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taux qui se voient fréquemment parmi les hiéroglyphes. M. Millin pense que cette belle statue doit avoir été exécutée, lorsque les artistes eurent été plus instruits dans les arts par leur communication avec les artistes grecs. La matière dont elle est faite est cette roche de corue, d'un gris noirâtre, qu'on nomme ordinairement basalte noir. M. Millin se propose de traiter ailleurs plus amplement l'histoire de cette substance, parce qu'elle a été le sujet de beaucoup de confusion dans l'archæologie et dans l'histoire naturelle."

Nous avons déja dit dans l'annonce insérée dans le dernier numéro (5), que le volume est terminé par quatre tables, une des articles, une autre des planches, une table des auteurs, et enfin une quatrième des matières, ce qui facilitera considérablement l'usage de l'ouvrage. T. F. W.

(5) Suprà, p. 144.

SECONDE LETTRE de D'ANSSE DE VIL LOISON à M. AKERBLAD, correspondant de l'Institut de France, sur l'Inscription grecque de Rosette (note 1), sur le titre de DIEU donné aux rois payens et aux empereurs grecs chrétiens, et sur l'ancienneté du grec vulgaire.

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Le digne continuateur de l'Histoire du Bas-Empire de LE BEAU, notre savant confrère Ameilhon, vient de rendre un nouveau service aux lettres, et d'acquérir de nouveaux titres à notre reconnoissance, en publiant ses Eclaircissemens sur l'inscription grecque du monument trouvé à Rosette (note 2), avec le texte grec, une version latine, et deux traductions françoises. Cet ouvrage intéressant, que je me suis empressé de parcourir, avant de vous annoncer cette bonne nouvelle, répond parfaitement à l'attente des amateurs de l'antiquité, et à l'idée qu'ils s'étoient formée. Oserois - je prendre la liberté de hasarder, et de vous soumettre, monsieur, ainsi qu'à ce docte éditeur, quelques autres éclaircissemens, et une trèspetite partie des nombreuses observations que m'a

Nota. Les notes de Villoison se trouvent pages 192 et suiv.

suggérées une lecture fort rapide, et un examen superficiel de ce précieux monument.

Je trouve d'abord dans la sixième et septième ligne de notre inscription (note 3), qu'il est parlé exclusivement des grands-prêtres, des prophètes, des ministres des autels qui entrent dans le sanctuaire pour habiller les dieux, des TEPOD'OPAI, des écrivains sacrés, enfin de tous les autres prêtres qui, de tous les temples situés dans le pays, s'étoient rendus à Memphis, auprès du roi ( Ptolémée V Epiphane ), pour assister à la cérémonie de son avénement à la couronne.

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« la dénomination de ПтεPOD'OPAI est donnée ici (note 5) à des femmes, comme l'indique, ajoutet-il, sa terminaison féminine. »

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Mais je remarque, 1.° que, dans tous les mots précédens et suivans de ces deux lignes, dans cette énumération exacte et détaillée, il n'est fait mention que des prêtres, et nullement des prétresses. Elles ne devoient pas se trouver placées au même rang, et entre les ministres distingués qui entroient dans le sanctuaire, et les écrivains sacrés qui étoient revêtus des dignités les plus éclatantes, et occupoient les premières places dans la hiérarchie de l'Egypte.

2.° Que même, si on avoit voulu indiquer des prêtresses, on auroit également dit au féminin, comme au masculin, wlepopópos, et non pas lepo opas, mais qu'on auroit alors ajouté l'article féminin åt, pour prévenir l'équivoque et que la forme de lepo por est bien plus conforme à l'analogie, et à

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l'usage constant. J'en pourrois citer une foule d'exemples je me contenterai de celui de la prêtresse des Locriens Epizéphyriens de la grande Grèce, qui est appelée της φιαληφέρει, et non pas φιαληφόρας, dans Polybe (note 6).

3.o Enfin qu'Hesychius, sur le mot alɛpopógos, ( et non pas jepo¤óρas), dit formellement que c'est le nom qu'on donnoit en Egypte à un ordre, à une classe de prêtres.

Je soupçonne donc, qu'au lieu de lɛpopópa, il faut lire lepo po dans notre inscription; et que c'est une des fautes du sculpteur qui a gravé ce décret sur la pierre. Notre collégue a déja relevé quelques unes de ces erreurs avec sa pénétration ordinaire. Il en reste encore (note 7).

Mais quelle est la signification et la cause de ce surnom de ptérophores, wlepopópor, donné à certains prêtres Egyptiens?

« Ce mot, dit notre collégue (note 8), signifie « à la lettre des porteuses d'ailes, ou de plumes. « Ces ptérophores avoient-elles des ailes attachées à ་ leurs épaules, ou bien les tenoient-elles à la main " ou autrement? C'est ce que j'ignore. J'observerai « que les aí!es étoient un symbole sacré qui figuroit beaucoup dans la religion Égyptienne...Isis avoit des aîles... On pourroit, avec raison, supposer que ces ptérophores étoient des prêtresses qui, dans les pompes religieuses, représentoient la déesse Isis. On sait que, dans les processions Egyptiennes, « les prêtres prenoient, pour ainsi dire, le masque des divinités au culte desquelles ils étoient attachés ; ■ qu'ils

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"qu'ils y paroissoient couverts de tous leurs orne■ mens, M. Pauw ( note 9 ) parle des femmes Egyp→ tiennes qui se travestissoient en cherubs, en s'appliquant deux grandes paires d'aîles, comme on « les voit, dit-il, représentées sur les langes des mo« mies. Ce sont probablement ces femmes que l'inscription désigne sous la dénomination de ptérophores. "

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Pour moi, je pense que les ptérophores n'étoient pas des prétresses, mais des prêtres ainsi nommés parce qu'ils portoient non des ailes attachées à leurs épaules, ou autrement, mais des plumes sur la tête. Cuper et M. Schmidt en ont déja fait la remarque ; le premier dans son savant Traité intitulé Harpocrates, (note 10), et le second dans sa belle Dissertation De sacerdotibus et sacrificiis Egyptiorum (note 11). Ces deux ouvrages, pleins de recherches, répandent beaucoup de jour sur différens points de notre inscription, et nous dispensent de lire les Johannis Oliva in marmor Isiacum, Romæ effossum, exercitationes (note 12). Diodore de Sicile ( note 13) dit que l'écrivain sacré, iepoypappaùs, portoit une plume d'épervier sur la tête, popur wlepór. Clément d'Alexandrie (note 14), déja cité à cette occasion par un membre de la Société royale de Gottingue (note 15), observe que ce scribe sacré avoit une plume sur la tête, et, dans les mains, un livre et une écritoire avec de l'encre, et le jonc qui lui servoit à écrire. Notre inscription de Rosette est la seule qui nous apprenne que les ptérophores portoient une plume, de même que les écrivains sacrés, et a soin M

Tome II.

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