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à ceux qu'avait donnés le baron. Si l'on peut reprocher à l'un et à l'autre de n'avoir pas toujours mis dans leurs discussions et leurs jugemens toute la critique qu'on est en droit de désirer et d'exiger, il est juste cependant de leur savoir gré du service qu'ils ont rendu à la glyptique en faisant connaître, d'une manière satisfaisante, ses plus belles productions. Il est peu de noms de sculpteurs, de peintres, d'architectes, de graveurs anciens, que l'on ne trouve dans les Mémoires de Bracci. Et quoiqu'il en admette un assez bon nombre qui depuis ont été reconnus pour supposés, cependant il y en a beaucoup qu'il ne donne que comme très-suspects, en ayant soin d'indiquer les écrivains modernes où ils se trouvent cités, ce qui peut servir à déterminer le degré de confiance qu'on doit leur accorder. Bracci a inscrit dans ses listes plus d'artistes qu'il n'aurait peut-être dû, mais il n'y a guère à lui reprocher d'avoir omis aucun de ceux qui étaient alors connus ou comme authentiques, ou sous des titres faux ou douteux. Tout en le consultant avec précaution, l'on doit reconnaître que son travail, résultat d'une grande érudition, a servi de guide et de répertoire, et que, de même que dans une belle forêt où l'on perce des routes, il y a eu plus à élaguer qu'à ajouter.

MALBOROUGH (Pierres gravées du duc DE), en latin et en français. 2 vol. in-fol., sans indication d'année ni d'éditeur (De Murr, p. 146, indique l'an 1784). 50 planches dessinées par G.-B. Cipriani, gravées au pointillé par Fr. Bartolozzi, de qui sont aussi plusieurs des planches de Bracci. La gravure est assez bonne, mais il y a de la mollesse et il y manque le caractère antique. En relevant ce que l'on trouve dans Raspe, on voit que la Collection de pierres gravées du duc de Malborough s'est formée ou accrue de celles du Cte, d'Arundel, de lady Betty Germaine, du nonce Molenari; mais ces cabinets n'ont fourni que pen de pierres, de même que celui du chever. Odam de Derring, tandis que la Collection de lord Besborough a ajouté 29 belles pierres à celle du duc de Malborough, qui, en réunissant toutes ses acquisitions, devait en 1791 posséder 110 pierres citées par Raspe, et qui depuis a dû augmenter de nombre. On ignore en Angleterre où se trouve actuellement cette précieuse collection, ou si on le sait on ne la montre pas. Il n'en est pas question à Blenheim, où je l'ai demandée inutilement ainsi qu'à Londres, et elle est comme perdue pour la science, les arts et pour les amateurs.

SPILSBURY. A Collection of 50 prints, etc., of the Collections of the right honourable Cte. Percy, C.-F. Greville et T.-M. Slade, Par John Spilsbury. Londres, 1785, in-40. Jusqu'à la planche X inclusivement, il n'y a pas de pagination. Petitement gravé, sans caractère; espèce de manière noire mêlée de traits, dans le genre de celles de Wordlige, p. xxx.

ს.

RAPONI. Recueil de pierres antiques gravées, etc., etc. Par l'abbé Ignace-Marie Raponi. Rome, 1786, gr. in-fol., 88 pl. Les planches, imprimées en rouge, sont très-mal dessinées et sans aucun caractère. Les noms des graveurs anciens n'y ont pas été mis. On en trouve quelques-uns dans le texte, dont les articles sont courts et écrits simplement, mais où il n'a été gardé ni ordre ni méthode.

ECKHEL. Choix des Pier es gravées du Cabinet impérial des Antiques, présentées en 40 pl., décrites et expliquées par M. l'abbé ECKHEL, etc. in-fol. Vienne, en Autriche, etc., 1788. Bel ouvrage, dont le texte est rempli de l'intérêt, de l'érudition et du goût qu'on pouvait attendre d'un savant aussi profond qu'Eckhel. En 1772, il avait mis en ordre le cabinet de la galerie de Florence, et depuis il devint, pour ainsi dire, le législateur de la numismatique. Les planches de son livre sont en général assez sèchement gravées et sans style. Plusieurs pierres de la plus forte dimension sont rendues de la même grandeur; les autres sont grandies; les mesures sont indiquées. La plupart sont des camées, dont quelques-uns d'une beauté du premier ordre. Ces 40 planches contiennent 42 pierres. Il n'y a que les noms d'Aspasius, ACITACIOY, pl. 18', et de Philemon, IAHMONOC, pl. 32. Les dessins sont de Kibler. Parmi les planches celles de Kohl rendent le mieux le carac tère des originaux.

JOUBERT. Tableaux, Statues, Bas-Reliefs et Camées de la Galerie de Florence et du Palais Piti, dessinés par Vicar et gravés sous la direction d'abord de La Combe, peintre, et ensuite de Masquelier, graveur, avec les explications de Mongez. 1789-1807. Ce bel ouvrage est le premier où l'on ait déployé autant de luxe de gravure. Son apparition produisit un grand effet. Une foule de nos meilleurs graveurs y développèrent leurs talens et il leur servit à fonder leur réputation. Les frais immenses de cette vaste entreprise, toute dans l'intérêt des arts, furent faits par la générosité et le goût éclairé de M. de Joubert, trésorier des états de Languedoc. Il avait fait élever Vicar, et lui fournit, pendant plusieurs années, les moyens de vivre honorablement et de travailler à Florence. Enfin il pourvut à toutes les dépenses de cet ouvrage monumental, qui, continué avec le même zèle par la famille de M. de Joubert, devait un jour compléter son honorable ruine. Outre les tableaux et les statues, ce superbe recueil contient 284 pierres gravées de la galerie du grand-duc. Il ne s'y trouve que 4 noms de graveurs sur pierres: NAMPHERUS, PEIGмo ou PIGMON, BEISITĂLUS et ALLION. Les pierres, rendues par la gravure avec pureté et finesse, sont en général bien dessinées, et peut-être même trop bien et d'un style trop uniforme et un peu sec. On y retrouve trop souvent le caractère de dessin et la main correcte de Vicar, au lieu de la variété de styles et des négligences fréquentes que présentent les

pierres antiques. Il est parfois aussi à regretter que le savant académicien, interprète de ces précieux monumens, ait omis des noms de graveurs, et n'ait pas donné à ses explications un peu plus d'étendue il nous a par là privés des observations et des lumières qu'eussent pu y répandre, avec beaucoup d'intérêt, son goût, ses connaissances mythologiques et sa vaste érudition en archéologie.

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RASPE. Catalogue des empreintes des Pierres gravées, prises par J. Tassie et expliquées par Raspe. En angl. et en franç. Lond., 1791, 2 v. gr. in-4o. Après la mort de Stosch, en 1757, Tassie, bon graveur anglais, acquit presque toute l'immense collection d'em-preintes en soufre de ce célèbre amateur, les surmoula et en fit des pâtes de verre. Son vaste recueil, qui contient une liste de 15,833 pierres gravées antiques et modernes, est un répertoire très-utile; et au moyen des Tables, il est disposé de manière à ce que l'on y trouve facilement ce que l'on cherche, et les jugemens sont, en général, assez sains. Ce serait cependant un ouvrage à refondre et à refaire en y ajoutant la foule de belles pierres découvertes depuis Raspe. Il serait indispensable de changer en bon français son jargon barbare et souvent inintelligible, et de faire disparaître une grande quantité de locutions obscènes. On aurait à revoir toutes les citations, surtout les grecques dont les noms sont misérablement estropiés. Les planches, d'un dessin et d'une exécution détestables, ne donnent, pour ainsi dire, aucune idée des pierres. Elles seraient toutes à regraver, simplement au trait, d'après les pierres originales ou des empreintes bien venues, et plus nettes que celles de Tassie, dont les moules, très-usés, ont perdu de leurs finesses. Les noms des graveurs y sont pour la plupart devenus illisibles, et cependant ces pâtes se vendent extrêmement cher à Londres. Il serait inutile de réunir, dans le texte du nouveau catalogue, l'anglais et le français, et l'on pourrait, pour plus de commodité, faire deux éditions, l'une française, l'autre anglaise. On doit, au reste, savoir gré à Raspe de sa bienveillante intention, car, bien qu'Allemand, il avait commencé par écrire en français son ouvrage, dont la traduction, selon lui-même, a été assez mal faite, et on lui rendrait un double service en retravaillant ses deux textes. Ce serait aussi en rendre un aux amateurs de pierres gravées, car cet ouvrage n'est pas commun et il est assez cher en Angleterre.

J.-J. OBERLIN. Sa Liste de quelques Graveurs anciens, insérée dans le Magasin encyclopédique de Millin, 2de, année, v. 3, p. 365, 1796, n'est qu'un extrait ou une répétition de celle d'Amaduzzi dans les Mem. de l'Acad. de Cortone; il n'y a fait que de trèsrares additions et elles sont de peu d'importance.

SCHLICHTEGROLL. Choix des principales Pierres gravées, etc., du Bon. de Stosch, qui se trouvent actuellement dans la collection

du roi de Prusse; par Fréd. Schlichtegroll, publié par Frauenholz. Nüremberg, 1798. Ce bel ouvrage in-fol., et dont il n'a paru qu'un vol., contient 48 planches, dessinées et gravées avec le plus grand soin par les artistes les plus habiles de l'Allemagne, parmi lesquels, pour le dessin, on peut citer Casanova, Nahl, Becker, Preissler, et pour la gravure J.-J. Glauber, qui avait été graveur de Louis XVI, de même que Müller, Guttenberg, Schlotterbeck. Ces gravures, fort belles et très-finies, manquent peut-être quelquefois de caractère, ce qui vient sans doute de ce que les têtes et les sujets de ces pierres gravées, fort grandis, ont été reproduits sur une trop forte échelle, et qu'il est devenu plus difficile d'y conserver le style antique. Cependant, c'est un des plus beaux ouvrages de ce genre, et le texte est traité avec soin.

MILLIN. Dictionnaire des Beaux-Arts, etc., 1806, art. GLYPTIQUE, et Introduction à l'étude des Pierres gravées, 1796, 3me, édit. 1827. Il y donne les noms de 70 graveurs anciens, et sur la glyptique quelques détails assez incomplets, de même que ce qu'il rapporte sur la manière de faire les empreintes. Ces deux ouvrages, que l'on consultera avec fruit, sont, à peu de chose près, de doubles emplois des mêmes articles. Millin, aux travaux et aux recherches duquel la science de l'archéologie a de très-grandes obligations, a aussi publié un nombre assez considerable de pierres gravées inédites, et entre autres en 1817 un recueil in-80.

VIVENZIO. Gemme antiche per la piu parte inedite. Roma, 1807, in-40. 32 planches, dont une pour une mosaïque. Le nom du propriétaire de ces pierres et de l'auteur de cet ouvrage n'est pas sur le tire, mais on sait qu'il est de M, Vivenzio, amateur napolitain bien connu par son goût éclairé pour l'antiquité, et par sa belle collection de vases de Nola, qui a passé dans le Musée Bourbon à Naples. Les pierres qu'il a publiées ne sont qu'au nombre de 30 et une belle pâte antique : il y a 3 camées, sujets; 23 intailles, sujets; 4 têtes intailles. D'après les planches au trait de Spinelli, la plupart de ces pierres paraissent belles et curieuses. Les explications, agréables et instructives, mais parfois un peu longues et un peu hazardées, offrent une lecture intéressante.

M. RAOUL-ROCHETTE. Il y a de bonnes choses et des documens utiles sur les artistes anciens à tirer de la Lettre, en trois sections, que ce savant a adressée en 1832 à M. Schorn, et déjà insérée dans le Bulletin universel des Sciences du Bon, de Férussac, aux mois de juin, juillet, août et septembre, 1831, sect, VIIIe, On peut aussi consulter, mais avec précaution, la lettre de ce spirituel archéologue à M. le duc de Luynes sur les graveurs monétaires grees. Mais on aurait recours avec plus de plaisir et de confiance à ces renseignemens, précieux résultats d'une érudition

littéraire très-étendue, si l'on y trouvait plus de vrai sentiment des arts du dessin, des recherches plus exactes, et si la critique, plus juste, y rendait ses arrêts avec plus d'indulgence et d'aménité.

M. DUBOIS, dessinateur du Musée égyptien du Louvre, et qui, à la connaissance des monumens antiques acquise dans de longs voyages et dans les cabinets, et par la lecture des auteurs, unit le talent du dessin, si rare chez les antiquaires et qui leur serait si utile, m'a confié, sur les pierres gravées antiques et sur les noms qu'elles portent, des notes manuscrites qui m'ont fourni des renseignemens précieux, surtout sur les collections où se trouvent aujourd'hui des pierres gravées qui ont plusieurs fois changé de possesseurs. Je me plais à remercier ici M. Dubois de sa complaisance, qui m'a servi à donner plus d'intérêt et d'utilité à mon travail.

L'art de tailler les pierres fines, de les graver et de leur donner du brillant, remonte à la plus haute antiquité en Orient. Des scarabées en cornaline, en jaspe, du temps de Thouthmosis III, datent en Égypte du XVIIIe siècle avant notre ère. Le rational du grand-prêtre Aaron, décrit dans l'Exode et d'autres livres de la Bible, était orné de pierres fines où étaient gravés les noms des douze tribus. Il est question de cachets et de pierres précieuses même dans Job, qui paraît fort antérieur à Moïse. Toutes ces époques précèdent de plusieurs siècles celles où les arts commencèrent à poindre en Grèce, et de plus de 1000 ans le temps où les pierres gravées en bagues ou en cachets y furent en vogue, ce qui, selon Lessing (Antiq. Briefe, p. 166), ne daterait que de la guerre du Péloponèse, car il n'est pas hors de doute que la célèbre bague de Polycrate de Samos fut ou une émeraude ou une autre pierre gravée. Quant aux cachets ou aux sceaux des premiers temps, en Grèce, il paraît assez probable qu'on se servit d'abord de morceaux de bois rongés par les vers et nommés par les Grecs thripobrotes et thripédestes (thrips, ver qui mouline ou ronge le bois), et qui devait offrir une immense variété d'espèces de dessins ou de vermiculatures. Des scarabées égyptiens en terre émaillée, et dont la gravure est vermiculée, pourraient rappeler ces cachets primitifs. La forme exacte et les détails délicats de beaucoup de scarabées d'une haute antiquité, en pierres dures, montre à quel degré on avait déjà porté l'art et l'adresse de les travailler, et, pour ainsi dire, de les modeler.

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