plupart, il a rencontré des particularités intéressantes à noter. A propos du septième, nommé Géraud Itier, élu en 1188, il nous apprend que c'était un lettré et qu'il avait composé une Vie d'Etienne de Muret, conservée à Grandmont dans le livre appelé le Miroir: « Hic prior Geraldus fuit vir litteratus, qui gesta sancti Stephani digessit et scripsit, prout liquet in libro qui in GrandiMonte speculum nominatur. » Le dix-huitième « Petrus de Causaco, originaire de Pons, près Figeac, avait été le premier maître de Bertrand de Goth, depuis pape sous le nom de Clément V (1). La première rédaction de cet opuscule doit être rapportée au commencement de l'année 1313, et se termine à la mort de Guillaume de Puy-Moreau (de Podio Morelli), vingt-et-unième prieur, arrivée le 13 mars 1313. Bernard en donna une seconde édition vers l'an 1318. La dernière partie de la Chronique des prieurs de Grandmont a été publiée par M. de Wailly (2), d'après les mss. 4977 et 5929. Un extrait en avait été donné par le P. Labbe (II, 275), d'après le ms. 638 de Petau (3). Bernard Gui rédigea une Chronique des prieurs de l'Artige (4) dont voici les premiers mots : « Priores ordinis Artigie. Fundatio ordinis Artigie in dyocesi Lemovicensi. Primus prior et fundator ordinis Artigie ...» Bernard Gui a donné deux éditions de cette Chronique : l'une en 1312, qui se trouve dans le ms. 1171 des nouve'les acquisitions; l'autre en 1313, qui mentionne la mort de Pierre des Prés, au mois d'août 1313, et l'élection de son successeur, frère Gui de Chambéret (5). Le P. Labbe n'a publié que quelques articles de la Chronique de l'Artige (t. II, p. 278), d'après un ms. de Petau. On pourra se servir pour une nouvelle édition des manuscrits de la Bibliothèque nationale 5929, fol. 78-79, et 4977, fol. 186-187. (1) Léopold DELISLE, Notice, p. 263. (2) Recueil des historiens, t. I, p. 751. (3) Léopold DELISLE, P. 265. (4) M. Léopold Delisle ecrit prieurs d'Artige au lieu de prieurs de l'Artige. (5) Léopold DELISLE, Notice, p. 265. Une première édition du Catalogue des évéques de Toulouse date du mois de novembre 1313. Une autre édition fut donnée en 1315, sous l'épiscopat de Gailhard de Pressac, successeur de Pierre de La Chapelle, et neveu du pape Clément V. L'érection de l'évêché de Toulouse en archevêché, au mois de juillet 1317, fournit à Bernard l'occasion de revoir son Catalogue et de le mettre en harmonie avec le nouvel état de choses. M. de Wailly, dans le Recueil des Historiens (XXI, 753) a donné la dernière partie de la Chronique des évéques de Toulouse, en suivant le texte des mss. 4977, 50364 et 5929 (1). 20 Chronique des comtes de Toulouse La Chronique des comtes de Toulouse est une compilation pour laquelle Bernard Gui a principalement employé la chronique de maître Guillaume de Puy-Laurens et les Gestes de Simon de Montfort, c'est-à-dire l'ouvrage de Pierre des Vaux de Cernay. Parmi les quatorze manuscrits de cet ouvrage que possède la Bibliothèque nationale, nous citerons en particulier les mss. latins 4986, fol. 263 vo-268; 4989, fol. 293 vo-298 vo; 1171 des nouvelles acquisitions, fol. 168 vo-172, qui sont des exemplaires originaux. La Chronique des comtes de Toulouse a été publiée en 1623 par Guillaume Catel (2). Elle se trouve par fragments dans le Recueil des Historiens (XII, 372 et XIX, 225) (3). 3° Cartulaire et chronique de l'Eglise de Lodève Lorsque Bernard Gui monta sur le siège épiscopal de Lodève, il voulut se rendre un compte exact des droits et des propriétés de son église; il voulut aussi connaître l'histoire de ses prédécesseurs. De là une vaste compilation à laquelle des notaires donnèrent une forme authentique et qui remplissait cinq gros volumes. Au xvi siècle, la rage calvinienne (suivant les expressions de l'évêque Jean de Plantavit) détruisit en grande partie cet ouvrage, dont il restait (1) Léopold DELISLE, Notice, p. 270-273. (2) Histoire des comtes de Toulouse, append., p. 35-46. (3) Léopold DELISLE, Notice, p. 266-270. à peine un volume entier, avec un abrégé des parties perdues (1). Il est à craindre, dit M. Delisle, que ces débris aient à jamais disparu depuis la Révolution (2). ART. III HAGIOGRAPHIE OU VIES DES SAINTS Nous classerons dans cet article les ouvrages suivants : 1o Le Sanctoral (Speculum Sanctorale), en quatre parties et en quatre volumes, dont nous donnons plus bas l'analyse; 2o Diverses Vies des Saints, formant comme un supplément au Sanctoral; 3o Traité sur les Saints du Limousin; 4° Traité sur les soixante-douze disciples. § 1er. MIROIR SANCTORAL (Speculum Sanctorale) Un des ouvrages les plus considérables de Bernard Gui est son Miroir des Saints (Speculum Sanctorale). C'est un grand recueil hagiographique divisé en quatre parties. Il entreprit la composition de ce grand ouvrage à la demande et sur l'ordre formel de frère Béranger de Landorre, treizième général de l'ordre des Dominicains, c'est-à-dire entre les années 1312 et 1318. Frère Béranger, qui fut plus tard archevêque de Compostelle, trouvait que l'ouvrage si connu de Jacques de Voragine, la Légende dorée (Legenda aurea), laissait à désirer sur beaucoup de points et renfermait trop de faits douteux (3). C'est pourquoi il engagea Bernard à composer un nouveau recueil de Vies de Saints. L'ouvrage est divisé en quatre parties. Les deux premières étaient terminées en 1324. Bernard Gui, alors évêque de Lodève, les dédia au pape Jean XXII, à Avignon, le 13 des calendes d'août (20 juillet), et les soumit à son approbation et à sa correction (4). Cing ans plus tard (1329), l'ouvrage entier était achevé. Bernard Gui offrit au pape la quatrième et dernière partie du Miroir Sanctoral « comme un bouquet composé des violettes des Confes (1) Quorum vix unum integrum et aliorum epitomen nobis Calviniana rabies reliquit (Chronologia præsulum Lodovensium, p. 289). (2) Notice sur les manuscrits de Bernard Gui, p. 273. (3) Ap. LABBE, t. II, p. 512. (4) Voir cette dédicace dans LABBE, t. II, p. 513, et dans M. Léopold DELISLE, P. 420. seurs et des lys des Vierges (1) ». Jean XXII reçut ce présent avec une satisfaction particulière et en remercia l'auteur par une lettre datée d'Avignon, le 21 juillet 1329 (2). Bernard Gui fait l'analyse et donne le résumé de son Miroir Sanctoral dans la préface de cet ouvrage, que le P. Labbe et M. Léopold Delisle ont publiée (3). Dans la première partie, l'auteur traite des fêtes de Notre-Seigneur et de la Sainte-Vierge, des deux fêtes de la Sainte-Croix, de celle des Anges, de la fête de Tous les Saints, de la Commémoraison des Fidèles trépassés, et en dernier lieu de la dédicace des Eglises (4). Dans la seconde partie, il traite de saint Jean-Baptiste (sa Nativité et sa Décollation), puis des gestes des apôtres, en commençant par saint Pierre et saint Paul, et en continuant par les autres, d'après l'ordre qu'ils occupent dans le calendrier; il y ajoute deux évangélistes, saint Luc et saint Marc. A la suite des apôtres et des évangélistes, il donne la Vie de saint Martial, disciple du Christ (5). A la fin de cette seconde partie, il donne les légendes de quelquesuns des soixante-douze disciples, c'est-à-dire de ceux dont il a pu se procurer les gestes; car il n'en a recueilli qu'un petit nombre, et n'a pu retrouver le nom de tous. La troisième partie du Miroir Sanctoral est consacrée aux martyrs, à leurs combats et à leurs triomphes. L'auteur commence ce volume par le proto-martyr saint Etienne et les Saints Innocents; puis il parle des autres martyrs, d'après l'ordre où ils sont placés dans les calendriers et les Martyrologes. On trouve, dans cette troisième partie, la légende de sainte Valérie, vierge et première martyre des Gaules (6). La quatrième et dernière partie renferme les légendes des saints confesseurs et des vierges, en commençant par saint Silvestre, souverain pontife, et en continuant par les autres d'après le rang qu'ils occupent dans le calendrier. On trouve dans cette quatrième partie la vie de plusieurs saints du Limousin, dons nous donnons ci-après la liste (7). (1) Quasi manipulum quartum de confessorum violis et virginum liliis candidatum. (Ap. FAILLON, t. II, p. 782. Léopold DELISLE, p. 424.) (2) Voir cette lettre dans LABBE, t. 11, p. 513; FAILLON, t. II, p. 782; Léopold DELISLE, P. 424. (3) LABBE, Nova Bibliotheca, t. II, p. 514. - Léopold DELISLE, Notice, p. 421. (4) Cette première partie se trouve dans le ms. 1014 de la Bibliothèque de Tours. (5) Bibliothèque nationale, fonds latin, no 9731, fol. 168. (6) Bibliothèque de Toulouse, ms. 64, fol. 121. (7) Cette quatrième partie se trouve à la Bibliothèque nationale, fonds latin, no 5407. Bernard Gui dit, en terminant sa préface, que ce qui l'a déterminé à entreprendre ce travail, c'est que, dans les recueils composés avant lui, les compilateurs, visant à la brièveté, avaient tronqué une partie des légendes; en outre, on avait omis, dans ces divers recueils, les légendes d'un grand nombre de saints. Qu'il nous soit permis de signaler, dans cette quatrième partie, la légende de plusieurs saints qui sont originaires du Limousin, ou dont la vie se rattache à l'histoire du Limousin. Voici le rang qu'ils occupent dans le ms. 5407 de la Bibliothèque nationale: saint Wast, né à Courbefy (fol. 38 v°); saint Alpinien, disciple de saint Martial (fol. 87); saint Sacerdos, évêque de Limoges (fol. 90 v°); saint Antoine de Padoue, qui a prêché en Limousin (fol. 106); saint Prosper, né à Limoges (fol. 113); saint Yrieix (fol. 157); sainte Pélagie (fol. 161); saint Pardoux (fol. 194 v°); saint Junien (fol. 201 v°); saint Léonard (fol. 209 v°). Divers auteurs ont publié quelques-unes des légendes que renferme le Sanctoral de Bernard Guidonis. On en trouve dans les Vies des Saints de Surius. Jacques Percin a publié (1693) la Vie de saint Dominique dans ses Monuments du Couvent de Toulouse (1). Bosquet, dans ses Histoires de l'Eglise Gallicane, a donné les légendes de saint Paul de Narbonne et de saint Georges de Velay (2). Le P. Labbe, dans sa Bibliotheca Nova, a fait des emprunts considérables au Sanctoral, en se servant de copies prises par François Bosquet sur l'exemplaire des Dominicains de Toulouse. C'est ainsi qu'il a publié les légendes de saint Cybard, de saint Hygin, de saint Julien de Brioude, de saint Justin, de saint Licier de Couserans (3). Les Bollandistes ont reproduit également les légendes de saint Fulcran de Lodève, de saint Hygin, de saint Julien de Brioude, de saint Justin, de saint Licier de Couserans (4). Baluze a donné au public la Vie de saint Sacerdos, évêque de Limoges (5). Nousmême, nous avons publié, d'après le Sanctoral de Bernard Gui, le récit des miracles de saint Antoine de Padoue, composé par le Frère Jean Rigaud, évêque de Tréguier (6). (1) Monumenta Conventus Tolosa, p. 30. (2) Ecclesiæ Gallicane Histor., pars 11, p. 106 et 13. L'addition à la Vie de S. Georges, qu'on lit page 16, est de Bernard Guidonis. (3) S. Cybard, t. II. p. 519; - S. Hygin, 564; S. Julien de Brioude, 567: S. Justin, 579: S. Licier, 588. (4) S. Fulcran, février, II, 712; - S. Hygin, mai, 1, 388; - S. Julien, août, VI, 173; S. Justin, mai, I, 49; S. Licier, août, VI, 47. (5) Disquisitio sæculi quo vixit S. Sacerdos. Tutelæ, 1655. (6) Saint Antoine de Padoue en Limousin. Limoges, 1895, р. 166. |