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GILBERTUS. Il fut aussi moine de Solemnac et puis élu abbé de Saint-Martin de Limoges.

PETRUS, magnus Cellerarius. C'est l'unique sur le tombeau duquel se lit une épitaphe qui est dans le cloître proche du chapitre, inter capitulum et portam Beatæ Mariæ, car cette porte par laquelle on passe pour aller, à l'église, étoit la porte de l'église de Notre-Dame de ce côté, et le devant s'appelait parvus porticus, à laquelle porte fait allusion l'épitaphe. Depuis on a fermé ce passage:

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Son anniversaire et de plusieurs autres se trouve dans le livre des anniversaires.

J'ai trouvé dans le même livre que longtemps après: Capellanus Sancti Michaelis fuit sepultus in sepulchro Petri magni Cellerarii. Le sépulcre qui est du même côté du cloître et est élevé, est d'un simple religieux nommé Girbert, qui fuit sepultus in parvo porticu, in medio, super caput cujus in pariete dormitorii, est formatus crucifixus de petra cum Beata Maria et sancto Joanne, dont il paroît encore quelques restes.

Quant aux trois autres qui sont proche de l'église, je n'ai pu trouver leur nom, plusieurs feuilles du livre des Anniversaires étant rompues, où ils pouvaient être. Il paroît seulement que c'étaient trois abbés et fort anciens. Et prenant garde de plus près au dit livre, y ai trouvé un abrégé de tous les anniversaires qui y étaient contenus, quand il étoit en son entier, entre lesquels se voit celui du roy Dagobert, fondateur du monastère, et de trois abbés, savoir:

Archambaudi, abbatis Solemniacensis ;

Hugonis de Malo Monte, abbatis;

Et Domini Girberti, monachi Solemniacensis et abbatis.

Si ce sont ces trois dont on voit les tombeaux, on ne sauroit l'assurer, puisque les feuilles qui nous eussent pu en donner connaissance sont perdues et ôtées du susdit livre, qui pour l'ordinaire explique l'endroit ou ceux desquels il parle ont été enterrés: ou

(1) Les auteurs du Gallia Christiana pensent que c'est l'épitaphe de Pierre I, abbé de Solignac, mort vers 1262,

dans l'église qu'il appelle monasterium, ou dans celle de NotreDame, ou dans le cloître.

Je ne saurois passer sous silence une chose qui m'a été assurée par des personnes dignes de foi et que nous voyons en pratique, à savoir qu'il n'y a aucune hôtellerie dans la ville, aucun n'étant assez osé que d'en tenir, étant certain qu'il lui arriveroit quelque punition. En effet, nous avons vu qu'un habitant de la ville, voulant tenir hôtellerie, loua sa maison qu'il y avoit et s'en alla demeurer dans un faubourg. Le bon Dieu ne voulant pas, ce semble, que ce lieu qui a été sanctifié par la demeure de tant de saints, ses serviteurs (car il est certain qu'autrefois l'abbaye contenoit au moins tout le circuit de la ville), soit profané par des ivrognes, jureurs et autres débauches qui se passent ordinairement dans les hôtelleries.

Je finirai ceci par un miracle, lequel m'a été rapporté par deux de nos confrères, arrivé par l'intercession de saint Théau, religieux de ce monastère. Iceux donc ayant été envoyés l'année passée à Anedde pour y prêcher le jour de saint Martin, patron de la paroisse, furent assurés par le sieur de Beaulne, gentilhomme, et sa femme (1) qu'ils avaient un petit enfant, lequel ne se pouvoit soutenir en aucune façon, et icelui ayant été apporté en une chapelle qui est tout proche, dédiée à saint Théau et presque ruinée, el trempé dans une fontaine, de laquelle, ainsi que la tradition porte. le saint, demeurant en ce lieu, a souvent bu, il fut entièrement. guéri et élevé même sans que, depuis, il ait été attaqué d'aucune incommodité, au grand contentement de ses père et mère, lesquels publient, en toute occasion, ce miracle, et ont eu la volonté de faire remettre la dite chapelle, pour augmenter la dévotion envers le saint qui y est grande à l'occasion de semblables miracles, et en reconnaissance de la faveur qu'ils confessent avoir reçu par les mérites du même saint. Ils ont déclaré la même chose au R. P. Prieur qui y est allé au mois d'avril de la présente année 1665.

Chose remarquable touchant le monastère de Solemnac, tirée de la fondation de celui de Beaulieu faite par Rodulphe, archevêque de Bourges :

Hilari mente promptaque voluntate, Deo salvatori omnium devote

(1) Apparemment Pierre Romanet, sieur de Beaune, et Marie Thevezaud, son épouse, dont plusieurs enfants naquirent vers cette époque, comme le constatent les registres paroissiaux de Saint-Pierre-Château, et le Nobiliaire du Limousin, tome IV, p. 110. Le château de Beaune, autrefois de la paroisse de Saint-Pierre-Château, est aujourd'hui dans la commune d'Eymoutiers, sur la route de Nedde.

offero, et in vice Christi, Bernulfo abbati Sollemniacensis monasterii, Cuniberto abbati ejusdem loci, nec non Godoni monacho, Frannario, Bernardo, Gainulfo, Storgiso, Rigaldo, Chœinulpho, Abraham trado; ita duntaxat ut prædictus Cunibertus abba et præfati monachi in eodem loco cœnobium monachorum sub regula S. Benedicti degentium, in honore beatissimi apostolorum principis Petri construant: et ibi sub vera religione viventes, pro regis nostri, parentum que nostrorum erratibus, quin etiam pro catholicæ cunctæque universalis Ecclesiæ statu, sedulis precibus divinam clementiam implorare decertent.

Rodulphus, archiepiscopus Bituricensis subscripsi, Data donatione mensi novembri anno vi, regnante Corolo rege christianissimo, xv indictione (1).

Par où on voit que les premiers religieux qui peuplèrent le monastère de Beaulieu furent tirés de ceux de Solemnac, lesquels sans doute étaient d'une grande observance et discipline monastique.

CHAPITRE XXVI

Catalogue des Prieurs de ce Monastère depuis l'union d'icelui à la Congrégation de Saint-Maur.

Après avoir rapporté les abbés que j'ai pu trouver qui ont eu le gouvernement de ce monastère, j'ai pensé qu'il seroit à propos de mettre ensuite les noms de ceux qui l'ont gouverné en qualité de prieur, depuis son union à la congrégation.

Ce que je ferai brièvement, rapportant les réparations qu'ils ont faites durant leur temps, et laissant plusieurs choses que je pourrois dire à leur louange, s'ils n'étaient encore vivant: Lauda ducis fælicitatem, sed cum pervenerit ad triumphum.

L'an 1619, la réforme fut introduite.

LE R. P. DOM RORICE LIMOUGAUD fut le premier prieur. C'étoit un grand religieux; il fut le prieur trois ans et mourut ici l'an 1622, au mois de septembre, regretté de ses confrères et des séculiers. De son temps on commença à travailler à faire le jardin, de l'argent que

(1) On peut voir ce testament de Rodulfe, archevêque de Bourges, dans le Cartulaire de Beaulieu, publié par M. Maximin Deloche en 1859, page 3, où l'on remarquera plusieurs variantes dans le texte.

nous donna M. l'Abbé, qui venoit à la somme de quatre mille livres, mais il coûta beaucoup davantage. Le dit s' abbé fit aussi faire le dortoir et, moyennant la dite somme, se déchargea de tout le reste.

LE P. DOM BERNARD JAVARDAC. - L'an 1623. Il ne fut prieur qu'un an. Le chapitre général se tenoit pour lors tous les ans.

LE R. P. DOM MAURICE PONCIGNON. - L'an 1624, et gouverna trois

ans.

LE R. P. DOM MAUR TASSIN lui succéda l'an 1627. Il fut prieur cinq (1) ans et mourut à Jumiège, en Normandie, étant abbé de Chezal-Benoit. Il étoit tenu pour un saint, et en effet c'étoit un grand religieux en vertu et en doctrine, Il étoit fort adonné à l'oraison, y employoit d'ordinaire tout le temps qui reste depuis matines jusqu'à la méditation. Il avoit une grande dévotion envers le T. S. Sacrement de l'autel, et pour l'ordinaire il entendoit toutes les messes qui étaient ici célébrées chaque jour, et après avoir célébré la sainte messe, il avoit le visage tout lumineux. Il prêchoit presque tous les dimanches, et bien souvent le matin il alloit prêcher au Vigen, et après diner il prêchoit dans la grande église, et après vêpres, il faisoit le catéchisme dans la chapelle où nous faisons le service divin, n'étant encore dans la grande église à cause des anciens religieux. Je pourrois rapporter plusieurs autres choses, l'ayant connu fort particulièrement, et accompagné souvent durant ses prédications, et par ainsi conversé avec lui fort familièrement; car il étoit d'une agréable conversation, et se plaisoit fort à parler des exercices de dévotion. Il avoit aussi une dévotion particulière à saint Jean l'Evangéliste et à sainte Madeleine. J'espère que ceux qui ont eu une plus grande connaissance de sa vie et de sa mort auront soin de mettre ses actions par écrit pour servir d'édification à la postérité. Il avoit été visiteur dans la congrégation. Durant son temps et de ses prédécesseurs, on ne fit pas de grandes réparations à cause de la pauvreté du monastère, seulement on travailloit à mettre le jardin en état, ce qui fut achevé de son temps.

LE P. DOM MARTIN FITEAULX. - L'an 1631, il fut prieur deux ans. Il acheta le grand calice avec les burettes d'argent doré. Le calice fait à l'antique nous fut donné quelque temps auparavant par Mr le Prévôt d'Eymoutiers, et celui d'argent ciselé par Dom Jean Bardoulat, chanoine d'Eymoutiers. Quelques temps après icelui s'étant rendu religieux de notre congrégation. Et l'un et l'autre nous ont

(1) Dans la copie de la bibliothèque nationale on lit six ans ce qui s'accorde encore moins avec la date de nomination de son successeur.

été donné à la sollicitation de Don Eloi Dumas, ancien religieux de ce monastère, et bientôt après, de la congrégation, ayant quitté les anciens pour se mettre dans la réforme. Du temps aussi du susdit Dom Martin Fiteaulx, la grande custode d'argent doré nous fut donnée par Madame Blondeau.

LE R. P. DOM FLORENT BOUDIN, l'an 1633. Il gouverna cing ans. De son temps nous entrâmes dans la grande église pour y célébrer le service divin, et comme elle étoit en pauvre état, il la fit réparer, blanchir, parer, il fit faire la sacristie et acheta quelques ornements, pauvres à la vérité, mais honnêtes. Il fit conduire une fontaine au milieu du préau du cloître, mais après avoir jeté de l'eau quelques jours, les canaux se crevèrent parcequ'on les faisoit passer dans la rivière. C'est pourquoi à l'occasion de ces réparations et autres choses, le monastère s'endetta fort de son temps. Il y eut aussi un cours de philosophie, mais il ne résussit pas. Il fit encore accommoder le réfectoire, la cuisine, etc.

Le R. P. DOM CONSTANTIN NAVARRE lui succéda. Monseig l'Archevêque d'Arles, abbé de ce monastère l'établit son grand vicaire; il fut prieur l'an 1637 et gouverna deux ans.

LE R. P. DOM BRUNO VALLES, l'an 1640 (1), gouverna cinq ans, après fut prieur à N. D. d'Evron. Il fit accomoder le chapitre et y faire la cheminée, à la sollicitation du R. P. Visiteur, de laquelle on s'est servi fort peu de temps. Il acheta la petite custode pour porter à l'autel de N.-Dame pour la communion des séculiers. Il fit faire aussi quelques ornements, entre autres, la chape rouge avec les fleurs d'or. On acheta la maison qu'on appelle communément du merle, qui est devant notre réfectoire. Bref il fit si bien par sa conduite, qu'on n'emprunta pas la somme de deux mille livres qu'on avoit eu permission d'emprunter pour subvenir aux nécessités du monastère. De son temps, nous recûmes une petite relique de saint Eloy.

Le R. P. DOM RUPERT LAVIALLE lui succéda l'an 1645, lequel après avoir prêché le jour de l'Assomption de la Sainte Vierge de l'année suivante tomba malade, et étant allé au monastère de saint Augustin de Limoges, il y mourut et fut enterré l'an 1646, si bien qu'il ne fut prieur qu'un an et quelques mois.

De son temps, nous achetâmes le poêle pour porter le Très Saint Sacrement et deux chapes de satin à fleurs, et quelques ornements pour l'autel de la Sainte Vierge. La cellérerie fut ainsi faite de son temps.

(1) Il avait pour sous-prieur Dom Martin Deliesme dont il est parlé dans le chapitre snivant.

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