingués, entr'autres un cardinal de ce nom, archevêque de Sienne en 1426. La promotion d'un second cardinal, Cassini d'Arezzo, en 1712, a procuré à J.-D. Cassini l'honneur de recevoir, le 8 juin de cette même année, la visite de MM. Humbert et du père Mallebranche, députés par l'Académie pour le complimenter à ce sujet. IN VERSI ITALIANI DEL SIGNOR GIO.-DOMENICO CASSINI (1). PRENDO a ridurre a mente in brevi detti STUDIO degno di Voi spirto gentile (2), FORSE nel sen chiudea spirito tale UDIR fè d'Iopa in sù l'aurata cetra ONDÈ SOn le recondite cagioni (1) On ne donne ici qu'une très-petite partie de ces fragmens. (2) On croit que c'est à la célèbre Christine, reine de Suède, que ce poëme devait être dédié. PER qual cagione il sole in sì poche ore A l'Oceano arrivi i dì del verno, E perchè poi nell' emisfero inferno Faci in la notte allor tante dimore. QUESTI pur del vostr' animo regale Ciò che in ciel già leggeste, e sù le carte RICUSA ogni ornamento alta dottrina, Che per se sola assai diletta, e piace. D'ogn' altra musa Urania più verace Fugge ogni vana pompa, e peregrina. TULLIO, che quanto a declamar fecondo Tanto ebbe in poesia lo stile ingrato, Tradurre in versi osò l'opre d'Arato, Che tutto descriveano il cielo, e il mondo. AVRò splendor bastante, Urania mia Dal nome vostro, a cui del cielo il canto Con più giusta ragione offrir mi vanto, Ch' Alessandro la sfera a Laudomia. MONDO diciam quest' ordine di cose, Così se d'abitar ci fusse dato Quel per centro del mondo avriano preso A noi nasce quest' ordine del mondo PERCIÒ pigliam dell' occhio nostro il centro SFERA, che ampia formiam, quanto a noi Pur che capace sia di tutto il mondo, In guisa tale egli riman rotondo, E nel mezzo contien la terra e il mare. QUINDI è, che gli astri tutti, o sian rimoti L'occhio trasporti, e l'arte industre noti, Ivi quella distanza, o positura Ivi le stelle allor diciam congiunte, Ma perchè troppo par vario e vagante Preso dall' occhio il centro della sfera, Prendiamo il centro della terra intiera, Ondè ogni occhio abbiam quasi equidistante. pare |