JEANNE D'ARC, PAR ANNA MARIE. Les hommes ne cesseront de la (JUDITH, ch. xIII, v. 26.) DEUXIÈME ÉDITION. TOME SECOND. PARIS. DEBÉCOURT, LIBRAIRE-ÉDITEUR, RUE DES SAINTS-PÈRES, 69. - JEANNE D'ARC. XX Au point du jour Dunois vint chercher Jeanne; il voulait la conduire au conseil, assemblé chez le sire de Gaucourt, afin de décider s'il était opportun de tenter une sortie le matin même. Jeanne était déjà prête à le suivre. La jeune fille n'avait point pris son armure dont le et poids fatiguait ses membres; elle portait le justaucorps de cuir souple que les chevaliers revêtaient toujours sous l'acier de leur cuirasse, pour en amortir la rudesse. Une tunique à larges plis serrés par le baudrier, le recouvrait; elle était d'écarlate, plus longue que celle que portaient les chevaliers, laissait voir seulement le bas de ses bottes éperonnées, finissant en pointe à la demi-poulaine, suivant la mode du temps. Elle avait ceint sa bonne épée; une toque en velours noir plissé, ornée d'un panache blanc, couvrait sa tête, et la chaîne d'or que Marie d'Anjou lui avait donnée, complétait son ajuste ment. Encore que Jeanne parût de petite taille sous ces habits de chevalier, elle avait un grand air, la mine fière, et le maintien calme et assuré. Dunois gardait le silence et paraissait préoccupé. -Jeanne, lui dit-il, pendant le chemin qui conduisait de la porte Regnard à l'hôtel du gouverneur, depuis notre départ de Blois, j'ai été bien injuste, follement incertain que j'étais entre l'avis de nos guerriers et celui que le ciel vous inspirait; me le pardonnez-vous? |