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Scharffenstein, célébré en 1782, naquirent six enfants: 1° BÉNÉDICTEELISABETH, morte enfant;-2o JEANEMMANUEL, né à Etobon, le 12 août 1784, qui a bien voulu nous communiquer une notice biographique sur son père, rédigée par M. F. Beurlin, pasteur à Etobon; 3° JACQUESEMMANUEL, né à Etobon, le 30 déc. 1785, et mort à Audincourt en 1854, dont le fils, pasteur à Montécheroux, marche dignement sur les traces de son grand-père; 40 HEDWIGE-ELISABETH, morte jeune; -5° ANNE-ELÉONORE, née à Clairegoutte en 1789, et morte en 1832; 6o CATHERINEELISABETH, morte en bas-åge.

PAUVANT (JACQUES), ou Pavanes, du Boulonois, disciple de Le Fèvre d'Etaples, suivit son maître à Meaux, lorsqu'il y fut appelé par l'évêque Briçonnet (Voy. VI, p. 506). Emprisonné, en 1524, en même temps que Martial Mazurier, qui, dans un accès inconsidéré de zèle, avait renversé une statue de saint François, placée sur la porte du couvent des Cordeliers, il finit par céder aux obsessions de Mazurier, qui avait acheté sa liberté, et sans doute sa vie, au prix de lâches concessions, et se décida à faire amende honorable le lendemain de Noël. Mais, depuis ce moment, lit-on dans le Martyrologe, il n'eut que regrets et soupirs.» Aussi lorsque la persécution se renouvela au commencement de l'année suivante, voulut-il réparer cet acte de faiblesse. Il se présenta avec fermeté devant ses juges et leur remit par écrit une profession de foi, qui suffisait et au delà pour le faire condamner à mort comme hérétique. Il fut brûlé vif sur la place de Grève, « au grand honneur de la doctrine de l'Évangile et édification de plusieurs fidèles. » Matthieu Saulnier, emprisonné en même temps que lui, avait composé pour leur défense commune un livre qui fut condamné par la Sorbonne et livré aux flammes, le 9 déc. 1525. On ignore ce qu'il devint luimême; mais Crespin nous apprend

que le martyre de Pauvant fut suivi, peu de temps après, de celui de L'Hermite de Livry, qui périt dans les flammes au parvis Notre-Dame, la grosse cloche de la cathédrale sonnant à toute volée.

PAVÉE (FRANÇOIs), sieur de SERVAS, un des principanx chefs des Huguenots dans le Bas-Languedoc, était vraisemblablement originaire de Nismes ou des environs. 11 embrassa avec ardeur la cause protestante. En 1561, ses concitoyens l'élurent colonel de la milice bourgeoise, en lui donnant Jean Michel pour sergent-major. Lorsque la guerre éclata, ils l'envoyèrent, avec Saint-Véran, Beauvoisin et Bouillargues, au secours de Beaucaire. Les Protestants nismois s'assurèrent de la ville et du château, brisèrent les images, et se retirèrent en laissant dans la place une compagnie de gens de pied pour garnison. A peine s'étaientils éloignés que les Catholiques de Tarascon reprirent Beaucaire qu'ils mirent à sac et à sang. Les habitants qui professaient la religion réformée réussirent en partie à gagner le château et se hâtèrent de rappeler leurs coreligionnaires. Revenant en toute hâte sur ses pas, Servas s'introduisit dans le château, surprit l'ennemi tout occupé du pillage, en fit un grand massacre et assura aux Protestants la possession de la ville jusqu'à l'édit de pacification (1).

Servas se signala encore, dans cette première guerre civile, en plusieurs rencontres, notamment au combat de Pézenas, sous les ordres de Beaudiné, et surtout à la bataille de Saint-Gilles; mais dans la seconde, il ternit sa gloire par la part qu'il prit à l'horrible massacre de la Michelade. Mesnard affirme que c'est lui qui en conçut le projet avec Bouillargues et Poldo d'Albenas (Voy. I, p. 26).

En 1569, la guerre ayant éclaté

(1) Dans son Inventaire, de Serres appelle Dalmas le capitaine nismois qui chassa les Catholiques de Beaucaire. Tous les autres historiens le nomment Servas.

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pour la troisième fois, Servas, à qui s'applique parfaitement ce que Serres dit de Dalmas, « qu'il rouloit toujours quantité d'entreprises dans son esprit,» voulut tenter de rentrer dans Nismes, d'où il avait dû s'éloigner, vraisemblablement pour échapper aux poursuites du parlement de Toulouse. Nous avons déjà raconté comment la surprise réussit (Voy. III, p. 107). Servas, accouru de Cauvisson avec 300 soldats, commandés par les capitaines Chaissy et Mingelle, contribua puissamment au succès.

Après la Saint-Barthélemy, Servas continua à servir la Cause, moins, il est vrai, de son épée que de ses conseils. En 1573, il fut député à l'assemblée d'Anduze, et, à son retour, élu capitaine d'une compagnie de gens de pied que les Nismois levèrent pour leur défense. En 1577, il fit partie, avec les consuls de Clairan, Deiron, Jean Bagard et Etienne Paussuc, du conseil chargé de régler les affaires secrètes de la cité, en qualité de commandant de la ville. Enfin, en 1580, il entra avec François Barrière, sieur de Nages, dans le comité auquel on confia le soin de pourvoir promptement aux affaires urgentes. C'est la dernière fois que nous ayons rencontré son nom. Il avait épousé, en 1556, Isabeau d'Airebaudouse, dont il eut un fils, FRANÇOIS, sieur de Villevieille, marié, en 1585, avec Jeanne Pellegrin. Ce fils, qui testa en 1614, laissa trois enfants mâles: 1° PIERRE, sieur de La Condamine, dont le sort nous est inconnu; 2o ABDIAS, qui

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PECHELS (N.), sieur de La Buissonade, confesseur de l'Eglise protestante. Pechels de La Buissonade appartenait à une des meilleures familles de Montauban. A l'époque des guerres de religion, un capitaine La Buissonade servit avec distinction sous Saint-André-Montbrun, et vers le même temps, Pechels-de-La Buissonade, premier consul de Montauban, se fit expulser de la ville à cause de sa résistance énergique aux projets de Rohan et de son dévouement à l'autorité royale. Il est vraisemblable que notre confesseur ne professait pas pour le trône une 'moins grande vénération que son ancêtre et que tous les Protestants en général, qui étaient instruits, dès l'enfance, à respecter le chef de l'Etat comme l'oint du Seigneur; cependant à ce respect il y avait des bornes dans l'opinion des Réformés animés de quelque zèle pour leurreligion, et Pechels était de ce nombre. Il ne se crut donc pas obligé de renier son Dieu, parce que tel était le bon plaisir du despote qui régnait alors sur la France, et sa désobéissance attira sur lui et sur sa famille les épreuves les plus cruelles. Trente-huit dragons furent logés chez lui, le 26 août 1685. Sa maison fut mise au pillage, ses appartements convertis en écuries, sa femme, Marquise de Sabonnières, qui était sur le point d'accoucher, obligée de se sauver avec ses quatre enfants, dont l'aîné avait 7 ans. Pechels avait fui de son côté; mais l'intendant lui donna l'ordre de retourner chez lui pour recevoir les garnisaires dont le nombre s'accrut d'heure en heure. Pendant ce temps, Mme de La Buissonade errait dans les rues, personne n'osant lui don

ner asile, tant la terreur était profonde.
Elle finit pourtant par trouver un abri
chez une de ses sœurs; mais à peine
eut-elle accouché, que la maison se
remplit de soldats, et qu'elle dut fuir,
avec son enfant dans ses bras, pour
échapper aux mauvais traitements des
terribles convertisseurs. Ne sachant où
aller, elle s'adressa à l'intendant qui
l'éconduisit brutalement en lui repro-
chant son opiniâtreté. A la fin, une dame
catholique obtint la permission de la re-
cueillir. Son mari cependant avait été
incarcéré. Après avoir été promené de
prison en prison pendant 18 mois, il
fut transporté dans l'île de Saint-Do-
mingue, d'où il eut le bonheur de s'é-
chapper. Il gagna la Jamaïque et s'em-
barqua pour l'Angleterre, où sa femme
alla le rejoindre plus tard, mais sans
ses enfants, qui avaient été enfermés
dans des couvents et qui n'en sortirent
sans doute que convertis. Il est vrai-
semblable pourtant que l'un d'eux au
moins rentra dans le giron de l'Eglise
protestante et trouva les moyens de
passer en Angleterre. Nous lisons, en
effet, dans une liste des directeurs de
l'hôpital français de Londres, les noms
de Samuel Pechel, maître de la chan-
cellerie, de sir Paul Pechel et de sir
Thomas Pechel, sous les dates de 1752,
1772 et 1801.

D'autres membres de cette famille donnèrent des preuves de leur amour pour l'Evangile. En 1689, Jeanne de Pechels, veuve Benech, fut enfermée dans l'hôpital de Rhodez, et sa maison, où s'était tenue une assemblée religieuse, fut rasée. Elle avait auprès d'elle une de ses filles, nommée Jeanne, dont le mari, Samuel Acéré, sieur de La Colombière, avait passé dans les pays étrangers (Arch, gén. M. 673). Vers le même temps, Jérôme de Pechels, ancien ministre de Bruniquel réfugié dans le Brandebourg, fut placé comme aumônier dans le corps des Grands-Mousquetaires (1); mais il ne remplit pas

(1) Erman et Réclam ont publié la liste suivante des Grands-Mousquetaires: Lajus d'Arrieu, d'Assace, de Barcyre, de La Bastide, d'Uzès, de Belles

longtemps cette place, ayant été appe-
lé, en 1690, à succéder à La Gacherie,
comme pasteur d'Emmerick.

PEDELABAT (JEAN), de Garlin, accusé et convaincu d'avoir engagé publiquement et en particulier ses coreligionnaires à demeurer fermes dans leur foi, en 1685, fut condamné par le parlement de Pau à vingt ans de bannissement hors du royaume et à 600 livres d'amende. Semblables condamnations ne sont pas rares à cette époque de notre histoire; ce qui l'est davantage, c'est la faiblesse de Pedelabat qui, six jours après sa condamnation, se convertit avec toute sa famille. Naturellement le roi lui fit grâce.

PÉGORIER (CÉSAR), natif de Roujan dans le Languedoc, fit ses études en théologie à l'académie de Genève, où il fut immatriculé en 1666, et après les avoir terminées, il fut placé comme ministre à Sénitot dans la Normandie. Obligé de quitter son église, en 1682, il obtint du synode de Quévilly l'attestation la plus honorable (Arch. gén. Tr. 258) et se retira en Angleterre, où il desservit les églises de l'Artille

tat, J.-P. Constantin de Bellocq, d'Orthez, de Bo-
nafous, de Bony, de Brigny, sieur de Malbos, mort
en 1700, La Catbreide, mort en 1688, Batsale-
de-Castilhon, Paul Calessou, de Vitry, de La
Claverie, de Mazères, mort en 1699, J.-Matt. de
Rison-Davert, G. de Laly, Dubois, de Metz, de
Durant, Jacq. d'Etienne, sieur de Carlencas, de
Font-Juliane, de Montélimart, Claude Formey,
Jacq. de Fouquet, de Saint-Hippolyte, mort à
Prenzlow, en 1740; Henri Fournier, de Cahors,
mort en 1714; Barthélemy de Gaultier, Jean
de Grimaudet, Guy, d'Hélix, de Marcous, Du
Matz-de-Montbail, de Montredon, mort en 1691,
Daniel Oules, de Castres, mort en 1707, Paulmy,
Charles de Péricard, de Sedan, de la même fa-
mille que le pasteur de Magdebourg Salomon de
Pericard, Planchut, Du Cayla, François de Ra-
valet, gentilhomme breton, Du Breuil-Renouard,
Jean Royer, fils d'un avocat de Paris, mort en
1709 (qu'il ne faut pas confondre avec Pierre
Royer, de Grenoble, capitaine des ingénieurs,
qui épousa, en 1700, Marie Marchand), Saint-
Julien, Alexandre Trémolet-de-Montaigu, Jean
de Valentin (parent sans aucun doute du savant
pasteur Jacques Valentin, qui desservit, depuis
1688, l'église française de Magdebourg avec Jules
d'Etienne, sieur de Clelies), Pierre Vidal, mort
en 1730, Theophile Du Périer, Jean Gervaise,
chirurgien, Pechels, Daniel Mosson, Cabrit et
Henry Estève, aumôniers.

rie et du Tabernacle. Nous ne connaissons pas la date de sa mort. Il paraît qu'il laissa une fille, nommée MADELAINE, qui épousa, en 1728, Jean Sauvage dans l'église française de RidersCourt, et qu'il ne faut pas confondre avec une autre Madelaine Pégorier, veuve du ministre Roux de Bédarieux, qui réussit à passer dans les pays étrangers après la révocation (Ibid. Tr. 330). César Pégorier a publié :

1. Exposition de la religion chrétienne en forme d'entretiens, Utrecht, 1714, in-8°; réimp. sous le titre de Théologie chrétienne, Amst., 1726,4°.

II. Système de la religion protestante, Lond., 1717; 2e édit., anonyme, Rott., 1718, in-4°.

III. Maximes de la religion chrẻtienne, où l'on donne le précis des preuves qui en montrent la vérité, où l'on répond aux difficultés qu'on lui oppose, et où l'on réfute les principales erreurs qui vont à la renverser, Lond., 1722, in-8°. Les trois premiers chap. sont consacrés à la réfutation des Pyrrhoniens, des Athées et des Déistes. Dans le 4, l'auteur prouve l'origine divine du mosaïsme; dans le 5o, la vérité de la religion chrétienne. Le 6 offre la solution de diverses difficultés. Les deux suivants contiennent une réfutation du socinianisme et de l'arianisme. Dans le 9e et dernier, Pégorier traite de l'indifférence, de l'indépendance et de la tolérance en matière de religion.

PEIGRE, capitaine huguenot. Chargé, en 1562, de conduire vingt-cinq ou trente hommes de Milhau au secours de Compeyre, que Vezins assiégeait, Peigre fut fait prisonnier et envoyé à Toulouse. Sur les instances du cardinal d'Armagnac, le parlement le fit écarteler tout vif.

PÉJU (ELIE), pasteur à Mer depuis 1614, eut avec son église, au sujet de son traitement, des difficultés qui furent portées devant le Synode national de Castres. Le synode l'exhorta à ne pas s'écarter de la modération convenable à son âge et à sa profession,

et renvoya l'affaire au synode provincial de l'Anjou qui lui donna tort. La sentence fut confirmée parle Synode national de Charenton en 1632; mais sur l'appel de Péju, appuyé par Jacques Martineau, au nom de quelques-uns des membres de son église, celui d'Alençon ordonna de biffer la censure qui lui avait été infligée par le synode provincial, et le donna pour pasteur à l'église d'Argenton. Il paralt que le ministre ne se trouva pas mieux de ce changement, puisque le Synode national de Charenton lui permit, en 1645, de se pourvoir ailleurs, si l'église d'Argenton ne lui payait pas son traitement. On a de lui l'Antidote contre les vains prétextes des apostats, ou bien Instruction sur les principales controverses de ce temps, Saumur, 1630, in-8°.

PELET, famille illustre du Languedoc, dont une branche, celle de LA CARRIÈRE, embrassa le protestantisme.

Claude Pelet, sieur d'Arbousse, fils d'Isaac, sieur de La Carrière, et d'Anne Chapelain, et capitaine au régiment des Cevennes, devint seigneur de Salgas et de Recoules par le mariage qu'il contracta, en 1645, avec Anne de La Mare. Il vivait encore en 1671, année où il fut maintenu dans sa noblesse avec ses quatre fils, FRANÇOIS, ANTOINE, JACQUES et HECTOR. Le second et le quatrième furent tués, quelque temps après, dans les guerres de Louis XIV. Le troisième, sieur de RECOULES (aliàs Rocoulle), sortit de France à la révocation (Arch. gén. TT. 236), et se retira à Berlin, où il mourut, en 1698, colonel de cavalerie, à l'âge de 46 ans, sans laisser d'enfants, à ce qu'il semble, de Marthe Du Val, veuve d'Esaïe Du Matz-de-Montbail et dame d'un grand esprit, d'une vertu sévère, d'une instruction solide, qui fut gouvernante du prince royal de Prusse et mourut en 1741. Quant à l'aîné, qui portait le titre de baron de SALGAS, c'était un homme pacifique, de mœurs douces, d'un caractère timide; aussi renonçat-il de bonne heure au service militaire pour se retirer dans sa province nata

le, où il épousa, le 2 sept. 1694, Lucrèce de Brignac. Cette date suffit pour nous apprendre qu'il abjura du moins des lèvres, car au fond du cœur il resta attaché à la foi protestante. Sa femme suivit vraisemblablement son exemple sous le coup de la première terreur; mais tourmentée par les remords, elle finit par surmonter toute crainte, et un jour que son mari était à la chasse, elle partit furtivement pour Genève, qu'elle atteignit heureusement.

Dès qu'il fut instruit de son arrivée dans la cité hospitalière, le baron de Salgas, afin d'éloigner de lui tout soupçon de connivence, alla dénoncer son évasion à Basville, et cette précaution prise, il retourna dans son château, où il menait une vie retirée et paisible, quand la guerre des Camisards éclata.

Connaissant ses sentiments secrets, les révoltés cévenols lui témoignèrent des égards, tout en blåmant son hypocrisie, indigne à leurs yeux d'un bon chrétien. Un jour Castanet le fit inviter à assister à une assemblée qui devait se tenir, le 11 fév. 1703, à Vébron. Soit de gré, soit de force, le baron s'y rendit; mais à son retour, il s'empressa de prévenir Basville de la violence qui lui avait été faite. Le terrible intendant, qui avait de l'affection pour lui, se contenta de l'engager à être plus prudent à l'avenir, en se promettant toutefois de le surveiller de près. Salgas s'aperçut sans peine qu'il était suspect. Dans l'espoir de dissiper les soupçons, il eut la lâcheté d'aller offrir ses services à Montrevel; mais le maréchal les refusa, en l'invitant à retourner dans ses terres et à travailler à ramener les Camisards dans le devoir. Le pusillanime gentilhomme obéit et fut assez heureux pour décider deux des insurgés à déposer les armes. Montrevel parut satisfait et l'appela à Nismes. Effrayé peut-être du sort de Cabiron, nouveau converti et ardent persécuteur, que les Camisards avaient poignardé, Salgas s'excusa et réveilla par ce refus les soupçons du maréchal, qui le fit arrêter et enfer

mer dans le fort de Saint-Hippolyte, le 12 mai 1703, d'où, après une instruction très-longue, on le transféra au fort d'Alais (1).

Une fois en présence de ses persécuteurs, Salgas se montra un tout autre homme. Ses incertitudes, sa timidité, firent place à une résolution et à un courage étonnants. Il convint qu'il avait assisté à l'assemblée de Vébron et qu'il était resté deux heures avec Castanet; mais la torture même ne put lui arracher d'autres aveux. Basville rendit, le 27 juin, sa sentence, qui le condamna aux galères perpétuelles, déclara ignobles lui et ses descendants, confisqua ses biens, ordonna la démolition des tours de Salgas et le rasement du château des Rousses. Brueys lui-même avoue que ce jugement révolta l'opinion publique; cependant il n'en fut pas moins exécuté en ce qui concernait le baron de Salgas personnellement. Conduit à Marseille, il fut enchaîné sur la galère du chevalier de Roannais, et soumis aux mêmes traitements que les plus vils scélérats: on lui permit seulement de porter des bas et de dormir sur un strapontin. Les évêques de Montpellier et de Lodève ayant voulu se donner le plaisir de contempler le vieillard sur le banc des forçats, le chevalier de Roannais s'empressa de leur procurer ce divertissement. Dans son affreuse position, le baron conserva toute la sérénité de son âme. Vainement on lui offrit à plusieurs reprises, selon le témoignage de Bion, la liberté et la restitution de ses biens, s'il voulait redevenir catholique. Court affirme que Louis XIV refusa sa liberté aux sollicitations de la reine Anne, et que c'est le régent qui, sur les instances de sa mère, rompit enfin ses fers, le 26 oct. 1716, après quatorze années de souffrances. L'illustre forçat se retira à

(1) Selon Court, il entraîna dans sa perte, nonseulement Ayguillon et Pontier (Voy. ces noms), mais Saumade de Massavaque et Aurès des Ablatas, qui furent condamnés aux galères. Il paraît que ce dernier n'y fut pas envoyé, puisqu'il ne figure dans aucune des nombreuses listes de galériens que nous avons eues entre les mains.

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