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Son opinion était pourtant qu'une maladie du cœur Nécrologie, devait terminer ses jours. Frappé, en 1815, d'une

première attaque d'apoplexie incomplète, il y survécut six années, avec des traces notables de paralysie, auxquelles succédèrent des attaques répétées. Une dernière le surprit le samedi, 15 septembre, et il y succomba le mardi, 18 du même mois. Par un privilège bien rare, son esprit, à quelques nuages près, a conservé, pendant tout ce temps, sa force et sa finesse accoutumées. On eût dit que sa trempe était trop supérieure pour qu'il pût être abattu comme un esprit vulgaire. Notre confrère avait trop de vrai courage pour red outer la mort; seulement, la douleur et l'état d'inutilité où il se trouvait, la lui faifaisaient par fois désirer sans forfanterie, et il souhaitait à ses amis d'en finir plus promptement que lui, lorsqu'ils en seraient là. Il n'avait pas attendu ses derniers jours pour dicter ses volontés, ce qu'il fit avec le calme du philosophe, et la tranquillité de l'homme de bien; il y institue son neveu, dont il avait fait son fils adoptif, son légataire universel, n'ayant point eu d'enfans d'un mariage qu'il avait autrefois contracté.

Ce grand praticien a publié des ouvrages qui rendront son nom immortel. Si son goût pour le travail du cabinet eût été plus vif, il eût pu enrichir la science davantage, tant. il était profond dans son art; mais, soit par suite de ses occupations multipliées, soit par le besoin du repos qu'elles nécessitaient, il avait une paresse d'exécution, dont il s'accusait, encore augmentée par la perfection qu'il voulait donner à ce qui sortait de ses mains, et qu'il retouchait, au point que les corrections de ses écrits coûtaient toujours plus que leur

Impression. Par suite de cette disposition de son esprit, il faisait d'abord faire le canevas d'un ou- Nécrologie. vrage, d'après ses documens, par quelqu'un de capable à ses yeux; puis, il revoyait le manuscrit, mais ne travaillait complètement que sur les épreuves, qu'il chargeait, à plusieurs reprises, de ses additions et corrections. Sans cette manière de faire, nous n'eussions probablement jamais eu le Traité des måladies du cœur (1re. édit. 1806),qui est à sa troisième édition, ni celui de la Percussion de la poitrine, traduit et commenté d'après AWENBRUGGER (1808), deux ouvrages capitaux, et qui seront lus autant qu'on appréciera la médecine d'observation. M. CORVISART a été l'éditeur des Aphorismes de BOERHAAVE (1802),et de la Matière médicale de son ami DESBOISDE-ROCHEFORT (1789), dont il a fait l'éloge, qui est imprimé en tête de l'ouvrage. Il a traduit les Aphorismes de STOLL (1797), et on lui attribue une Notice sur BICHAT, que nous ne connaissons pas; il fit rendre à ce grand physiologiste, l'un de ses élèves les plus marquans, un hommage éclatant, ainsi qu'à DESAULT, son ami, en plaçant dans l'Hôtel-Dieu de Paris, qui avait été le théâtre de leur illustration, un marbre qui rappelle leurs noms et leurs titres. I} devait publier un manuel à l'usage des élèves de la clinique interne, lorsqu'il quitta l'enseiguement. Il nous avait chargé du premier; et de ce travail qui est resté manuscrit dans nos mains.

La mémoire de M. le professeur CORVISART sera long-temps chère à la médecine. La France est peuplée d'une multitude de ses élèves, qui tous ont pu connaître ses précieuses qualités, et à qui il a donné les préceptes les plus sains et les plus judicieux sur leur art. Ceux qui ont diguement profité de ses

leçons se distinguent par un esprit droit,un jugement Nécrologie. sain, une pratique fondée sur l'observation éclairée

des maladies, dédaignent les systèmes pour s'en

tenir à l'étude de la nature, sûrs qu'en suivant la marche qu'elle trace, il leur sera impossible d'errer dans leur conduite médicale.

C'est le cœur pénétré de la reconnaissance la plus profonde pour un si excellent maître, que j'ai cherché à donner, dans cette notice, bien faible, sans doute, une idée de son mérite public et particulier. J'aurais désiré pouvoir exprimer plus dignement les regrets que m'inspire sa perte; mais la douleur me servira d'excuse, et me méritera, je l'espère, l'indulgence des lecteurs.

MÉRAT.

Phytographie medic.

Phytographie médicale, ornée de figures coloriées de grandeur naturelle, et où l'on expose l'histoire des poisons tirés du règne végétal, et les moyens de remédier à leurs effets délétères, avec des observations sur les propriétés et les usages des plantes héroïques (1); par Joseph ROQUES, chevalier de la Légion-d'Honneur, doct. en médecine de la Faculté de Montpellier, ancien médecin des hôpitaux militaires, etc.

Par un de ces mystères qu'il ne sera probable

(1) Cet ouvrage, de format grand in-4°, imprimé en caxactères neufs de M. Didot jeune, est composé de 36 livrai-

ment jamais douné à la faible intelligence de l'homme de pénétrer, la bienfaisante nature, si attentive à multiplier, pour les besoins et les plaisirs même de l'homme, mille ressources assurées contre les maux qui menacent sa frêle existence, a néanmoins semé avec profusion, au milieu des espèces les plus innocentes du règne végétal, d'autres es pèces, presque en tout semblables, et qui seraient pour lui des poisons dangereux, si une trop fatale expérience et les salutaires instructions de la médecine, cette science conservatrice, ne lui avaient appris à s'en garantir, ou du moins à en combattre lés effets délétères.

Cependant, encore tous les jours, les plus fâcheuses méprises plongent des familles entières dans le deuil; le crime s'empare de l'arme la plus odieuse, en même temps qu'elle est la plus redoutable, puisqu'on ne peut en parer les invisibles coups. Il est donc du devoir de la médecine de rendre plus précise, et en quelque sorte vulgaire, la connaissance des substances vénéneuses, et de la manière dont on doit remédier aux accidens qui résultent de leur emploi inconsidéré ou coupable.

Phytographie médic

sons. Chaque livraison contient deux ou trois feuilles de texte, et cinq planches, représentant le même nombre de plantes de grandeur naturelle, gravées d'après les dessins originaux, imprimées en couleur, et retouchées au pinceau par les premiers artistes en ce genre. Il paraît régulièment tous les mois une livraison dont le prix est de 8 fr., sur papier fin grand raisin. Il faut ajouter 50 cent. pour recevoir chaque livraison franche de port. Le nombre des livraisons est invariablement fixé à trente-six.

On ne peut, en consequence, qu'applaudir au zele Phytogra- de M. Roques, qui, dans un magnifique ouvrage pilis medic. ex professo, va nous faire connaître, si clairement et avec tant de précision, les substances délétères du règne vegetal, qu'il ne sera plus possible de se tromper involontairement.

L'auteur ne s'est pas borné à décrire et representer les poisons végétaux; il s'applique specialement a en démontrer l'application au traitement des maladies; car, ainsi qu'il l'observe judicieusement, par une heureuse compensation, ces supstances véneneuses offrent à notre art les armes les plus puissantes, quand on sait les manier d'une main habile et discrete. De plus, il trace en même temps l'histoire de quelques autres plantes qui, par leurs propriétés energiques, forment la principaie richesse de la matière medicale. Les plantes, qu'il appeile heroiques, sont encore confondues avec une foule de substances inertes, dont il importe de les distin→

quer.

Dans une introduction assez courte, l'auteur se livre à des considerations generales sur les poisons et sur les substances heroiques. Après les generalies bien connues sur les effets de habitude, dė l'âge, du climat, etc., il examine les symptômes generaux produits par les poisons. Suivant la doctrine des toxicologistes modernes, it fait sentir comLien la presence in poison meine devient indispensable pour faire etapiir, d'une manière incontestable, qu'il y a eu empoisonnement; les sviptèmes generalement attribues à l'action des poisons Acres, narcotiques et narcotico-acres, les 'osions mème reconnues à l'ouverture des cadavres ne peuvent que fournir des presomptions pius ou moins tou

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