ples qui font defcendus des Hébreux, le prouvent clairement felon notre Auteur. Les Affyriens tirent leur nom d'Affur, les Elamites d'Elam &c. Le Jupiter, ou plutôt Jovis Pater des Latins, & le law des Grecs, viennent de Jehovah; Ceres de Gheres, qui fignifie te Bled &c. *. Et plufieurs Sçavans ont obfervé, qu'il n'y a point de Langue dans laquelle on ne trouve quelques traces de l'Hébreu t. Si la plupart des Commentateurs de Virgile avoient entendu cette Langue, ou y avoient fait attention, ils ne fe feroient pas trompez aufli groffierement qu'ils ont fait au fujet de ce vers: .. Durumque Cubile Inarime Jovis imperiis impofta Typhæo. Eneid, IX. 715. Ils ont cru, les uns, qu'Inarime eft Ischia, Ifle voifine de celle de Procida fur la côte de Naples; les autres, que c'est une Montagne de la Cilicie, ou de la Lidie. Mais * Vid. Shickard. Hor. Ebræum p. 141. Lami, Introduction à l'Etude de l'Ecriture Ste. L. 2. C. 5. Nicholson, Differt. Philolog, de Univerfis Orbis Linguis. Fulleri Mifcell. Sacr. † Voyez une Note du fçavant Mr. Hutchinfon fur Xenophon de Cyri Inftit. Lib. 7. p. 526. de fon Edition imprimée à Oxford en 1727. Bucbart. Geograph. Sacr. Pars pofter. Mais l'Auteur prétend, d'après Dickin fon *, que Virgile, qui a emprunté d'Homere ce qu'il dit ici, a fait un feul mot d'év 'Apipois qu'on lit dans ce Poète Grec, c'est-à-dire in Aram, five Syria, car la Syrie eft appellée Aram dans le V. Teftament, & les habitans de la Syrie étoient auffi connus parmi les Grecs fous le nom d'Ariméens ou Araméens, comme il paroît par Strabon L. 13, & L. 16. Il ajoute, qu'Homere fait ici allufion à ce que Moïfe rapporte † du Lit monftrueux d'Og Roi de Bafçan, qu'il foutient être le même que le Géant Typhée; mais c'eft cé qu'il aura de la peine à perfuader à fes Lecteurs. L'HÉBREU fournit encore, fuivant lui, une beaucoup meilleure explication de l'origine de cette exclamation 'Exeλeú Iè lè, dont on fe fervoit dans la célébration des Ofchophoria, que celle qu'en donne Plutarque. Cet Auteur croit que c'étoit un cri d'affliction, occafionné par la mort d'Egée; mais il ne prend pas garde qu'un cri de cette nature étoit incompatible avec la célébration d'une Fête folemnelle, au lieu que fi on le dérive de l'Hébreu Hallelou-jah, qui y a bien plus de rap * Delphi Phænicizantes C. 2. ap. Crenii Fafcic. † Deut. III. II. In Thefeo. rapport, il convient parfaitement à une pareille folemnité *. Voici un autre exemple tiré du fragment de Sanchoniaton qu'Eufebe nous a confervé. On y lit au fujet de la Création du Monde, qu'il y avoit un cabos obfcur & confus, & du vent ou de l'air pour le faire fermenter ou le mettre en mouvement. Ce vent eft appellé 'Aveμos Kontía, c'est-à-dire, non le vent Colpia, comme il femble qu'Eufebe l'a entendu, mais le vent ou le fouffle de la voix de la bouche de l'Eternel, fuivant l'Hébreu --hap, Cole Pi-Fab t. Sans la connoiffance de l'HEBREU l'on ne fçauroit gueres avoir de juftes idées des Loix des anciens Sages de la Gréce; car il eft certain que ces Loix font pour la plupart empruntées des Ecrits de Moïfe, comme plufieurs Sçavans l'ont fait voir, & comme il eft aifé de s'en convaincre en les comparant ensemble . Auf f rapporte-t-on d'Ariftote, que l'Hébreu lui parut d'une fi grande utilité pour fes Recherches Philofophiques, qu'il s'y ap pli *Dickinson Delphi Phaniciz. C. 6. † Mr. Shuckford dans la Préface de fon Livre intitulé, Connexion de l'Hiftoire Sacrée & Profane, & traduit depuis peu en François, T Voyez l'Hiftoire Univerfelle, Tom, 3. p. 531. de l'Anglois, pliqua, & y fit des progrès considerables * D'ailleurs, la Langue Hébraïque a de grandes beautez, des beautez qu'on ne rencontre point dans les autres Langues; c'eft ce qu'ont reconnu les plus violens ennemis des Juifs & des Chrétiens †, & de fçavans Auteurs ont fait voir, qu'il y a dans les Ecrits du V. Teftament plus de vraye Eloquence, plus de fublime, que dans les Ouvrages de l'Antiquité qu'on admire le plus 4. Si l'on dit que nous avons plufieurs Verfions de ce Livre qui difpenfent de s'appliquer à l'étude de l'Original; l'Auteur répond, que le grand nombre même de ces Verfions, & les varietez qu'il y a entre elles, prouvent la néceffité de le faire; car comment fçaura-t-on quelle eft la meilleure & la plus fidèle, ou comment pourra-t-on feulement s'affurer qu'il y en a aucune de fi dèle, fi l'on n'entend pas l'Hébreu §? Et puis l'Original l'emportera toûjours fur toutes les Verfions pour l'élégance & la fublimité; les expreffions en font le plus fou * Ibid. p. 330. Tribechovii erit. Creat. Mundi p. 255. † Famblich. de Myfter. § 7. C. 5. Vid. Blackwall's Sacred Clafficks defended &c. P. I. C. I. J S Vid. Beveridge de Ling. Orient, Præftant. P. 10. fouvent fi énergiques, fi laconiques, les tours fi finguliers, qu'il eft impoffible de les rendre parfaitement dans quelque Lan gue que ce foit *. Mais c'eft fur-tout aux Théologiens, aux Eccléfiaftiques ou à ceux qui fe deftinent à l'Eglife, que la connoiffance de l'Hébreu eft néceffaire. Toutes les Verfions de la Bible ont été faites par des hommes faillibles, & qui fe font en effet très-fouvent trompez, au lieu que les Auteurs en étoient infpirez, & par confequent infaillibles; de forte que c'eft à eux qu'il faut abfolument avoir recours, & dans leur propre langue, fi l'on veut connoître avec certitude la volonté de Dieu, l'enfeigner avec fidélité, & être en état de décider par l'Ecriture Ste. toutes les difputes qui peuvent s'élever en matière de Religion t. De l'Hébreu de la Bible l'Auteur paffe à celui des Ecrits des Rabbins & des Talmudiftes, dont la connoiffance est auffi fort néceffaire pour une parfaite intelligence tant du Nouveau que du Vieux Teftament. Le premier eft plein d'Hébraïfmes & de façons de parler particu lieres aux Juifs du fiécle dans lequel il a *Beveridge, ibid. p. 18. † St. Aug. de Do&tr. Chrift. Lib. II. C. r. n. 16. Hieron. Epist. 28. Du Pin Hift. du Can. du V. & du N. Teftament. |