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disent les moralistes, sont obligatoires, parce que la violence ou la contrainte était juste. La véritable raison est que l'utilité de la confiance en ces promesses est précisément la même celle de la confiance aux promesses des personnes parfaitement libres.

que

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Les vœux sont des promesses faites à Dieu. On ne peut pas en établir l'obligation sur le même principe que celle des autres promesses. Leur violation cependant trahit un défaut de respect pour la divinité, qui suffit pour la rendre coupable.

Il ne paraît pas que les vœux soit encouragés ou ordonnés par aucun commandement des révélations chrétiennes; encore moins y trouve-t-on la permission de les violer, lorsqu'on les a contractés. Les quelques exemples de vœux que nous trouvons dans le NouveauTestament (1) ont été fidèlement accomplis.

Les règles, que nous avons établies pour les promesses, peuvent s'appliquer aux vœux. Ainsi le vœu de Jephté, pris dans le sens où il est généralement entendu, n'était point obligatoire, puisque l'accomplissement, dans cette circonstance, était illégitime.

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CHAPITRE VI

Des contrats.

UN contrat est une promesse mutuelle : l'obligation des contrats; le sens dans lequel on doit les entendre, et les cas où ils ne sont pas obligatoires, sont les mêmes que pour les promesses.

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Du principe que nous avons établi dans le chapitre précédent, que l'obligation des » promesses doit être mesurée par l'attente que prometteur excite, le sachant et le voulant » de quelque manière, » résulte une règle, qui dirige l'interprétation de tous les contrats, et qui peut, par sa simplicité, s'appliquer avec la facilité, et la certitude la plus grande. C'est

que

Tout ce qui est attendu par une partie, et reconnu par l'autre, pour être ainsi attendu, doit être regardé comme une condition du

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Les différens genres de contrats, et l'ordre dans lequel nous nous proposons d'en parler, peuvent être présentés d'un coup-d'œil, ainsi qu'il suit :

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La règle de justice, qu'il faut bien inculquer à ceux qui font des marchés, est que le vendeur est tenu en conscience de découvrir les défauts de ce qu'il veut vendre. Parmi les différens moyens de prouver la justice de cette règle, nous pouvons prendre le suivant.

Je pense que l'on conviendra facilement qu'il est injuste et déshonnête d'avancer une fausseté directe pour hausser le prix de nos marchandises, en leur donnant des qualités

qu'elles n'ont pas. Comparez à cela le soin de cacher à dessein quelque défaut que nous leur connaissons. Les motifs et les effets des actions sont les seuls point de vue sous lesquels leur mérite moral puisse différer : mais le motif dans les deux cas est le même; c'est de tirer de notre marchandise un plus haut prix que nous n'en aurions obtenu d'un autre manière: l'effet, c'est-à-dire, le préjudice qu'éprouve l'acheteur, ́est aussi le même; car celui-ci se trouve également en perte, si la marchandise, lorsqu'il est rendu cliez lui, se trouve plus mauvaise qu'il n'avait cru, soit par l'absence d'une qualité sur laquelle il avait compté, ou par la présence d'un défaut sur lequel il ne comptait pas. Si donc les actions, qui procèdent des mêmes motifs et produisent les mêmes effets, sont les mêmes dans tous les rapports moraux, c'est vouloir faire une distinction là où il n'existe point de différence, que de regarder comme frauduleuse l'action de celui qui exalte au-delà de la vérité les qualités de ce qu'il veut vendre, et comme honnéte l'action de celui qui en cache soigneusement les défauts.

Ce qui relève le prix de ce genre d'honnêteté, c'est que les défauts de plusieurs objets sont de nature à ne pouvoir être connus que celui qui s'en est servi: ensorte que l'acheteur n'a pas d'autre sécurité contre la duperie, que la bonne foi et l'intégrité du vendeur.

par

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Il y a cependant une exception à cette règle, c'est le cas où le silence du vendeur donne à entendre qu'il y a quelque défaut dans l'objet mis en vente, et où l'acheteur trouve une compensation pour le risque qu'il court, dans une diminution du prix; comme lorsque dans un marché l'on vend un cheval aux enchères sans le garantir; le refus de la garantie indique quelque défaut caché, et amène une diminution de prix, qui le compense.

On peut mettre avec ceux qui cachent les défauts de leurs marchandises, ceux qui font passer de la monnaie fausse. On excuse cette pratique par un prétexte vulgaire : l'on a, dit-on, reçu cette monnaie pour bonne, il faut bien s'en débarrasser. Cette excuse ressemble parfaitement à celle d'un homme, qui, volé sur un grand chemin, prétendrait avoir droit de se rembourser sur le premier passant qu'il rencontrerait. Le passant ne saisirait doute la justesse de ce raisonnement.

pas sans

Là où il n'existe point de monopole ou de cabale, le prix courant est toujours un bon prix, parce qu'il est toujours en proportion avec l'usage et la rareté de la marchandise. Ainsi, l'on ne doit jamais se faire scrupule de demander et de recevoir le prix courant: et toutes ces expressions : « les vivres sont >> horriblement chers; les blés sont à des prix extravagans,» et autres semblables,

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