Page images
PDF
EPUB

finesse des lettres gravées furent considérées comme des caractères distinctifs de leurs ouvrages; mais nous verrons que ce principe exclusif a dû cependant être modifié, et que les graveurs des temps modernes sont arrivés à un degré de délicatesse qui ne le cède guère à celle des anciens. Aussi, quand un de ces habiles graveurs a mis tous ses soins à tromper, est-il très-difficile, si ce n'est impossible, de découvrir la fraude, si, pour la faire reconnaître, il n'y a pas d'autre indice que la gravure des noms.

Les points dont il vient d'être parlé donnent aux lettres un aspect particulier. Jusqu'à présent les ouvrages qui traitent de pierres gravées ne les indiquent que sur les planches, et ils ne sont pas figurés dans le texte qui en donne l'explication. Il était bon de faire paraître les noms des graveurs avec ces caractères; mais ces lettres ponctuées n'existent pas dans notre typographie. L'Imprimerie Royale de Paris, si riche d'ailleurs en caractères étrangers, ne les possède même pas. Quant aux lettres archaïques ou en ancien grec, on ne les trouve pour la première fois en types mobiles que dans le précieux recueil (Corpus Inscriptionum græcarum, etc.) du savant M. Bockh. Si par hasard on rencontre ailleurs quelquesunes de ces lettres archaïques en caractères mobiles, elles sont ou mal faites ou fautives. J'ai fait graver avec soin les poinçons des lettres ponctuées par M. LÉGER, dont le talent jouit depuis long-temps d'une réputation méritée. Les autres poinçons ont été confiés au burin de M. Adolphe MAYER, élève de M. Félix PERRY. J'ai suivi la même marche pour les lettres archaïques de vases peints trèsanciens, tels que ceux de Vulci ou de Corneto; j'en ai fait graver les poinçons et frapper les matrices, ainsi que ceux de plusieurs signes conventionnels qui me servent comme abréviations, et pour renfermer beaucoup de choses en peu d'espace. J'y ai encore joint un alphabet de capitales grecques de la forme qu'elles ont ordinairement sur les inscriptions. On me saura peut-être quelque gré de ce soin, et du petit Specimen suivant qui présente la réunion des cent soixante-seize lettres et signes que j'ai fait graver, et qui, pour la plupart, sont une nouvelle acquisition pour la typographie et l'archéologie.

a.

АВГДЕЄННӨТККЛ

MMNEOMPECC

TTYO 1.X NiW

АВГДЕ Є Z H I кклим N Е ДОПРЕ
CCTT Y § § ☀ ¦ ·↓· X 4 4 2 W

ЛАГ 1 ЕЕ 30 L ↓игуR EC
4 3 2 0 + w

А А В ЯГ 1Р ТЕЕН 1 ІӨӨК Унмичи

[ocr errors][merged small]

А А ВГДЄЭ Е Z SННОТКЛMNИЕ
ΞΟΟΠΠ Ρ Σ C Ο[ΣΤΥν

[ocr errors][merged small][merged small]

Tout mon ouvrage a été composé avec beaucoup d'intelligence par M. ALKAN AINÉ, auquel on devra bientôt un Dictionnaire complet de Typographie. Cet ouvrage, qui convient aux bibliographes et aux personnes qui ont des rapports avec l'imprimerie, manquait en France à cet art sous la forme commode de dictionnaire. On ne connaît en ce genre que le Lexicon de TAUBEL (en allem.). Voy. ce nom dans BRUNET, Manuel du Libraire, etc.

On ne doit pas s'attendre à trouver ici tous les auteurs qui ont écrit sur les pierres gravées, et que font connaître Mariette, Traité des Pierres gravées, t. 1, p. 245-468, et de Murr dans sa Bibliothèque Dactyliographique. L'aperçu que je vais offrir, et que je crois nouveau, contiendra principalement ceux qui ont parlé des pierres qui portent le nom du graveur, et surtout les ouvrages où sont jointes

des planches représentant ces pierres, et qui, souvent cités, ne sont pas tous, à beaucoup près, du même mérite.

ENEAS VICUS de Parme, célèbre graveur et antiquaire du duc de Ferrare, Alphonse II, et M. vers 1560 ou 1563, est le premier qui ait figuré et reproduit au burin des pierres gravées antiques. Mais il n'en fit paraître que 3 grandes planches contenant 33 sujets, et qui, selon Mariette, Traité, etc., t. 1, p. 268, faites en grande partie par ses élèves, étaient médiocres. Philippe Thomassin, graveur né à Troyes, acquit ces planches, les divisa, y fit quelques retouches et y ajouta un frontispice. Le petit ouvrage d'Æneas Vicus (Ex Gemmis et Cameis, etc.) en 34 pl., y compris le frontispice, contient 34 sujets. La gravure en est très-sèche; cependant quelquefois elle ne manque pas de sentiment, et rappelle l'habile graveur de belles planches d'après Raphaël. Ce Recueil publié, après la mort de Thomassin, par Dominique de Rubeis ou de Rossi à Rome, n'a dû l'être que vers 1667, année de la mort de Domin. Panaroli, médecin célèbre auquel il est dédié par de Rossi, qui, lorsqu'en 1707 il publia avec beaucoup de luxe l'ouvrage d'Alexandre Maffei, joignit ces planches à celles de Léonard Agostini. Elles sont toutes carrées et ont le grave défaut de n'indiquer ni la forme, ni la grandeur, ni même la nature des pierres.

ANTOINE LE POIs, N. en 1525, M. en 1578; médecin du duc Charles III de Lorraine. Discours sur les Médailles et les Gravures antiques, etc. Paris, 1579, in-4°., avec figures. - Enéas Vicus, comme nous venons de le voir, s'était occupé des pierres gravées antiques, et en avait gravé plusieurs planches, mais elles ne parurent que long-temps après sa mort. Duchoul, dans son ouvrage sur la religion des anciens Romains, avait fait connaître quelques pierres qui venaient à l'appui de ses explications. Mais Antoine Lepois est le premier dont on ait publié un travail spécial sur les pierres gravées, joint à ce qu'il écrivit sur les médailles, tirées pour la plupart, les unes et les autres, de son cabinet. Les œuvres de Duchoul, qu'il avait traduites en partie, lui furent très utiles. L'ouvrage de Lepois étant assez rare mérite qu'on en donne un petit précis. On voit par la préface que de son temps on attachait beaucoup de prix aux médailles et aux pierres gravées antiques, el que, les recherchant avec ardeur, on les payait trèscher. Il parle, avec érudition, de l'utilité que l'on peut retirer de l'étude de ces précieux monumens pour tout ce qui a rapport à l'antiquité. Au sujet du costume, il entre dans des détails neufs alors, curieux et très-exacts sur ce que l'on doit entendre par diadême, bandelette royale en étoffe ornée de broderies, de peintures, de pierreries. Il commence par de courtes notices sur les auteurs qui ont traité des médailles. Sadolet (N. à Modène 1477, M. à R. 1547), évêque de Carpentras, est, selon Lepois, le premier; son re

cueil, Illustrium Imagines, est de 1517. Il parle ensuite, dans divers chapitres, des métaux et de leurs propriétés, des monnaies romaines et de leurs valeurs, des peintures et des portraits sculptés des Romains. Le chap. XI, sur les statues et les usages auxquels on les employait, est intéressant. Passant de là aux magistrats romains et à l'histoire de Rome sous les rois et les consuls, il l'expose rapidement. Les chap. XVI, XVII, XVIII, sur les anneaux, les bagues, les pierres fines et les pierres gravées, présentent des notions qui se lisent avec agrément. Donnant des détails sur la nature des pierres employées par les anciens, il en fait connaître quelques espèces. Il traite des usages auxquels servaient les pierres gravées comme anneaux, cachets, et comme amulettes et ornemens, et il distingue la glyphicé ou diaglyphicé, gravure en creux, de l'anaglyphice, gravure en relief ou camée. Lepois aime beaucoup l'allégorie, et à composer des devises; il n'est même pas trop éloigné de trouver, avec les anciens, certaines qualités occultes à quelques pierres. Du feuillet 69 au 134, il décrit 83 médailles antiques; du 134-144, il donne 48 pierres antiques, dont quelques-unes paraissent douteuses. Ses explications lui fournissent souvent matière à des digressions. Au reste, il n'indique ni la forme ni la grandeur de ces pierres. Ce qu'il en dit est peu de chose, sans critique: c'est la partie la plus faible de son ouvrage, et il n'y a rien sous le rapport de l'art. Ce livre, qui dut être très-curieux et très-instructif à une époque où le sujet en était presque neuf, peut encore offrir aujourd'hui assez d'intérêt et de fruit. Les planches ont été gravées par Pierre Woeiriot, N. ? vers 1531, dont on connaît de bonnes gravures d'après Raphaël et d'autres maîtres italiens; et un recueil de 32 petites planches, daté de 1556, pour l'ouvrage, de la plus grande rareté en in-8°., de Lilio Giraldi sur les funérailles des anciens. En général ses gravures pour Lepois sont maigres et manquent de caractère. Woeiriot était Lorrain: son monogramme est surmonté de la double croix de Lorraine; un D. et un B. qui en font partie me faisaient croire qu'il était de Bar; mais M. Weiss m'apprend, dans la Biographie universelle, qu'il était de Bozé ou Bouzy, en Lorraine, et qu'il existe de lui, au Cabinet du roi, deux planches de 1573 et 1576, signées P. Woeriotius Bozous.

ABRAHAM GORLÉE, né à Anvers en 1549, mort à Delft en 1609. Dactyliotheca, etc., dont il y a eu plusieurs éditions en 1601, 1609, avec les petits traités de Pomponius Gauric, de Lud. Demontiosius (de Montjosieux), sur la sculpture; en 1695, 1707, avec une préface d'Everhard Vorst et les explications de Jacq. Gronovius. Cet ouvrage, confié à un mauvais graveur, est très-mal exécuté. Les planches des éditions données par Gronovius ne sont pas meilleures, mais il a ajouté de bonnes explications, et il a beaucoup augmenté le nombre des pierres gravées, qui sont loin d'être toutes antiques, et qu'il a portées au nombre de 896.

[ocr errors]

PIERRE STEPHANONI. Gemmæ antiquitus Sculptæ, etc., Rome, 1627, 49 pl., et Padoue, 1646, par JACQUES STEPHANONI; cette édition est dédiée à Henri, Cte, d'Arundel, petit-fils du célèbre Cte. d'Arundel, si célèbre par son dévouement à Charles Ier., et par son goût pour les lettres et les arts. Ce recueil, gravé par Vaférien Regnard, élève de Thomassin, et Luc Ciamberlani d'Urbin, est mieux dessiné et mieux gravé, quoique sans style, que bien des ouvrages voisins de l'époque où il parut. Il ne s'y trouve qu'un seul nom de graveur ancien. Il n'y a pour toute explication qu'un distique latin au bas de chaque sujet. En 1649, FORTUNIO LICETI de Padoue reproduisit les planches de Stephanoni, avec un texte le plus prolixe et le plus fatigant qu'il soit possible de trouver.

LEONARDO AGOSTINI de Boccheggiano, près de Sienne, N. vers 1594. Son portrait, en tête de la ire, édition de ses pierres gravées (le Gemme antiche Figurate, etc.) publiée en 1657, lui donne 63 ans. Cet ouvrage, accompagné d'un excellent texte en italien auquel coopéra Bellori, et dédié au pape Alexandre VII, contient 214 planches par J.-B. Galestruzzi de Florence, élève de François Figurini et dessinateur et graveur habile, dont le nom ne se trouve qu'au bas du frontispice. Gravées avec esprit et finesse, ces planches n'indiquent pas la grandeur des pierres, mais seulement leurs espèces. Elles contiennent 106 têtes, dont la plupart sont des familles impériales; le reste offre des sujets, un par planche. Une grande facilité de pointe et peut-être trop de prestesse ont nui à la pureté et à la correction du dessin, et l'on regrette d'y cher cher en vain le caractère de l'antique. Cependant ces gravures originales sont beaucoup mieux que leurs copies, ou que celles qui ont été retouchées. Če Recueil, qui a servi de base à plusieurs autres, ne présente que peu de noms de graveurs anciens, et la plupart sont faux ou mal indiqués. En 1669 il parut une 2de. édition d'Agostini, qui dédia Cosme de Médicis la 2de, partie, formant 51 planches ajoutées aux 214 de la première. On publia en 1685, en Hollande, une édition latine traduite de l'italien de Léonard Agostini, d'après celle de 1657, dont les planches furent copiées et gravées sans goût par Abraham Blooteling. - En 1686, BELLORI, N. à Rome en 1615, M. en 1696, bibliothécaire et antiquaire de la reine de Suède, et nommé, par Clément X, antiquaire de la ville de Rome, donna en 2 vol. in-40. une édition corrigée et augmentée de Léonard Agostini. Les planches de Galestruzzi y sont retouchées et altérées; la ire, partie en contient 115, la 2de. 152. On y a ajouté 5 pl. de sujets gravés par Pietro-Sante Bartoli. Voy. ENEAS VICUS et DOM. DE ROSSI, pp. xj, xvij.

JACQUES GRONOVIUS, N. à Deventer 1645, M. à Leyde 1716, donna en 1694, à Franecker en Hollande, une 2de, édition, en 2 part., d'après celle de 1669, de Leonardo Agostini, Gemmo et

« PreviousContinue »