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fi en Latin.,, Ils font faits pour inftruire ,, plutôt que pour plaire, dit Mr. de Voltaire; & n'étant ni la Satyre de la Nature humaine, comme les Maximes de Mr. de la Rochefoucault, ni l'école du ,, Scepticisme, comme Montagne, ils font ,, moins lus que ces deux Livres inge

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nieux ". Ce jugement, ou, fi l'on veut, cette critique, fait honneur à Bacon, fi nous en croyons Mr. Mallet: car Bacon, dit-il, étoit un trop grand homme pour rechercher l'applaudiffement de la multitude en flattant la malignité du cœur humain, ou en favorifant les doutes de l'Efprit.

On a fort parlé de la pauvreté à laquelle on prétend que Bacon fut reduit dans les dernières années de fa vie. Notre Auteur croit qu'on a exagéré: il convient bien. que Bacon n'étoit peut-être pas dans l'abondance; mais il n'étoit pas non plus dans la néceffité. Le Roi lui avoit accordé une penfion de dix-huit-cens livres Sterling par an, qu'il conferva jufqu'à fa mort. Il poffedoit outre cela des Terres qui lui rapportoient encore fixcens livres Sterling de rente. Il faut pourtant remarquer que fa pension étoit affez mal payée, & qu'il étoit d'ailleurs fort endetté; ajoutez à cela qu'il avoit depenfé beaucoup pour faire des expé

Là-même, pag. 87. 88.

rien

riences; de forte qu'on ne doit pas être furpris qu'il fe plaigne de fa mifere, même en des termes qui paroiffent indignes de lui, dans une Lettre qu'il écrivit au Roi un an & demi après fa dif grace.

Le grand travail auquel il s'étoit appliqué dans les différens emplois qu'il avoit poffedez, l'étude continuelle, & le chagrin caufé par fa difgrace, ruinerent fa fanté. Cependant, quoiqu'il fut infirme, il continuoit toûjours de s'attacher à l'étude, & il dut enfin fa mort à un excès qu'il fit, mais un excès digne d'un Philofophe. Comme il fuivoit quelques expériences fur la confervation des corps avec plus d'application que fes forces ne le lui permettoient, il fut faifi tout d'un coup> d'un mal de tête & d'eftomac, qui fut fuivi d'une fiévre, qui l'emporta au bout. de huit jours. Il mourut chez le Comte d'Arundel à Highgate, proche de Londres; le 9. d'Avril 1626. dans la foixante-fixiè-. me année de fon âge. On ne fçait point comment il fupporta fa derniere maladie, ni de quelle manière il fe_conduifit aux approches de la mort. On auroit pour

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Son mal le prit comme il étoit en chemin entre Londres & Highgate; ce qui l'obligea de fe retirer dans la maifon de ce Seigneur, qui étoit abfent. Oeuvr. de Bacon Vol. IV. Lettr. 297.

pourtant fouhaité de fçavoir, comment un homme comme lui, Philofophe & en même tems Courtifan, a envisagé la mort, quelle impreffion elle a fait fur lui, & quels fentimens il a exprimez. Mais il n'y a aucuns Mémoires là-deffus: nous avons feulement une Lettre * qu'il écrivit au Seigneur dans la maifon duquel il mourut: il s'y comparoit à Pline l'ancien, qui perdit la vie en voulant examiner avec une curiofité trop dangereufe les embrafemens du Mont Vefuve.

Bacon ne fe maria qu'à l'âge de quarante ans paffez: il époufa la fille de Mr. Barnbam, Alderman ou Echevin de Londres, qui lui apporta en mariage un bien confiderable; mais il n'eut point d'enfans d'elle, & elle lui furvécut plus de vingt ans. Il fut enterré dans l'Eglife de St. Michel proche de St. Alban. On trouve! dans fon Teftament ce paffage remarquable:,, Je laiffe le foin de ma reputation ,, aux Nations étrangeres; & après qu'il

fe fera paffé quelque tems, à mes pro,, pres compatriotes". En effet, les étrangers ont eu d'abord une eftime toute particuliere pour lui, & ce n'a été que quelque tems après fa mort que les Anglois ont rendu justice à fon mérite.

Il y avoit dans fon tempérament une fin

* C'est la 297, & la derniere qu'il écrivit.

fingularité dont il n'eft pas facile de rendre raison; c'eft que toutes les fois qu'il y avoit une Eclipfe de Lune, foit qu'il y prît garde ou non, il tomboit en défaillance, & ne revenoit à lui que lorfque l'Eclipfe étoit paffée.

M. Mallet finit cette Vie du Chancelier Bacon en faifant l'éloge de fes principaux Ouvrages; & pour en faire mieux comprendre l'utilité, au moins par rapport au tems où ils ont été compofez, il décrit l'ignorance & la fuperftition dans laquelle le monde avoit croupi: il fait voir par quels degrez & par le fecours de quels grands hommes la lumiere commence de fe répandre: il rend juftice à ceux qui ont reformé la Philofophie avant Bacon; mais il montre en même tems qu'il y manquoit encore un Plan général qui put_embraffer tout ce qui eft l'objet de la Science, & nous guider dans toutes nos Recherches. C'est ce Plan que Bacon a exécuté dans fes Ouvrages, dont Mr. Mallet marque ici le deffein & le fujet; comme tout cela eft affez connu, nous ne croyons pas devoir nous y arrêter.

Après cette Vie on trouve une Table des Traitez & des Lettres qui font contenues dans les quatre Volumes des Oeu-> vres de Bacon: & à la fin de chaque Volume il y a une Table générale des Matières. Il auroit peut-être été plus à

pro

propos de fondre ces quatre Tables en une feule, parce qu'on eft fouvent obligé de les feuilleter toutes quatre avant que de trouver ce qu'on cherche.

ARTICLE IV.

Refléxions de Mr. De Miffy fur l'ON CTION dans les Sermons; telles qu'elles , ont été lues dans une Societé de quelques Théologiens.

I

L MANQUE de l'ONCTION & du mouvement à la plupart de nos Prédicateurs: Par ces paroles commence le deuxième Chapitre de l'Ouvrage du P. GISBERT fur l'Eloquence de la Chaire: A propos de quoi, je n'ai jamais pú, dit Mr. LENFANT, concevoir une idée bien diftincte de ce qu'on appelle ONCTION dans les Livres de Morale & dans les Sermons. F'ai fouvent entendu, pourfuit-il, des gens qui difoient que l'Onction confiftoit dans un Dif cours bien farci de phrafes de l'Ecriture. D'autres la mettent dans un Stile devot, &o qui, tenant de l'Enthousiasme, eft fur le penchant prochain du galimatias. Il m'est quelquefois arrivé d'entendre dire d'un Sermon qu'il y avoit beaucoup d'Ontion, fans que je puffe m'en étre apperçu que par les grimaces des vieilles Femmes, ou des jeunes Coquettes

&

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