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ne supposent ni malhonnêteté ni extravagance dans le vendeur.

dites que

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Si votre tailleur, ou votre drapier, vous demande, pour un habit, au-delà du prix courant,. vous vous plaignez qu'il vous trompe; vous le négociant, qui se rend coupable de cette friponnerie, n'est point honnête. Cer pendant les biens de cet homme sont à lui: il est le maître de prescrire les conditions auxquelles il veut s'en défaire. On peut donc mettre en question s'il y a de la malhonnêteté dans cette action, et en quoi consiste la duperieQuiconque ouvre une boutique, ou expose, de quelque manière, ses marchandises à une vente publique, s'engage par cela même à traiter avec ses pratiques au prix courant; car ce n'est que sur la foi de cet engagement, que l'acheteur entre dans sa boutique, ou se présente pour traiter avec lui: l'acheteur a cette confiance; le vendeur ne l'ignore pas : cela suffit, d'après la règle que nous avons donnée, pour en faire une partie essentielle du contrat, bien que l'acheteur ni le vendeur n'en aient pas dit un mot. La violation de ce contrat sous-entendu constitue la fraude que nous cherchons.

Aussi, si vous prévenez formellement cet engagement, vous pouvez mettre à votre propriété le prix qu'il vous plaira. Si, quelqu'un vous priant de lui vendre votre maison, vous lui répondez que cette maison vous plaît, et Tom, I,

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convient à vos affaires; qu'en conséquence vous ne la donneriez pas au-dessous d'un tel prix; le prix que vous fixez peut étre double de celui qu'elle a coûté, ou de celui qu'elle pourrait valoir dans une vente publique, sans que l'on puisse vous accuser d'injustice, ou d'ex

torsion.

Si l'objet vendu s'endommage ou périt entre la vente et la livraison, est-ce le vendeur, ou l'acheteur, qui doit supporter la perte ? Cela dépendra de la forme particulière du contrat. Si le vendeur, soit expressément, soit tacitement, soit par l'usage, s'engage à livrer la marchandise, il doit supporter la perte. Le cas est tel, si j'achète un service de porcelaine, et que, le vendeur me demandant où il doit me le faire porter, il vienne à casser en chemin. Si la chose vendue demeure chez le vendeur, à la prière et pour la convenance de l'acheteur alors c'est l'acheteur qui répond des risques; comme si j'achète un cheval, et si j'annonce que je l'enverrai prendre tel jour (ce qui n'est autre que demander au marchand la permission de le laisser chez lui jusqu'à ce jour), alors tout accident qui pourrait arriver au cheval dans cet intervalle doit être à mon préjudice.

J'observe ici une fois pour toutes, qu'une foule de questions de ce genre sont décidées seulement par l'usage; non que l'usage ait quelque autorité pour altérer ou déterminer

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le juste ou l'injuste; mais parce que les parties contractantes sont supposées renfermer dans leurs stipulations toutes les conditions, que l'usage a annexées aux contrats du même genre; etlorsque l'usage est connu, et qu'on n'y déroge pas formellement dans le contrat, cette présomption est généralement conforme à la vérité (1).

Si je demande une pièce de vin à un marchand étranger, dans quel moment la propriété de ce vin passe-t-elle du marchand à moi ? Est-ce lorsque le marchand fait sortir le vin de ses caves? est-ce lorsqu'il est embarqué à Oporto? est-ce à l'arrivée du vaisseau en Angleterre et à sa destination? ou est-ce seulement lorsque le vin est livré à mes domestiques, et rendu dans mon cellier? A toutes ces questions il n'est pas d'autre réponse que celle que l'usage indique. C'est pourquoi, devant la conscience aussi bien que devant la loi, ce que l'on ap, pelle la coutume des marchands doit régler la décision des affaires mercantiles,

(1) Il arrive ici, comme dans plusieurs autres cas, qu'il ya souvent beaucoup de différence entre ce que les parties doivent faire, et ce qu'un juge ou un arbitre croirait devoir être fait. Ce que les parties doivent faire, en vertu de leur contrat, dépend de ce qu'elles ont véritablement entendu au moment où le contrat s'est fait; tandis qu'un tiers est toujours obligé d'établir son jugement sur des présomptions, qui peuvent être fausses, bieu que les plus probables de

toutes.

CHAPITRE VIII.

Contrats de hasard.

PAR contrats de hasard, j'entends le jeu et les assurances.

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Ce que l'on dit de ce genre de contrats, que l'une des parties ne doit avoir aucun » avantage sur l'autre, n'est ni praticable, ni vrai. Cela n'est point praticable; car l'égalité parfaite d'adresse et de jugement, que cette règle demande, ne peut presque jamais avoir lieu. Il me serait impossible de faire en conscience une partie aux cartes, au billard, ou à la paume, ou un pari dans une course, ou un contrat d'assurance, et cela pendant plusienrs années peut-être, si je devais attendre de rencontrer une personne qui ne me, fût ni supérieure, ni inférieure par son art, son adresse et son jugement dans ces matières. Et cette égalité n'est point requise pour la justice du contrat. L'un des joueurs peut donner à l'autre tout son enjeu, si cela lui fait plaisir, et celui-ci peut l'accepter avec justice. A plus forte raison l'un peut-il donner à l'autre une portion de son enjeu; ou, ce qui revient au même, une chance de plus pour gagner le tout.

La restriction qui est juste, c'est qu'aucun des joueurs n'ait un avantage que l'autre ignore:

car alors c'est un avantage pris et non donné. Bien que l'événement soit encore incertain votre avantage dans la chance a une certaine valeur; vous prenez de l'enjeu de votre adversaire précisément cette valeur, sans qu'il en ait connaissance, et par conséquent sans qu'il y consente. Si je fais une partie au whist, dans laquelle j'aie un avantage sur mes adversaires, au moyen d'une mémoire plus sûre, d'une attention plus soutenue, d'une connaissance plus exacte des règles et des chances du jeu, mon avantage est légitime, parce qu'il est obtenu par des moyens dont les adversaires ont connaissance; ils savent, lorsqu'ils se mettent au jeu, que je déploierai contr'eux tous mes talens. Mais si j'obtiens un avantage en disposant les cartes, en épiant les jeux de mes adversaires, ou en faisant des signes concertés à mon partner, cet avantage n'est point honnête, parce qu'il est obtenu par des moyens, dont mes adversaires ne soupçonnent pas que je fasse usage.

La même distinction s'applique à tous les contrats, dans lesquels il entre du hasard. Si je fais un pari dans une course de chevaux en me guidant sur l'apparence, le tempérament et la race du cheval; j'ai droit à tous les avantages que mon jugement peut me donner: mais si j'entretiens une correspondance secrète. avec les jockeis, et découvre par là que l'on

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