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dans le cas des maîtres d'école, des tuteurs, et des capitaines dans l'infanterie ou dans la marine.

3. Lorsque le devoir est de nature à n'être pas aussi bien rempli par un député. Ainsi le subtitut du gouverneur d'une province ne peut point avoir la même autorité légale, ni la même influence, que son constituant.

4. Lorsque le service en général souffrirait quelques inconvéniens graves par la substitution des députés, dans les mêmes cas. Par exemple, il est vraisemblable que le mérite militaire perdrait beaucoup de ses encouragemens, si l'on permettait que les devoirs appartenant aux fonctions des capitaines dans l'armée fussent remplis par des substituts. Ou, pour nous borner à un objet particulier, supposons qu'un suffragant remplît tous les devoirs que son principal, s'il était présent, aurait à remplir, et d'une manière aussi édifiante pour la paroisse; dans cette circonstance, la seule objection que l'on puisse faire. contre la substitution d'un remplaçant, du moins la seule des précédentes, est la der

nière.

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Et, à mon avis, la force de l'objection, serait bien affaiblie, si le titulaire absent était pendant ce temps-là, occupé d'objets d'une importance égale ou supérieure pour la religion. L'on peut en effet considérer les revenus

entiers de l'église nationale comme un fonds commun, destiné à maintenir la religion de l'état et, si un ecclésiastique sert la cause du christianisme, il importe peu, quelle est la portion particulière de ce fonds, c'est-à-dire, quelle est la paroisse et la dîme, qui l'entretient et paie ses services. C'est comme lorsque le roi, pour récompenser un officier qui s'est signalé dans les guerres d'Amérique, lui donne le commandement de quelque fort d'Irlande, qu'il n'a peut-être jamais vu, mais dont le commandement est accompagné d'un salaire considérable,

D'après ce principe ainsi éclairci, cette faveur n'est due qu'à ceux qui s'occupent à répandre les connaissances religieuses, ou à cultiver les sciences utiles à la religion.

Cette manière de considérer les revenus de l'église comme un fonds commun, destiné au même objet, est la plus équitable, puisque les émolumens des places n'ont aucune proportion avec la peine et le travail qu'elles exigent.

Mais, lorsque un homme vit de ce fonds, tandis que ses études et ses occupations n'ont aucun rapport avec l'objet pour lequel il était destiné, et qu'il n'est pas plus ministre de la religion qu'un homme n'est soldat en mettant une cocarde, il applique ces fonds d'une

manière qui n'est guère plus excusable qu'un vol manifeste (1).

CHAPITRE XV,

Du mensonge.

MENTIR, c'est manquer à sa parole; car quiconque adresse sérieusement un discours à un autre, lui promet tacitement de lui dire la vérité, parce qu'il sait que l'on attend de lui la vérité.

On peut établir aussi l'obligation de dire la vérité, en montrant les fâcheuses conséquences du mensonge pour le bien de la société. Ces conséquences se trouvent, ou dans des injures spéciales faites à certains individus, ou dans la destruction de la confiance, qui est essentielle aux relations de la vie sociale. Par cette dernière raison, un mensonge peut être pernicieux dans sa tendance générale, et, par conséquent, criminel, quoiqu'il ne produise aucun mal particulier ou sensible pour personne. Il y a des faussetés qui ne sont, pas des mensonges, c'est-à-dire c'est-à-dire, qui ne sont pas

coupables; comme,

1. Lorsque personne n'y est trompé: c'est

(1) Nous omettons deux petits paragraphes trop particuliers aux usages de l'Angleterre. Peu s'en est fallu quẹ nous n'ayons omis tout ce chapitre. Trad.

Tom. I.

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ce qui arrive dans les historiettes, les fables, les nouvelles, les plaisanteries, les contes pour rire, les embellissemens ajoutés à une histoire, lorsque le but manifeste du conteur n'est pas d'instruire, mais de divertir; les complimens à la fin d'une lettre; un domestique disant que son maître est absent; un prisonnier qui nie d'être coupable; un avocat qui affirme la justice, ou sa croyance à la justice de la cause qu'il défend. Dans ce cas, l'on ne détruit point de confiance, parce qu'il n'en existe point; l'on ne manque point à la promesse de dire la vérité, parce que l'on n'en a point fait, et qu'il n'est point entendu qu'on en ait fait une.

2. Lorsque la personne, à qui vous parlez, n'a point droit de connaître la vérité, ou, pour mieux dire, lorsque le défaut de confiance dans ce cas n'a que peu ou point d'inconvéniens ; comme lorsque vous dites une fausseté à un fou, pour son propre avantage; à un voleur, pour cacher votre propriété, à un assassin, pour faire échouer, ou pour suspendre son dessein. La conséquence particulière est, par la supposition, avantageuse; et quant à la conséquence générale, le pis-aller, c'est que le fou, le voleur, l'assassin ne vous en croient plus sur votre parole. Mais le premier est incapable de tirer des conclusions régulières de la tromperie qu'il

a éprouvée une fois, et les deux autres ne se présenteront pas probablement une autre fois devant vous. D'ailleurs, l'inconvénient, s'il y en a, est pleinement compensé par l'utilité immédiate, que vous avez en vue par votre mensonge.

C'est sur ce principe que, par les lois de la guerre, il est permis de tromper un ennemi par des feintes, de faux pavillons (1), des espions, de faux renseignemens, et autres choses semblables; mais jamais par des traités, des trèves, des signaux de capitulation ou de reddition. La différence consiste en ce que les premiers supposent que les hostilités continuent; les seconds sont destinés à les faire cesser ou à les suspendre, Dans la conduite de la guerre, et pendant qu'elle continue, il n'y a ni utilité, ni lieu même à la confiance entre les parties belligérantes. Mais dans tout ce qui se rapporte à la cessation de la guerre, on a droit d'attendre une religieuse fidélité, parce que, sans cette confiance, les

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(1) Il y a eu dernièrement ( 1785 ) deux ou trois exemples de vaisseaux anglais, qui se sont emparés de quelques vaisseaux ennemis, en donnant le signal de détresse; artifice dont l'indignation générale de l'humanité devrait faire justice. Quelques exemples de captures faites par ce cruel stratagême détourneraient bientôt de donner aux vaisseaux vraiment en détresse ces secours, qui montrent quelquefois dans le caractère des marins la vertu la plus noble, diminuent beaucoup les dangers de la navigation.

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