pris que tardivement possession de cette région; puis les dernières résistances des peuplades gauloises à la conquête romaine; au xie siècle, la prédication de la première croisade qui remua si profondément les populations de l'Auvergne, du Velay et du Limousin; plus tard, certaines phases de la guerre de cent ans et des guerres religieuses des XVI, XVII ET XVIIIe siècles; enfin les soulèvements royalistes qui eurent lieu sous la Révolution dans le Vivarais, l'Uzège, le Rouergue. M. Leroux rappelle que, dans la série des conciles nationaux, cinq seulement furent tenus dans notre région, et que, parmi les nombreux états-généraux convoqués aux XIV, XV el xvi siècles, le Massif n'a vu que ceux de 1421, réunis à Clermont, et ceux de 1425 et 1501, qui se rassemblèrent en Velay. Cette désertion du Massif par les grands courants de la vie nationale est un trait à noter dans l'histoire de cette région. Conformément à l'usage, la Société ne se réunira pas en sep tembre. La séance est levée à dix heures. Pour le Secrétaire général, Alfred LEROUX. SÉANCE DU 27 OCTOBRE 1896 Présidence de M. le chanoine ARBELLOT, président Présents: MM. l'abbé Arbellot, Cousseyroux, Dubois, Ducourtieux, Fray-Fournier, Gany, Joseph Garrigou-Lagrange, L. Guibert, Hersant, l'abbé Lecler, Leroux, Loupias, Mariaux et C. Jouhanneaud. Le procès-verbal de la précédente séance est lu et adopté. Ouvrages reçus. Au nombre des publications reçues depuis cette séance, M. le président fait une mention spéciale de la Généalogie de la famille de Lambertic, très beau volume grand in-4° dont le texte est dû aux recherches et à la plume de notre érudit collègue, M. l'abbé Lecler, et comprend 170 pages de rédaction, 323 pages de pièces justificatives, 60 planches hors texte, avec de nombreux dessins. M. le marquis de Lambertie a bien voulu faire hommage à la Société de ce précieux ouvrage, qui contient les origines et l'histoire d'une de nos grandes familles limousines, émigrée en Lorraine, où elle a jeté un vif éclat. M. le président signale aussi les deux volumes de M. Paul Ducourtieux concernant les Barbou de Lyon, de Limoges et de Paris; un livre de M. Edouard Decoux-Lagoutte, consacré aux hommes illusde Treignac, sa ville natale. Le Bulletin de la Société scientifique, historique et archéologique de la Corrèze (Brive, tome XVIII, 3o livr.), où l'on remarque une monographie de Collonges (Leodumum ou le Puy de Vezy) par M. Paul Bial, et le compte rendu d'une nouvelle exploration de M. Martel aux grottes de Padirac. Le Bulletin de la Société des sciences et arts de la Corrèze (Tulle, 1896, 3" livr.); où M. René Fage donne les premiers chapitres de sa biographie du général Souham. Le Bulletin de la Société des sciences et arts de Rochechouart, contenant un rapport de M. Précigou sur les fêtes du cinquantenaire de la Société archéologique du Limousin et un article de M. Marquet sur les Reinages de la paroisse de Biennat. Dans le Lemouzi, un article de M. L. de Nussac sur la maison de saint Eloi à Paris. Dans le Bulletin de la Société historique et archéologique du Périgord, une intéressante étude de M. de Boysson sur la société périgourdine au temps de Bertrand de Born. La Revue de l'art chrétien a publié un article de M. Rupin donnant la description de la cloche bien connue de Roc-Amadour; la Revue bénédictine, un travail à consulter sur la déportation des ecclésiastiques sous le Directoire; la Revue de la Société du Centre, un mémoire sur la famense journée de la peur qui eut son écho au Blanc comme en tant d'autres lieux; le Bulletin de la Société archéologique de l'Orléanais, une note de M. Dupré sur la famille des Brachet, où l'auteur recherche les origines de Catherine Brachet de Salagnac en Limousin, qui avait épousé Potton de Xaintrailles; cette Catherine Brachet de Salagnac (et non de Salignac) était évidemment originaire du Grand-Bourg de Salagnac au diocèse de Limoges. Présentation de sociétaire. MM. Paul Ducourtieux et Guibert présentent comme membre titulaire M. Lucien Ruchaud, négociant, demeurant à Limoges, rue Manigne. Communications. Divers objets sont présentés, savoir: de la part de M. l'abbé Pénicaud, une pointe de flèche en silex, trouvée à la Chautardie, sur les confins des communes de Beynac et de Meilhac; par M. Joseph Garrigou-Lagrange, une médaille commémorative de la naissance du duc de Bordeaux, d'une frappe assez caractéristique; par M. Hersant, deux petites gravures très fines représentant la cathédrale d'Orléans et un vase destiné à contenir l'eau bénite, du xu siècle, découvert dans la commune de Vicq. M. l'abbé ARBELLOT soumet aussi à la Société un brûle-parfum en terre, ayant tous les caractères de la fabrication du xvi siècle et une cérame représentant un perroquet en faïence ou poterie émaillée, très bien conservée, qu'il croit pouvoir attribuer à la même période: ces deux objets ont été trouvés dans les fouilles ou excavations du château de Lambertie. Le second de ces deux objets rappelle ces ornements que l'on mettait et que l'on met encore sur les crêtes des faîtages. Il avait probablement la même destination. M. Ducourtieux dit à ce propos qu'il existait jadis à Magnac-Bourg une fabrique de poterie de ce genre. M. Pierre COUSSEYROUX communique un très beau plan de la métairie de Lascoux et de la ville et franchise de Peyrat-le-Château qui est une reproduction faite le 20 thermidor an VI, par l'ingénieur hydrographe Morancy, d'un original dressé le 1er juillet 1769 par le géomètre-arpenteur royal Dugros et contresigné par M. Augier de Moussac, lieutenant-général de la sénéchaussée de Montmorillon. Le même membre signale aussi la découverte faite au mois de septembre dernier par M. Moncey, gérant des propriétés de M. le baron de Berthier-Bizy, d'un très vaste manteau de cheminée, de style roman, mesurant plus de trois mètres de longueur, supporté par quatres colonnes rondes; le tout était enfoui à côté de la grosse muraille et de la chaussée de la voie romaine, à Peyrat, en face de l'étang. M. Cousseyroux rappelle qu'il existe au même bourg de Peyratle-Château des gisements de roche kaolinique recèlant du mercure; des échantillons de cette roche ont été recueillis ces jours derniers dans les caves des écoles chrétiennes de la localité par M. C. Bouhard, chef du laboratoire de M. Lacroix, professeur au muséum d'histoire naturelle à Paris, pour être soumis à une analyse. M. Hubert TEXIER communique à la Société un manuscrit prove venant de la bibliothèque de feu M. l'abbé Texier, sorte de Pouillé donnant les noms de tous les membres du clergé du diocèse au xve siècle. M. Louis GUIBERT présente au nom de M. Montagne, inspecteur de la Compagnie d'Assurances Générales, une photographie par lui faite, du fanal funéraire de Coussac-Bonneval, propriété de la Société, et qu'il offre à celle-ci. Le même membre produit de la part de M. Touyéras des pièces relatives aux trésoriers généraux de France, et de la part de M. Bellet divers documents, entr'autres une délibération d'assemblée de la paroisse de La Souterraine, datée du 10 octobre 1737, concernant l'admission d'un médecin qui demandait à être reçu à ce titre dans cette localité, alors privée de médecin, et les conditions proposées par le postulant. Lectures. M. Dubois donne lecture d'une notice de M. de VERNEILH sur le bourg et la ville de Nexon, son église, son château et son histoire. Après avoir indiqué la position assez favorisée de Nexon, à l'altitude de 400 mètres, dans un site pittoresque et riant, son importance actuelle comme point de bifurcation de deux lignes ferrées et siège d'un haras privé, mais renommé, l'auteur y décrit en premier lieu, avec une grande précision de détails, l'église, édifice en granit, bien construit, de bel aspect et d'une architecture digne d'attention. A l'exception du transept et de son clocher octogone surmonté d'une flèche, qui sont de style roman du xu siècle, cet édifice appartient à la dernière période ogivale, ayant été construit en 1445. On y remarque, avec quelques traces de fortifications, divers motifs décoratifs, notamment une fenêtre d'un dessin original, la porte principale assez ornée dont le tympan porte les armes des Lastours, anciens seigneurs de Nexon. L'intérieur de l'église est encore plus monumental avec sa nef à trois travées, d'un xva siècle très pur, soudé à un chœur roman avec lequel elle s'harmonise d'une heureuse façon; sa voûte très élevée à nervures et clefs de voûte dont une reproduit le blason des Lastours. A la porte de l'ouest, sur un écusson, se trouvent les armes de la famille féodale de Campagne. La sacristie offre à la curiosité des archéologues un coffret émaillé, orné de figurines, une petite sphère en cuivre doré aplatie à ses poles qui contenait un reliquaire et qui était placée sur la pointe du clocher d'où elle fut renversée par la foudre en 1774; et surtout le buste reliquaire de saint Féréol, pièce curieuse en cuivre doré, reléguée parmi les objets sans valeur jusqu'en 1862, époque où l'auteur de la notice le découvrit et le révéla aux curieux de l'art; ce buste, qui a figuré à l'exposition universelle de 1867, donne, par une exception assez rare, le nom de l'artiste, Aymeric de Chrétien, un Limousin, qui l'exécuta en 1446. Moins ancien et moins intéressant que l'église, le château de Nexon, à proximité duquel on voit encore un logis noble du xvo siècle, à noter en passant, a été construit en 1633 par Léonard de Gay, seigneur de Nexon et de Campagne; bien restauré et complété en ce siècle, ce château, avec son parc, ses vastes dépendances, sa jolie fontaine de granit à deux vasques que surmonte une statuette en plomb de saint Martial, constitue cependant une des belles demeures du pays. L'histoire de Nexon ou plutôt de ses seigneurs est assez compliquée. Dans son histoire d'Aquitaine (tome I, page 252), M. de Verneilh-Puyrazeau dit que la seigneurie appartenait d'abord à la maison de Lastours, contre laquelle celle de Bourdeilles élevait des revendications restées sans effet; puis, dès le commencement du xive siècle, aux vicomtes de Limoges; en 1467 Alain la vendit à Gaucher de Pérusse des Cars; au mois d'avril 1499 elle fut l'objet d'un partage entre la maison des Cars et celle de Lastours; puis elle passa par alliances aux d'Abzac et aux d'Hautefort. Elle fut vendue depuis, pour une moitié à MM. de Gay et pour l'autre à Jean de Verneilh, sieur de Lage. La famille de Gay est toujours demeurée en possession; l'autre partie fut transmise par suite de mariages aux Descoutures de Bort, puis aux Rogier des Essarts, dont le dernier mourut pendant l'émigration. L'importance des familles qui ont possédé Nexon pourrait faire supposer qu'il a existé en ce lieu une grande forteresse seigneuriale; il n'en est rien cependant, selon toutes les vraisemblances; aucune ruine, aucune trace ne dénonce la préexistence d'un château féodal avant celui du xvne siècle; cela s'explique du reste naturellement. Les Lastours, les vicomtes de Limoges, les Des Cars avaient à proximité ou dans la région de véritables châteaux-forts et devaient se contenter à Nexon d'un de ces logis passagers qu'on appelait des repaires nobles. M. de Verneilh termine sa notice en rappelant le souvenir de Wolfgang de Bavière, duc de Deux-Ponts, qui mourut à Nexon en 1589, quelques jours avant le combat de La Roche-l'Abeille et dont les entrailles, dit-on, y furent inhumées. M. Louis GUIBERT rappelle la controverse qui s'est agitée au sujet de la prise de la Cité de Limoges par le prince Noir en 1370, concernant l'étendue du désastre et le nombre des victimes; il a recueilli à ce sujet un assez grand nombre de textes, empruntés à des sources très diverses et qui vont être publiés du reste dans le prochain volume de la Société des archives historiques, tels que des extraits du calendrier du Consulat (ancien registre consulaire), des |