Page images
PDF
EPUB

INTRODUCTION.

Lorsqu'en 1843, je fis imprimer pour quelques Bibliophiles et amateurs d'éditions Elseviriennes une Analyse des Matériaux les plus utiles pour de futures Annales de l'imprimerie des ELSEVIER, mon but était de provoquer, principalement en Hollande, de nouvelles recherches sur ces célèbres imprimeurs; il me paraissait par les documents dont je rendais compte, qu'un grand nombre de renseignements nous manquaient encore. Quelques années plus tard, quand il m'a semblé que par de récentes publications ce but était complétement atteint pour leur biographie, j'ai essayé à l'aide des matériaux que j'avais passés en revue ou acquis depuis, de faire connaitre avec la même exactitude, ce que feu Mr Motteley, un de nos plus judicieux appréciateurs d'Elseviers, a nommé leur typographie matérielle.

Je savais d'avance que c'était une entreprise au-dessus de mes forces, hérissée de difficultés; et n'ayant pas la prétention d'étendre mon travail au delà d'un premier jet, nécessairement défectueux, j'avais compté laisser à une plume plus exercée que la mienne, la tâche de lui donner toute la perfection dont il était susceptible. Mais longtemps avant que sa publication fut achevée, de nouvelles descriptions d'éditions omises, des rectifications ou des compléments à ajouter à des éditions déjà citées, m'ont été communiqués de toutes parts et en si grand nombre, que c'eut été manquer en quelque sorte à mes honorables et savants correspondants que de ne pas intercaler moi-même leurs renseignements dans une nouvelle édition des Annales Elseviriennes, et je saisis avec plaisir cette occasion de témoigner ici à MM. Jules Chenu et Victor Tilliard, de Paris; G. Brunet, de Bordeaux; au docteur F. L. Hoffmann, de Hambourg; au bibliothécaire Emile Steiner, de Winterthur, et au comte G. de Nedonchel, de Tournay, la plus vive reconnaissance de m'avoir prêté aide avec tant d'empressement et d'obligeance.

Indépendamment de cet important surcroit de recherches, j'ai de mon côté tâché d'introduire dans mon premier travail quelques améliorations dont je pense que les amateurs me sauront gré : outre la fusion des anciens suppléments dans leurs catalogues respectifs, j'ai diminué le nombre de ceux-ci sans rien changer à l'ordre chronologique que je m'étais prescrit; chaque catalogue n'a plus qu'une seule série de numéros et pour mettre les bibliophiles à même de fixer facilement leur choix, j'ai décrit en note de la première édition de chaque ouvrage toutes les particularités, concernant les éditions subséquentes de même format, pour autant qu'elles appartenaient aux presses Elseviriennes de la même ville.

Du reste cette nouvelle édition se divise comme la précédente en trois parties ou périodes :

La première est consacrée aux premiers Elsevier et aux commencements de leur officine à Leyde, depuis l'établissement de Louis Ier en cette ville, en 1580, jusqu'aux 1res impressions de Bonaventure et Abraham, en 1626.

La seconde comprend la suite de l'imprimerie Elsevirienne de Leyde, depuis 1626, jusqu'à la mort d'Abraham II, en 1712.

Et la troisième est consacrée à l'imprimerie Elsevirienne d'Amsterdam, depuis Louis III qui s'y établit vers 1638, jusqu'à la mort de Daniel et la vente de son fonds, en 1681. Elle comprend aussi l'établissement de Pierre Elsevier à Utrecht, de 1668 à 1675. Chaque partie a ses notices biographiques et ses catalogues séparés.

J'indique ensuite les faux Elseviers; c'est-à-dire les éditions qui portent leurs noms sans qu'ils les aient imprimées ou éditées, et une Table méthodique, en forme de catalogue, de toutes leurs impressions en petit format, complète les Annales.

Je termine mon travail par un Appendice dont le préambule explique le contenu et les limites. Je me flatte que les amateurs y trouveront un ample choix d'éditions, exclusivement in-12, qu'on peut annexer aux Elseviers véritables. Enfin des Tables alphabétiques des noms des auteurs et des titres des ouvrages anonymes, cités dans les Annales ainsi que dans l'Appendice, se trouvent à la fin du volume.

Je divise également cette introduction; je traite dans un premier paragraphe de la famille Elsevier et puis séparément de sa typographie; je fais ensuite une analyse minutieuse du manuscrit du Père Adry, que j'ai acquis à Paris à la dernière vente de feu Monsieur Jérôme Bignon, en 1848, et je la termine par un Tableau généalogique des quatorze Elsevier qui ont été libraires ou imprimeurs, et par la description de vingt-et-un catalogues qu'ils ont publiés de leurs librairies ou de leurs officines.

S. I.

DE LA FAMILLE ELSEVIER.

L'Histoire des productions sorties des presses des Elsevier serait incomplète, si elle n'était accompagnée d'une histoire au moins sommaire de la famille de ces célèbres imprimeurs. Je tâcherai de l'esquisser avec toutes ses circonstances bibliographiques dans les notices particulières que je joindrai aux catalogues des livres qu'ils ont imprimés ou fait imprimer avec leur nom mais avant cela il est nécessaire de résumer les importantes découvertes généalogiques de ces dernières années, découvertes qui ont fixé avec certitude la filiation, la naissance et le décès des membres de la famille, qui, libraires ou imprimeurs, ont pendant 129 années consécutives si bien mérité des Lettres.

Je me hâte de dire que ces nouveaux renseignements sont dus en premier lieu à Mr J. J. Dodt van Flensburg, attaché à la bibliothèque d'Utrecht; ensuite aux persévérantes recherches de Mr W. J. C. Rammelman-Elsevier, descendant direct de Louis Ier; et qu'ils modifient singulièrement les tableaux que j'avais joints, en 1843, à mon premier travail : cependant, deux puissants motifs devaient me garantir leur exactitude; l'un, parce qu'ils avaient été copiés en Hollande sur une généalogie produite à l'appui de la requête, présentée en 1829, par un descendant qui sollicitait son admission dans la noblesse; et l'autre, parce que cette copie concordait avec l'arbre généalogique communiqué à Mr Adry par Mr Jean Jacob Elsevier, ancien bourgmestre de

Rotterdam. Ces deux généalogies d'ailleurs se complétaient l'une par l'autre, leurs rédacteurs ayant respectivement négligé plusieurs détails concernant la branche à laquelle ils n'appartenaient

pas.

Ce n'est qu'après l'impression de mon Analyse que j'ai eu connaissance de l'article de Mr Dodt, publié, en 1841, dans le tome VII du (1) Tydschrift voor geschiedenis, oudheden en statistiek van Utrecht, ayant pour titre (2): Over de Elzevier's Lodewyk den vader en Lodewyk den zoon, en Joost Elzevier, boekverkooper te Utrecht omstreeks 1600, et dans lequel, avant tout autre, il a non-seulement révélé l'existence d'un Louis Elsevier II, deuxième fils de Louis Ier, que, sans doute à cause du même prénom, on avait confondu jusques là avec son père; mais où il a prouvé en outre que ce second Louis avait été libraire à La Haye, op de Zael; et que Joost Elsevier, son frère, que l'on ne supposait pas avoir suivi la même carrière, le fut à Utrecht de 1603 à 1607.

Cette intéressante découverte a définitivement fixé à quatorze le nombre des Elsevier qui ont exercé, soit le commerce de la librairie seulement, soit la profession d'imprimeur, jointe à celle de libraire. Baillet n'en avait connu que quatre, Maittaire sept, Mr Adry douze.

C'est encore Mr Dodt qui, dans ce même article, a indiqué les Drusii Ebraicarum quæstionum ac responsionum libri duo, datés de 1583, comme le plus ancien livre connu avec le nom de Louis Ir. Jusques là on n'en connaissait pas d'antérieur à l'Eutropius de 1592, et c'est peut-être à l'empressement que j'ai mis à transmettre ces nouveaux renseignements à M. Brunet, qu'est dù leur insertion dans le 5 vol., p. 799, de son Manuel

(1) C'est-à-dire : Chronique pour l'histoire, les antiquités et la statistique (de la province) d'Utrecht.

(2) Sur les Elsevier, Louis le père et Louis le fils, et sur Josse Elsevier, libraire å Utrecht vers 1600.

« PreviousContinue »