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cement d'un domestique, parce que vous ne voulez pas vous priver de ses services. Devenir un obstacle aux intérêts de votre domestique, c'est bien mal récompenser sa fidélité; c'est donner bien peu d'encouragement à la bonne conduite de cette classe nombreuse et par conséquent importante de la société. C'est un genre d'injusticè, qui, s'il avait lieu d'égal à égal, serait réprimé par la loi de l'honneur. Tel qu'il est, il n'est ni rare, ni déshonorant.

Un chef de famille est coupable, s'il permet parmi ses domestiques des vices, qu'il pourrait réprimer par une bonne discipline et par une juste intervention de son autorité. Ce devoir résulte de l'obligation générale de prévenir le malheur, lorsque nous le pouvons, et de la certitude où nous sommes, que le vice et le malheur finissent toujours par aller ensemble. Le soin de maintenir dans sa famille un sentiment de religion et de vertu reçut l'approbation divine dans la personne d'ABRAHAM, Gen. XVIII. 19. — « Je le connais, et je sais qu'il ordonnera à ses enfans et à sa maison

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après lui, de suivre la volonté de l'Éternel, > et de s'attacher à la justice et à la vertu. » Et, en effet, il n'est point d'autorité qui semble plus propre à remplir ce but, que celle du père de famille. Il n'en est aucune qui agisse sur ceux qui y sont soumis d'une manière aussi constante et immédiate.

Ce que les révélations chrétiennes ont ordonné, touchant les relations et les devoirs réciproques des maîtres et des domestiques, respire un esprit de libéralité, très-peu connu dans ces temps où la servitude était esclavage, et qui prenait sa source dans une habitude de considérer le genre humain sous le rapport des liens communs, qui unissent les hommes à leur créateur, et de leurs intérêts dans une autre vie. « Serviteurs, obéissez » avec crainte et tremblement, dans la sim» plicité de votre cœur, à ceux qui sont vos » maîtres selon la chair, comme à Christ; ne » les servant pas seulement lorsqu'ils ont l'œil » sur vous, comme si vous ne pensiez qu'à » plaire aux hommes; mais faisant de bon » cœur la volonté de Dieu, comme serviteurs de J. C. Servez-les avec affection, comme » servant le Seigneur et non pas les hommes; et sachez que chacun, soit esclave, soit » libre, sera récompensé par le Seigneur, » selon le bien qu'il aura fait. Et vous, » aussi, maîtres, faites votre devoir envers vos serviteurs, et ne vous emportez pas contr'eux, »sachant que vous avez aussi bien qu'eux un » maître dans le ciel, qui n'a point d'égard à la condition des personnes (1). » L'idée

(i) Ephés., VI. 5 gi

de rapporter leur service à Dieu, de considérer Dieu comme les ayant mis là, de se dire qu'ils font sa volonté, et doivent attendre de lui leur récompense, était une idée nouvelle. Elle donne aux maîtres une sûreté plus grande que tout autre principe secondaire, parce qu'elle tend à produire une obéissance constante et consciencieuse au lieu d'un service forcé, sur lequel il est impossible de compter, si l'on est absent, et que l'on peut justement appeler service de l'œil. L'exhortation aux maîtres, de se souvenir de leur propre sujétion et de leur responsabilité, n'était pas moins à sa place.

CHAPITRE XII.

Contrats de travail.

Commissions.

QUICONQUE entreprend l'affaire d'un autre en fait la sienne propre; c'est-à-dire, il promet d'y employer le même soin, la même attention, et la même exactitude, qu'il emploierait si l'affaire le regardait réellement car il sait qu'on lui avait confié l'affaire dans cette espérance. Et il ne promet rien de plus. Un agent n'est donc pas obligé de visiter, de rechercher, de solliciter, de parcourir le

pays, de travailler, d'étudier, tant qu'il reste quelque possibilité de procurer quelque avan tage à celui qui l'emploie. S'il agit avec autant de diligence, et emploie autant de soin que la valeur de l'affaire en mérite, dans son opinion, c'est-à-dire, autant qu'il l'aurait jugé convenable, si l'affaire l'eût regardé personnellement, rempli son devoir; bien qu'il puisse paraître ensuite que, par plus d'activité et une plus longue perseverance, l'affaire se scrait terminée avec un plus grand avantage:

Cette règle détermine le devoir des facteurs, intendans, hommes d'affaire, et avocats.

Une des plus grandes difficultés de la situation d'un employé est de savoir jusqu'à quel point il peut s'écarter de ses instructions, lorsque, par quelque changement survenu dans les circonstances, il a lieu de croire que celui qui l'emploie, s'il était présent, changerait de résolution. La latitude accordée aux agens, sous ce rapport, sera différente, suivant que leur commission était confidentielle, ou d'office, et suivant que la règle générale et la nature du service demandent, ou non, une obéissance prompte et précise aux ordres donnés. Un homme d'affaire, envoyé pour traiter de l'achat d'un domaine, s'il trouve une nullité dans le titre, se gardera de proposer le prix qu'il avait ordre de proposer; et cela avec raison. D'un autre côté, si un officier,

détaché par son général pour une commission particulière, la trouve beaucoup plus difficile à remplir, ou beaucoup moins profitable, que l'on ne l'avait supposé, au point d'être convaincu que le général, s'il était instruit du véritable état des choses, révoquerait ses ordres; cet officier doit cependant poursuivre, à tout hasard, l'exécution des ordres qu'il a reçus, s'il ne peut pas envoyer prendre de nouvelles directions, sans mettre en danger l'exécution de celles qu'il a.

Les objets confiés à un agent peuvent se perdre ou s'endommager dans ses mains par accident. Un agent, qui ne reçoit point de salaire, n'est pas assurément responsable de la perte; car, s'il donne son travail pour rien, il n'est pas à présumer qu'il se charge aussi de la responsabilité du succès. Si l'agent est gagé pour remplir la commission, la question dépendra de l'opinion des parties, lorsqu'elles firent le contrat; opinion qu'il faut tirer principalement de la coutume, par laquelle il est probable qu'elle avait été guidée. Toute expression, qui conduit à une promesse, doit être regardée comme obligatoire pour l'agent, sans qu'il soit besoin de la coutume; comme lorsque le propriétaire d'une diligence avertit qu'il ne répond pas de l'argent, de la vaisselle, des bijoux; il répond par là de tout le reste; ou lorsque le prix est trop grand pour le

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