ments inédits sur l'apostolat de sainte Madeleine en Provence, t. II, p. 777, etc. C'est là une supposition erronée. Ce qui a donné lieu à cette supposition, c'est que, au xvi siècle, le château de Juvé appartenait aux petits-neveux de Bernard Guy, noble Bertrand et noble Charles de La Guyonnie. Mais le château de Juvé n'était devenu la possession de la famille de La Guyonnie que vers le commence. ment du xvi siècle, par suite du mariage de Bertrand de La Guyonnie avec Antoinette du Verger ou du Verdier, seule héritière du château de Juvé (1). Au xv siècle ce château appartenait à la famille du Verdier (2). C'est à tort que M. Labiche (loc. cit.) et M. l'abbé Faillon (ibid), avancent que le château de Juvé n'existe plus depuis plusieurs siècles. Le château de Juvé, que nous avons visité, est une gentilhommière qui paraît dater du xve siècle. C'est près de ce château, dans le champ de l'Imperadou, qu'a été trouvée la statue en granit de Jupiter qui figure au Musée lapidaire de Limoges. Bernard Gui est né dans la maison noble de La Guyonnie, qui n'existe plus, mais qui est mentionnée dans des actes du xvie siècle. Noble Charles de La Guyonnie, écuyer, sieur dudit lieu et de Juvé est nommé dans un acte de 1544. Jean de La Guyonnie, sieur dudit lieu, était l'un des cent gentilshommes de la maison du roi, en 1569. François de La Guyonnie, curé de Royère et de La Rochel'Abeille son annexe, fut inhumé le 8 avril 1579 dans la chapelle de La Guyonnie (3). Aujourd'hui La Guyonnie n'est plus qu'un hameau ou plutôt un domaine, une maison isolée, comprenant quelques habitants, à 400 mètres du village de Royère, à 2,400 mètres de la Rochel'Abeille, sur la route qui va de ce bourg à Coussac-Bonneval. (1) NADAUD, Nobiliaire limousin, t. II, p. 241. (2) Id., ibid., p. 243. (3) Id, ibid., p. 214 et 245. Registres de la Roche-l'Abeille. CHAPITRE PREMIER Biographie de Bernard Guyon Bernard Gui, ou mieux Guyon, plus connu dans le monde savant sous son nom latinisé de Bernard Guidonis, est appelé par la majorité de nos écrivains limousins Bernard de la Guionnie. Il naquit, en 1260 (1), de parents nobles, à La Guionnie, ancien fief situé dans la paroisse de Royère, laquelle est, depuis 1829, annexée à la paroisse de la Roche-l'Abeille (canton de Nexon, arrondissement de Saint-Yrieix, Haute-Vienne). De bonne heure, il reçut la confirmation et la tonsure des mains de Pierre de Saint-Astier, évêque de Périgueux (2), dans l'église des Dominicains, à Limoges, où ce prélat passa les dernières années de sa vie (1266-1275). Il prit l'habit de saint Dominique le 16 septembre 1279, à l'âge de dix-neuf ans, dans le couvent de Limoges, dont Pierre de Mulcéon était alors prieur (3); et le xvro des calendes d'octobre de l'année suivante (16 septembre 1280), il fit profession entre les mains d'Etienne de Salagnac, l'un des premiers religieux limousins de l'ordre de Saint-Dominique (4). Peu de temps après sa profession (1284), il fut chargé par le chapitre provincial de Perpignan d'enseigner la logique au couvent de Brive; et dans les années 1285, 1286 1287, il suivit, à Limoges des cours de théologie qu'il alla terminer à Montpellier en 1290 (5). L'année suivante (1291), il débuta à Limoges dans l'enseignement (1) C'est la date adoptée par l'abbé Nadaud, et suivie par l'abbé. Labiche (1. 111, 392). M. Léopold Delisle se basant sur ce fait que Bernard est mort le 30 décembre 1331, à l'âge de 70 ou 71 ans, place sa naissance en 1261 ou 1262. (Notice, p. 173). (3) Sic de se testatur: Anno Dominico MCCLXXIX, ego frater Bernardus Guidonis introivi ordinem prædicatorum Lemovicensium in festo sanctæ Euphemiæ, virginis et martyris, in septembri, existente priore F. Petro de Mulceone. (QUÉTIF ET ECHARD, Scriptores ordinis prædicator, t. I, p. 576). (4) In cujus manibus sum professus, anno Domini MCC octogesimo, XVI kalendas octobris. (Ap. Léopold DELISLE, Notice, p. 175). (5) Léopold DELISLE, Notice, etc. p. 175. de la théologie en qualité de sous-lecteur (1); puis, pendant deux ans, il fut lecteur de théologie au couvent d'Albi (1292-1294). Il raconte, dans l'un de ses ouvrages, que, l'an 1293, le dimanche dans l'octave de la fête de Saint-Pierre, Bernard de Castanet, évêque d'Albi, posa la première pierre du couvent des Dominicains de cette ville, et que lui, Bernard Guidonis, alors lecteur dans ce couvent, remplit solennellement la fonction de diacre à cette cérémonie (2). Elu prieur du couvent d'Albi, il exerça cette charge pendant trois ans (1294-1297), tout en continuant ses fonctions de lecteur (3). Il cumula les mêmes fonctions à Carcassonne, où il fut prieur, d'octobre 1297 jusqu'au 29 juillet 1301 (4). Pendant qu'il était à Carcassonne, il reçut dans son couvent le neuvième général des Dominicains, Nicolas Bocasini, qui fut promu vers ce temps au cardinalat par le pape Boniface VIII, et qui, plus tard, monta sur la chaire de Saint-Pierre sous le nom de Benoit XI (5). Bernard Guidonis fut ensuite, pendant quatre ans, prieur du couvent de Saint-Vincent de Castres, du 16 août 1301 jusqu'en 1305. C'est sous son administration que deux chapelles furent construites dans l'église de Saint-Vincent, l'une en l'honneur de saint Dominique, l'autre en l'honneur de Saint-Pierre martyr (6). Le chapitre provincial de 1302, assemblé à Carcassonne, le désigna comme prédicateur général (7). Le 23 août 1305, il fut nommé prieur du couvent de Limoges et occupa cette charge pendant deux ans et demi jusqu'au 13 janvier 1307. Il fit faire la Bibliothèque qui couta plus de cent livres (8). C'est pendant qu'il était prieur du couvent de Limoges que le pape Clément V vint dans cette ville, accompagné de huit cardinaux, le samedi 23 avril 1306, et fut logé dans le couvent des Dominicains. Sur la demande de Bernard, le Pape lui accorda ainsi qu'à ses religieux quelques privilèges et faveurs spirituelles. Le lendemain dimanche, 24 avril, le Pape après avoir visité l'église de Saint-Martial et vénéré les reliques de l'apôtre, donna sa bénédiction solennelle (1) Léopold DELISLE, Notice, p. 175. (2) Ap. BALUZE, Vitce papar. Avenion, t. 1, p. 719. Léopold DELISLE, Notice, p. 176, notes 1 et 2. (3) Léopold DELISLE, Notice, p. 176, n 4. (4) Brevis chronica, etc., ap. LABRE, Nova Bibl., t. II, p. 512. Léopold DELISLE, Notice, p. 176, n. 5. (5) LABICHE, Six mois des vies des saints du Limousin, t. III, p. 394. (6) Léopold DELISLE, Notice, p. 178, n. 2. (7) Id., ibid, p. 178, n. 4. (8) Brevis chronica, etc., ap. LABBE, t. II, p. 512, et Léopold DELISLE, p. au peuple qui était assemblé près du couvent sur la place St-Gérald (aujourd'hui place de la Mairie). De là, le pontife partit pour le monastère de Solignac, se dirigeant vers Bordeaux (1). 428 et 178. QUÉTIF ET ECHARD, t. 1, p. 576, Bernard Guidonis raconte, dans un de ses ouvrages, que le Pape, en vénérant le chef de Saint-Martial, fut ému jusqu'à verser des larmes (2). Le 16 janvier 1307, Bernard Guidonis fut relevé de sa charge de prieur de Limoges, et nommé inquisiteur de Toulouse, fonction de la plus haute importance qu'il remplit avec autant de zèle que de sagesse pendant près de dix-sept ans (1307-1323). Le premier dimanche de carême 1308, il prêchait, en qualité d'inquisiteur, dans la cathédrale de Toulouse. Il exerça son zèle non-seulement dans cette ville pendant les dix années suivantes, mais encore à Carcassonne (1309), à Albi (1321), à Pamiers (1323), etc. Ses nombreuses occupations d'inquisiteur l'empêchèrent, en 1308, d'aller installer les Frères Prêcheurs dans le couvent de Saint-Junien, comme il en avait été chargé par le chapitre provincial de Rieux (3). Il conserva ce titre d'inquisiteur même quand il fut nommé procureur général de l'Ordre de saint Dominique à la cour Romaine (1317), charge qu'il remplit pendant près de quatre ans (4). Il se trouvait à Avignon, en cette qualité de procureur au mois d'août 1318, quand on travaillait à la canonisation de saint Raymond de Pennafort; c'est encore en cette qualité de procureur qu'il reçut une lettre d'Edouard II, roi d'Angletterre qui lui reccommandait frère Nicolas de Wisebech, chargé d'une mission auprès du Pape (5). Le pape Jean XXII, la première année de son pontificat, alors que Bernard Gui remplissait les deux offices d'inquisiteur de Toulouse et de procureur général de l'Ordre de saint Dominique, lui confia une mission de la plus haute importance. Par lettres datées d'Avignon le 1er mars 1317, il le chargea d'aller en Italie avec frère Bertrand de la Tour, provincial des Frères Mineurs d'Aquitaine, pour établir et confirmer la paix dans cette contrée, divisée par les factions. Guidonis avait pour mission spéciale de régler les différends de Robert, roi de Sicile, avec Amédée, comte de Savoie; Manfroi, marquis de Saluces, et Mathieu Visconti de Milan: en outre, il (1) Léopold DELISLE, p. 178, n. 6. (2) Ap. MARTENE, Ampliss. Collectio, t. VI, p. 469. (3) Léopold DELISLE, p. 179-182. (4) Brevis chronica, ap. LABBE, t. II, p. 512., Léopold DELISLE P. 428. ECHARD, t. 1, p. 576. (5) Léopold DELISLE, p. 183, 400, * devait s'efforcer d'apaiser les factions qui déchiraient la ville de Gênes (1). Plus tard, le même pape Jean XXII employa Bernard Gui à négocier la paix entre la France et la Flandre, en ménageant un rapprochement entre Robert, comte de Flandre, et le roi de France, Philippe-le-Long (2). Dans la première mission, Bernard Gui reçut les pouvoirs que le Saint-Siège donne aux nonces apostoliques, et dans la seconde, il avait le titre exprès de légat apostolique. Cinq années entières furent employées à ces négociations qui engagèrent Guidonis dans de fréquents et pénibles voyages, et pendant lesquelles il fit preuve d'une activité prodigieuse; il s'acquitta de ces négociations avec la prudence et l'habileté qu'on pouvait attendre de lui (3). La dignité épiscopale n'était pas au-dessus de ses mérites. En récompense de ses services, le pape Jean XXII le nomma, en 1323, à l'évêché de Tuy en Galice; et, l'année suivante (1324), il le transféra au siège épiscopal de Lodève, dans la province de Narbonne (4); c'est ce titre, évêque de Lodève, qui accompagne ordinairement ' le nom de Bernard Guidonis. Son titre épiscopal ne le sépara pas de ses frères de saint Dominique. Après son installation comme évêque de Lodève, il voulut renouveler sa profession religieuse à Avignon, entre les mains de frère Barnabé, maitre de l'Ordre (5). Cette vie, dit M. Léopold Delisle, « semble assez bien remplie par l'enseignement de la théologie, par l'administration de plusieurs couvents, pas l'accomplissement de plusieurs missions politiques et religieuses, et par le gouvernement d'un diocèse. Cependant, au milieu d'occupations si multiples et si absorbantes, Bernard Gui sut trouver le temps nécessaire pour composer des ouvrages historiques d'une étendue et d'une valeur considérables. Depuis sa jeunesse jusqu'à la veille de sa mort, il a tenu la plume pour préparer, rédiger et compléter d'immenses compilations qui embrassent l'histoire générale, l'hagiographie, les annales de l'ordre des Dominicains, et différents détails d'histoire civile et religieuse (6) ». Selon la pieuse expression de son biographe, Bernard Guidonis (1) Brevis chronica, ap. LABBE, t. II, p. 512. - Léopold DELISLE, P. 428, 183. QUÉTIF et ECHARD, 1. 1, p. 576. (2) Léopold DELISLE, Notice, p. 181. (3) LABICHE, Vies des Saints du Limousin, t. III, p. 297. (1) L'ancien diocèse de Lodève fait aujourd'hui partie du diocèse de Montpellier. (5) Brevis chronica, ap. Léopold DELISLE, p. 420. (6) Léopold DELISLE, Notice, p. 186. |