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mythologie classique. Par un singulier enchaînement d'idées, ces redoutables ouvrières de la mort avaient peu à peu, à raison de leur résidence souterraine, de leurs rapports avec la mystérieuse et symbolique Proserpine, pris place parmi les emblêmes des forces fécondantes de la terre, et étaient comptées au nombre des plus précieuses nourricières de la vie. On les invoquait pour obtenir des récoltes abondantes. Leur association, sur le monument de Jabreilles, à Epona, arbitre de la prospérité des écuries, et peut-être aussi des étables, n'a donc rien que de très naturel.

Quant aux deux personnages des bas-reliefs latéraux, auxquels, dans sa communication à la Société des Antiquaires, M. Creuly donnait un peu gratuitement des ailes, ce sont, suivant toute vraisemblance, des génies locaux.

Ils complètaient l'ensemble de divinités rurales que la niche présentait à la vénération des habitants du pays. La présence de figures analogues sur des monuments funéraires et l'attitude d'un de ces personnages, qui semble exprimer la douleur, pouvaient nous confirmer dans l'opinion que la pierre de Jabreilles provenait d'un tombeau: mais nous avons dit que cette hypothèse paraît devoir être abandonnée.

A la fin de son rapport sur les fouilles du Puy-de-Jouer, M. Buisson de Mavergnier exprimait le vœu que la «pierre de Saint-Martin » fût déposée au musée de Limoges. Il semble même qu'il fût entré en pourparlers à cet effet avec le propriétaire de l'objet. Ce propriétaire était alors un particulier. On nous assure qu'aujourd'hui la commune prétend avoir des droits sur le petit monument. On peut se demander de quelle façon elle les aurait acquis. Nous ne saurions terminer cette notice qu'en renouvelant, après un intervalle de trente années, le vœu de notre confrère. Tous les amis de l'archéologie et de l'histoire verraient avec satisfaction la pierre de Jabreilles (que les directeurs du musée de Saint-Germain ont déclaré offrir < un intérêt capital » pour l'étude de la mythologie gauloise et dont le moulage a été exécuté pour notre grande collection nationale), installée auprès de la stèle du grammairien Blæsianus, au musée lapidaire de Limoges, lequel n'est nullement « défunt », en dépit de la boutade, si justifiée d'ailleurs, à un certain point de vue, du savant et regretté Léon Palustre. Nous espérons qu'une place honorable et un espace suflisant seront réservés aux monuments épigraphiques dans le nouvel édifice construit sur l'emplacement des galeries provisoires où pendant vingt ans nos riches collections céramiques ont trouvé un trop modeste abri. Le curieux morceau dont on a lu plus haut la description, y figurerait avec honneur. Nous souhaiterions qu'il y fût bientôt rejoint par l'intéressant autel taurobolique de Texon, le seul monument de ce genre existant à notre connaissance dans le département de la Haute-Vienne, et par l'énigmatique bas-relief de Berneuil, insuffisamment étudié jusqu'ici, et non sans analogie avec la « pierre de Saint-Martin ».

Louis GUIBERT.

JEAN BERTHON, DIT DE PRELHY

Libraire et Imprimeur à Limoges, en 1528

On sait jusqu'ici fort peu de chose relativement à l'existence de Jean Berthon, le disciple de Gutenberg, qui, le premier, en 1496, introduisit l'invention de l'imprimerie à Limoges; et nous estimons qu'il y a lieu de recueillir avec soin tous les documents qui fournissent des matériaux précis pour l'histoire de l'établissement de l'art typographique dans notre ville.

Cette étude a été ébauchée d'une façon très intéressante par MM. Poyet, Guibert, Ducourtieux et Claudin. La contribution que nous apportons ici est des plus modestes; elle n'en offre pas moins un intérêt réel.

Le dernier ouvrage connu, publié chez nous par Jean Berthon, est un Missel à l'usage de l'église de Limoges, daté du 20 juin 1505; et l'abbé Legros avait trouvé dans un terrier des prêtres communalistes de Saint-Pierre, aujourd'hui perdu, mention de l'existence de Jean Berthon le 23 octobre 1510. C'est la dernière date de la vie de notre imprimeur qu'ait connue M. Poyet.

Les fructueuses recherches de M. Louis Guibert ont mis à jour un acte, appartenant à la Bibliothèque du Séminaire de Limoges, où l'on voit figurer, comme témoin, un « Jean Berton, libraire » le 4 décembre 1523; et M. Guibert proposait, avec vraisemblance, d'identifier ce libraire avec notre premier imprimeur. Le texte que nous avons découvert confirme cette supposition, tout en étendant, au moins jusqu'en 1528, la période de la vie de Jean Berthon à Limoges.

Il y a plus: notre document qualifie, à cette dernière date, Jean Berthon « libraire et imprimeur » (1). Faut-il en conclure que ce dernier avait conservé jusqu'alors ses presses particulières, et qu'il a

(1) Ces deux derniers mots ajoutés de la même main au-dessus du mot libraire.

dû produire des ouvrages postérieurs au Missel de 1505? On le pourrait à la rigueur, puisque le texte est précis, plus explicite même que ceux de 1504 et de 1523 qui ne donnent à notre typographe que le titre de «libraire». Quoiqu'il en soit, en 1528, Jean Berthon n'avait plus le monopole de l'imprimerie, et son parent Paul est installé, de même que lui, dans la rue Fourie, deux ans après, comme son concurrent ou son associé, sinon comme son

succcesseur.

Le texte que nous allons citer fournit encore une indication dont il y a lieu de tenir compte.

L'abbé Legros constate que Jean Berthon était dit « Prucly », surnom que rectifie M. Poyet, en le remplaçant par «Poucly ». M. Louis Guibert croit devoir relever, à ce sujet « une erreur évidente»; il suppose qu'il y a eu simple confusion avec le nom de Paul ou Pauly, le successeur de Jean, et que l'on doit rejeter le surnom donné à ce dernier.

dont la forme

On verra que s'il y a variante dans un surnom donnée ici, et exactement lue, paraît d'ailleurs plus admissible ce surnom n'en a pas moins existé, et qu'il vient confirmer l'identité de «Jean Berthon, dict de Prelhy, libraire et imprimeur » en 1528, avec l'introducteur de l'imprimerie à Limoges.

Voici le sommaire et l'extrait de l'acte qui nous a fourni ces divers renseignements :

30 Janvier 1527 (v. s. 1528) — (1) Contrat de mariage de Antoine Fournier, bourcier de Limoges, avec Marie Vigier.....

<< Et par expres led futur a obligé une sienne vigne contenant cinq journaulx d'homme ou environ, assise au territoyre de Limoges et au claud de las Palissas (2), confrontée entre la vigne de Jehan Berthon, dict de Prelhy, libraire et imprimeur, d'une part..........»

Limoges, le 1er février 1896. (3).

(1) Minutes de l'ancien notaire Deschamps, à Limoges.

L. BOURDERY.

(2) Le clos des Palisses était à peu près à l'emplacement de la rue CroixMandonnaud actuelle et de la Nouvelle-route-d'Aixe.

(3) Après avoir remis cette note au Secrétariat de la Société, pour être insérée au Bulletin, nous avions communiqué à M. Claudin le texte découvert par nous. On a pu voir, sur ces entrefaites, le parti qu'en a tiré le savant auteur, dans sa Notice sur les origines de l'imprimerie à Limoges (Le Bibliophile Limousip, avril 1896, p. 56). La constatation la plus importante que lui permet notre acte est que l'assertion de l'abbé Legros, qui donnait au prototypographe de Limoges la Touraine pour patrie, se trouve confirmée. En effet, lorsque Jean Berthon est dit de Prelhy, « cette désignation s'applique, suivant la mode du temps, à son lieu de naissance, PREUILLY, gros bourg de Touraine, près Loches ».

IMPRIMEURS

LYON LIMOGES PARIS

1524-1893

IV

LES BARBOU DE PARIS

Après les Barbou de Lyon et de Limoges, dont il a été question dans les chapitres précédents, il nous reste à dire un mot de ceux de Paris, pour en terminer avec cette famille d'imprimeurs.

Le nom de Barbou ne paraissait pas pour la première fois parmi ceux des imprimeurs-libraires de la capitale, lorsque Jean-Joseph vint s'y établir en 1704. Dans le chapitre consacré à la Famille, on a pu voir qu'un Nicolas Barbou exerçait à Paris de 1530 à 1542; mais il ne paraît pas qu'il ait fait souche d'imprimeurs (1).

La Maison de Paris n'a eu qu'un siècle de durée (1704-1808) et pendant cette période, elle n'a eu à proprement parler que trois chefs, tous trois nés à Limoges:

Jean-Joseph Barbou (par abréviation Jean) fut seulement libraire de 1704 à 1747; il s'associa ensuite avec son jeune frère Joseph, qui acheta une imprimerie en 1723 et mourut en 1736. Seul en nom de 1736 à 1752, Jean-Joseph n'en était pas moins puissamment secondé par son neveu Joseph-Gérard, reçu libraire en 1746 et imprimeur en 1750.

Joseph-Gérard, successeur de son oncle Jean-Joseph, a exercé de 1752 à 1790. C'est pendant son exercice que la maison atteignit sa plus haute prospérité.

Joseph-Hugues (par abréviation, Hugues) neveu et successeur du précédent, a exercé de 1790 à 1808, d'abord avec ses jeunes

(1) Voir la 2e partie, pages 189 et ss.

T. XLV.

R

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