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Il était encore très-jeune lorsqu'il entra dans une maison de commerce de Montauban, dont il devint plus tard un des chefs. Sa probité, son intelligence, son esprit vif et avide d'instruction, ses goûts d'artiste, sa position à la tête d'une maison importante, le firent bien venir de l'intendant du Quercy, M. de Gourgues, à la protection de qui il dut sans doute de ne pas être inquiété, malgré les fréquents voyages qu'il fit en Angleterre, en Hollande, en Espagne, à Paris, où il sut se mettre en rapports avec Buffon, Thomas, Necker, Bailly, et d'autres gens de lettres distingués. Ribotte salua avec enthousiasme l'aurore de la Révolution, et bien que la dépréciation des assignats l'eût presque ruiné, on ne l'entendit jamais éclater en imprécations contre l'ouragan qui avait emporté sa fortune avec les derniers débris de l'odieuse législation de Louis XIV et de Louis XV.

Ribolte mourut dans les premières années de ce siècle. Il avait publié quelques opuscules presque introuvables aujourd'hui, entre autres, une dissert. sur les maladies épidémiques, qui a paru, en 1788, avec les réponses de Buffon et d'autres pièces relatives au même sujet; un poëme sur les beauxarts et un recueil d'hymnes patriotiques, où l'on remarque, dit-on, de la verve, une imagination vive, mais de nombreuses incorrections de style.

RIBOUDEAU (PHILIPPE), né à Châlons-sur-Saône, fut destiné par son père, qui était ancien de l'église, à la carrière ecclésiastique. Après avoir ter

Jean Fontanieu et Lucrèce Baduel, sa femme, Jean Dombres, procureur, et Jeanne Bourdigue, Bernardine Sayet. Les deux surveillants étaient chargés de prendre garde si toutes ces familles tant grandes que petites entendoient la messe festes et dimanches, s'il (sic) prenoient de l'eau benite, s'il faisoient le signe de la croix et s'il se met4oient à deux genoux en entrant à l'église, et s'il ne commettoient des irrévérances (sic) pendant le service divin. Ils devaient, en outre, espionner jour et nuit les susdits, noter s'ils s'absentaient les dimanches et fêtes, s'assurer qu'ils envoyaient leurs enfants à l'école et aux instructions, et chaque semaine, rendre compte au cure de ce qu'ils auraient remarqué (Arch. de la Société de Phist. du protestantisme).

miné ses études, il fut reçu ministre au synode de Sergy, en 1665, en même Lemps que Jean Garnier, de Langres, et desservit différentes églises de la Bourgogne jusqu'à ce que la révocation vint le forcer à s'expatrier. Il se retira à Genève, où un de ses ancêtres, Louis Riboudeau, avait déjà trouvé un asile à l'époque de la Saint-Barthélemy. C'est dans cette ville qu'il publia, en 1685, in-12, le seul ouvrage que nous connaissions de lui : Sacrum Dei oraculum Urim et Thummim, a variis Joh. Spenceri excogitationibus liberum; réimp. par de Tournes, 1686, in-12, selon le Catal. de la Bibl. de Genève. Il y combat avec beaucoup d'esprit et d'érudition l'opinion du savant auteur anglais. On sait que Philippe Riboudeau vivait encore en 1701. Peut-être que Jean Riboudeau, aumônier du régiment de Varennes et pasteur, en 1699, de l'église française de Burg en Prusse, était son fils.

RICARD (FRANÇOIS), le premier de cette famille qui embrassa les opinions nouvelles, eut pour fils JEAN Ricard, marié, en 1575, avec Gráce Verchand De ce mariage naquit JEAN, qui fut conseiller en la cour des aides de Montpellier, et qui testa en 1662. Françoise Galière, sa femme, qu'il avait épousée en 1620, lui avait donné deux fils, nommés FRANÇOIS et ANTOINE. On ne sait rien sûr la vie du second, qui fut maintenu dans sa noblesse en 1668. L'aîné, sieur de SAUSSAN, fut conseiller en la cour des comptes, aides et finances de Montpellier. C'était « un fort honnête homme,»lit-on dans les notes secrètes sur le personnel des parlements. En 1682, il était passé à la vétérance. N'ayant point voulu se convertir à la révocation, il fut, malgré son âge avancé, relégué à Narbonne en 1686 (Arch. gén. Tr. 522). Il avait épousé, en 1657, Louise d'Hebles (Voy. V, p. 442).

Nous ne pensons pas qu'on doive rattacher à cette famille le capitaine Jean de Viguier,quoique Bèze le désigne sous le nom de Ricard (aliàs Richard). Au reste ce capitaine n'a paru qu'un in

stant sur la scène de nos guerres de religion. En 1562, à l'approche de Burie et de Montluc, précédés de l'affreuse réputation du dernier, les Montalbanais, ne sachant trop à quel parti s'arrêter, sollicités qu'ils étaient d'un côté par Mont-Lausun,« gentilhomme plein de prudhommie, » qui les invitait, de la part des Huguenots de Toulouse, à céder à l'orage plutôt que de résister; et de l'autre, par Louis de Portail [Portal?], le capitaine Sausseux et le seigneur de Valemanne en Agénois, émissaires du prince de Condé, qui les excitaient à la résistance. Ils nommèrent Ricard gouverneur de la ville. La terreur qui régnait parmi les habitants aurait probablement paralysé ses efforts, en sorte qu'il fut heureux que la surprise d'Agen appelât ailleurs les deux chefs catholiques, et laissat aux Montalbanais le temps de se familiariser avec le danger.

RICAUD (JEAN), appelé par Crespin Rigaud, était ministre de l'église de Lyon, lors de la Saint-Barthélemy. Sauvé comme nous l'avons dit ailleurs (Voy. VI, p. 262), il se retira, à ce qu'il paraît, à Montauban, d'où est datée l'Epître dédicatoire de la relation qu'il publia des massacres exécutés, en quelque sorte, sous ses yeux. En voici le titre Discours du massacre de ceux de la religion réformée fait à Lyon par les catholiques romains, le 28° du mois d'aoust et jours ensuyvants de l'an 1572, ensemble une épistre des anciens fidèles de Lyon et de Vienne, contenant le récit de la persécution qui fut dressée contre eux sous l'empereur Antoninus Verus; avec une Amiable remonstrance aux Lyonnois, lesquels par timidité et contre leur propre conscience continuent à faire hommage aux idoles, s. 1.,1574, in-12; réimp. par M. Gonon, avec l'Histoire lamentable contenant au vrai toutes les particularités les plus notables des cruautés, massacres, assassinats et dévastations exercés par ceux de la religion romaine contre ceux de la religion réformée, par un anonyme, Lyon, 1848, in-12.

La relation de Ricaud a été reproduite avec de légers changements dans le Martyrologe de Crespin, ainsi que dans les Mémoires de Charles IX, ой l'on trouve aussi son Amiable remonstrance, écrite dans le but de relever le courage des Lyonnais en leur persuadant que J.-Ch. n'établit son église que par les tribulations et les souffrances.

RICHARD (ELIE), médecin habile, membre de la Société royale de Londres et ancien de l'église de La Rochelle, né à Saint-Martin-en-Ré, le 11 déc. 1645, d'Etienne Richard, sieur de La Poitevinière, avocat au parlement de Paris, et mort à La Rochelle, le 14 mars 1706.

Richard reçut sa première instruction de son père, qui l'envoya ensuite à l'académie de Saumur. Sa philosophie terminée, il vint à Paris pour y étudier la médecine. Il suivit, pendant trois années, les cours d'anatomie de Duverney et ceux de chimie de Lémery, puis il se rendit à Montpellier, attiré par la réputation des professeurs de son université, au milieu desquels brillait Charles Barbeyrac. C'est à Montpellier qu'il soutint sa thèse sur les aphorismes de Galien et qu'il fut reçu docteur en 1666. Désirant augmenter la somme de ses connaissances et se former par les voyages, avant de se livrer à la pratique de son art, Richard visita ensuite les principales universités d'Italie et d'Angleterre. A Oxford, il eut l'honneur de prononcer deux discours latins en présence de l'université. De retour à La Rochelle, où sa famille habitait, il se mit à pratiquer et obtint les plus beaux succès. Les soins désintéressés qu'il prodiguait aux pauvres lui gagnèrent l'affection de la population tout entière. La confiance que l'on avait en ses talents et en sa probité était si grande que, lorsqu'il ne lui fut plus permis, comme protestant, de visiter les malades, ce furent les malades qui allèrent le voir. Privé de l'état qui le faisait vivre, Richard voulut sortir du royaume; mais il ne put mettre à exécution son projet. Il resta donc

à La Rochelle, sans changer toutefois de religion. Arcère affirme que l'on finit même par lui permettre de reprendre l'exercice de sa profession. De son mariage avec Jeanne Belin naquirent deux fils, nommés ELIE et Louis, qui furent très-probablement élevés dans la religion romaine, puisqu'ils naquirent après la révocation. On a de lui: I. Lettres sur le choix d'un médecin, 1674.

II. Réflexions physiques sur la transsubstantiation, imp. avec la Défense du sermon d'Hespérien par Lortie, Saumur, 1675, in-12.

III. Description physique des marais salans de l'ile de Ré, et Descrip tion anatomique d'une porcille nommée dauphin par quelques-uns. Ces deux morceaux, qui lui valurent l'agrégation à la Société royale de Londres, ont été ins. dans les numéros 51 et 76 des Philos. Transactions.

RIGHARD (P.), archidiacre à Mulhouse, a publié Kurzgefasste Götterlehre für Kinder, Basel, 1790, 8o.

RICHEBOURG (CLAUDE-PHILIPPE DE), gentilhomme huguenot,qui ne nous est connu que par ce que M. Weiss raconte de lui dans son Hist. des Réfugiés. Doué d'un caractère ferme et énergique, d'une piété fervente et d'une humble résignation aux décrets de la Providence, Richebourg n'hésita pas à abandonner sa patrie à la révocation de l'édit de Nantes. Il passa d'abord en Angleterre, puis, en 1690, il s'embarqua pour l'Amérique avec un certain nombre de colons envoyés en Virginie par le roi Guillaume. La colonie s'élablit sur les bords du Saint-James; mais la discorde ne tarda pas à se mettre parmi les émigrants. Richebourg ne vit d'autre moyen pour rétablir la paix que d'emmener une partie des colons dans la Caroline du Nord. Les attaques des Indiens le forcèrent bientôt à abandonner l'établissement qu'il avait formé sur les bords du Trent, pour aller se fixer dans la Caroline du Sud. Son testament se conserve aux Archives de Charleston. RICHER (PIERRE), ou RICHIER, dit

de L'Isle, carme et docteur en théologie, converti au protestantisme. Après sa conversion, Richer se retira à Genève. En 1556, il fut choisi pour ministre de la colonie française que Villegagnon avait conduite au Brésil (Voy. IV, p. 488); nous avons raconté ailleurs ses aventures dans le NouveauMonde et son retour en Europe,en 1559. Bientôt après, en 1560, il fut donné, avec Fayet, pour pasteur à l'église de La Rochelle (Arch. de la Comp. des past. Reg. B). Il mourut dans cette ville, le 8 mars 1580. Outre une Lettre (ins. parmi celles de Calvin), où il rend compte de l'état de la colonie, le 31 mars 1557, on a de lui:

1. Libri II apologetici contrà N. Durandum, qui se cognominat Willagagnonem, Hierop., 1561, in-4°.

II. Refutation des folles resveries et mensonges de N. Durand, dict le chevalier de Villegaignon, Gen., 1562,8°. III. Briefs sommaires des traditions de Calvin. Msc cité par Arcère. Plusieurs autres ministres du nom de Richer ou Richier nous sont connus, comme Richer, de Paris, tué en 1562, lors de la reprise de Poitiers par les Catholiques; - Richer, qui fut censuré par le Synode national de Vitré, parce qu'il avait quitté sans congé son église de Vandières pour celle de Marennes, et condamné à rembourser à la province de l'Ile-de-France les frais de ses études; son fils, Pierre Richier, sieur de Vandelincourt, de Marennes, qui soutint, sous la présidence de Cappel, une thèse De summo controversiarum judice, insér. dans les Theses Salmur., et qui fut député plus tard au Synode national de 1631; David Richer, ministre de Blein, qui assista à l'Assemblée politique de Gergeau, et qui, député de nouveau à celle de Grenoble, mourut avant de se rendre à son poste;

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enfin Richier, ministre de Cérisy, dont Benoit vante la modestie et la douceur. Il était fils de Jean Richier, sieur de Cérisy, qui avait représenté la Normandie au Synode national d'Alençon, en 1637. Sa mère, qui vivait encore à

la révocation de l'édit de Nantes, fut Indignement maltraitée par les dragons, et, bien qu'elle fût plus qu'octogénaire, enfermée dans le couvent de Notre-Dame de Coutances (Arch. gén. M. 664). Son cousin, Jean-Louis, sieur de Colombières, fils de Jacques Richier, mort en 1676, et de Belgia de Bothlaër, se réfugia en Hollande et suivit le prince d'Orange en Angleterre, comme lieutenant dans une compagnie de Réfugiés.

RICHIEND (ANTOINE DE), seigneur de MOUVANS (1), une des premières victimes du fanatisme catholique dans la Provence. Antoine de Richiend avait servi avec distinction, ainsi que son frère Paul ou Paulon, dans les guerres de François Ier et de Henri II. A la paix de Câteau-Cambrésis, les deux frères étaient retournés à Castellane, où ils faisaient leur principale résidence, et comme ils avaient goûté, l'un et l'autre, les doctrines des Réformateurs, leur premier soin avait été de demander un ministre à Genève. Dès le commencement de l'année 1559, il se tint dans leur maison des assemblées religieuses auxquelles assistait un grand nombre de personnes de tous états, accourant au pieux rendez-vous de plusieurs lieues à la ronde, malgré la rigueur de l'hiver et le mauvais état des chemins. La prudence exigeait qu'on ne se réunit que la nuit; mais les précautions que l'on prenait pour ne pas être découvert, furent inutiles. Fanatisés par un cordelier qui prêchait le carême à Castellane, les habitants catholiques assaillirent les seigneurs de Mouvans dans leur logis. Paul porta plainte au parlement d'Aix, qui envoya sur les lieux deux commissaires, Henri Veteris et Esprit Vitalis; mais au lieu de châtier les chefs de l'émeute, ces juges prévaricateurs commencèrent contre les deux frères une enquête pour fait d'hérésie et les décrétèrent de prise de corps. Paul de Mouvans partit immédiatement pour Paris, s'adressa au roi Henri II, qui l'estimait à cause de sa

(1) Papon et les autres historiens de la Provence l'appellent Richieu, sieur de Mauvans.

bravoure, et oblint sans peine l'évocation du procès au parlement de Grenoble; mais celui d'Aix, comptant sur l'appui du cardinal de Guise, refusa de s'en dessaisir. L'abbé Papon, sentant tout ce qu'un semblable mépris de l'autorité royale avait de condamnable, a essayé de justifier la conduite du parlement. A défaut de bonnes raisons, il a inventé un odieux mensonge; il n'a pas rougi d'affirmer, contrairement au témoignage de tous les historiens, qu'Antoine de Richiend s'était mis dès lors en révolte ouverte et qu'il portait le fer et le feu dans la haute Provence, tandis qu'il est certain qu'il ne quitta Castellane que pour se rendre à Draguignan, où il arriva, le 23 oct. 1559, accompagné de quelques-uns de ses parents et d'Honorat Auldol, dit le Bramaire, hôtellier de Castellane et protestant très-zélé. Le but de son voyage élait de se concerter avec ses coreligionnaires sur les mesures à prendre dans l'intérêt de leur défense commune. Reconnu, aussitôt après son arrivée, il fut attaqué dans l'hôtellerie où il était descendu, par une populace furieuse. Dans l'impossibilité de résister à plus de 3000 forcénés, il se rendit au viguier, des mains duquel il fut arraché par le peuple qui l'éventra. Ses entrailles furent traînées par les rues, et son cœur, coupé en morceaux, fut fixé au bout de bâtons et promené par la ville; puis après avoir assouvi leur rage sur son cadavre, les meurtriers le jetèrent dans les fossés de la ville, à l'endroit le plus infect. Auldol, arrêté en même temps que lui, fut livré au parlement, qui le fit brûler par arrêt du 5 fév. 1560.

Paul de Mouvans demanda à la justice vengeance du meurtre de son frère; mais il ne putrien obtenir de juges chez qui le fanatisme le plus féroce faisaittaire la voix de la nature même. Ce ne fut pas sans peine qu'il échappa lui-même aux poursuites des bons Catholiques; il fut obligé, pour mettre sa vie en sùreté, de s'entourer d'une troupe d'amis dévoués; quant à ses parents, ils restè

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rent exposés à toute sorte d'insultes.
Telle était la situation respective des
deux partis en Provence, lorsque le ca-
pitaine Chasteauneuf y arriva, chargé
de faire exécuter les résolutions prises à
Nantes (Voy. I, p. 269). Les députés des
soixante églises que l'on comptait alors
en Provence, s'assemblèrent à Mérin-
dol, et, d'une voix unanime, ils élurent
pour chef Paul de Mouvans, qui ac-
cepta avec joie l'honneur dangereux de
marcher à la tête de ses coreligionnai-
res. Outre l'intérêt général des églises,
n'avait-il pas à venger le meurtre de
son frère, dont le cadavre, après avoir
été salé et transporté dans les prisons
d'Aix, pendait encore au gibet? Dési-
rant par dessus tout donner une sépul-
ture honorable à ces restes mutilés, il
proposa au conseil qui lui avait été
adjoint, de se saisir d'Aix, où il avait
des intelligences. L'entreprise fut ap-
prouvée, mais elle échoua, malgré l'in-
croyable diligence que Mouvans dé-
ploya, par la lâcheté des habitants
protestants, qui saignèrent du nez,
comme dit La Popelinière, au moment
de l'exécution. Saisi d'épouvante, en
Songeant au danger qu'il venait de
courir, le parlement appela à son se-
cours le comte de Tende, gouverneur
de la Provence. Mouvans, n'ayant sous
ses ordres que deux mille hommes,
n'osa pas attendre le comte, qui com-
mandait des forces bien supérieures
aux siennes. Il se replia sur l'abbaye
de Saint-André près de Trévans, pil-
lant et dévastant les églises et les mo-
nastères, tout en respectant les biens
et les personnes des particuliers. « 11
régnoit, dit Papon, une discipline si
exacte parmi les soldats de Mauvans;
ils avoient pour lui tant d'amour et de
respect que, malgré leur avidité, il n'y
en eut aucun qui osât forcer les mai-
sons des habitans. » Le comte de Tende
le poursuivit; mais frappé de la bonne
contenance de Mouvans et de sa troupe,
et redoutant l'issue incertaine d'un en-
gagement, il préféra recourir aux né-
gociations. Une capitulation fut con-
clue portant que justice serait faite du

RIC

meurtre d'Antoine de Richiend; qu
Mouvans se retirerait sûrement et li-
brement avec tous ses compagnons, et
qu'il pourrait, sans être inquiété, faire
profession dans son logis de la religion
évangélique. Ce traité, bientôt ratifié
par le roi, fut religieusement observé
de part et d'autre. La Cour parut fort
satisfaite du rétablissement de la tran-
quillité; elle écrivit au comte de Tende
des lettres pleines des éloges de Mou-
vans; mais, en même temps, elle en-
vova au parlement des ordres secrets
enjoignant de le faire arrêter et de le
condamner au dernier supplice. Mou-
vans ne tarda pas à s'apercevoir qu'il
était environné d'embûches. Cédant
aux conseils de ses amis, il résolut de
s'expatrier pour quelque temps, et se
retira à Genève. Il n'y resta pas inac-
tif, s'il faut en croire Gaufridi. A la
tête de quelques réfugiés du Dauphiné
et de la Provence, il secourut les Vau-
dois de Pragelas contre le duc de Sa-
voie. Après la publication de l'édit de
Janvier, il rentra dans sa patrie: on
le voit, en effet, assister, avec les com-
tes de Tende et de Crussol, et le sei-
gneur de Sénas à l'enregistrement de
cet édit au parlement d'Aix.

Pendant son séjour à Genève, Mouvans avait été circonvenu par les émissaires des Guise, qui auraient vivement désiré de s'attacher un capitaine aussi brave et aussi habile; mais il avait noblement repoussé toutes leurs avances, en jurant que tant qu'il vivrait, il les combattrait comme ennemis. Il ne trabit pas son serment. Lorsque les Catholiques fanatiques prirent les armes pour s'opposer à l'exécution de l'édit, Mouvans fut chargé avec Sénas de les déloger de Barjols, qui fut enfin emporté d'assaut, le 6 mars 1562. Il servit ensuite sous Des Adrets dans le Dauphiné, d'où il amena 2,000 hommes au secours de Beaujeu (Voy ce nom), avec qui il défendit vaillamment Sisteron contre Sommerive. Découragé par l'héroïque résistance de cette petite ville, le chef catholique leva le siége et se retira pré

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