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remarque que de ces 13 articles, 6 sont repris dans le catalogue officina! de Daniel de 1675, et 4 seulement dans celui de 1681 (1).

A ce sujet, Mr Hoffmann me donne la clef d'une particularité que maintes fois j'avais remarquée sans pouvoir l'expliquer, et que Mr Motteley paraît avoir ignorée : je veux dire celle de l'astérisque qui se trouve à côté d'un très grand nombre d'articles du petit catalogue officinal de 1681, dont la bibliothèque de la ville de Hambourg possède aussi un exemplaire original, lequel porte sur le titre, entre la vignette Elsevirienne et la souscription, cette observation manuscrite-ci Qui asterisco notati sunt, vendentur cum jure copiæ et privilegio.

D'après l'ancienne jurisprudence hollandaise, le jus copiæ, qui se traduit par Regt van copiëren door den druk, est le droit de propriété à un ouvrage, quand ce droit est acquis par une voie légale et avec faculté, en ce cas, de transmission par hérédité ou par cession. Des lois postérieures ont limité ce droit à 20 ans après la mort de l'auteur de l'ouvrage, lequel ouvrage rentre alors dans le domaine public. Il différait du privilége, en ce que celui-ci n'était qu'un droit limité, ordinairement à 5, 10, 15 ou 20 ans et rarement à plus. Cette observation n'est donc qu'une condition de vente, avantageuse aux acquéreurs des éditions ainsi marquées; mais elle ne fournit aucun indice pour reconnaitre si ces éditions sortent des presses de Daniel ou si elles ont été imprimées ailleurs, soit pour son compte seul, soit en participation avec les imprimeurs ou avec d'autres.

Depuis, je me suis procuré encore, indépendamment du catalogue spécimen du matériel de l'imprimerie d'Abraham II, vendu en 1715, deux autres catalogues officinaux de l'imprimerie Elsevi

(1) Une copie fac-simile de ce catalogue officinal de 1649 a été communiquée depuis à la rédaction du Serapeum, qui l'a fait insérer dans le No 9, du 15 mai 1854, et en 1853 il a été réimprimé à Paris à cent exemplaires, dans le format Elsevirien, petit in-12, par les soins du bibliophile, Mr Jules Chenu.

rienne de Leyde; l'un, in-4o, de 4 ff. à 2 colonnes, avec la date de 1644, et l'autre, pet. in-12 de 54 pp. avec celle de 1660. Je me réfère pour l'importance de tous les trois à la description que j'en fais plus loin, sous les No 4, 11 et 21.

De ces 21 catalogues il y en a 13 qui sont officinaux et de ceux-ci le plus remarquable au premier abord est celui de 1675, non-seulement parce qu'il fait connaitre le prix primitif de chaque ouvrage en feuilles, que celui de 1644 indique également mais parce qu'il indique, en outre, le nombre de feuilles dont il est composé, la qualité nominative du papier, le nom du caractère employé à son impression, s'il a un titre gravé et s'il est orné de portraits ou de planches. En voici du reste la description:

Il est d'un format in-12, plus grand que ceux de 1678 et 1681 (43 lignes à la page, au lieu de 59), et dans la plupart des exemplaires le titre seul est de format in-8°, ce qui se reconnait aux pontuseaux qui sont dans un autre sens que le reste du volume cela provient d'une faute, de l'omission du mot aut dans le titre primitif, faute qui se trouve corrigée dans le nouveau titre in-8°; y compris ce titre qui dans mon exemplaire est in-12 et sans le mot aut, le volume se compose de 18 ff. avec les signatures A2-B1. Les comédies de Molière et d'autres comédies occupent la dernière page; au-dessous des premières comédies se trouve imprimé que toutes ces pièces sont dans les œuvres de Molière et qu'elles se vendent séparément : puis on a ajouté à la main que leur prix est de 6 sols de Hollande (environ 60 centimes) chacune.

Le catalogue est rédigé par ordre alphabétique et les titres des ouvrages y sont énoncés aussi brièvement et sans lieux ni dates, comme dans ceux de 1678 et 1681; les ouvrages latins, grecs et orientaux, au nombre de 467, en caractères romains; les ouvrages français, italiens et flamands, au nombre de 94, en caractères italiques, et les livres allemands, au nombre de 16 en caractères allemands; ce qui fait un total de 577 articles.

L'indication du format vient immédiatement après; elle est également exprimée par de simples chiffres.

Les renseignements qui suivent sont en flamand et particuliers à ce seul catalogue. Ils consistent :

1o Dans l'indication de la qualité du papier, pour 51 articles, exprimée par les mots mediaen, gr. médiaen, schild, postruyter, post-real, frans-real, veluws-real et imperiael.

2o Dans l'indication du caractère employé pour 405 articles, exprimée par les mots Garmont, mediaen, descendiaen, brevier, augustyn, joly, text, bourgeois, paragon, kleyn letter, nompareil, et la plupart de ces mots sont subdivisés en outre en groot, klein ou fyn.

5o Dans l'indication de titres gravés, portraits, planches ou cartes, pour 156 articles, exprimée par les mots : kopere titel, effigie, kopere platen, houte figuren ou kaerten.

Et 4o Dans l'indication du nombre de feuilles, employé pour l'impression de 457 articles, exprimée en chiffres, avec la subdivision d'une demi-feuille quand il y a lieu, et suivie du mot abrégé bl. ou blad. Après ce mot vient dans la plupart des articles le prix par feuille, exprimé en sols et penninckx de Hollande.

Le total de ce calcul, à tant la feuille, se trouve ensuite indiqué en florins et sols dans une première colonne ad hoc, pour 496 articles; tandis qu'une seconde colonne, intitulée Netto, indique le prix de 59 autres articles, dont le prix par feuille ne se trouve pas indiqué, quoique le nombre des feuilles le soit quelquefois. Enfin, il y a 22 articles, dont il n'est indiqué aucun prix.

Si l'on voulait maintenant faire quelques conjectures sur ces différentes manières d'indication, ou leur assigner une règle fixe, je dirais qu'à défaut de base ce serait chose impossible.

Des articles sans autres indications que le titre et le format, proviennent cependant des presses Elseviriennes et ne sont pas cotés; par exemple: Les Mémoires de Commines, in-12, et les

Buchanani poemata, in-24; d'autres, tels que le Jardinier françois et les Délices de la Campagne, imprimés par Jean Blaeu, sont cotés à 1 s. 3 penn. par feuille et à 1 s. par planche, de la même manière que le Pastissier françois, qui certainement est imprimé par Louis et Daniel; le Corpus Juris, in-folio, imprimé par les mêmes, est coté dans la colonne Netto, sans autre indication que son format et son prix net, de la même manière que le Corpus Juris, in-8°, imprimé par Jean Blaeu. Les Monumenta Paderbornensia sont également cotés Netto, et l'on sait cependant que c'est aux frais de l'évêque Furstenberg que Daniel les a imprimés. Ce prix net s'explique toutefois, ainsi que pour les Nouveaux Testaments de Mons; mais il s'en faut que ce soit par une règle fixe, applicable à tous les articles cotés de mème ou qui se trouvent dans le même cas.

On le voit, toutes ces indications, en apparence si importantes, sont purement arbitraires, et ne fournissent aucun moyen de plus que les autres catalogues officinaux de ces célèbres imprimeurs, de distinguer leurs livres de ceux de quelques uns de leurs confrères c'est donc à des catalogues plus modernes, à de grandes bibliothèques publiques qu'il faut recourir pour reconnaitre les éditions imprimées par les Elsevier et en donner les titres. C'est ainsi, je pense, que le savant bibliothécaire de l'Oratoire est parvenu à former un catalogue, jusqu'à présent le plus complet, de tout ce qu'ils ont publié pendant plus d'un siècle et j'avoue franchement que sans le secours de son manuscrit, je n'eusse certes pas essayé de remplir une lacune bibliographique aussi difficile.

S. 5.

ANALYSE DU MANUSCRIT DE M ADRY.

DU PARTI QUI EN EST TIRÉ DANS CES ANNALES.

:

L'ouvrage de Mr Adry porte pour titre « Catalogue raisonné « des petits Elseviers, avec une simple nomenclature des éditions « en grand format par ordre chronologique, précédé d'une pré« face dans laquelle on fait connaître ces imprimeurs et le mérite « de leurs éditions; suivi de trois tables, l'une alphabétique des << auteurs et des matières, la seconde des républiques, la troisième « des Elseviers déguisés ou des éditions que ces imprimeurs ont « données sans y mettre leur nom. Paris, 1801. » Quand en 1843 j'ai, d'après le Catalogue Sensier, donné ce titre dans mon Analyse, j'ai ajouté « que, dans mon opinion, personne n'était plus à même « que le possesseur actuel de ce manuscrit, d'entreprendre la tache de publier les Annales de l'Imprimerie des Elsevier, sur « le plan suivi par Mr Renouard pour celles si estimées des Alde « et des Estienne. » C'est en effet cette possession, sur laquelle je ne comptais pas alors, qui me détermine aujourd'hui à cette entreprise; et comme je n'entends pas me parer des plumes d'autrui, je vais, dans une analyse précise du travail de ce savant bibliographe, tâcher d'en faire ressortir non-seulement le mérite, mais en même temps l'important parti que j'en ai tiré pour achever le mien. Payé plus de 400 francs dans sa vente, par l'excellent relieur

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