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C. Messier, que Pallas est tout ce qu'on peut distinguer de plus petit dans une excellente lunette.

Une circonstance extraordinaire a momentanément donné à cet astre imperceptible, un diamètre plus sensible, une lumière moins foible. Le 8 prairial, par un fort beau temps, le C. Messier fut surpris de lui trouver une lumière double de ce qu'elle en avoit quelques jours auparavant; et cependant, d'après les calculs, les distances au soleil et à la terre étant à peu près les mêmes, l'éclat de la planète n'avoit pas dû changer. Ce n'étoit qu'une apparence dont la cause ne tarda pas à se découvrir. La petite planète avoit, dans son chemin, rencontré une étoile dont elle pargissoit si proche, qu'on ne pouvoit apercevoir le moindre intervalle entre les deux astres. Quarante-deux minutes plus tard, la séparation étoit opérée, et suivant la marche connue de la planète, l'intervalle devoit être de 15" environ. On pourra, tout à loisir, déterminer la position de la petite étoile ; et des observations répétées qu'on en pourra faire, il résultera, pour l'instant, de l'observation du C. Messier, une détermination du lieu de la planète plus exacte et plus précise qu'aucune de celles qu'on auroit pu se procurer directement. Ces observations, connues le nom d'Appulses, sont infiniment rares. Quelque multipliées que paroissent les petites étoiles, les intervalles qu'elles laissent entre elles sont cependant encore assez grands, pour que les planètes fassent le tour du ciel sans en cacher une seule, au moins de celles qu'on peut observer. La lune de

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roit cependant en éclipser quelques-unes tous les jours, mais leur foible lumière s'éteint à la seule approche d'une lumière plus grande; et l'observation de ces éclipses est trop difficile, trop incertaine, et présente trop peu d'avantages, pour que les astronomes s'en occupent : ils ne donnent quelque attention qu'aux étoiles de quatrième à cinquième grandeur et au-dessus.

L'arc du méridien qui a servi aux astronomes françois à déterminer l'unité fondamentale du systême métrique, étoit déja le plus grand qui jamais eût été mesuré. Le C. Méchain, pendant son séjour en Espagne, avoit remarqué qu'on pouvoit l'étendre encore de deux degrés en formant deux triangles qui, s'appuyant sur la côte d'Espagne entre Barcelonne et Tortose, iroient aboutir aux îles de Majorque et d'Ivice. La difficulté étoit de mesurer les angles et d'apercevoir, dans une lunette qui n'a pas un demi-mètre de longueur, des signaux distans de deux cents milles. Ces observations ne pouvoient réussir que dans les circonstances les plus favorables et par conséquent les plus rares; on ne peut les tenter qu'au milieu de l'hiver; elles n'eurent alors qu'un demi-succès. Le C. Méchain se vit forcé d'abandonner un projet qui l'intéressoit beaucoup, et dont le plan étoit déja tracé. Les dispositions réciproques de la France et de l'Espagne n'étoient pas alors assez amicales pour qu'on pût se flatter d'obtenir les secours et le concert qui étoient indispensables pour des opérations aussi difficiles; mais ces dispositions ayant heureusement changé

pour le bien des deux nations, le Gouvernement françois, à qui tout ce qui a quelque grandeur est en droit d'inspirer de l'intérêt, vient d'ordonner ces prolongement de notre méridienne jusqu'aux îles Baléares. Déja le C. Méchain est à Barcelonne avec des instrumeus moins disproportionnés à la difficulté des observations. Il attend, pour commencer, qu'il ait pu se concerter avec les commissaires espagnols. Cette nouvelle entreprise promet deux avantages. Le premier sera d'ajouter deux degrés à l'arc mesuré, ce qui suffiroit déja pour dédommager de tout ce qu'il en pourra coûter de temps et de travail. Un autre avantage plus important encore aux yeux de plusieurs personues, sera d'avoir un arc total divisé en deux, également par le 45. parallele, et duquel on pourra, sans aucune supposition, sur la figure de la terre, conclure la grandeur entiere du

méridien.

L'éclat de ces opérations, dont la France a donné l'exemple, a plus d'une fois excité l'émulation des nations voisines. Ainsi, après les mesures exécutées par les François au Pérou, au cercle Polaire, ea France même et au Cap de Bonne-Espérance, on a vu mesurer les degrés de Rome, de Turin, de Vienne, de Hongrie, de Pensylvanie et de Milan; les Suédois viennent tout nouvellement de répéter et d'étendre, avec des instrumens faits en France et avec tous les moyens que fournit l'état présent, des sciences et des arts, les opérations faites en 1736 au cercle Polaire. Les détails de la nouvelle mesure n'ont pas encore été publiés; mais nous ap-`

prenons par des lettres de M. Melanderhielm, secrétaire - perpétuel de l'Académie des sciences de Stockholm, et promoteur de la nouvelle opération, que les conclusions qu'il en a tirées ne s'accordent guère avec ce qui résultoit de la première. Celle-ci donnoit un degré qui s'écartoit considérablement de tous les autres, et supposoit un applatissement si considérable, qu'il avoit fait naître quelques soupçons sur l'exactitude des mesures. La nouvelle concilie tout. Ce degré, comparé à celui de France, donne, pour l'applatissement, la même quantité à fort peu près que ce même degré de France comparé à celui du Pérou. Ce résultat seroit si satisfaisant, qu'à peine encore osons nous y croire. On avoit bien quelques doutes sur la bonté des opérations faites en 1736; mais l'erreur qu'il faudroit y reconnoître, passe de beaucoup les limites dans lesquelles on la croyoit renfermée. En attendant que la publication du travail des Suétois ait opéré une conviction entière, nous avons du moins tout lieu de penser que les irrégularités de notre globe ne sont pas aussi grandes qu'on avoit eru jusqu'ici, et que la courbe du méridien, abstraction faite de quelques circonstances locales, s'écarte beaucoup moins de la figure elliptique régulière.

Il est reconnu, par les marins les plus habiles, que le port de Brest ne peut, en temps de guerre, être approvisionné par la voie de la mer, et l'on ne peut avoir recours à la voie infiniment onéreuse des charrois que pour les besoins les plus urgens. Le conseiller-d'état Bruix a déja prouvé, dans un

mémoire imprimé, l'indispensable nécessité d'une communication intérieure entre Biest et la Loire. Des bateaux du port de dix tonneaux au plus, un canal de petite navigation peuvent suffire aux besoins sans cesse renaissans de la marine. Le C. Rochon, qui s'étoit occupé longtemps des projets de navigation intérieure proposés aux Etats de Bretagne, a donné plus d'extension à ses idées dans un mémoire qu'il vient de lire à la classe. Il montre comment, en faisant communiquer, et en rendant navigables les rivières de l'Erdre, de l'Isac, de l'Ourt, de Blavet et du Châteaulin, on établiroit une communication infiniment utile entre Nantes Lorient et Brest.

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A l'occasion de ce mémoire du C. Rochon, nous dirons un mot de quelques expériences nouvellement faites d'une lunette dont il avoit donné la description et les usages dans un mémoire imprimé en l'an Ix, et dont nous avons rendu compte dans le temps.

On connoît la propriété du crystal d'Islande, qui est d'avoir une double réfraction et de donner deux images. De cette propriété connue depuis longtemps, le C. Rochon a su tirer le parti le plus ingénieux. Un prisme de ce crystal, placé dans l'intérieur d'une lunette, y fait donc paroitre deux images de l'objet qu'on observe, et ces images s'approchent ou s'éloignent l'une de l'autre, suivant que ce prisme est plus ou moins rapproché de l'œil. Met-on les images en contact? alors une échelle gravée extérieurement à la lunette indique à l'observateur combien sa dis

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