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rieure est ornée d'une tête de Méduse en bas-relief, et d'autres ouvrages; la sommité de la crête a une tête de griffon toute en bosse. Quand on ne sau

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roit pas que les casques du temps de Titus avoient

cette forme, l'ancienneté incontestable de cette armure, ainsi que les dessins grossiers dont j'ai parlé, et le lieu où elle a été trouvée, rendent le fait certains, et donnent à ce morceau une valeur singulière.

L'armure, destinée à défendre les épaules jusqu'à la jointure du bras, est formée d'une lame de cuivre avec les creux nécessaires pour s'ajuster sur le corps, et quatre boucles pour recevoir les courroies qui devoient l'assujettir; sa partie extérieure est ornée d'un croissant de lune et d'une tête d'homme barbu on voit que ces ornemens ont été argentés. Cette armure est d'une forme qu'on ne connoissoit pas auparavant, même sur les bas-reliefs des anciens; et l'on conjecture qu'étant propre pour les combats de mer, celle-ci doit avoir appartenu aux soldats classaires, qui se trouvoient en quartier à Pompeii. Les académiciens ont traité ce sujet à fond dans la Dissertation isagogique, 1.ere partie, chapitre XII, où l'on voit le dessin d'une armure semblable, planche 17.

Suit une autre armure destinée à défendre la partie des cuisses et des jambes; elle étoit arrêtée par des courroies qui passoient dans des boucles; elle est ornée, au genou, d'une figure; et, de l'autre côté, d'une corbeille propre aux rits de Bacchus. En outre, on y trouve gravés les caractères M. C. B.;

sur l'élévation du genou, on voit une tête de Méduse en bas-relief.

L'armure de l'autre cuisse est en tout semblable à la précédente.

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Pour défendre la partie inférieure des jambes, on voit deux tibiales, aussi en cuivre, garnies d'anneaux pour recevoir les courroies, et les attacher. Au milieu d'une des deux tibiales est, en bas-relief, la figure d'un homme armé, qui, de la main droite, s'appuie sur une pique, et, de la gauche, sur un bouclier. La partie qui défend les chevilles est ornée d'une plaque, et on y voit gravés avec un poinles trois caractères C. A. R. Au milieu de l'autre est, en bas-relief, la figure d'une dame drappée, environnée d'ouvrages en arabesque; et, à l'endroit des chevilles, il y a une figure.

çon

Pour bien comprendre comment un soldat étoit en sûreté avec ces armes il faut se rappeler les grands boucliers dont se servoient les anciens, pour protéger la plus grande partie du corps, boucliers qui étoient en bois et en cuir, afin d'être plus légers; aussi ne doit on pas être surpris qu'il n'en ait été trouvé aucun avec cette armure.

Ustensiles à peser.

Les anciens pesoient comme nous les marchandises et les denrées. Ils se servoient, pour les choses de peu de volume et de poids, de la balance à laquelle répond le bilanx des latins on en a mis une avec les autres articles, elle est composée d'un

manche semblable en tout au nôtre, et entièrement de bronze, de petites cordes en dehors, qui probablement étoient faites avec du chanvre, car on n'en a pas trouvé vestige.

Pour les objets d'un poids ou d'un volume plus considérable, on se servoit de la romaine ; celle qu'on a envoyée est entière et bien conservée : on voit qu'elle pouvoit être employée de deux manières, pour les poids considérables, et pour ceux qui étoient plus petits, en changeant le soutien; elle a ses divisions en onces et en livres; la lance se termine par un bouton orné d'un petit travail; quatre petites chaînes soutiennent le plateau, et, au milieu, dans la partie supérieure, joue un morceau travaillé au tour, avec quatre rainures; ce qui fait que les chaînes ne peuvent se mêler, et peuvent embrasser un volume plus grand que le plateau, ou un vase rempli de liqueurs, de manière que le mouvement de la balance n'en fasse pas répandre. Le contre-poids ou romaine, que les anciens appeloient sacoma est sculpté, et représente une tête couronnée de laurier.

A la balance décrite la première, correspondent huit poids de basalte, qui sont en forme de sphère comprimée aux deux pôles; le plus fort est de dix livres, le second de cinq, le troisième de trois, le quatrième d'une livre; les quatre autres poids donnent la division de la livre : c'est un tiers de quatre onces, ou un quarteron de trois onces, ou un sixième de deux onces, et enfin une once. Il ne se trouve pas dans les poids envoyés, non plus que dans les

autres conservés au Musée d'Herculanum, un rap port bien exact; ce qui paroît devoir être attribué ou aux injures du temps, ou à quelque méthode que nous ignorons, et que les anciens pratiquoient en employant ou variant les poids.

Lampes de terre cuite.

On trouve dans les temples, comme dans les maisons des plus petits particuliers, des lampes de terre cuite, diversement ornées de différentes figures ou symboles, au choix sans doute de l'ouvrier, et celui qui en achetoit prenoit ce qu'il trouvoit à son goût, en consultant sa propre dévotion ou l'élégance du travail. Sa majesté a voulu qu'on en envoyât six des moins communes; il y en a deux qui ont un petit couvercle pour les tenir suspendues: ce sont les mêmes dont on voit les dessins dans le tome vill, planche 8, figure 2; pl. 10, fig. 2; pl. 17, fig. 1; pl. 47, fig. 3; pl. 48, fig. 5: et en outre un vase propre à verser l'huile dans lesdites lampes; il n'a rien de curieux que la forme, et est décrit dans le mêine volume, pl. 14, fig. 1.

Ouvrage en mosaïque.

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Les anciens habitans de notre patrie étoient de très-bon goût pour le pavé de leurs maisons; ils employoient communément la mosaïque, qui devoit être un travail d'un grand prix, et ajoutoit beaucoup à la noblesse de leur manière de vivre; le plus ou le moins de recherche dans le travail et les pierres, le dessin plus ou moins élégant, étoient pro

portionnés à la condition du maître, et à la qualité du site; les pavés trouvés dans les ruines d'Herculanum et de Pompeii, étoient en mauvais état; c'est pourquoi sa majesté a préféré d'en envoyer un an premier Consul, trouvé dernièrement dans l'isle de Caprée, parce qu'il est en entier et très-bien conservé; les petites pierres dont il est composé sont d'un beau choix, et tout le dessin est des plus agréables qu'on ait trouvé dans les anciennes ruines. Tout le monde sait combien est rare un pavé de cette qualité, de cette grandeur, et auquel nulle réparation n'a été faite de la main des modernes.

Il y aussi une table ronde à peu près d'un aussi bon goût, également en mosaïque, et bordée de ce marbre qu'on appelle fiore di persico : les trois pieds et la traverse en marbre blanc qui la soutiennent, sont ornés de cartouches, feuillages et griffes de lion, lesquels reposent sur de petites bases bien sûres, d'où il résulte un ensemble solide et gracieux, deux qualités qu'il est bon de réunir dans les meubles de ce genre.

Le cabinet où doivent être placés les antiques décrits, jusqu'ici, donnera, quand il sera orné de ces mosaïques, l'idée d'une chambre telle que celles qu'habitoient les citoyens d'Herculanum ; et certes, il ne peut y avoir rien de plus curieux et de plus intéressant que de se trouver dans un lieu disposé précisément de même que celui dont un grand homme de ce temps eût fait sa chambre. Chaque siècle a eu ses goûts, ses commodités et son luxe. Les ruiges découvertes dans notre voisinage, nous mettent

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