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d'Aurélien, presque identiques à des passages des Histoires apostoliques.

Le pseudo-Aurélien, imitant le faux Abdias, dit être le succésseur de saint Martial, et avoir appris, soit de la bouche de ses disciples, soit de sa propre bouche, les faits merveilleux dont il donne le récit (Ego vero Aurelianus, etc. (1). Peut-être cette phrase est-elle une addition d'un copiste postérieur, qui a cru donner plus d'autorité à cette légende, en la faisant passer sous le nom du successeur de saint Martial; si cette addition est de l'auteur luimême, il faut avouer qu'il s'est grandement trompé dans son calcul; car en croyant donner plus d'autorité à cette légende, il lui a enlevé, par le fait, une grande partie de son crédit.

Mais de même que tout n'est pas faux dans les Histoires apostoliques d'Abdias, de même tout n'est pas suspect dans la légende de saint Martial, notamment dans les détails qu'il a empruntés à l'ancienne Vie, car, comme nous l'avons dit ailleurs, « la biographie d'un saint que tout un pays connaît est nécessairement conforme à ce que la tradition locale dit de ce saint »; et la découverte du temple de Jupiter à Ausiac vient confirmer cette thèse.

Citons maintenant quelques passages de la légende Aurélienne où l'auteur s'est inspiré du faux Abdias en lui empruntant ses pensées ou ses propres expressions.

Pour simplifier les citations, nous indiquerons par la lettre A l'édition de la légende de saint Martial publiée à Paris, en 1566, par le P. Thomas Beaulxamis;

Par la lettre B, l'édition de cette même légende, publiée à Londres en 1877, par M. W. de Gray-Birch, directeur du British Museum;

Par la lettre C, l'édition des Histoires apostoliques, donnée à Paris en 1566, par Jean Faber, docteur de Sorbonne;

Par la lettre D, l'édition de ces Histoires apostoliques, qui fut insérée, en 1719, par Jean-Albert Fabricius dans son Codex apocryphus novi testamenti.

1o Démon d'Ausiac

Adjuro te, demon inique, qui in hac statua responsa dare deceptis hominibus consuevisti, ut exeas ab illa, in nomine domini nostri Jesu Christi.

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(1) Historia S. Marcialis episcopi, édit Beaulxamis, p 178.

Ait apostolus ad simulacrum : « Tibi loquor, dæmon, qui in isto simulacro habitas, et qui das responsa stultis et deceptis hominibus qui simulacrum vident; adjuro te, in nomine Domini mei JesuChristi, quem Judæi crucifixerunt ut exeas, et stes ante me, ut videant te, et quod imperavero tibi, hoc facias. >>>

(C, p. 114; - D, p. 716.)

2o Démon du château de Toull

Adjuro te per Crucifixum, quem prædicas, ne me in abyssum mittas.

(A, 157b; - В, р. 10.)

Histoire de Saint Thomas :

Rogo te, apostole Dei, ne me in abyssum releges.

(С, р. 114; - D, p. 717.)

Cf. Luc, cap. VIII, 31 : « Et rogabant eum, ne imperaret illis ut in abyssum irent. >>>

3o Saint Martial au démon de Toull

Per ipsum Crucifixum te adjuro ut exeas de corpore hujus puellæ, sed vade in locum desertum, ubi neque avis volat, neque habitatio hominum est.

(A, p. 1576; - В, р. 11.)

Saint Barthélémy au démon:

Dixit ad dæmonem qui in eo erat : « Si vis ut non te faciam in abyssum mitti, exi de isto simulacro, et confringe illud, et vade in deserto, ubi nec avis volat, nec arator arat, nec unquam vox hominis resonavit. >>>

(C, p. 100; - D, liber VIII, p. 681.)

Saint Philippe au dragon :

Præcipio tibi, draco, in nomine Domini Jesu-Christi, eri de loco isto, et vade et morare in loco deserto, ubi non est accessus homi

num.

(С, р. 122;

D, lib. X.)

4o Vision de saint Martial à Ahun

Commorante autem beato Martiale in eodem loco, apparuit ei Dominus in visu, et dixit ei : « Ne timeas descendere in urbem Lemovicam, quia ibi te glorificabo, et semper ero tecum, » (A, p. 109b; - В, р. 13.)

Vision de l'apôtre saint Thomas :

Apparuit ei Dominus in visu noctis, dicens: « Ne timeas, Thoma, descendere in Indiam. Ego enim vado tecum, et non derelinquam te, sed glorificabo te istic, implebisque certamen bonum.

(C, lib. 9, p. 103; - D, p. 690.)

5o Les démons au gour de Garry

Erant autem quasi Æthiopes nigriores fuligine: pedes eorum magni, oculi terribiles et cruenti. Capilli totum tegebant corpus, atque per os erum et nares sulphureus emanabat ignis. Loquentes vero corvinam imitari vocem videbantur.

(А, р. 1656; - В. р. 20.)

Le démon d'Ausiac :

Erat enim quasi niger puerulus, obscurior fuligine: capilli ejus tetri et densissimi usque ad pedes, et per os illius et nares, perque oculos ejus ignis cum fetido ardore (odore?) emanabat.

(А, р. 174; - В, р. 28.)

S. Simon et S. Jude chassent les démons:

Visi sunt ab omni populo duo Ethiopes nigri, nudi, horribili vultu, et ululantes, dirasque voces emittentes.

(C, lib. VI, p. 846; - D, p. 634.)

Vie de Saint Barthélémy :

Ostendit eis angelus Domini ingentem Egyptium, nigriorem fuligine, faciem acutam habentem cum barba prolixa, et crines usque ad pedes, oculos igneos sicuti ferrum ignitum, scintillas emicantes ex ore ejus, et ex naribus egrediebatur flamma sulphurea.

(C, lib. VIII, p. 101.)

Locutions particulières

Tantam autem gratiam contulit Dominus beato viro (Martiali),

ut, etc.

(A, p. 175b. - В, р. 30.)

Tantam autem gratiam immensa Christi bonitas Aureliano contu

lit, ut, etc.

(A, P. 176b. - В, р. 31.)

Meme locution dans la légende de saint André :

Tantam autem gratiam Deus præstiterat sancto apostolo. (C, lib. 3, p. 30.)

Au moment du martyre de sainte Valérie, une voix d'en haut se fait entendre: Noli timeri, Valeria, quia te expectant angeli, ut te recipiant in claritate quæ nullo fine clauditur.

(Α, ρ. 162b. - В, р. 16.)

Avant la mort de saint Martial, Notre-Seigneur lui apparaît et lui dit: Eris jugiter mecum, in claritate quæ nullo fine clauditur. (А, р. 178b. - В, р. 33.)

Même expression dans la Vie de saint Thomas :
Illam vitam perpetuam quæ nullo fine clauditur.

(C, lib. 9, p. 105.)

Par la comparaison des textes qui précèdent, et d'autres que nous pourrions ajouter, on voit clairement que le faux Aurélien, auteur de la légende de saint Martial, s'est inspiré du faux Abdias, auteur des Histoires apostoliques.

L'abbé ARBELLOT.

BERCEAU DE LA FAMILLE DUPUYTREN

Tous les biographes du baron Guillaume Dupuytrem, né à Pierrebuffière en 1777 et mort à Paris en 1835, donnent le nom de son père, Jean-Baptiste Dupuytrem, avocat au parlement, et de sa mère, Marguerite Faure; un d'eux dit aussi que son grand père était chirurgien à Pierrebuffière.

C'est tout ce que l'on sait de ses ancêtres ; et je ne crois pas que personne ait poussé plus loin les recherches généalogiques sur cette famille qui est toute limousine.

Quelques contrats et quelques pièces d'un procès devant la justice d'Aixe m'ont permis d'allonger d'un siècle la suite des ascendants de notre compatriote, membre de l'Institut et le premier chirurgien du roi Charles X.

Remarquons d'abord que le berceau de cette famille est le lieu du Puytrem, dans l'ancienne paroisse de Saint-Martinet. Il est situé sur une hauteur, comme son nom l'indique, entre les deux branches de la petite rivière l'Aixette, et à égale distance de Burgnac et de Meilhac. Il fait partie de cette dernière commune depuis la nouvelle division géographique qui a supprimé la paroisse de Saint-Martinet.

C'est dans ces deux paroisses, maintenant communes de Meilhac et de Burgnac, que je trouve des membres de la famille Dupuytrem dès la fin du xv siècle. Ils y sont propriétaires de maisons, de terres assez considérables.

Messire Gérald du Puytrem était curé de Meilhac le 5 avril 1505. N..... du Puytrem avait épousé dame Louise-Gabrielle Berny, qui fut marraine de la cloche de Burgnac en 1662.

Le plus ancien Dupuytrem qui soit nommé dans les contrats que je possède et qui vivait à la fin du xvi siècle, avait au moins deux fils: Thomas Dupuytrem, qui a continué la descendance, et Isaac Dupuytrem, prêtre, prieur de Fargeas. Quoique ce dernier nom

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