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Dans la liste des auteurs qui ont donné des extraits du Sanctoral, M. Léopold Delisle a oublié Benoit Gonon, qui, dans ses Vies des Pères d'Occident, imprimées à Lyon en 1625, a publié, d'après Bernard Guidonis, les Vies de saint Junien et de saint Amand, de saint Pardoux de Guéret et de saint Léonard du Limousin (1).

Le Sanctoral de Bernard Gui n'est pas une œuvre originale : c'est un vaste recueil où l'auteur reproduit presque textuellement quelques-unes des anciennes légendes, telles que celles de saint Léonard, saint Junien, saint Yrieix; parfois il abrège et il ajoute aussi quelquefois : il n'est donc pas l'auteur, mais le compilateur, l'abréviateur et le continuateur.

Toutefois, ce grand recueil a obtenu l'estime des critiques les plus sévères; voici ce que dit Baillet de cet ouvrage et de son auteur : « Cet écrivain, né pour l'avancement de l'histoire de l'Eglise, composa, outre un assez grand nombre de Vies particulières de saints, un grand recueil des Vies des saints en général.... Il avait plus d'érudition et de jugement que la plupart des savants de son temps; et l'on prétend qu'il s'est montré plus exact et plus sévère, sur les fables et les faits incertains, que ceux qui l'avaient précédé. Il s'est attaché principalement à recueillir les actes anciens. Mais, au lieu de les donner en entier, il semble avoir voulu abréger ceux qui étaient longs, et retrancher ce qui lui paraissait suspect ou superflu (2). » M. Léopold Delisle a dit avec raison «que le Sanctoral n'est pas un vulgaire recueil de légendes et que la critique et l'histoire y ont à gagner beaucoup de renseignements utiles (3) ».

<< Bernard, dit-il, dans son Sanctoral, ne se contente pas de copier ou d'abréger les anciennes légendes: il y enregistre ça et là des événements relativement modernes...

>> A l'occasion de la vie de sainte Valérie, il entre dans des détails très précis sur l'église qui fut élevée à Limoges en l'honneur de cette sainte. Il en a décrit la construction en 1165 et la dédicace en 1212, beaucoup plus complètement que Bernard Itier, le chroniqueur de Saint-Martial (4) ».

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Outre les quatre volumes du Sanctoral dont nous venons de parler, Bernard Gui avait composé un recueil ayant pour objet la

(1) Vitæ patrum Occidentum. Lugduni, 1625, in-fol., p. 208-210.

(2) Ap. LABICHE, t. III, p. 396.

(3) Léopold DELISLE, Notice, p. 291.

(4) Id. ibid. p. 287-288.

de Sainte-Valérie.

Voir ibid. le texte de Bernard sur l'église

vie, la translation et les miracles de plusieurs saints du pays de Toulouse, tels que saint Saturnin, saint Exupère, saint Germer, saint Papoul, saint Bérenger, etc. (1).

Dans un chapitre du Sanctoral consacré à saint Thomas d'Aquin, Bernard Gui fait mention d'un écrit spécial qu'il avait composé sur la vie, la mort et les miracles de l'illustre dominicain. A la suite de cet écrit, il avait publié l'abrégé d'une enquête solennelle qui fut faite par les inquisiteurs du Saint-Siège sur la vie, la conversation et les miracles de saint Thomas depuis l'an 1319 jusqu'à sa canonisation qui eut lieu quatre ans plus tard, en 1323 (2).

C'est ce texte qui a été publié par Quétif et Echard, d'après un manuscrit du couvent des Dominicains de Carcassonne qui portait le nom de Bernard Guidonis (3). Le texte a été reproduit par les Bollandistes (4).

Quétif et Echard ont attribué à Bernard Gui un lectionnaire en deux volumes qui est conservé aujourd'hui à la Bibliothèque de Toulouse, et dans lequel on trouve la Vie et le trépas de saint Martial, disciple du Christ, ses lettres aux habitants de Bordeaux et de Toulouse, les Vies de saint Cybard, de saint Dominique, de saint Léonard, etc. (5).

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Il est question, dans ce traité : 1o des saints dont les corps reposent dans le diocèse de Limoges; 2o des saints qui, étant nés dans le diocèse ou y ayant séjourné, sont morts et reposent dans d'autres provinces.

A propos de saint Martin de Corbie, chapelain et confesseur de Charles-Martel, Bernard Guidonis dit que ce saint exerça sa vengeance sur les hommes du château de Limoges, qui avaient envahi et violé son église, pendant que le prêtre célébrait l'office divin (1273). Il ne s'agit pas ici, comme l'a cru M. Léopold Delisle, de l'église des Dominicains de Limoges, mais de celle de Saint-Priestsous-Aixe, dans laquelle saint Martin était inhumé (6).

M. L. Delisle semble avoir ignoré que ce traité sur les saints du

(1) Bibliothèque nationale, fonds latin, 4985, fol. 150, Toulouse, ms. 72,

fol. 220.

(2) Voir l'extrait du ms. dans Léopold DELISLE, P. 296.

(3) Scriptores ordinis prædicat., t. I, p. 44 et suiv.

(4) Acta SS, t. I aug., p. 628 et suiv.

(5) Léopold IDELISLE, P. 292-293.

(6) Voir le texte de Bernard Gui dans Léopold DELISLE, p. 261.

Limousin a été publié par le P. Labbe, dans sa Bibliotheca Nova, t. I. On pourrait en donner une édition plus correcte d'après quelques manuscrits de la Bibliothèque nationale. Fonds latin 4977, 5043, 5920, et le ms. 1171 des nouvelles acquisitions, exemplaire original.

§ 4.

TRAITÉ SUR LES SOIXANTE-DOUZE DISCIPLES

On lit dans l'Evangile (Luc, X, I) que le Christ choisit, outre les douze apôtres, soixante-douze disciples, qu'il envoya deux à deux devant lui dans les cités et les lieux où il devait aller lui-même. Quels étaient ces soixante-douze disciples ? Eusèbe, dans le premier livre de son Histoire (ch. XIV), dit qu'il n'en a trouvé le nom nulle part. Bernard Gui a fait des recherches sur ce sujet, et il a exposé, dans ce Traité, le résultat de ses recherches. Il range résolument parmi les disciples de Notre-Seigneur: saint Martial de Limoges et ses compagnons, saint Austriclinien et saint Alpinien, saint Saturnin de Toulouse, saint Georges du Puy, saint Front de Périgueux, saint Julien du Mans, saint Ursin de Bourges, saint Trophime d'Arles, saint Maximin d'Aix, saint Lazare de Marseille, saint Clément de Metz, saint Eucaire, saint Valère et saint Materne de Trèves, saint Sixte de Reims, saint Mansuet de Toul, saint Savinien, saint Potencien et saint Altin de Sens et d'Orléans. Mais il n'inscrit sur son Catalogue qu'avec des réserves les noms de saint Eutrope de Saintes, de saint Gatien de Tours et de saint Menge de Châlons (1).

Ce traité fut écrit en 1313. L'auteur y fit plus tard quelques additions: l'une, relative à saint Georges du Velay; l'autre, à saint Luc l'Evangéliste. Voir les manuscrits de la Bibliothèque nationale, 1171 des nouvelles acquisitions et les mss. latins 4976 et 4989 (2).

ART. IV

HISTOIRE MONASTIQUE

Compilation historique sur l'ordre des Dominicains

« Le 22 décembre 1304, Bernard Gui, étant prieur du couvent de Saint-Vincent de Castres, soumit à frère Aimeri, maître de l'ordre des Dominicains, une vaste compilation sur l'histoire de cet ordre. Le 24 juin suivant, frère Aimeri remerciait l'auteur, le félicitait du

(1) Léopold DELISLE, P. 299. (2) Id. p. 297.

succès de son entreprise et s'engageait à lui fournir tous les documents qui pourraient servir à perfectionner et à continuer un ouvrage si glorieux pour la grande famille de saint Dominique (1). La lettre même de Bernard Gui, que M. Delisle a publiée dans l'Appendice de son ouvrage (n° 1), indique très clairement le plan de la Compilation.

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L'ouvrage commence par un texte revu et considérablement augmenté du Traité que frère Etienne de Salagnac, du diocèse de Limoges, avait écrit sur les quatre grâces insignes dont Dieu a favorisé l'ordre des Frères prêcheurs. Ce Traité était divisé en quatre parties, dont chacune correspond à l'une des quatre grâces insignes dont l'ordre avait été favorisé par la Providence: 1o les mérites du chef de l'ordre, saint Dominique (de strenuo duce); 2° la glorieuse mission qui lui était confiée (de glorioso nomine prædicatorum); 3o l'illustration des religieux qui en ont fait partie (de illustri prole); 4o la sécurité qu'on trouvait à y faire profession (de securitate vitæ).

La première partie, qui est un éloge de saint Dominique, renferme des détails précis sur les origines des couvents de Limoges et de Cahors.

Dans la troisième partie, on trouve l'énumération des religieux qui, à divers titres, ont illustré l'ordre des Frères prêcheurs.

La quatrième partie a pour but de montrer la parfaite sécurité qu'offre, au point de vue du salut, le régime de l'ordre de saint Dominique.

Dès les premières lignes du Traité, Bernard Guy prévient les lecteurs qu'il a fait des additions considérables au travail d'Etienne de Salagnac. Cet ouvrage, avec les additions de Bernard, paraît être resté inédit (2).

§2.- CATALOGUE DES MAITRES DE L'ORDRE DE SAINT-DOMINIQUE
ET DES PRIEURS PROVINCIAUX

En second lieu, Bernard Gui, dans son ouvrage, donne le Catalogue des maîtres de l'ordre et des prieurs provinciaux.

(1) Léopold DELISLE, Notice, p. 304.

(2) Id. p. 306-310. Quelques fragments en ont été compris dans les extraits que M. de Wailly a donnés, d'après le ms. 5486 et d'après dom Martène dans le Recueil des Historiens (XXI, 735), sous le titre de Fragmenta libelli de ordine prædicatorum (ibid. 310, n. 1).

Le Catalogue historique des maîtres de l'ordre s'arrêtait d'abord à l'élection d'Aimeri de Plaisance, c'est-à-dire en 1304. Plus tard, Bernard Gui le conduisit jusqu'à la démission de ce maître qui eut lieu en 1311. C'est d'après le ms. 5486 de la Bibliothèque nationale, qui contient la copie du premier de ces textes, que Martène a publié le Catalogue historique des maîtres de l'ordre des Frères prêcheurs (1).

Dans le Catalogue des prieurs provinciaux, Bernard Gui s'est attaché surtout à la province de Provence, qui, à partir de l'année 1304, fut divisée en deux provinces nouvelles, celle de Toulouse et celle de Provence. Dans le Catalogue de cette dernière province on peut citer, entre autres notices, celle qui concerne Gérald de Frachet, une de nos illustrations limousines (2). Ce Catalogue des prieurs provinciaux a été publié par Martène, à la suite du Catalogue des maîtres, d'après le ms. 5486 (3).

Bernard Gui a ajouté au Catalogue des prieurs provinciaux de Toulouse et de Provence le Catalogue des prieurs de la province de France et de la province de Danemarck (4).

§ 3. - HISTOIRE DES PRIEURS CONVENTUELS

Après l'histoire des maitres de l'ordre de saint-Dominique et des prieurs provinciaux, Bernard voulut comprendre dans sa Compilation l'histoire des couvents et des prieurs conventuels; il commença par écrire en abrégé l'histoire des couvents de Prouille et de Toulouse; peu à peu il élargit son cadre et il étendit ses recherches à l'histoire de tous les couvents avec lesquels il avait été particulièrement en rapport, c'est-à-dire ceux de Toulouse et de Provence. Nous avons compté, dans la province de Toulouse, vingt sept couvents de Frères prêcheurs et trois couvents de religieuses dominicaines; dans la province de Provence, vingt-huit couvents de frères et deux maisons de sœurs.

Bernard Gui s'est principalement étendu sur l'histoire des couvents de Prouille, Toulouse, Limoges, Cahors, Bordeaux, Périgueux, Carcassonne, Agen, Castres, Brive, Alby et Saint-Junien (5).

Martène a publié, dans l'Amplissima Collectio (t. VI, 437-539), l'histoire de tous les couvents de la province de Toulouse et d'une

(1) Amplissima Collectio, t. VI, 397-417.

(2) Léopold DELISLE, P. 312-316.

(3) Amplissima Collectio, p. 418-436.

(4) Léopold DELISLE, p. 316.

(5) Léopold DELISLE, p. 317.

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