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doigt sur la poussière, » comme s'il ne les eût pas entendus; « et comme ils continuaient à l'interroger, » comme ils voulaient le forcer à parler, il les renvoya avec une réponse bien méritée par la malice et l'impertinence de leur visite, aussi bien que par la conduite secrète de plusieurs d'entr'eux: que celui d'entre >> vous qui est sans péché (c'est-à-dire, sans ce péché lui jette la première pierre. » Ces paroles eurent leur effet. Touchés au vif par ce reproche, et voyant leur projet manqué, ils se dérobèrent l'un après l'autre, et laissèrent Jésus seul avec la femme. C'est alors qu'eut lieu la conversation, qui est pour nous dans ce moment la partie la plus essentielle de ce récit. « Jésus lui dit : femme, où sont » ces gens qui vous accusaient? Personne ne » vous a-t-il condamnée ? Elle lui dit non, » Seigneur. Jésus lui répondit: je ne vous » condamne pas non plus. Allez-vous-en, et » ne péchez plus à l'avenir.» Or lorsque Jésus demandait à cette femme « personne ne vous » a-t-il condamnée ? » il vouloit parler assurément (et la femme ne pouvait l'entendre qu'ainsi d'une condamnation légale et judiciaire; autrement sa réponse : « non, Seigneur, personne, » ne serait point vraie. Donnez tout autre sens au mot condamnation, comme blâme, censure, reproches, jugement particulier, etc., et vous verrez que plusieurs

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l'avaient condamnée; en particulier, tous ceux qui l'avaient amenée devant Jésus. Si donc Jésus avait en vue une sentence judiciaire, en parlant de condamnation dans sa question, l'usage ordinaire du langage nous conduit à croire qu'il avait en vue le même sens dans sa réplique : « Je ne vous condamne pas non plus, c'est-à-dire, je ne prétends à aucune autorité judiciaire sur vous; mon affaire n'est pas de prononcer ou d'exécuter les décisionsde la loi, Lorsque Jésus-Christ ajoute : « allez, et ne péchez plus;» il lui dit dans le fond qu'elle avait déjà péché. Mais quant au degré ou à la qualité du péché, ou à l'opinion de Jésus-Christ à cet égard, il n'en est aucunement question, et l'on ne peut l'inférer d'aucune circonstance de ce récit.

L'adultère, puni de mort pendant l'usurpation, n'est plus regardé, par la loi d'Angleterre, que comme une injure civile, pour laquelle le mari peut réclamer la satisfaction imparfaite que peut fournir l'argent,

CHAPITRE V.

Inceste.

Pour conserver la chasteté dans les familles, et parmi des personnes de différent sexe élevées ensemble et vivant dans une intimité

parfaite, il a fallu, par tous les moyens possibles, faire naître une horreur profonde pour toutes les liaisons incestueuses: cette horreur ne pouvait être maintenue que par une réprobation absolue de tout commerce entre les proches parens. Sur ce principe, on peut dire que le mariage, et tout autre genre de cohabitation entre frères et sœurs, ou entre parens qui vivent dans la même famille, sont défendus par la loi de nature.

Les restrictions qui portent sur des degrés de parenté plus éloignés que ceux entre lesquels le motif que nous venons d'exposer doit faire interdire le mariage, ne sont fondées que sur la loi positive qui les ordonne, et ne peuvent se justifier que par leur tendance à répandre les richesses, à lier les familles, ou à favoriser quelque avantage politique.

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La loi levitique, qui est en vigueur dans ce pays, et qui diffère très-peu de la loi romaine (1), défend le mariage entre les parens jusqu'au troisième degré, en comptant les générations depuis l'ancêtre commun, non exclusivement, mais inclusivement; et mettant l'affinité au même rang què la consanguinité.

(1) La loi romaine étendait la défense sur les descendans de frères et de sœurs à perpétuité. Dans la loi lévitique et dans la loi anglaise, il n'y a rien qui puisse empêcher in homme d'épouser sa petite-nièce.

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Néanmoins, les enfans issus d'un tel mariage ne sont pas déclarés bâtards, à moins que les parens ne se soient divorcés, eux vivant

encore.

L'on dit que les Egyptiens permirent le le mariage entre frères et sœurs. Les Athéniens avaient à ce sujet un singulier règlement: les frères et sœurs de deux lits, s'ils étaient liés du côté du père, pouvaient se marier ; et ne le pouvaient pas, si c'était du côté de la mère. Le même usage régnait sans doutę en Chaldée dès le temps d'Abraham; car il était lié de ce degré de parenté avec Sara sa femme «il est bien vrai qu'elle est ma sœur, » fille de mon père; mais je l'ai épousée parce » qu'elle n'est pas fille de ma mère. »

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L'EGALITE (1) dans le nombre des mâles et des femelles qui viennent au monde est une preuve de l'intention du créateur, qu'une seule

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(1) Cette égalité n'est point parfaite. Le nombre d'enfans males excède celui des filles, dans la proportion de dixneuf à dix-huit, ou environ. Cet excès compense la pluș grande consommation des mâles, par la guerre, la navigation, et les autres occupations dangereuses ou mal-saines.

femme soit assignée à un seul homme; car si un seul homme a un droit exclusif sur cinq ou six femmes, quatre ou cinq hommes n'auront la possession exclusive d'aucune; ce qui ne peut point avoir été l'intention du créateur.

Il semble encore que cette intention a été assez clairement indiquée, en ce que le créateur ne fit d'abord qu'un homme et une femme. Si Dieu avait voulu établir la polygamie dans l'espèce, il aurait sans doute commencé par là; et cela d'autant plus, qu'en donnant à Adam plusieurs femmes la multiplication de l'espèce humaine aurait été plus rapide.

Non-seulement la polygamie est contraire à la constitution de la nature et au plan manifeste de la Divinité; mais elle engendre, pour les parties elles-mêmes et pour la société, les mauvais effets suivans: les disputes et les jalousies, entre les différentes femmes d'un même mari; des affections partagées, ou la perte de toute affection, dans le mari luimême; un penchant à la volupté chez le riche, qui énerve la vigueur de ses facultés intellectuelles et morales, et produit cette indolence et cette imbécillité du corps et de l'esprit, qui caractérisent depuis long-temps les nations de l'orient; l'avilissement d'une moitié de l'espèce humaine, qui, dans tous les pays où règne la polygamie, n'est plus qu'un instrument des plaisirs de l'autre moitié; la Tom. I.

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