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BULLETIN

DE LA

SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE

HISTORIQUE ET SCIENTIFIQUE

DE SOISSONS.

DIXIÈME SÉANCE.

Lundi 8 Novembre 1875.

Présidence de M. DE LA PRAIRIE.

Le procès-verbal de la dernière séance est lu et adopté.

OUVRAGES OFFERTS ET DÉPOSÉS.

1° Société des Sciences, Agriculture et Arts de la Basse-Alsace.

2o Mémoires de l'Académie du Gard, 1873.

3o Société des Antiquaires de la Morinie, 23° année, 1874, livrais. d'avril-juin 1875.

4° Mémoires de la Société dunkerquoise, 1871-1872, 17e vol.

5o Bulletin de la Société des sciences historiques, etc., de l'Yonne. Année 1875, 29e vol.

6° Mémoire de l'Académie d'Arras, 11e série, t. 7. 7° Annales de l'Académie de Mâcon, etc., t. 12, 1875. 8° Mémoires de la Société d'émulation de Cambrai, t. 33.

9o Réglement et compte-rendu de la Société historique de Compiègne pendant l'année 1872, par A. de Marsy, secrétaire.

10° L'Investigateur, 41e année, mai-juin 1875.

COMMUNICATIONS ET TRAVAUX.

M. de La Prairie donne lecture du rapport suivant sur l'excursion faite par la Société en 1875.

EXCURSION DE LA SOCIETE

du 11 Juin 1875.

Lors de notre excursion du mois de juin de cette année, aucun membre n'a été chargé d'en rédiger le rapport. Pour réparer cet oubli dont je dois être regardé comme le principal coupable, je tâchais de faire revivre dans ma mémoire les souvenirs de cette agréa ble journée, lorsqu'un de mes collègues me fit lire une lettre dans laquelle M. Biscuit, notre jeune collègue, communiqua à un ami ses impressions sur notre promenade archéologique. Quoique M. Biscuit n'ait pas rédigé sa lettre dans la pensée qu'elle serait insérée dans notre Bulletin, il m'a semblé que la Société y trouverait avec plaisir les dernières lignes écrites par

ce collègue qui nous a déjà donné des travaux intéressants.

Voici cette lettre, à laquelle j'ai cru pouvoir ajouter quelques mots seulement :

Les Sociétés archéologiques de Compiègne et de Soissons avaient projeté depuis longtemps de faire ensemble une excursion dans notre pays si riche en monuments de tous les ages. Elle eut lieu enfin le 11 juin de cette année.

Nous devions partir à sept heures du matin. Le rendez-vous était pris chez Mme veuve Billier, ainsi qu'en informait la lettre d'avis de M. de La Prairie, notre cher président.

A sept heures un quart, nous partions entraînés par trois solides chevaux, bien conduits, je l'assure.

Il avait plu un peu le matin; peut-être, me disais-je, pleuvra-t-il encore? ce qui ne m'empêcha pas de monter sur l'impériale, comme César, in summa diligentia. J'eus au moins la consolation de n'être pas seul à souffrir d'une position aussi élevée.

Le but de notre excursion était Vic-sur-Aisne, BernyRivière, Confrécourt et St-Christophe.

A neuf heures nous arrivions à Vic, précédant de quelques minutes nos collègues de Compiègne.

Les présidents des deux Sociétés se serrèrent la main, Compiégnois et Soissonnais s'entremêlèrent, et sans perdre un instant nous allâmes au château.

M. Clouet, le propriétaire actuel et notre collègue, nous en fit gracieusement les honneurs.

Je rappelle en passant que Vic fut pris en 1594 par le capitaine des arquebusiers de Soissons, Chocu, capitaine pour le duc de Mayenne, et fondateur de notre Société de l'Arquebuse.

Malgré les années, le donjon existe encore, et ce n'est certes pas l'un des côtés le moins curieux du chateau.

N'ayant pas à traiter le côté archéologique de notre promenade, je ne parlerai pas de la borne miliaire qui se trouve à droite en entrant dans le parc, borne excessivement curieuse par l'inscription qu'elle porte. Je dirai seulement qu'elle remonte à Caracalla.

Nous traversons le parc qu'embaument les foins nouvellement coupés, et nous arrivons à l'église paroissiale où je remarque à la hâte quelques curieux chapitaux dont plusieurs remontent au XIIe siècle et même beaucoup plus haut; le portail à plein cîntre, avec ses trois retraites soutenues par autant de colonnes, attire davantage mon attention. Mais pour être admirateur du passé, on n'en est pas moins homme. C'est là le cri de nos estomacs affamés, et certes il n'est pas trop tôt, onze heures et demie viennent de sonner, et le grand air nous a donné un appétit à faire trembler M. Mignot, notre maître d'hôtel. Aussi les deux Socié tés ont été parfaitement d'accord pour faire honneur au déjeuner, comme elles l'ont été pour résoudre toutes les questions scientifiques.

Notre président a porté un toast à la Société de Compiègne. Immédiatement le président de Compiègne a riposté par un toast gracieux et l'affaire a été faite, puis nous avons quitté la table.

Quelques minutes après, nous montions en voiture; il nous restait à voir encore Berny-Rivière, Confrécourt et Saint-Christophe.

Si les chevaux vont bien, il n'en est pas de même du temps les gouttes commencent à tomber, le ciel, depuis longtemps si avare de rafraîchissements, semble vouloir les prodiguer.

On dirait que le ciel, qui se fond tout en eau,

Veuille inonder ces lieux d'un déluge nouveau. Comme il n'y a pas moyen de reculer, nous nous drapons pour le mieux dans nos pardessus.

A Berny-Rivière, une éclaircie nous permet de mettre

pied à terre et de visiter l'église et une fouille, récente je crois, qui a mis à découvert deux pans de murs montrant le petit appareil romain.

En peu de temps nous arrivons à Confrécourt. Le fermier est absent, mais il a donné ordre de nous laisser visiter sa ferme à loisir.

A l'intérieur, splendide grange à arcades ogivales. A l'extérieur, hautes murailles aux tours rondes et carrées.

Le tout remonte au XIIIe siècle.

Confrécourt faisait partie des nombreuses possessions de St-Médard. Quoique les anciens bâtiments d'habitation et d'exploitation n'existent plus, on peut juger par cette grange monumentale et par l'enceinte encore complète, de ce qu'étaient, au moyen-âge, ces grandes fermes fortifiées exploitées par les moines eux-mêmes,

Contrairement au programme, nous quittons Confrécourt pour aller à Autrêches. J'ignore ce que SaintChristophe pouvait nous offrir de curieux. Mais l'église d'Autrèches est sans aucun doute digne d'une longue station. Malheureusement le temps nous presse, nous ne pouvons voir qu'en courant pour ainsi dire la décoration sculpturale de l'église et son clocher à jour, l'un des plus beaux du pays. La crypte à elle seule est digne d'une étude spéciale, aussi plusieurs d'entre nous se promettent-ils d'y revenir au premier moment. à dépenser.

Compagne par trop fidèle, la pluie ne nous quitte pas un instant, et c'est avec sa fraîche et désagréable escorte que nous rentrons à Vic-sur-Aisne.

Il est six heures, les adieux commencent, chacun se promet de faire une excursion nouvelle en commun et, content de sa journée, Compiégnois et Soissonnais, nous rentrons nous sécher chacun chez nous.

M. Choron informe la compagnie qu'il fera incessam

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