352 37 JOURNAL GÉNÉRAL DE MÉDECINE, DE CHIRURGIE, DE PHARMACIE, etc., OU RECUEIL PÉRIODIQUE DE LA SOCIÉTÉ DE MÉDECINE DE PARIS. Essai sur l'éducation physique des en fans ; par F. S. RATIER, D. M. P. (Suite). CHAPITRE IV. 1° Des alimens et des boissons. Educalion POUR OUR un enfant qui vient de naître, manger et dormir, constituent la principale, l'uni physique. que occupation ; et même lorsqu'il est plus . avancé en âge, l'accroissement très – rapide que prend le corps, doit faire considérer la digestion comme la plus importante de toutes les fonctions. Mais cette vérité, quoique Education généralement reconnue, n'en est pas mieux physique. mise en pratique, ou plutôt la malheureuse habitude de se soustraire aux lois de la nature , fait que, pour nourrir les enfans, on prend à tâche de les étouffer. C'est là que les préjugés, les pratiques absurdes et pernicieuses se présentent en foule , et sont accueillies avec empressement, tandis qu'on repousse les conseils de l'hygiène et les lumières de la physiologie. Pour procéder avec méthode, il faut considérer dans les alimens leur qualité, leur quantité et leur mode d'administration : ce qu'il est convenable de faire, serait décrit dans quelques lignes ; mais il est bien autrement long de signaler les fautes qu'on doit éviter. Le lait maternel est l'aliment par excellence; tel est le principe immuable que les femmes ne doivent jamais perdre de vue, et qui condamne toutes celles, qui, sous des prétextes frivoles, se soustraient à un devoir sacré. On les voit saisir avidement tous les motifs qui peuvent excuser leur abandon, les occupations, une santé délicate, et trop souvent elles sont secondées par leurs familles et par la complaisance coupable de quelques médecins. Quand les mères n'au Education raient en vue que l'intérêt de leurs enfans ce seul mobile ne devrait-il pas suffire pour physique. les décider ? Mais c'est au nom de leur propre conservation qu'on doit les engager à les nourrir elles-mêmes ; et les accidens qu'on voit survenir chez celles qui n'ont point allaité, les leucorrhées, les squirrhes des mamelles, les affections organiques de l'utérus, l'aliénation mentale, la mort prématurée, comparés avec la santé parfaite et la longue carrière de celles qui ont accompli le vœu de la nature, devraient enfin leur ouvrir les yeux. La génération est une fonction d'une si haute importance, que la nature, pour la favoriser, semble quelquefois s'écarter de la route ordinaire. Ainsi nous voyons les maladies chroniques ralentir leur marche pendant la gestation, et les maladies aiguës respecter les femmes qui allaitent. MORTON a observé plusieurs fois qué des personnes soupçonnées de phthisie pulmonaire, à cause de leur extrême faiblesse, ont vu leur santé se rétablir, et leur constitution s'affermir pendant l'allaitement; et l'on s'explique facilement cette amélioration inespérée par le régime auquel elles ont dû s'assujétir. L'ordre de la nature est que toutes les mères nourrissent leurs enfans; il est également dans cet ordre qu'elles leur donnent à téter dès qu'ils sont nés. Le premier lait Education ( colostrum), séreux et peu chargé de parplysique. ties butireuses et caseuses, est ce qui convient le mieux pour favoriser l'expulsion du méconium. Il existe d'ailleurs entre le lait de la mère et les humeurs de l'enfant une merveilleuse harmonie de composition, d'où il résulte que rien ne peut remplacer cette liqueur bienfaisante. Peu consistante dans les premiers jours de la vie, on le voit peu à peu acquérir plus de densité, à mesure que l'enfant se développe, et jusqu'à l'époque où l'apparition des dents vient annoncer que son estomac peut supporter des alimens d'un autre genre. Mais quels que soient les avantages du lait maternel, il faut bien se garder d'en gorger les enfans outre mesure, vertu de ce proverbe ridicule autant que mal fondé : Enfant bien rendant, enfant bien venant. En effet, dès qu'un enfant crie, on se hâte de lui présenter le mamelon; s'il le refuse, on le lui met dans la bouche, en même temps qu'on lui applique le nez contre le sein, de sorte qu'il est forcé de téter, sous peine d'être étouffé. Qu'arrive-t-il alors ? Ou bien la nature, sans cesse occupée à réparer dos fautes, provoque des vomissemens qui . expulsent l'excédent du lait, ou bien c'est une diarrhée qui en débarrasse l'enfant, mais ; en |