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6o Dictionnaire étymologique de la langue française, par M Ponthieux, 1re livr. janvier 1874.

CORRESPONDANCE.

Lettre de M. le ministre de l'instruction publique et des cultes, du 12 janvier 1875, invitant la Société à désigner ceux de ses membres qui devront assister à la prochaine réunion des délégués des Sociétés savantes. Il est décidé que cette désignation aura lieu à la prochaine séance.

Lettre du même ministre, du 12 janvier 1875, contenant une série de questions concernant l'origine de la Société, ses travaux, ses publications particulières, etc. Le bureau est chargé de la réponse et tiendra à cet effet une réunion lundi prochain.

COMMUNICATIONS ET TRAVAUX.

M. Choron parlant de l'exposition des tableaux les plus remarquables de la province qui doit avoir lieu prochainement à Paris, demande s'il ne serait pas utile d'y envoyer certaines toiles que possède la ville de Soissons telle que le portrait de M. l'abbé Congnet et la Mater dolorosa d'Ange Tissier, et surtout la Nativité de Rubens inconnues de beaucoup d'artistes. Le Rubens en particulier, ajoute-t-il, a été demandé et ce serait là une occasion heureuse de savoir si c'est un original ou une copie de ce grand peintre. Jusqu'ici on a cru à Soissons que c'était un original, mais enfin il serait bon de s'en assurer d'une manière définitive.

M. De La Prairie observe que c'est aussi l'opinion de bien des connaisseurs et notamment de M. de Montaiglon; qu'en outre des descendants de Rubens, pos

sédant une collection de ses tableaux, ayant vu celui de Soissons ont déclaré qu'ils le croyaient de leur illustre ancêtre.

On décide que le Rubens seul sera envoyé à Paris et que M. Choron s'informera des conditions de l'envoi et des moyens employés pour éviter toute détérioration.

L'honorable membre dépose sur le bureau pour le Musée trente et une vues photographiques des monuments et vues de Soissons et de ses environs. Remerciements.

A cette occasion il informe la compagnie que le conseil municipal a voté une somme de 1,200 fr. pour les réparations de la porte monumentale de l'Arquebuse mutilée par les obus prussiens au dernier siège de Soissons, et une autre somme de 1,600 fr. pour le rétablissement de la maison du portier de la Manutention chargé de diriger les visiteurs aux ruines de Saint-Jean-des-Vignes.

M. Choron ajoute que l'administration municipale a fait acheter pour le Musée un lavabo des Célestins de Villeneuve portant les armoiries de ce couvent, et une peinture d'Hoyer représentant Pierrefonds en ruine. A cette occasion plusieurs membres regrettent qu'on ne trouve, dans la biographie de l'artiste soissonnais par M. Laurendeau, rien qui concerne le nombre et la valeur de ses œuvres.

Il rappelle enfin qu'il reste du chœur de l'ancienne église de Saint-Pierre au parvis plusieurs futs de colonnes monolytes en granit ressemblant à celles qui existent encore dans la partie conservée de cette église. Ce sont notamment celui de la fontaine de la

place du Grand-Marché et autres déposés à l'hôtel de Ville lors du renversement de Saint-Pierre, à la Révolution. Ils ressemblent par leur forme à des futs de colonnes toscanes et ont dû appartenir à quelque édifice gallo-romain de la ville. A Saint-Pierre ils ont des bases et des chapiteaux du xir siècle. On remarque à Saint-Remy, de Reims, un exemplaire semblable de colonnes appartenant à l'époque gallo-romaine.

M. Watelet donne lecture d'un mémoire sur la cristallisation qu'il se propose de présenter à la réunion annuelle des Sociétés savantes à la Sorbonne.

ESSAI D'UNE THEORIE DE LA CRISTALLISATION.

INTRODUCTION.

C'est le privilége d'un homme de génie d'entourer son œuvre d'un prestige qui la garde et l'impose au respect de la postérité; on y regarde à deux fois avant de toucher aux théories de ces hommes éminents, de ces hardis novateurs qui ont tracé de nouvelles voies aux recherches scientifiques.

Nous aimons à voir ce respect, cette crainte salutaire qui arrête la précipitation et qui oblige à une grande maturité de réflexions avant de porter la main sur ce qu'on a longtemps regardé comme le résumé parfait des connaissances acquises, comme le dernier mot de la science, comme le dernier effort de l'esprit humain.

Quoique nous admettions ce respect, nous pensons aussi que nul système ne doit faire exclusivement autorité dans les sciences, si les preuves les plus convaincantes n'en ont démontré la solidité.

La loi du progrès est une loi fatale à laquelle il faut céder. Le progrès est aux productions du génie ce que les injures du temps et de l'air sont à ces magnifiques monuments d'un autre âge; après les avoir longtemps étayés, réparés il faut quelquefois les réédifier sur de nouvelles bases.

Ce n'est pas à dire que nous voulions nous ériger en novateur imprudent et téméraire. Les faits que nous énonçons plus loin nous les avons médités dans le silence du cabinet et, nous l'espérons, on verra dans notre travail la preuve d'une conviction sincère basée sur des faits et non l'œuvre d'un parti pris. Nous respectons trop et la science et les savants dont nous avons étudié les travaux, pour les

traiter avec cette légèreté, nous allions dire avec cette déloyauté.

Depuis un demi siècle que la théorie de Haüy est fondée les observations s'accumulent, les faits se multiplient et débordent les limites qui avaient d'abord été posées. Malgré cela cette théorie si remarquable d'Haüy est encore vivace en France et nos savants cristallographes font des efforts inouïs de conception pour soutenir l'œuvre du maître pour démontrer que sa théorie peut suffire; malheureusement les faits sont persistants et impitoyables; ils se multiplient même et le moment est venu où il faut enfin compter avec eux. Déjà l'Allemagne s'est séparée des savants français, convaincue comme nous que la nature est toujours d'une simplicité remarquable dans les opérations qui nous paraissent les plus complexes. Les savants allemands. ne cherchent plus à expliquer, ils ne font plus que constater les faits et les enregistrer; cette réserve nous paraît sage.

Cette divergence d'opinion entre savants illustres tend à nous prouver que la vérité doit être recherchée dans une théorie différente de celle que nous a léguée l'immortel Haüy.

Cependant, en France même, on a déjà abandonné plusieurs points importants de la théorie de notre maître à tous; c'est ainsi qu'on n'admet plus l'égalité des angles de cristaux de même composition chimique que dans le cas où la cristallisation s'est effectuée dans des circonstances parfaitement identiques.

D'un autre côté, quoi qu'on ait dit de la loi de symétrie elle souffre des exceptions; la loi de décroissement est aussi en partie abandonnée. Beudant admet que, loin d'avoir procédé du simple au composé, en passant des formes primitives aux secondaires, la nature peut au contraire, avoir formé les cristaux d'un seul jet, ainsi que semble le prouver l'extrême petitesse de certaines cristallisations trèscompliquées.

On a formulé la loi de symétrie de façon qu'il y ait un énoncé particulier presque pour chaque système et le système régulier est considéré d'une manière toute spé

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