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Novem.

Le lieutenant Hall, nommé commandant en second de l'expédition, avoit eu ordre d'attendre à Moscow le capitaine Billings. Les autres personnes qui en dépendoient, avoient pris le chemin de Kasan, pour se rendre sans tarder à Irkoutsk.

Nous achetâmes à Moscow beaucoup de choses pour notre notre voyage. Nous prîmes dans le dépôt général de remèdes que le gouvernement a dans cette capitale, ceux qu'on jugea être nécessaires pour l'expédition. Le 10 Décem. décembre nous fimes partir notre bagage avec le lieutenant Hall, pour Kasan; etle 15 nous nous remîmes en route, le capitaine Billings, le chirurgien Robeck et moi. Nous étions alors accompagnés par le pilote Batakoff, et par des soldats qui voyageoient dans des voi tures et dans des traîneaux.

Le chemin étoit légérement couvert de neige. Le 18 décembre nous arrivâmes à Pau-. łowa, village 2 qui contient deux mille cinq

M. Hall est anglais. Voyez la justice qui lui est rendue, ainsi qu'à M. Zaritscheff et au danois Bering, dans l'Histoire de Catherine II, tome II, page 404. (Note du Traducteur.)

2 Paulowa n'a, dans la langue russe, que le titre de sloboda, village. (Note du Traducteur.)

cents maisons, dont un petit nombre est élégamment bâti en briques. Il y a aussi cinqéglises. Paulowa peut être considéré comme le Birmingham 1 de la Russie. Cevillage et ses habitans appartiennent au comte Scheremetoff2. Les habitans de Paulowa sont tous fabricans ou marchands de quincaillerie. Ils ont beaucoup de petits bâtimens avec lesquels ils naviguent sur la mer Caspienne, et font un grand commerce des produits de leurs manufactures. Paulowa est situé sur l'Oka, rivière qui se jette dans le Volga. Nous achetâmes à Paulowa des couteaux, des ciseaux, des boutons de métal, et divers autres articles propres à faire des présens aux indigènes des lieux où nous devions nous arrêter dans notre voyage..

A six cent vingt-cinq verstes nous trouvâmes le village de Scartog, habité par des Tscheremisses 3. Nous entrâmes alors dans

On sait que Birmingham, située dans la province de Warwick, est le lieu d'Angleterre où il y a le plus de manufactures d'acier. (Note du Traducteur.)

2 Le comte Scheremetoff, le plus riche particulier de la Russie, possède cent vingt mille paysans, et a au moins six cent mille roubles de revenu, ou trois millions de livres tournois. (Note du Traducteur.)

3 Les Tscheremisses sont répandus dans les gouver.

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Décem

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une grande forêt de chênes qui, pour la pluDécem, part, étoient d'une médiocre venue; et après

avoir fait soixante-quinze verstes dans cette forêt, nous arrivâmes à Kasan, dans la soirée du dimanche 22 décembre 1. Nous trouvâmes là, pleins de joie et de santé, tous ceux qui devoient être de notre expédition. Kasan est une ville régulière et bien bâtie 2 sur une rivière du même nom, qui, trois verstés plus bas, réunit ses eaux à celles du Volga. Les habitans de Kasan, russes, tartares et arméniens, sont presque tous marchands, et font un commerce très-étendu.

Beaucoup de nobles habitent leurs terres dans les environs de Kasan. D'autres, qui ont quelque raison de s'éloigner de la capitale, choisissent Kasan pour leur séjour. Nous observâmes qu'il y avoit entr'eux beaucoup d'union, et qu'ils exerçoient une grande hospitalité envers les étrangers. Comme tels, nous fûmes singulièrement bien traités par eux. Nous eûmes, sur-tout, à nous louer de nemens de Kasan, de Nijégorod et d'Oufa, et font partie de la nation finnoise. (Note du Traducteur.) A environ huit heures.

2

Kasan est situé à 55o 43 de latitude nord, et à 49⚫ 15' à l'est du méridien de Greenwich.

l'amiral Zchemtchouzchnikoff, président de l'amirauté et directeur de l'arsenal de marine.

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Sa maison étoit notre rendez-vous général. Cet officier étoit allé, en 1770, en Angleterre, fréter des vaisseaux de transport pour l'escadre du comte Alexis Orloff, et il étoit extrêmement attaché à la nation anglaise. Nous fêtâmes chez lui le premier de l'an 1786, et il 1786. but avec nous à la santé de George III, et Janvier. au succès de ses flottes. Le souvenir des honnêtetés qu'il avoit reçues en Angleterre, lui inspiroit une sorte d'enthousiasme, et sembloit lui faire un plaisir égal à celui que j'éprouve en ce moment, en me rappelant la bienveillance qu'il m'a témoignée. Sa table étoit toujours abondamment servie, et ses vins étoient d'une excellente qualité.

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Le 6 janvier, après les cérémonies qui se pratiquent ce jour-là en Russie, nous dînåmes chez le gouverneur de Kasan. Ce gouverneur avoit rassemblé une société si mélangée, que je ne peux m'empêcher d'en faire ici mention. Il y avoit d'abord l'évêque de Kasan, homme très-instruit, grand ami des pauvres

› Le 6 janvier, jour de l'Epiphanie, les popes baptisent les adultes, en les plongeant dans les rivières qui sont toujours gelées, (Note du Traducteur.)

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et fondateur d'une école pour leurs enfans. Ensuite on y voyoit le chef des prêtres maho métans, un prêtre luthérien, né en Allemagne des Russes, des Anglais, des Français et des Italiens. Le dîné ne brilloit pas par la magnificence, les vins n'étoient pas délicieux : malgré cela la bonne humeur des convives ne fut point altérée par des réflexions sur le peu de générosité de notre hôte.

Toutes les choses nécessaires à la vie et quelques objets de luxe abondent à Kasan, et s'y vendent à un prix très-modéré.

Notre bagage fut expédié de Kasan en quatre fois différentes 1, et chaque fois avec six kibitkis, montés sur des traîneaux ; ceux qui le conduisoient eurent ordre de se rendre à Irkoutsk le plus promptement possible.

Le 9 janvier le capitaine Billings remit à l'amirauté l'état de ses effets, et demanda de nouveaux baromètres, car le mauvais état des chemins étoit cause que tous ceux dont nous avions été pourvus à notre départ, s'étoient brisés dans la route. Une de nos caisses de remèdes fut également brisée sur la glace en traversant le Volga, et une grande partie de

Le 31 décembre 1785; le 2, le 3 et le 4 janvier

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