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BULLETIN

DU

BIBLIOPHILE,

PUBLIÉ PAR TECHENER,

SOUS LA DIRECTION

DE MM. CH. NODIER, PAULIN PARIS ET G. DUPLESSIS, AVEC LE CATALOGUE RAISONNÉ DES

LIVRES DE L'ÉDITEUR.

N° 3. MARS.

SIXIÈME SÉRIE.

PARIS,

TECHENER, ÉDITEUR, PLACE DE LA COLONNADE DU LOUVRE,

No 12.

Table des articles contenus dans le numéro 3 du Bulletin du Bibliophile, 6e série.

Nouveaux mélanges tirés d'une petite bibliothèque, par M. Charles Nodier.

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Notice d'un manuscrit de la Bibliothèque du roi, par M, Paulin
Paris.

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TIRÉS D'UNE PETITE BIBLIOTHÈQUE

PAR M. CHARLES NODIER (1).

EXTRAIT DE SON CATALOGUE.

I.

PASCAL (Blaise). Pensées sur la religion et sur quelques autres sujets, qui ont été trouvées, après sa mort, parmi ses papiers. Paris, Guillaume Desprez, 1670, in-12, mar. rouge, janséniste. Duru.

Édition originale, qui est assez rare aujourd'hui, mais qui perdra probablement quelque chose de sa valeur relative, quand l'illustre M. Cousin aura publié l'édition qu'il prépare d'après le manuscrit original. Il restera cependant quelques considérations à faire valoir en faveur des anciennes leçons du texte, et je me contenterai de les indiquer à de plus, hardis jouteurs, car je ne suis ni d'humeur ni de force à entreprendre cette rude polémique. Les Pensées de Pascal n'étoient, pas un livre, c'étoit matière de livre, matière modifiable, s'il en fût jamais, et qui se seroit nécessairement modifiée. Pascal, étoit, en effet, un esprit fort individuel, comme on dit aujourd'hui,

(1) La délicieuse collection qu'il plaît à M. Nodier d'appeler modestement une petite bibliothèque n'en est pas moins, et quoi qu'il en puisse dire, le choix le plus exquis, le mieux entendu et le plus ingénieusement assorti de livres curieux et de jolis exemplaires qu'ait jamais pu contempler, réunis sur les mêmes tablettes, l'œil satisfait du plus difficile et du plus délicat des amateurs. De tous ces livres, il n'en est pas un seul peut-être qui ne soit digne, à un titre quelconque, des honneurs d'une mention particulière et d'un examen attentif. Ceci posé, nous permettons à M. Nodier d'ètre, autant qu'il le voudra, modeste à l'occasion de sa bibliothèque : la modestie sied bien surtout à ceux dont on ne sauroit contester le mérite.

Les notices que nous donnons aujourd'hui sont extraites du catalogue raisonné de M. Nodier, et ces notices, jointes à celles que nous donnerons encore, pourront être considérées comme une suite au compte-rendu qui a été publié dans le Bulletin, de quelques visites faites dans les plus remarquables bibliothèques de Paris. (Note de l'Éditeur.)

mais non tellement absolu qu'il ne subordonnât souvent ses doctrines à celles de Port-Royal, dont il s'honoroit d'être l'interprète. C'est un fait qui ne peut être contesté. Il est donc à présumer que les changemens posthumes apportés à l'œuvre des Pensées auroient été approuvés et peut-être exécutés par Pascal lui-même, si Pascal avoit vécu; car on ne sauroit suppposer, dans l'état connu de ses rapports avec Port-Royal, qu'il eût publié cette ébauche de livre, sans l'aveu de ses amis. En considérant la chose sous cet aspect, qui me paroît son aspect véritable, on se trouvera sans doute moins disposé à prêter une grande importance aux variantes d'un brouillon informe, qui a partout l'élan, et, tranchons le mot, la témérité imprudente du premier jet. Ce n'est pas sur les improvisations d'un esprit très soudain, mais profondément préoccupé, qui se propose à tout moment des objections, sans avoir le temps d'y répondre, et sans savoir s'il y répondra, qu'on voudra juger de la foi de Pascal, et je crois qu'on fera sagement de s'en abstenir. Au surplus, cette question qui offre un véritable intérêt littéraire, car sous le point de vue littéraire il n'y a pas une ligne de Pascal à dédaigner, est totalement insignifiante sous le point de vue religieux. Pascal n'étoit-il séparé de l'athéisme que par la peur? Cela est fort triste à comprendre, et fort triste à avouer, mais cela seroit fort possible, et, en dernière analyse, cela seroit fort indifférent: j'irai même plus loin, puisque m'y voilà; si ce doute se résout jamais par l'affirmation, il faudra en féliciter les jésuites.

II.

POSTELLO (Guglielmo). Le prime nove del altro mondo, cioe l'admirabile historia... intitulata, la Vergine Venetiana (Venetia). Appresso del autore. --- " libro della divina ordinatione. Padoua, Gratioso Perchacino, 1555, petit in-8, mar. bleu antique.. Belle et ancienne reliure.

Exemplaire de de Boze, de Girardot de Préfond, de Gaignat,

de Mac-Carthy, et peut-être le seul connu où les deux ouvrages se trouvent réunis.

Ce volume a passé long-temps, avec le Christianismi restitutio de Servet, pour le plus rare des petits livres imprimés; c'est ce qui explique son haut prix d'estimation à 300 liv., dans le catalogue de de Boze, à une époque où cette valeur étoit tenue pour exorbitante, et son adjudication à 901 liv., chez Gaignat. Non délivré chez Mac-Carthy, sur ma modeste enchère de 400 fr., il fut réservé par M. Debure, qui le céda le lendemain pour 25 guinées à un amateur anglois. Je suis enfin parvenu à le retirer d'Angleterre pour un prix moins élevé, mais tel encore que j'aurois quelque honte à mettre le lecteur dans ma confidence.

Le père Niceron avoit d'abord nié l'existence de ce livre : convaincu par ses propres yeux, il en a donné, d'après mon exemplaire même, qui étoit alors celui de de Boze, une description assez imparfaite dans le tome VIII de ses Mémoires, page 344 et suiv.

Les feuillets de l'un et de l'autre ouvrage n'avoient pas été chiffrés à l'impression, mais ils le sont très proprement à la plume de la main de de Boze. La reliure est excellente, et la conservation admirable.

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III.

TROMPETTE (LE) François, ou fidelle François, 1606, fig. grav. sur le titre. Le Miroir des alchimistes où l'on voit les erreurs qui se font en la recherche de la pierre philosophale, etc., avec instruction aux dames, pour doresnavant estre belles et en conualescence, sans plus user de leurs fards venimeux ordinaires, par le chevalier impérial. 1609, petit in-12, mar. rouge, fil. Jolie reliure ancienne.

Livre fort singulier et d'une grande rareté, dont je ne crois pas qu'on ait vu paroître plus de deux exemplaires dans les

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