situées en Flandre (entre Bruges et Gand), qu'il possède en commun avec son beau-frère le professeur Daniel Van Ceulen. Il lègue enfin à Daniel, son fils aîné, sa maison et la moitié de son imprimerie avec tout ce qu'il a eu en commun avec son neveu Abraham et ce aux mêmes conditions qu'Abraham en a légué l'autre moitié à son fils Jean. S. 6. SUR ABRAHAM ELSEVIER I, FILS AÎNÉ DE MATTHIEU. J'ai dit dans la notice qui précède que la date de la naissance d'Abraham Elsevier Ier, fils aîné de Matthieu, était certaine et qu'il naquit à Leyde le 4 avril 1592, un an après le mariage de son père; j'ai dit aussi qu'il était le neveu et non pas le frère de Bonaventure, et que leur longue association, a jeté les fondements de la gloire des Elsevier. Abraham se marie le 21 mai 1621 avec Catherine Van Waesberge, fille de l'imprimeur de l'Amirauté à Rotterdam. Dans son acte de mariage il est qualifié de libraire : l'année suivante, en septembre, son père quitta les affaires et lui céda sa librairie ; c'est-à-dire sa part dans celle de Louis Ier, que depuis 1618 il exploitait conjointement avec Bonaventure. Cette cession eut lieu par acte authentique et moyennant 11,217 florins dès lors, il faut le considérer comme l'associé de son oncle, et en effet ce n'est que sous la date de 1622 qu'on trouve un petit nombre de livres avec le nom d'Abraham seul. Il naquit 5 enfants du mariage d'Abraham avec Cath. Van Waesberge, savoir 3 fils et 2 filles. Nous avons vu par le testament de Bonaventure, qu'Abraham a disposé en faveur de l'aîné (Jean), qui lui succéda dignement, de la moitié de l'imprimerie et de tout ce qu'il avait en commun avec son oncle; mais les conditions de ce legs nous sont inconnues. Ses deux fils puinés, Abraham et Isaac, embrassèrent d'autres carrières et il existe encore des descendants directs du dernier; les deux filles mou rurent jeunes; leur père fut enterré à Leyde le 17 août 1652 et leur mère mourut le 25 octobre 1659. A la mort d'Abraham, l'Université de Leyde, voulant témoigner sa haute considération pour ce célèbre typographe qui était en même temps le sien, fit graver en son honneur une médaille que Van Loon décrit dans son ouvrage. Elle est de forme ovale et un anneau y est attaché; d'un côté elle porte l'effigie de Pallas, ayant son bouclier avec la tête de Méduse à ses pieds et tenant au bras un étendard aux armes de la ville de Leyde; on lit autour ACAD. LUGD. BATAV.; au revers se trouve l'inscription suivante: ABRAHAMUS ELSEVIRIUS ACAD. LUGD. BATAV. TYPOGRAPHUS. MDCLII. S. 7. SUR ISAAC ELSEVIER, 2 FILS DE MATTHIEU. Isaac est né à Leyde le 11 mars 1596. Nous avons déjà vu qu'il se maria en 1616, qu'à cette époque il fit l'acquisition d'une imprimerie, la première que possédèrent les Elsevier, et l'on peut aujourd'hui affirmer avec certitude qu'aucun membre de cette famille n'imprima avant lui ni antérieurement à 1617 : ses premières productions sont de cette date et nous en connaissons trois qui portent encore le nom de Louis Elsevier, son grandpère, sur le titre, et le sien (Typis Isaaci Elsevirii) à la fin. Après la mort de Louis Ier il signe ordinairement Lugd. Batav. Ex officina Elsevirianâ et Typis Isaaci les livres qu'il imprime pour la communauté jusqu'au partage de la succession de son grand-père, et ceux qu'il imprime après ce partage, soit pour Matthieu et Bonaventure, soit pour Bonaventure et Abraham. Quand il imprime pour eux et pour d'autres libraires à frais communs, il met Sumptibus Elseviriorum et de tel ou tel, et quand c'est exclusivement pour d'autres, on trouve tantôt son nom à la fin et Sumptibus d'un tel, et tantôt sur le titre : Sumptibus Henrici Laurentii, par exemple, et Typis Isaaci Elsevirii en dessous. A dater de 1619 il signe assez fréquemment Apud Isaacum Elsevirium, sans autre indication, et nous devons conclure de cette dernière souscription que pendant quelques années il fut à la fois imprimeur et libraire. Dans le principe, ses productions portent la marque de son grand-père, c'est-à-dire l'Aigle avec le faisceau de sept flèches; mais bientôt après il adopte l'arbre avec le Solitaire et la devise Non solus, qui ensuite, pendant près d'un siècle, reste constamment celle de l'imprimerie Elsevirienne de Leyde (1). Mr Adry, page 13 de sa Notice, l'explique ainsi : « Cet arbre << n'est point un olivier comme l'est celui des Estienne; mais un «orme autour duquel un cep de vigne entrelace ses rameaux <«< chargés de fruits. Ce symbole connu et si sublime de l'amitié «< pouvait représenter l'association des deux frères et les sentiments << d'amitié qui les unissaient, encore plus que les liens du sang et << les raisons de commerce. » Ici Mr Adry semble oublier que la marque est antérieure à l'association de Bonaventure et Abraham : mais l'union qui existait dans la famille à l'époque où Isaac l'adopta, n'en justifie pas moins l'exacte application. « Le Solitaire, poursuit-il, qui accompagne cet arbre est un autre symbole, « et désigne le travail du cabinet, et convient à tout homme de << lettres qui peut dire avec Scipion: Se nunquam minus esse solum « (otiosum) quam cum esset solus (otiosus), et qui recueille alors « les plus grands fruits de sa retraite. » J'ai dit dans l'introduction qu'en 1620, Isaac succéda à Jean Paets comme imprimeur juré de l'université de Leyde. Les Uitkomsten de Mr Rammelman transcrivent littéralement la résolu (1) J'ai dit à la page xxx de l'Introduction, au sujet de cette marque de l'imprimerie de Leyde, que les Elsevier ne l'employaient que très rarement avec d'autres noms, et que je ne connaissais ainsi que les Tables des Sinus avec le nom de Jacob, et un petit nombre d'ouvrages avec celui de David Lopes de Haro. J'aurais dû ajouter que les Pseaumes de David en rimes françoises par Clément Marot et Théodore De Bèze, et le Nouveau Testament (traduit par Rob. Pierre Olivetan), tous les deux avec la souscription de La Haye, chez Jean et Daniel Steucker, 1664 portent aussi sur leurs titres le Solitaire avec la devise Non Solus. tion des Curateurs qui renonce aux services de Paets et admet Isaac Elsevier pour le remplacer : Mr Rammelman nous communique aussi les instructions qu'Isaac avait à suivre et les conditions auxquelles on l'admettait. Ces instructions sont du 8 mai 1620 et la résolution d'admission du 9 février précédent. L'année suivante il obtient, moyennant une redevance annuelle de 18 florins, la permission de construire sur le terrain de l'Académie, entre la principale porte d'entrée et le bâtiment occupé par son père, une galerie pour y établir son imprimerie et son magasin. Vers 1625, après la mort de Th. Erpenius, Isaac complète son établissement en acquérant de la veuve de ce professeur, l'imprimerie orientale, avec tout son matériel, poinçons, matrices et caractères, qu'il avait établie chez lui, et cependant avant la fin de cette même année, soit par inconstance dans ses résolutions, soit qu'en effet, comme il le dit dans la démission qu'il adresse aux Curateurs de l'université et aux Bourguemestres de Leyde le 8 février 1626, les guerres qui affligeaient alors l'Allemagne, eussent fait déchoir les imprimeries au point qu'il se trouvait obligé de se défaire de la sienne et de choisir un autre état, il cède par acte notarié du 24 décembre 1625, à Bonaventure Elsevier et à Abraham Elsevier, son associé, un assortiment de 10,000 de caractères d'impression, 6 presses, des poinçons, matrices, casses et tout ce qui appartient à son imprimerie, moyennant une somme de neuf mille florins, payables comptant ou en obligations, et le lendemain il leur vend pour deux mille florins le local où cette imprimerie se trouve établic. Dans la Notice sur Bonaventure j'ai parlé de la requête que lui et Abraham ont adressée aux Curateurs, sous la même date que la démission d'Isaac, pour demander à lui succéder comme imprimeurs jurés ; et c'est dans cette pièce qu'ils font valoir, comme un titre à cette faveur, la possession de l'imprimerie orientale d'Erpenius qu'ils se trouvent ainsi à même de mettre à la disposition de l'Université. C'est done avec la fin de 1625 que se termine la carrière typographique d'Isaac; s'il existe des éditions sous son nom avec la date de 1626, elles étaient sans doute achevées ou bien près de l'être à la fin de 1625, et quant à l'assertion de Mr Adry, maintes fois répétée d'après son autorité, qu'Isaac imprima jusqu'en 1628, elle ne repose, à ce que je crois, que sur un seul livre l'Hymnus Tabacci, autore Raphaele Thorio. Lugd. Batav. Typis Isaaci Elsev. 1625, in-4° de 55 pp. avec titre gravé; livre qui, s'il fut reproduit plus tard, n'a pu l'être qu'avec l'une de ces deux modifications-ci ou bien, en 1628, Bonaventure et Abraham, comme successeurs d'Isaac, se sont bornés à surcharger la date du frontispice, en transformant le 5 en 8, aux exemplaires restants de l'édition première; ou bien, en 1628, ils ont réimprimé cette première édition, en conservant son frontispice, fort bien gravé d'ailleurs, avec le nom de leur prédécesseur, et en se bornant, comme je viens de le dire, à en changer la date; modifications au reste dont les Elsevier, et surtout Bonaventure et Abraham, ont fait usage maintes fois. Pour le poème de Thorius il ne s'agit même pas, je pense, ni d'une autre édition, ni d'une surcharge de date; mais simplement d'un petit trait de burin, échappé au graveur du frontispice, qui peut faire prendre à un œil peu attentif le chiffre 5 pour un 8 mal fait. J'en ai vu ainsi beaucoup d'exemplaires et je sais qu'à Paris, à la Bibliothèque nationale, où le catalogue indique une édition de 1625 et une de 1628, ces deux éditions sont absolument pareilles avec le même défaut dans la forme du chiffre 5: l'année 1625 est donc bien certainement celle de l'unique impression de ce livre, et en tout cas, d'après les pièces authentiques que j'ai citées, il n'est pas possible d'en admettre une réimpression par Isaac en 1628. Il conste par les registres de Leyde qu'Isaac quitta cette ville vers la fin de mars 1626, pour aller s'établir à Rotterdam. On sait d'une manière positive que vers la même époque il prit service dans la marine; qu'en 1632 il avait le rang de Capitaine, remplissant les fonctions de Prévôt de l'armée réunie dans les Dunes, et qu'en cette qualité il écrivit aux Etats de Hollande. Isaac avait épousé en 1616 Jacomina Van Swieten: il en eut |