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Par le C. FOURMY, fabricant d'hygiocérames. A Paris, chez l'auteur, rue de la Pépinière, no. 741, et chez les marchands de nouveautés. De l'imprimerie de Gillé fils.

EXTRAIT.

Il est un grand nombre de vaisseaux domestiques et chimiques qui, à la rigueur, pourroient s'exécuter indifféremment en pierre, en bois, en verre, en terre ou en métal.

Les inconvéniens attachés à ceux de pierre et de bois sont si nombreux et si graves, qu'ils en restreignent beaucoup l'usage. Ceux de verre conviennent aux emplois qui exigent la légèreté, la propreté, la transparence et la salubrité, mais non à ceux qui demandent de la solidité ou les approches du feu.

Ceux de terre, plus ou moins dénués de transparence et plus pesans en général que ceux de verre, sont aussi salubres, beaucoup plus solides, et supportent mieux les alternatives du chaud au froid; ils sont plus ou moins propres selon la manière dont ils sont traités.

Ceux de métal sont doués d'une solidité et d'une perméabilité au calorique qui n'appartiennent qu'aux métaux, mais ils sont sujets à la malpropreté.

Mais une circonstance la plus décisive de toutes, le bon marché, assure à la terre une préference irrésistible dans une infinité de cas où ses propriétés intrinsèques ne sont d'aucun

poids; et cette circonstance influe tellement sur le choix du consommateur, que souvent elle le fait passer sur les inconvéniens plus ou moins graves qui peuvent la balancer, et le desir de substituer une matière à vil prix à d'autres plus ou moins coûteuses, dont une vaisselle domestique peut être composée l'aveugle au point qu'il se flatte d'y trouver réunies des qualités que la nature a mises en opposition.

C'est ainsi qu'il voudroit des vaisseaux de terre qui joignissent la solidité et la perméabilité au calorique, qui sont l'apanage des métaux, à la propreté, la salubrité, et même la transparence qui caractérisent le verre.

Plus instruit des véritables propriétés des substances terreuses, il cesseroit d'y chercher des avantages qu'il est impossible d'y trouver; il formeroit moins de prétentions indiscrettes, et ne s'exposeroit plus à être dupe des promesses de l'ignorance et de la mauvaise foi.

Tel sera, j'ose l'espérer, le résultat des principes que je vais exposer.

De la solidité.

Le degré de solidité qu'une terre cuite peut acquérir par la simple dessication, est toujours très-foible. Dans cet état elle est disposée non-seulement à s'imprégner des corps gras et des liquides, mais même à s'y délayer.

La cuisson peut seule lui imprimer une certaine solidité. Quel que soit le degré de cette cuisson, c'est toujours une vitrification plus ou moins avancée.

La solidité d'une terre cuite est en raison de la ténuité de ses molécules et du degré de vitrification qu'elle a subi, c'est-à-dire, qu'elle est d'autant plus grande que les molécules de cette terre sont plus ténues, et que la vitrification en est plus avancée, et vice versa.

Lorsqu'une terre est très-fine et très-rapprochée de la vitrification complette, elle contracte le tissu et la solidité de certains cailloux: comme eux, elle fait feu avec l'acier; elle produit par le frottement cette lueur phosphorescente et cette odeur hépatique qu'on observe en frottant des cailloux l'un contre

l'autre.

Dans cet état elle cesse d'être absorbante et ne supporte guères mieux les alternatives du chaud au froid que le verre. Lorsqu'une terre est grossière et peu cuite., elle est plus ou moins friable, et se façonne à l'outil comme certaines pierres

tendres; elle est plus ou moins absorbante, et supporte les alternatives du chaud au froid autant que la terre en est susceptible, c'est-à-dire, beaucoup moins que les métaux.

De la propreté.

Les ouvrages de terre sont ou ne sont pas vernissés.

Ceux qui ne le sont pas, lorsqu'ils sont en même temps peu cuits, sont pénétrables par les graisses et les liquides, ce qui les rend d'une malpropreté dégoûtante. Lorsqu'ils sont cuits à fond, ils ne se laissent plus imprégner par les liquides ou les corps gras; mais, quoique leur surface soit quelquefois glacée en partie, ils conservent toujours plus ou moins d'aspérités qui donnent prise à la malpropreté.

Ni les uns ni les autres ne peuvent donc convenir aux usages qui exigent une certaine propreté.

Cette qualité ne peut se trouver que dans des vaisseaux dont la surface soit la plus lisse possible.

On les rend tels en couvrant la terre dont ils sont formés d'un enduit vitreux, qui fait les fonctions de vernis.

Aussi on ne peut attendre de propreté que des pièces vernissées.

Des vernis.

Quoique ce qui constitue un ouvrage de terre cuite ne forme, rigoureusement parlant, qu'un seul corps, il ne laisse pas d'être composé de deux parties très-distinctes.

L'une qu'on peut regarder comme la base, puisque sans elle la pièce n'existeroit pas, s'appelle, en terme d'art, pâte ou

biscuit.

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L'autre qui n'est que l'enduit de la première, s'appelle émail,

vernis ou couverte.

Le biscuit peut être plus ou moins éloigné de l'état vitreux. Le vernis est toujours un verre plus ou moins complet.

L'objet de celui-ci est, 10. d'empêcher les graisses et les acides de pénétrer le biscuit; 2°. de donner du lisse à la surface, pour qu'elle se charge le moins possible des corpuscules qui pourroient la salir; 3°. de défendre le biscuit contre le frottement des corps durs.

Il remplit d'autant mieux ces différentes fonctions, qu'il est plus dense, plus solide et plus glacé.

Un vernis est terreux, salin, métallique ou salino-métallique.

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Le vernis terreux résulte du mélange soit naturel, soit artificiel de différentes terres qui se servent mutuellement de fondant; on y ajoute quelquefois pour le colorer, des oxides de métaux, qui n'ont rien de dangereux....

Le vernis salin est formé de divers sels joints à des substances terreuses, dont la silice fait la plus grande partie..

Le vernis métallique est formé des mêmes substances terreuses que le précédent, auxquelles on associe du plomb au lieu de sels. L'antimoine, larsenic et autres inétaux plus ou moins nuisibles, qu'on y ajoute souvent, concourent à le rendre encore plus dangereux.

Le mélange des deux précédens constitue les vernis salinométalliques.

Les vernis purement terreux sont inattaquables à tous les dissolvans connus, l'acide fluorique excepté..

Les autres, pour peu qu'ils ne soient pas complettement vitrifiés, et ils le sont rarement, sont facilement décomposés par les graisses et les acides,

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Les premiers sont les plus durs que l'on connoisse; les autres le sont d'autant moins, qu'ils contiennent plus de sels ou de plomb.

Il est une espèce de vernis que quelques personnes appellent naturel; c'est ce poli ou glacé que contracte naturellement, pour ainsi dire, les ouvrages de terre lorsqu'ils sont cuits à de hautes. températures.

Cet effet résulte de la vitrification des surfaces du biscuit, favorisée par les cendres qu'entraîne la déflagration.

Dans quelques manufactures il est accéléré par les vapeurs du muriate de soude répandues dans le four pendant la cuisson.

De la salubrité.

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Ni les différentes terres simples qui servent de base aux pâtes ou biscuits, ni leurs combinaisons, ne contiennent de principes dangereux pour la santé.

Les biscuits purement terreux sont donc indubitablement salubres..

Il est certaines pâtes dans lesquelles sont admises quelques substances nuisibles; mais ces substances s'y trouvent en si petite quantité, et sont tellement neutralisées par une forte vitrification, qu'on ne peut regarder comme dangereuses les pâtes dont elles font partie.

Tome LV. FRUCTIDOR an 10.

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On ne peut donc guères taxer d'insalubrité les pâtes ou biscuits en général.

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Mais il n'en est pas de même des couvertes. Celles qui contiennent des oxides nuisibles, sont d'autant plus dangereuses, que ces oxides y sont toujours en grande dose, et presque toujours très-peu vitrifiés.

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Sans doute il y auroit de l'exagération à prétendre qu'un vernis, qui contient du plomb, ne puisse absolument être innocent; mais le meilleur est au moins suspect.

De la perméabilité au calorique.

Il est reconnu que les terres sont, de tous les minéraux, les plus mauvais conducteurs du calorique; c'est cette même propriété qui les fait choisir pour la construction des fourneaux et autres ustensiles dans lesquels on veut contenir ce fluide avec le moins de perdition possible: non dire

C'est donc lutter contre la nature des substances terreuses que d'en composer des vaisseaux destinés à transmettre le ca-, lorique.

, soit

Cette espèce d'inconvenance qui ne peut être excusée que par des motifs d'économie, entraîne soit dans la fabrication dans la consommation, des difficultés qu'il seroit trop long d'exposer ici.

Il suffira de faire sentir que l'art a bien quelques moyens de les éluder en partie, mais non d'en triompher complettement.

Les molécules des substances terreuses n'ont pas, comme celles des métaux, la propriété de se communiquer le calorique avec une certaine rapidité. Ce fluide les pénètre avec une lenteur qui satisferoit bien peu nos besoins, si on ne trouvoit moyen d'accelérer sa marche.

Mais on y parvient, autant que le permet la nature des substances terreuses, en pratiquant, dans la texture des ouvrages, certains interstices au travers desquels, comme au travers d'un filtre, le calorique se fait jour bien plus rapidement qu'il ne pourroit le faire, si on les laissoit dans leur état naturel:

L'efficacité de ce moyen mécanique est augmentée par le peu

de cuisson.

Comine on est maître de multiplier et 'd'agrandir à volonté las interstices pratiqués dans le tissu, on fait ensorte de proportionner les degrés de porosité, autrement dits de filtration du calorique, aux différentes destinations des ustensiles.

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