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2. DE MATTHIEU ELSEVIER, FILS AINE DE LOUIS Ier.

L'acte du premier mariage de Matthieu dit qu'il est d'Anvers, et c'est probablement vers 1564 qu'il est né dans cette ville. En 1580 il vint avec ses parents habiter Leyde et en 1591 il s'y marie avec Barbara Lopes, dont les parents, nés comme les siens à Louvain, s'étaient également établis à Leyde, où ils exerçaient l'état d'hozebreider (fabricants de chausses ou bonnetiers). Dans ce mème acte de mariage, il est déjà qualifié de libraire et l'on peut supposer que dès lors il assistait son père dans la gestion de ses affaires, car nous ne voyons nulle part que du vivant de celui-ci, il se soit établi pour son propre compte. En 1694, trois jours avant son père, il obtint le droit de bourgeoisie à Leyde sur le témoignage d'Honesto Lopes son beau-père, qui se constitue en même temps sa caution.

Mr Adry, sans doute sous l'influence des notions généalogiques trop brillantes que lui fournit Mr Jean Jacob Elsevier, se trompe en n'osant pas reconnaitre le fils ainé de Louis Ier dans le Matthias Elsevier que Scaliger recommande, par lettre du 6 des ides de septembre 1607, à Cornelius Vander Meyle, curateur de l'université de Leyde, pour la place vacante d'appariteur de cette académie nous savons cependant que c'est bien de lui qu'il s'agit dans cette lettre il fut nommé à cet emploi le 15 novembre de la même année, en remplacement d'Augustin Waerzegger, et prèta serment le lendemain.

Je suis moins étonné que le P. Adry, qu'alors Matthieu fut peu avantage des biens de la fortune, et que cette place dut le mettre en état de soutenir sa famille, comme le dit Scaliger je m'en suis expliqué dans mon introduction et tout ce que j'ai dit en outre dans la notice de Louis Ier, des premières années de

son établissement à Leyde, repose sur des faits que la lettre de Scaliger me semble confirmer dans toute leur étendue.

J'ai dit aussi que lors de l'incendie d'une partie des bâtiments de l'université, vers la fin de 1616, Matthieu fut démissionné de ses fonctions: mais il les recouvra l'année suivante, après la mort et en remplacement de son père; les conserva ensuite tant qu'il vécut et obtint même, en 1636, à cause de son grand âge, l'autorisation de se faire assister par Pierre Caron, son gendre.

Après la mort de Louis Ier, Matthieu et son frère Bonaventure s'associent pour exploiter la librairie de Leyde, Isaac imprimant pour eux. Cette association dura jusqu'en septembre 1622, et alors Matthieu en cèda sa part à son fils ainé Abraham, qu'il avait sans doute déjà initié aux affaires. Il existe un acte notarié de cette transaction, qui en fixe le prix à la somme de 11,217 florins, dont 4,217 payables comptant et 7,000 par termes annuels de 1,200 florins.

Indépendamment de ce fils ainé, nous avons vu son second fils Isaac établir la première imprimerie Elsevirienne à Leyde, vers la fin de 1616, et nous verrons bientôt Jacob, son troisième fils, exploiter la librairie de La Haye, op de Zaal. Il eut en outre deux filles, dont l'une épousa Pierre Caron.

Matthieu, après s'être retiré du commerce, se maria encore deux fois le 10 novembre 1624 avec Marie Van Ceulen, de Delft, et le 7 juillet 1626 avec Elisabeth De Smit ou De Smet, fille de Jean et veuve de Henry Direx, demeurant à Amsterdam. Cette dernière vécut jusqu'en 1639, et lui mourut à Leyde le 6 décembre 1640, àgé de plus de 75 ans.

S3. DE LOUIS ELSEVIER II, SECOND FILS DE LOUIS Ier.

Louis II est de tous les membres de la famille celui dont nous avons fait le plus récemment la connaissance : Mr Dodt van Flens

burg nous l'a indiqué le premier en 1841. Il cite entre autres une lettre du 5 mai 1601, dans laquelle le professeur Paul Merula mande à Maximilien de Hornes, Arci Heusdanæ Præfectus, que se trouvant à la Haye avec son collègue Fr. Junius, ils y rencontrèrent Louis Elsevier, le fils de leur appariteur, étalant des livres dans la salle du palais. Les termes de Merula sont : Incidi in filium Pedelli nostri, Ludovicum Elsevirium. Ses deux autres citations sont tout aussi positives, et l'existence de ce fils de Louis Ier nous est confirmée encore par l'ancien registre de recensement de Leyde, où il n'est nommé que le troisième ; mais il y a lieu de croire, d'après l'acte de son mariage qui le dit d'Anvers, qu'il est né avant Gilles, et il est en effet nommé le second dans le testament de son père ainsi que dans l'acte de partage de ses biens en 1618. Quant à la date de sa naissance, elle ne peut s'établir que sur des conjectures: si Matthieu, son ainé, est né, comme nous le croyons, vers 1564, et si, comme nous en dirons le motif dans la notice suivante, son frère Gilles a vu le jour à Wesel, nous devons supposer que Louis II naquit vers 1566, ou au plus tard en 1567, année pendant laquelle eut lieu dans nos provinces et notamment à Anvers, cette grande émigration dont parle l'histoire et qui précéda immédiatement l'arrivée du duc d'Albe.

Quoi qu'il en soit, Mr Rammelman qui n'a découvert l'acte de mariage de Louis II (il est du 13 juillet 1590) que postérieurement à l'impression de ses Uitkomsten, fait mention dans son livre d'un acte qui prouve, qu'en 1598, il remplit pendant trois mois les fonctions d'appariteur pour le collègue de son père; d'anciennes annotations conservées à la bibliothèque de Leyde indiquent que dès l'année suivante (1599), il était libraire à La Haye, et confirment qu'il y remplaça Gilles. Mr Dodt cite une résolution des États-Généraux du 29 avril 1610, qui accorde un privilége de 6 ans, à Loys Elsevier, libraire ici à La Haye,pour faire imprimer

et vendre certain petit livre en français et en flamand (in de Walsche en de Duytsche spraken), intitulé : la repentance de Jean Haren, et son retour en l'Eglise de Dieu, publiquement par lui recite en l'Eglise wallonne de Wesel.

Je dois faire observer que cette repentance de Jean Haren ne m'est connue que par le privilége que je viens de transcrire ; je l'ai vainement recherchée et ne la trouve citée nulle part, j'en ignore le format, le lieu d'impression, la date, ainsi que la signature: je ne puis donc en faire mention dans mon catalogue que comme d'un Elsevier douteux.

Mr Dodt cite encore, et le Bibliophile Belge (tome 1o, page 89) l'indique également comme livret rare et singulier, le petit Elsevier suivant : « Arrest donné, prononcé et exécuté contre Jean d'Oldenbarnevelt, naguères advocat d'Hollande et West-Frise; le 15° de may 1619, en la cour du chasteau, devant la grande « salle à la Haye. Traduit du flamen en françois. Jouxte la copie imprimée. A la Haye, chez Loys Elsevier, marchand libraire « à la Salle, A° 1619, avec privilége. On ne tient pour copies autentiques, celles qui ne sont imprimées chez le dit Loys Elsevier.» in-12 de 24 pp. Derrière le titre est le privilége des Etats qui accordent pour deux ans au seul Loys Elsevier la permission de faire imprimer et de débiter en françois la sen« tence d'Oldenbarnevelt. » Il est daté du 14 mai 1619.

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Louis II doit avoir obtenu de semblables priviléges pour les traductions françaises des arrêts prononcés en même temps contre Hugues De Groot (Hugo Grotius), Eg. Ledenberch et R. Hoogerbeets. Les livrets de ces arrêts avec la signature: La Haye, chez Loys Elsevier, 1619, existent ainsi que leurs originaux en flamand et leurs traductions en latin; mais les traductions françaises sont infiniment plus rares. C'est le libraire Hillebr. Jacobz qui obtint le privilége pour le texte original en flamand et Arent Meurs de la Haye, celui pour la traduction latine.

C'est à ces quatre pièces et à une lettre qui doit accompagner l'arrêt contre d'Oldenbarnevelt, que se bornent les productions typographiques qui portent le nom de Louis Elsevier avec l'indication de La Haye.

Une lettre du 4 juin 1620, écrite à Meursius et citée par Mr Rammelman, constate que Louis II vivait encore à cette date : mais comme les registres de Leyde indiquent que Jacob est allé s'établir comme libraire à La Haye, op de Zaal, au mois d'octobre 1621, on suppose avec raison qu'il est décédé vers cette époque.

Nous savons qu'après sa mort la succursale op de Zaal fut acquise par Bonaventure, son frère, à qui il devait 800 florins pour livres, et que Bonaventure l'a immédiatement cédée à son neveu Jacob, frère de son associé. Il nous conste aussi par un testament fait par Bonaventure en 1624, que Louis II a laissé une fille nommée Marguerite, et nous savons enfin qu'en 1662, cette Marguerite habitait encore La Haye, étant veuve d'un nommé Jacob Van Egum.

S4. DE GILLES (EGIDE) ELSEVIER, 5 FILS DE LOUIS Ier.

Nous ne connaissons pas non plus l'année précise de la naissance de Gilles; toutefois on peut la fixer entre 1568 et 1574. Nous l'avions cru le second fils de Louis Ier, parce que l'ancien registre de recensement de la ville de Leyde le nommait après Matthieu et que cela s'accordait avec les renseignements de Mr Adry mais depuis la récente découverte de l'acte de mariage de Louis II, nous ne pouvons plus le considérer que comme le troisième. Les actes de ses deux mariages le disent natif de Wesel, et nous admettons d'autant mieux qu'il ait pu naitre en cette ville, qu'elle servait alors de refuge à un grand nombre de Flamands et de Wallons qui avaient embrassé la réforme. Je ne m'écarte peut-être pas tout à fait de mon sujet en faisant remarquer qu'à

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