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S. III. SUR ABRAHAM ELSEVIER 11, FILS DE JEAN.

Abraham II n'est pas le dernier Elsevier dont il me reste à parler; mais dans l'ordre chronologique c'est le dernier de sa famille ayant exercé la noble profession à laquelle ses ancêtres doivent leur renommée.

Second fils de Jean et d'Eva van Alphen, il est né à Leyde le 5 avril 1653; il y fit ses études universitaires et fut promu docteur en droit le 12 Janvier 1679. Avocat à la cour de Hollande, il épousa le 22 Juin 1695 Marie Vermeulen d'Amsterdam et le 6 août 1710, il prêta serment en qualité d'Échevin de la ville de Leyde.

Dans le courant de 1681, par suite sans doute d'arrangements de famille, il prit à son compte l'imprimerie que sa mère avait continuée depuis la mort de son mari, et par résolution du 17 mai de la même année les Curateurs le nommèrent imprimeur de l'Université en remplacement d'Eva van Alphen, avec la clause que celle-ci continuerait à jouir sa vie durant des trois cents florins d'émoluments fixes, attachés à ce privilège.

Il est inutile de répéter ici ce que j'ai déjà dit ailleurs de la négligence et de l'inaptitude typographique d'Abraham II, ainsi que de l'entière décadence de l'imprimerie de Leyde sous ce dernier Elsevier. Je suppose que c'est en considération de la longue possession du privilége de l'université par sa famille, et peut-être aussi à cause des fonctions échevinales dont il était revêtu, que des plaintes formelles à ce sujet ne furent faites qu'au moment de sa mort: mais le rapport fait alors par le Sénat académique, entre dans des détails qui ne laissent aucun doute sur l'existence depuis nombre d'années (veele jaeren herwaerts) d'abus excessivement graves; il paraît même que les exactions qui se commettaient à l'imprimerie de l'université, étaient parvenues à un tel point, que beaucoup d'étudiants allaient de préférence prendre leurs grades à Utrecht pour ne pas devoir payer énormément cher des Thèses imprimées

à Leyde avec des caractères usés, sur un papier détestable et avec une négligence inouie.

Quel contraste que ce long blâme académique avec la médaille que soixante ans auparavant cette même Académie avait consacrée à la mémoire de son grand-père Abraham Elsevier Ier! Cependant d'un autre côté il me semble évident que des abus qui se pratiquaient depuis si longtemps auraient dû attirer beaucoup plutôt l'attention de MM. les Curateurs; et certes qu'avec plus de fermeté, ou moins de condescendance, ils eussent pu, du moins en grande partie, les prévenir ou les faire cesser.

Au reste il ne parait pas qu'Abraham II en profita; car ses affaires étaient três embrouillées lorsqu'il est décédé à Leyde le 30 Juillet 1712, laissant une fille qui épousa Pierre Dumée et mourut sans enfants. Il ne conste pas qu'à sa mort il avait encore une librairie, et comme il a été dit, le matériel de son imprimerie, y compris celui de l'imprimerie orientale d'Erpenius, se dispersa par la vente du 20 février 1715; j'en ai cité et décrit le catalogue et nous savons qu'elle ne produisit qu'environ deux mille florins.

Je suis redevable de l'exactitude de toutes les dates que j'ai citées dans les deux notices qui précèdent, à un document dont j'ai déjà fait mention en 1843, à ce Memorandum autographe de famille dont Mr J. L. C. Jacob avait exagéré l'importance et qui m'a toujours paru ne devoir fournir à l'histoire de l'Imprimerie Elsevirienne d'autres éclaircissements que quelques dates certaines, mais pour la majeure partie sans importance.

Je puis maintenant confirmer ces prévisions par des renseignements positifs, et voici l'analyse de ce volume pet. in-8°, relié en vélin et dont 51 pages seulement sont remplies.

1° De la main de Jean Elsevier il contient des annotations qui datent de 1647 et se poursuivent jusqu'en 1659; la première,

dont Mr Jacob a donné le fac-simile, est relative à son mariage avec Eva Van Alphen, d'autres concernent les naissances de ses enfants; le 14 août 1652 il fait mention du décès de son père Abraham, àgé de 60 ans, et la dernière concerne sa mère, Cathérine Van Waesberge, décédée le 25 octobre 1659.

2o De la main de sa veuve, Eva Van Alphen, de semblables annotations se suivent depuis 1661 jusqu'en 1694; la première est celle de la mort de son mari Jean Elsevier, le 8 juin 1661, à l'âge de 39 ans, 3 mois et 12 jours, mais aucune des autres n'a rapport à un Elsevier imprimeur ou libraire, et il n'est pas fait mention de la reprise de l'imprimerie Elsevirienne de Leyde par son fils Abraham 11, en 1681.

Et 3o, de la main de cet Abraham 11, depuis 1695 jusqu'en 1710, ce sont toujours des annotations comme celles d'Eva Van Alphen, exclusivement relatives à la naissance, le mariage ou le décès de quelque enfant, petit-enfant ou autre membre de la famille; il commence par indiquer, au 18 mars 1695, la mort de sa mère Eva Van Alphen, veuve de Jean Elsevier, à l'âge de 75 ans moins 9 jours, et je copie littéralement le dernier article qui se trouve au 31° feuillet, le 6 août 1710: Hebbe ik Mr Abraham Elzevier den eed afgelegt als regerend Schepen der stad Leyden.

C'est donc à la date précise du décès de la veuve de Jean, décès dont l'époque était restée longtemps incertaine, et, si l'on veut, à la remarque que Jean écrivait son nom Elsevier tantôt avec un z et tantôt avec un s, que se borne tout l'intérêt bibliographique de ce Memorandum qui, après avoir passé par plusieurs mains à Gand et à Paris, finit par être adjugé pour 50 francs et comme simple autographe dans une vente faite à Paris le 16 mai 1844.

CATALOGUE PAR ORDRE CHRONOLOGIQUE

DES ÉDITIONS SORTIES DES PRESSES ELSEVIRIENNES DE LEYDE,

4. HEINSII (Nicolai, Dan. Fil.,) Poemata, accedunt Joannis Rutgersii, quæ quidem colligi potuerunt (le Non Solus). L. B. ex offic. Elsev. Acad. Typog. 1653. pet. in-12 de 12 ff., y compris le titre en rouge et noir, et 256 pp. A. P.