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tion conséquemment l'alumine paroît favoriser véritablement la solution de la chaux dans la potasse. J'ai fait mention de cette affinité de l'alumine pour la chaux dans le Mémoire dont j'ai déja parlé, et M. Vauquelin en a aussi fait mention depuis (1). Si les conclusions de M... Guyton eussent été bien fondées, il eut été chimiquement impossible d'arriver à la vérité dans l'analyse. Il y avoit déja assez de difficultés réelles à surmonter, et M. Berthollet en a dernièrement découvert quélques-unes auxquelles il n'est pas aussi aisé de répondre qu'à celles que je viens d'examiner. Ce chimiste cependant a trop généralisé sa thèse. Si la puissance des masses étoit aussi grande que le dit M. Berthollet, et si cette puissance s'accroît à l'infini à proportion de la masse, il s'ensuit nécessairement qu'avec une substance donnée, nous pourrions décomposer toute espèce de corps, pourvu que la masse du corps décomposant fût suffisamment grande; mais on sait très-bien qu'il n'en est pas ainsi. ainsi.org! D'après les expériences que j'ai rapportées, il paroît démontré: 19. Qu'il existe une affinité entre la silice et l'alumine. 2o. Qu'il existe une affinité très puissante entre l'alumine et la magnésie.' te ako balia tob tug

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30. Que l'aluinine a de l'affinité pour la chaux; mais que cette affinité est moindre que ne le suppose M. Guyton, et qu'elle n'a point lieu dans les circonstances qu'il rapporte, si l'on emploie des réactifs purs.:

4°. Que M. Guyton s'est trompé dans tous les cas d'affinité entre les terres, excepté dans celui de la silice pour l'alumine, qui avoit été observé avant ses expériences; et que dans les autres cas, il a attribué à une cause qui n'existe pas les phénomènes qui résultent de l'impureté de ses réactifs.

5°. Que ni les expériences de M. Guyton, ni l'opinion avancée dans la lettre de Freyberg, ne sont suffisantes pour diminuer en aucune manière le prix des secours que la minéralogie retire des recherches chimiques.

(1) Schéele a vu le premier cette affinité. Voyez son essai sur la silice et P'aluminę.

MÉMOIRE

Contenant une série d'expériences pour constater les effets de l'alcohol introduit dans l'estomac des chiens, et apprécier à leur juste valeur, les conséquences que l'on a déduites de celles faites avec les teintures alcoholiques; sur les mêmes animaux;

Par G. Fr. H. COLLET-MEYGRET,

Médecin, menbre de la société de médecine clinique (1).›

S'il est reconnu que la nature ne se laisse point pénétrer par quiconque se permet de la scruter ; s'il est vrai que peu d'hommes sont appelés à lui arracher quelques secrets, tandis que pour une foule d'autres, elle paroît se couvrir d'on voile impénétrable ne devons-nous pas, dans les efforts continuels que nous faisons pour soulever un coin de ce voile, épier avec soin tout ce qui peut induire en erreur, écarter même ce qui pourroit nous laisser la moindre obscurité, la moindre incertitude? Oui sans doute: car, dans notre art, rien ue sauroit excuser la plus petite méprise; nos conséquences ne doivent être déduites que d'après des faits rigoureusement observés, que d'après des faits dépouillés, autant que possible, de toute espèce de complication. C'est en suivant cette route que l'on évite de s'égarer dans les tortueux sentiers des hypothèses : c'est elle seule qui peut conduire à des vérités nouvelles, et nous faire connoître des choses dont la découverte sembloit exclusivement réservée à la postérité. Peu d'hommes, il est vrai, l'ont suivie; inais ceux-là seuls ont avancé la science. Parmi eux, il en est qui ont borné leurs observations à l'espèce humaine, et d'autres qui ont en outre interrogé la natúre, jusque chez les espèces les plus éloignées. Ces derniers n'en doutons pas, ont de grands droits à notre reconnoissance.

(1) Il a été lu à cette société, dans sa séance du 16 brumaire.

Mais aussi, leurs rapprochemens souvent forcés, leurs erreurs, d'autant plus difficiles à détruire qu'on les croit établies sur des bases inébranlables, exigent un examen scrupuleux et des jugemens sévères. En effet, il n'est que trop fréquent de voir les auteurs d'expériences ingénieuses, sur les animaux vivans, négliger une foule de circonstances importantes, attribuer à certaines causes ce qui appartient à d'autres, et rendre ainsi leurs travaux pour le moins inutiles, Telle est la source de cette multitude d'opinions si diverses, entre nos plus grands physiologistes, sur la sensibilité ou Pinsensibilité de certaines parties, sur les fanctions de tel ou tel organe, sur le mode de leur exécation, etc.; telle est aussi la source de notre ignorance et plus encore de nos erreurs, sur la manière d'agir des substances introduites dans l'économie vivante, et sur-tout des substances médicamenteuses.

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Pour être convaincu de ce que j'avance, il suffit de jeter un coup-d'œil sur la plupart des ouvrages où sont consignées des, expériences avec des médicamen's ou des poisons, soit minéraux; soit végétaux, soit animaux. Dans combien de cas ne garde-t-on pas le silence sur les dispositions organiques de l'animal, sur les penchans et les habitudes qui en sont une suite nécessaire, sur, son état avant et pendant qu'on l'immole, etc., etc.! Combien ne néglige t-on pas de tenir compte de tel ou tel ingrédient que l'on regarde comme auxiliaire ou simplement comme excipient, tandis qu'à lui seul sont dus tous les effets que produit le mé lange ! Cette dernière omission n'est-elle pas plus que suffisante pour annuller tous les résultats de nos expériences, puisqu'une matière incapable de nuire par elle-même,, jointe à une autre, très-nuisible, pourroit être regardée, comme la seule délétère, ce qui n'est pas; puisque de deux substances, également pernicieuses, une seule pourroit le paroître, réellement, ce qui est loin. d'être probable,

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D'après ces réflexions, on ne verra pas, sans une sorte d'éton-> nement, que des médecins justement célèbres, aient désigné plu-, sieurs teintures spiritueuses comme des poisons très-actifs, par, la raison seule qu'elles tuent promptement les chiens, comme si toutes n'étoient pas dans le même cas, ou à-peu-près. Ils étoient loin de penser, assurément.,, que les effets de l'alcohol sans mélange et bien moins concentré que celui qu'on emploie pour les teintures, n'étoient ni moins prompts ni moins funestes. C'est cependant ce qu'ils auroient dû prèsumer, en considérant les phénomènes que produisent les liqueurs spiritueuses sur l'homme, quelqu'énorme que soit la différence entre lui et ces animaux

qui d'ailleurs ne sont point amenés à leur usage d'une manière graduée.

Uu travail que je poursuis maintenant sur quelques espèces de champignons, m'ayant suggéré l'essai de l'alcohol dans lequel je les avois fait macérer, je voulus m'assurer d'abord si cet alcohol pur, au degré où l'on dit l'avoir employé en teinture, ne produiroit point à lui seul la mort des chiens auxquels on le faisoit prendre. J'entrepris donc une série d'expériences sur cet objet ; et m'étant apperçu qu'elles pourroient être de quelqu'utilité à ceux qui s'occupent du même genre de recherches, je redoublai d'efforts pour leur donner toute l'exactitude et la précision dont elles étoient susceptibles. Je vais les rapporter successivement dans l'ordre suivant lequel je les ai faites. Mais qu'il me soit permis auparavant d'observer que j'ignore si elles sont absolument neuves, et qu'il est très-possible qu'elles aient été tentées avant moi. Cependant j'avoue que je n'en ai point connoissance; j'avoue aussi que je ne ferai point sur cet objet des recherches qui, si elles n'étoient pas tout-à-fait inutiles, n'auroient, j'ose l'assurer, d'autre avantage que celui de confirmer les résultats que j'aie obtenus.

Expérience première. Le 27 vendémiaire an 11, sur les 7 heures du soir, deux onces et demie d'alcohol à 24 degrés furent introduites, à l'aide des moyens ordinaires (r), dans l'estomac d'un jeune doguin (vulg. carlin), bien portant, mais que le chagrin réduisoit, depuis trois ou quatre jours, à refuser toute espèce d'aliment. L'opération fut longue à exécuter, et durant tout le temps de son exécution", il fut dans un état de spasme violent. La liqueur étoit à peine arrivée dans l'organe gastrique, que le vomissement en expulsa près d'un tiers, mêlé de matières glaireuses, en partie coagulées (2). L'animal dégagé des liens dont nous l'avions surchargé, eut d'abord de la peine à se soutenir et parut très-ivre. Il eut alors une selle consistante et urina abondamment (3). -Au bout de 3 à 4 minutes, sa démarche devint encore plus chancelante, et il finit par tomber sans pouvoir se relever. Bientôt à l'état de stupeur, dans lequel il se trouvoit, succéda un état comateux profond. Le pouls étoit dur, plein et fréquent; la respiration, grande et élevée, s'accompagnoit de

(1) C'est-à-dire une canule élastique et une seringue qui s'y adapte exacte

ment.

(2) L'eau simple produit le même effet.

(3) Des évacuations ont eu lieu dans presque tous les cas,

ronflemens; il y avoit des borborygmes, et quelques cris plaintifs se faisoient entendre de temps à autre. Entre 9 et 10 heures la sensibilité étoit presqu'annéantie, le coma plus profond encore. Enfin, l'irrégularité et la petitesse du pouls, quelques soubresauts des tendons, et le refroidissement des membres se manifestoient lorsque nous nous retirâines.

Le lendemain, notre jeune chien étoit mort. Il paroît cependant que c'étoit depuis peu, car il conservoit encore une légère chaleur et de la souplesse dans les membres.

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Antopsie. Rien de particulier dans les cavités craniène et thorachique. La partie moyenne de l'œsophage enduite de mucosites qui alloient en augmentant jusqu'à l'orifice cardiaque. L'abdomen souple et sans apparence de météorisine. La membrane péritonéale, parfaitement intacte dans toute son étendue, laissoit appercevoir, au-dessous d'elle, quelques taches livides, près du cardia, et sur-tout à la face postérieure de la grosse extrémité ou cul-de-sac de l'estomac. Cet organe contenoit une liqueur d'une odeur alcoholique : son intérieur étoit tapissé par une couche muqueuse blanchâtre, épaisse d'une ligne et demie, et se détachant facilement par lambeaux : une tache gangréneuse, trèsnoire et presque demi-circulaire, de 2 pouces et demi de hauteur, intéressoit les membranes muqueuse et musculeuse seulement. On voyoit encore, çà et là, quelques petites taches, d'un brun livide, sur les replis saillans de la première. L'orifice lorique d'un rouge vif, recouvert d'une couche muqueuse moins abondante et moins épaisse. Le foie dans l'état sai; la vésicule distendue par une bile verte. L'intérieur du duodenum enduit d'une mucosité d'un jaune verdâtre ; sa membrane interne trèsrouge; ses cryptes très développés, laissant échapper, par la pression, une matière jaune, concrète. Tous les autres organes parurent d'ailleurs dans leur intégrité; le rein droit seul offritune particularité que voici : sans avoir acquis un volume beaucoup plus considérable que le gauche, sa cavité s'étoit considérablement accrue aux dépens de sa substance parenchymateuse et du bassinet, même du côté de l'urétère. Elle formoit ainsi une poche oblongue qui, avec une liqueur incolore, mais analogue à l'urine par son odeur, etc., etc., contenoit un ver d'un beau ronge écarlate, long de 12 à 13 pouces, presqu'aussi gros que le petit doigt, et dont la singularité demande des détails qui trouveront leur place ailleurs.

Exp. 2. Un june barbet, dans l'estomac duquel je poussai 2 onces d'alcohol à 12 degrés, eut une selle à l'instant même

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