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Jérémie: N'y a-t-il point de Beaume en Galaad?.. Pourquoi donc la playe de la fille de mon Peuple n'eft-elle pas confolidée ? J'ajouterai feulement cette phrafe de 'Apocalypfe: Oins tes yeux d'un Collyre: ce qui fignifie manifeftement, Guéri-toi de ton ignorance, de tes erreurs, de tes illufions. Ap. III, 18.

CE N'EST pas, encore une fois, l'ufage du terme ou de l'idée d'Onction, dans un fens figuré, qui peut caufer de l'embaras. Mais comment la figure s'applique-t-elle aux Prédicateurs ou à leurs Difcours? C'eft ce qui paroît d'abord un peu plus embaraffant, mais qui ne laiffe pas d'être affez facile à concevoir quand on y fait attention.

r. Si par l'Onition nous entendons la Communication du St. Efprit, ne pourroiton pas, pour fignifier que les Difcours d'un Prédicateur fe reffentent de l'Esprit dont il doit être animé, dire affez naturellement, qu'ils fe reffentent de l'Onction qu'il a reçue, ou qu'il a de l'Onction dans fes Difcours? Ce qu'il y a de con fant, c'eft que l'on trouve de l'Onction dans un Sermon où l'on reconnoît le langage de l'Ecriture, & que le langage de L'Ecriture peut être regardé comme celui de cet Efprit qui eft représenté fous

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*Voyez Jérémie VIII. 22. & XLVI. II.

l'emblême d'une huile dont nous fommes oints. Or le langage de l'Ecriture où du St. Efprit eft au moins une des chofes qui peuvent faire regarder un Prédicateur comme rempli du St. Efprit. Si le Peuple fe trompe, lorfqu'il ne trouve de I'Onction que dans des Difcours, qui pour tout mérite, font farcis de phrafes de l'Ecriture, ou pleins d'un devot galimatias; cela prouve feulement qu'il a une idée fauffe ou très-imparfaite de ce que les gens plus raifonnables' ou mieux inftruits appellent le langage ou le ftile de l'Ecriture.

2o. Si par l'Onction nous entendons l'autorité du Ministère Evangélique, ne pourroit-on pas, fur-tout après avoir repréfenté un Miniftre comme un homme que le Seigneur a oint pour évangelifer, dire qu'il prêche avec Onction, pour di re que fes Difcours fe reffentent de la dignité & de la divine autorité de fon Ministère? Ou je fuis fort trompé, ou ceux qui vantent l'On&tion dans les Prédicateurs, donnent quelquefois cet éloge (ou du moins ne le contesteront pas) à un Prédicateur dont on pourroit dire qu'il a l'art d'infpirer un religieux respect pour fes inftructions, &, qu'à l'exemple de fon Maître, il enfeigne comme ayant autorité *. Eh! pourquoi trouve-t-on de P'Onc

* Voyez Matt. VII. 29. Et conférez Quintilien

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l'Onction dans les Sermons où l'on reconnoît le langage de l'Ecriture? Ne seroit-ce pas, au moins en partie, parce que parler comme l'Ecriture, & parler avec elle, c'eft donner de la majefté, de la dignité & de l'autorité à fes Sermons?

3. Si par l'Ontion enfin nous entendons ce qui eft propre à nous guérir ou à nous fortifier, dans le fens moral; quoi de plus naturel que de caractériser par le terme d'Onction, des Difcours qui agiffent fur notre ame, comme un Beaume excellent fur notre corps? Que le Fufte, (dit David, au moins dans le Texte Hébreu) que le Fufte me reprenne, ce me fera un Beaume excellent. Pf. CXLI. 5. L'Huile &le Parfum, dit Salomon; P'Huile & le Parfum réjouiffent le cœur, & telle eft la douceur qui vient du confeil cordial d'un Ami. Prov. XXVII. 9. Le P. Gisbert parle quelque part (p. m. 17.) d'une grace médecinale, qu'il oppofe à la grace de pure lumiere, & qui emporte la délectation. Peut-être que dans fon efprit il rapportoit ces idées à celle de l'Onction. Mais ce qui me paroît plus décifif, c'est ce

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tilien Lib. IV. C. I. Plurimum ad omnia momenti eft in boc pofitum, fi vir bonus creditur. Sic enim continget, ut non ftudium Advocati videatur afferre, fed penè teftis fidem.

qui eft dit de l'Eloquence de Nigrinus dans un endroit de Lucien, qu'il fuffira de citer fuivant la Traduction de Mr. d'Ablancourt Tom. I. p. m. 24. Je demeurois attaché à fon difcours (de Nigrinus) fans en perdre une parole, & ne craignois rien tant que d'en voir la fin. Et lorfqu'il eut achevé, je le regardois comme immobile, fans pouvoir prononcer une parole, je tranfpirois, & étois tout interdit Le cœur de l'Homme eft comme un but où chacun vise, mais peu y donnent; & des traits que l'on y tire, les uns pour être trop violens, paffent à travers fans s'y arrêter; les autres, pour être trop foibles, n'y font point d'impreffion: mais ceux qui font mefurez à fa portée, & frottez [ou oints] non pas de venin ou de résine mais d'une GRACE INVISIBLE, comme d'une Hut→ LE douce & pénétrante; ceux-là, dis-je, font des bleffures qui ne fe guériffent jamais,

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qui font fi agréables qu'elles font couler des larmes de joye. La confequence qué je puis tirer de ces paroles faute aux yeux.

JE VOUDROIS à préfent, Meffieurs, en vertu de ces obfervations, déterminer & expliquer l'idée de la perfection qu'on exprime par le terme d'Onction. Mais avant que de rien établir fur mes obfervations, je ferai bien - aife de fçavoir fi vous les approuvez, ou jufques à quel point vous croyez qu'elles puiffent être de quelque ufage. M 5

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ARTICLE V.

An Effay on the Usefulness of Orien tal Learning. C'EST-A-DIRE: Effai fur l'Utilité de la Littérature Orientale. A Londres, chez C. Rivington & autres. in 8. pp. 6o. fans l'Epître Dédicatoire.

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Et Effai eft dédié au Principal &

aux Membres du College de Lincoln dans l'Univerfité d'Oxford, où il paroît que l'Auteur, qui ne fe défigne que par le nom de Philoglotte, a autrefois étudié. Après avoir remarqué en général, que les Sciences font venues de l'Orient, que les plus habiles Philofophes de l'Antiquité ont tiré de-là leurs plus belles lumieres, & que la Littérature Orientale peut être d'un grand usage à l'Orateur, au Critique, à l'Hiftorien, au Politique, & fur-tout au Théologien, il fait voir en détail les diverfes utilitez des Langues Orientales. Il commence par 'HÉBREU, comme de droit. Il fuppofe, avec bien d'autres Auteurs, que c'eft non feulement la plus ancienne de toutes les Langues, mais encore celle d'où toutes les autres font dérivées. Les noms d'un très-grand nombre de Peu

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