Une qui vaut cent fois la mienne. Le patron ne voulut lui dire Une et deux fois il en mangea; Il voulut sur une autre viande Mettre la main; on l'empêcha. « Monsieur, dit-on, nous le commande : Tenez-vous-en à ce mets-là. Vous l'aimez qu'avez-vous à dire? Pas une anguille de rôtie! s me suivront en paradis, Le maître accourt soudain au bruit; Mon ami, dit-il, je m'étonne Ne vous ai-je pas ouï dire Que c'étoit votre grand ragoût? Il faut qu'en peu de temps, beau sire. mets que vous croyez friand, Et vous en faites tout autant! Que ce n'est pas une sottise, En fait de certains appétits, De changer son pain blanc en bis : 1. Le diable. « Aidez-moy, de par Dieu, puisque de par l'aultre ne voulez. » RABELAIS, liv. I, ch. XLIII.) 2. Divertissement. «De quoy te plains-tu donc? dist monseigneur; je te fais bailler ce que tu aymes. - Ayme! dit le mignon, il y a manière ; j'ayme très-bien, voirement, pastez d'anguilles pour une foiz, ou pour deux, ou pour trois, ou de foiz à aultre, et n'est viande que devant je preisse; mais de dire que tous les jours les voulsisse avoir sans menger aultre chose, par nostre Dame! non feroye; il n'est homme qui n'en fust rompu et rebouté. Mon estomac en est si traveillé que, tantost qu'il les sent, il a assez disné. Pour Dieu! monseigneur, commandez qu'on me baille aultre viande pour recouvrer mon appétit; aultrement, je suis homme deffait. - Ha dia, dist monseigneur, et te semble-t-il que je ne soye ennuyé?... » (Les Cent Nouvelles nouvelles, nouvelle X.) Diversité, c'est ma devise. »> Quand le maître eut ainsi parlé, Non que ce dernier n'eût à dire Cette voie est bien la meilleure ; Je crois que l'amateur du change On dit qu'il parloit comme un ange, Mots dorés font tout en amours, C'est une maxime constante. Chacun sait quelle est mon entente : Mais la chose est si nécessaire Son petit chien, sa demoiselle, C'est le seul qu'il falloit ici Sourde à cette éloquence; et, dame! 1. La Fontaine a soin de marquer qu'il n'entend pas seulement des paroles éloquentes, persuasives, comme les Mots dorés de Caton ou de Pythagore, mais qu'il entend des paroles accompagnées de présents et de libéralités. Les orateurs du temps jadis |