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les yeux clairs et vifs, en un mot, l'aspect de Education la santé et de la force. On ne pourra lui re

physique.

pe

trancher le lait, qu'après l'avoir habitué gra-
duellement à prendre des alimens plus so-
lides, et l'on doit en commencer l'usage
avant de le sevrer, en suivant toutefois l'état
des forces digestives; état annoncé par l'é-
ruption des dents. Dès qu'elles commencent
à paraître, on peut donner à l'enfant de
tites croûtes de pain; en les mâchant, il ex-
cite la sécrétion de la salive, favorise le ra-
mollissement des gencives, et introduit dans
son estomac une petite quantité de cet ali-
ment, qui va désormais constituer la plus
grande partie de sa nourriture. Plus tard, et
lorsqu'il cessera de téter, on lui présentera
du lait, soit pur, soit avec du pain, du
bouillon de la même manière, des potages
préparés avec des fécules ou des pâtes, et
même de la bouillie, pourvu qu'elle soit
bien faite.

Un enfant naissant est privé de sa mère;
ou bien le défaut de lait, une maladie de
consomption déjà très-avancée, l'empêchent
absolument de le nourrir elle-même ; deux
moyens se présentent alors, une nourrice
étrangère, et l'allaitement artificiel. Il est cer-
tain que
le premier serait préférable, si l'on
pouvait trouver une femme accouchée en

même temps que la mère, et qui réunît à
une affection sincère pour l'enfant confié
à ses soins, assez de bon sens, pour se con-
former anx préceptes qui lui seraient dictés.
Mais au lieu de ces précieuses qualités, que
trouve-t-on dans les nourrices mercenaires?
L'assemblage de tous les préjugés, uni à
l'avarice qui leur fait sacrifier leur propre
sang: c'est chez elles que les malheureux
enfans sont emprisonnés dans un maillot, et
suspendus à un clou pendant qu'elles se li-
vrent à leurs occupations; c'est encore chez
elles, qu'à défaut du lait, dont la source est
souvent tarie par le travail et la fatigue, ils
sont gorgés d'alimens indigestes, malgré leurs
cris de douleur. Les bonnes coutumes tom-
bent facilement en désuétude
les usages
dangereux seuls font toujours des progrès:
les nourrices de nos jours sont au moins aussi
mauvaises que celles du dernier siècle : voici
le tableau hideux, mais plein de vérité,
qu'en fait DESESSARTZ: « Que l'enfant en
veuille (de la bouillie) ou qu'il n'en veuille
pas, qu'il ait faim ou non, il faut malgré
lui qu'il l'avale; en vain il la rejette, sa
nourrice impitoyable la lui repousse avec le
doigt ou la cuiller, et profite de l'instant où
ses cris lui font ouvrir la bouche, pour la
lui enfoncer jusque dans l'œsophage, de

;

Education physique.

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physique.

sorte qu'elle ne le croit nourri que quand if est presque suffoqué. » Cette même observation, qu'il serait facile de renouveler à présent, n'avait pas échappé à un auteur plus ancien, qui la rapporte ainsi : Quadrimestres et trimestres, quater in die iis replentur alimentis, ità ut teneram ætatem dubitent nutritam, nisi quasi suffocatam sentiant. (Philip. HOECHSTER, obs. med. decur. 4, p. 51 ). Retracerai-je encore mille autres inconvéniens attachés à l'emploi des nourrices mercenaires? Il n'est personne qui,, avec un peu de réflexion, ne les sente vivement, et si l'on pèse avec attention et sans partialité les faits qui se présentent pour et contre, on verra que les avantages de l'allaitement par une nourrice, sur l'allaitement artificiel, sont au moins douteux: quant à moi je ne balance point à prononcer, et des faits nombreux pourraient venir à l'appui de cette assertion, que l'allaitement artificiel pratiqué par la mère, tient le premier rang après l'allaitement maternel. C'est ainsi qu'une femme privée du bonheur de nourrir son enfant, peut être encore toutà-fait mère en le conservant près d'elle, en lui prodiguant tous les soins que réclame le premier âge, et en substituant au lait qui lui manque, le lait de vache récemment tiré,

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et présenté comme je l'ai indiqué précédemment. Enfin, pour que l'enfant jouisse physique. des avantages de la succion immédiate, on pourrait, comme cela s'est pratiqué quelquefois, le faire allaiter par une chèvre, ou par une ânesse.

J'ai omis, à dessein, de parler de ce qu'on nomme nourrices sur lieu, ce moyen ce moyen n'étant pas admissible pour la majorité, et n'ayant d'ailleurs que fort peu d'avantages. La surveillance qu'on exerce sur elles est tout-àfait illusoire. J'en ai vu une qui, n'ayant point de lait, présentait le sein à l'enfant devant la mère, et le bourrait en cachette de toutes sortes d'alimens: on ne s'aperçut que fort tard de cette coupable manœuvre.

L'enfant est sevré, ses dents se sont développées, son estomac est sain, ses digestions sont régulières; quel régime adoptera-t-on pour entretenir cette heureuse harmonie des fonctions? Doit-on lui accorder indistinctement tous les mets qui paraissent sur nos tables? Non sans doute, ou bien l'on verrait les fâcheuses conséquences de cette pratique. Le pain, le laitage, les viandes bouillies ou rôties, les légumes et les fruits de bonne qualité, tels sont les alimens dont on doit lui permettre l'usage. Quelques auteurs vont même jusqu'à défendre totalement la viande,

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avant l'âge de quatre ans : sans observer rigoureusement ce précepte, il est bon cependant que les substances animales ne forment qu'une faible proportion de la nourriture.

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L'eau est pour les enfans la boisson la plus salutaire, lorsqu'elle est légère et limpide; elle leur suffit même généralement, à moins que des indications spéciales ne viennent autoriser l'usage du vin; dans ce cas même on ne doit l'employerqu'avec réserve. Les liqueurs alcoholiques, le thé, le café, doivent être sévèrement interdits. Dans le premier âge, ils n'ont pas besoin de boissons, le lait les remplace toutes; elles leur seraient également inutiles, lorsqu'un peu plus tard ils se nourrissent d'alimens demi-liquides. Il est d'ailleurs d'observation qu'ils boivent difficilement, et qu'il arrive souvent chez eux que les liquides pénètrent dans les voies aériennes.

Il est certaines règles de régime qui, appartenant à toutes les époques de l'enfance, n'ont pu être placées encore. Telle est celle qui consiste à donner peu d'alimens en somme, et surtout peu à la fois; l'estomac alors s'accommode mal d'être surchargé; mais, comme il jouit d'une prodigieuse activité, la digestion est bientôt accomplie, et réclame de nouveaux matériaux. On ne doit

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