Page images
PDF
EPUB

Ce qu'il y a de certain, c'est que Grégoire IX, après avoir ordonné l'enquête sur la vie et les miracles du serviteur de Dieu ne fit ensuite absolument rien pour déclarer la béatification, et nous ne voyons pas qu'aucun de ses successeurs ait fait davantage.

Telle est la principale difficulté qu'on a fait valoir contre le culte du B. Odon.

III. Réponse du postulateur.

Il débute en prenant acte de l'aveu fait par le promoteur de la foi au sujet du culte immémorial, aveu qu'il regarde comme très important, attendu qu'en droit, ainsi que l'enseignent les auteurs, l'on doit tenir pour jugé tout ce qui est avoué par la partie adverse: Confessus pro judicato est.

D

En second lieu il rappelle qu'en matière de béatification équipollente l'essentiel est de prouver le fait, c'est à dire soit la renommée des vertus, du martyre ou des miracles, soit la possession du culte immémorial, rendu avec le consentement exprès ou tacite de l'Ordinaire, des Souverains Pontifes ou de la S. Congrégation; une fois ces choses établies d'une manière juridique et incontestable, le culte du bienheureux doit être maintenu, d'abord dans l'état où il se trouve, puis il peut être développé par de nouvelles concessions. Benoit XIV (lib. 1, cap. 40, § 1) est formel sur ce point: «In beatificatione autem » aequipollenti, dit-il, cum constiterit sive de fama virtutum, » martyrii, aut miraculorum, sive de antiquitate cultus cum >> scientia et tolerantia ordinarii, vel Sedis Apostolicae, sive » de indultis praecedentibus RR. Pontificum aut Sacrae Congregationis, servetur cultus in eo statu in quo est, necnon » ut plurimum per novas concessiones augetur.» Ainsi pour conserver le culte dans l'état où il se trouve, la tolérance de l'ordinaire suffirait à la rigueur; que si cette tolérance avait contre elle une protestation formelle ou tacite du S. Siége, il faut avouer, que dans ce cas, le doute proposé par le promoteur de la foi serait parfaitement fondé. Mais dans la cause du bienheureux Odon, l'on ne saurait trouver le moindre motif de suspicion légitime qui puisse faire croire à une protestation quelconque de la part du S. Siége. D'une part Odon a été honoré du culte public non seulement en vertu d'une simple tolérance du côté des évêques, mais nous voyons de plus que ceux-ci l'encouragèrent et le propagèrent toujours avec le plus grand zèle; par conséquent, à moins de prouver l'existence d'une protestation de la part du S. Siége Apostolique, l'affaire doit être considérée comme jugée, conformément aux principes de Benoît XIV. Or où trouver la moindre trace d'une protestation, soit explicite soit implicite? Nous voyons au contraire Grégoire IX qui touché par la renommée des vertus et des miracles d'Odon, charge deux hommes des plus recommandables d'instruire un procès authentique, attendu, dit-il, que la mémoire d'un homme si illustre ne doit point périr. Un pareil langage serait-il, par hasard, une protestation? Permet-il de douter si les sentiments du S. Siége ont été plutôt contraires que favorables? On ne saurait évidemment le prétendre. Que si l'on objecte que Grégoire IX ne donna pas suite à l'enquête et que la cause du bienheureux Odon est restée durant tant de siècles dans un profond oubli, l'on peut répondre que cette difficulté n'est qu'apparente et elle n'autorise nullement à supposer de la part du S. Siége un sentiment défavorable, une protestation quelconque contre le culte rendu au bienheureux Odon. En effet, personne n'ignore que par seul fait de mille et une circonstances, dont le concours rentre dans un dessein caché de la divine providence, il est arrivé bien des fois que des causes qui semblaient réunir toutes les conditions possibles de succès, et que les Souverains Pontifes eux-mêmes favorisaient de tout leur pouvoir, sont néanmoins demeurées pendant très longtemps stationnaires ou n'ont pu être suscitées qu'après bien des siècles de silence et pour ainsi

le

dire d'oubli. Si donc, le silence ou cette espèce d'oubli pro-
longé pouvait servir d'argument contre la sainteté ou contre
le culte des serviteurs de Dieu; s'il était légitime d'y voir un
sentiment défavorable, une protestation du S. Siége, il est cer-
tain qu'il faudrait rayer un bon nombre de noms du catalogue
des bienheureux et desespérer à tout jamais du succès de cer-
taines causes. Afin de pouvoir justifier une semblable interpré-
tation il faudrait évidemment qu'on fût à même de citer des
faits positifs et parfaitement constatés. Mais loin d'en être ainsi,
les faits parlent un langage tout différent. Car, ainsi que cela
a été démontré, le culte rendu au bienheureux Odon fut dès
le principe excité par les évêques et encouragé par le pape
Grégoire IX. S'il ne donna pas suite à l'enquête, c'est la mort
seule qui l'en empêcha. Quant à ses successeurs, il suffit, pour
apprécier la cause de leur silence, de jeter un coup-d'œil sur
l'histoire de l'Eglise depuis la mort de Grégoire IX en 1241
jusqu'à l'époque où Clément V transporta le siége de la pa-
pauté dans la ville d'Avignon. C'est une longue suite de luttes,
plus terribles les unes que les autres, et de difficultés sans
cesse renaissantes. Bien des fois les Papes se vitent contraints
de quitter la ville sainte, et la plupart ne régnèrent que fort
peu de temps. Il ne faut donc pas s'étonner si le culte du bien-
heureux Odon ait acquis une prescription plus que centenaire
sans rencontrer de contradicteurs pas plus que des postulateurs
pour s'occuper activement de le faire confirmer par le S. Siége.
A la vue des malheurs qui fondaient alors sur l'Eglise, les
chartreux durent penser que des instances de leur part pour-
raient, dans des circonstances aussi critiques paraître inop-
portunes. Cette pensée dut leur venir d'autant plus facilement
que la modestie et l'amour de la vie cachée furent toujours,
comme on le sait, un des caractères distinctifs de la famille
de S. Bruno. C'est ce qui a fait dire à Théophile Raynaud,
dans le tome 9, n. 10 § 2 de ses œuvres: Non tam sollicitus
fuit ordo Carthusianus multos sanctos suos patefacere, quam
multos sanctos facere. Ainsi donc, puisqu'en fait le S. Siége
n'a jamais protesté ni implicitement ni explicitement contre le
culte rendu au bienheureux Odon, et qu'en droit l'on ne sau-
rait prétendre que le silence qui a été gardé pendant des siè-
cles ait le caractère d'une permission suspensive, le postula-
teur de la cause est convaincu que la S. Congrégation des
Rites ne pourra que se prononcer dans un sens favorable at-
tendu que de l'exposé des faits, ainsi que le promoteur de la
foi l'a lui-même avoué, il conste parfaitement de antiquitate
cultus cum scientia et tolerantia ordinariorum, vel Sedis
Apostolicae.

G

Les Eminentissimes Cardinaux réunis en Congrégation au palais du Vatican ont répondu le 26 mars dernier, constare de casu excepto. Voici le décret qui confirme le culte immémorial rendu au bienheureux Odon.

Décret confirmant le culte du
bienheureux Odon.

DECRETUM. Ordinis Carthusiani confirmationis cultus servo » Dei Odoni Novariensi sacerdoti ordinis Carthusianorum beato >> nuncupato.

» Quum R. D. Basilius Nyel sacerdos, et postulator causa» rum beatificationis servorum Dei, et canonizationis beatorum » ordinis Carthusianorum existimaverit validis monumentis de>> monstrare se posse, Dei servorum Odonem Novariensem ejus> dem ordinis sacerdotem ab immemorabili tempore ad prae» sentem aetatem semper obtinuisse publicum ecclesiasticum cultum; petiit, et obtinuit, ut in ordinariis comitiis Sacrorum » Rituum Congregationis hodierna die ad Vaticanum habitis ab » Emo, et Rmo Domino Cardinale Constantino Patrizi episcopo » Albanen. Sacrorum Rituum Congregationi praefecto sequens ▸ Dubium proponeretur: An constet de cultu publico ecclesias»tico ab immemorabili tempore praestito praedicto servo

[ocr errors]

» Dei, seu de casu excepto a decretis sa: me: Urbani Pa» pae VIII?

› Emi

porro, ac Rmi Patres sacris tuendis ritibus praepositi, >> exhibitis monumentis accurate perpensis, auditoque voce, et scripto R. P. D. Andrea Maria Frattini Sanctae Fidei promo»tore, rescribendum censuerunt: Constare de casu excepto. » Die 26 martii 1859.

» De praemissis facta postmodum a subscripto secretario Sanc>> tissimo Domino Nostro Pio Papae IX relatione, Sanctitas Sua >> sententiam Sacrae Congregationis ratam habens, apostolica. auctoritate sua confirmavit cultum publicum ecclesiasticum » ab immemorabili tempore praestitum beato Odoni Novariensi >> sacerdoti ordinis Carthusiani. Die 31 ejusdem mensis et anni. -Loco Sigilli.

[ocr errors]

» C. Episcopus Albanen. Card. Patrizi S. R. C. Praef. » H. Capalti S. R. C. Secretarius. »

DU PAPE ET DE L'ÉGLISE.

PROPOSITIONS THÉOLOGIQUES.

INTRODUCTION.

L'écrit dont nous offrons la traduction à nos lecteurs fut publié à Rome en 1686 sous le titre suivant: Alvearium Claravallense dogmaticarum veritatum de Romano Pontifice et Ecclesia expressum etc. Assertiones ex doctrina S. Bernardi abbatis, Sanctae Romanae Ecclesiae doctoris melliflui contextae. L'auteur appartenait à l'ordre cistercien; il eut l'heureuse idée d'extraire des écrits de S. Bernard tout ce qui pouvait confirmer la doctrine catholique relativement au Souverain Pontife et à l'Eglise, et de grouper ces divers extraits de manière à en faire ressortir l'éminente autorité du Pape chef suprême de l'Eglise militante.

Aux textes de S. Bernard l'auteur ajoute quelques réflexions qui sont de nature à indiquer les preuves que l'on peut y remarquer pour la confirmation et la défense des doctrines communément admises en cette matière. Mais il ne se proposa point d'écrire des thèses complètement démontrées à l'aide de tous les arguments que l'on apporte d'ordinaire à cet effet. C'est plutôt un programme de questions, ou thèses que ce religieux défendit publiquement dans l'église de son ordre à Rome sous les auspices d'un illustre cardinal, ainsi que le montrent clairement le frontispice et la préface de l'opuscule.

Pour nous, il nous a semblé, utile de profiter de ce travail pour faire connaître la doctrine de S. Bernard sur des questions qui concernent de près la constitution de l'Eglise et les éminentes prérogatives de son Chef visible. Nous avons cru aussi ne pas devoir omettre entièrement les corollaires que l'auteur tire des propositions de S. Bernard.

Nous rapportons à la fin la dédicace au Pape. Elle est entièrement composée avec des passages de S. Bernard qui sont habilement réunis et groupés de manière à former le résumé de l'ouvrage.

DU PONTIFE ROMAIN ET DE L'EGLISE.

PROPOSITIONS THÉOLOGIQUES.

EXTRAITES DE S. BERNARD.

I.

« Il n'était pas possible, écrit S. Bernard au roi des Romains, » (Epist. 243) que la Royauté et le Sacerdoce pussent être réunis » et entés l'un sur l'autre d'une manière plus douce, plus ami» cale et en même temps plus étroite, qu'en venant l'un et > l'autre se rencontrer dans la Personne de Notre-Seigneur, » qui, descendant selon la chair de la tribu de Lévi aussi bien que de celle de Juda, est tout à la fois notre Pontife Su» prême et notre suprême Roi. Et il les a même tellement fon» dus ensemble et tellement unis dans son corps mystique, qui est le peuple chrétien dont il est lui-même le chef, que l'apô>tre a pu appeler tous les hommes qui le composent du glo»rieux titre de Tribu choisie et de Sacerdoce royal (genus » electum, regale sacerdotium). »

Ainsi la suprême autorité de la puissance ecclésiastique et de la puissance politique réside incontestablement dans la république chrétienne. Chacun de ces deux pouvoirs a sa sphère que Dieu lui-même a établie; les limites du premier s'étendent de leur nature à toutes les affaires spirituelles et concernant le salut des âmes, tandis que celles du second s'arrêtent aux affaires civiles et temporelles.

II.

<«< Bien que son royaume ne soit pas de ce monde, le roi » est néanmoins aussi dans ce monde. En effet lorsqu'on lui >> fit cette demande: Etes-vous roi? Je suis, répondit-il, né pour » cela, et pour cela je suis venu dans le monde. » (Serm. 2, » in Epiph.) Et ailleurs S. Bernard confirme ainsi ce que nous >> venons de citer: « Jésus-Christ ayant effectivement montré qu'il » est le Seigneur de tous les êtres qui sont sur la terre, dans » la mer et dans les enfers il ne lui restait plus qu'à mani» fester pas des preuves semblables ou mème incontestablement » plus fortes qu'il était également le Seigneur de l'air et des »cieux. (Serm. 2, de Ascens.).

Il prouve ensuite par une éloquente démonstration tirée de chacun des éléments et de toutes les autres créatures, comment Notre-Seigneur Jésus-Christ exerce, même comme homme, son souverain domaine sur tout l'univers. Néanmoins le royaume de Jésus-Christ n'est pas de ce monde, c'est à dire d'ici-bas, parce qu'il n'en est pas en effet par droit de transmission, ou bien parce que Jésus-Christ en quelque façon n'a point voulu exercer personnellement un certain droit ou pouvoir formel de juridiction sur les affaires temporelles, à l'exception d'un trèspetit nombre de choses; mais par l'union hypostatique il possède un droit suprême tant de juridiction que de propriété qui est de sa nature bien au-dessus de tout droit pouvant appartenir à une simple créature raisonnable. Et le pouvoir que ce droit lui confère est tellement supérieur à tout domaine créé que tous les droits créés lui sont assujettis.

III.

« Les flots se sont débordés, les vents se sont déchainés et » ils ont épuisé contre l'Eglise toute leur fureur, mais elle n'a » pas été renversée, parce qu'elle était fondée sur la Pierre. » Or la Pierre, c'était Jésus-Christ. » (Serm. 79, in Cant.). Le premier fondement de l'Eglise, son premier Docteur, Pasteur et Chef, c'est Notre-Seigneur Jésus-Christ, par les mé

rites, la grâce et la providence de qui, Pierre et les Pontifes Romains ses successeurs sont parfaitement solides et inébranlables, bien que cette solidité et cette fermété résident avec une plus grande plénitude et d'une manière plus excellente dans le fondement principal, c'est à dire dans Jésus-Christ, dont le Pontife Romain est le vicaire.

[ocr errors]

IV.

« L'Eglise est à la vérité sur la terre, mais elle a son type » dans le ciel, etc. Il avait vu et compris cela, celui qui disait: » J'ai vu la sainte cité de Jérusalem que Dieu même a formée descendre du Ciel etc. De même que dans le ciel les » Séraphins et les Chérubins et les autres esprits célestes, sont » soumis à un seul Chef qui est Dieu; ici-bas aussi les pri>> mats ou patriarches, les archevêques, les évêques, les prètres et les religieux et tous les autres fidèles sont placés sous » la conduite d'un seul Chef qui est le Souverain Pontife. » (Lib. 3. de consid. c. 10.).

༥.

« C'est avant tout l'unité et la paix que les Anges de paix exigent de nous. Et pourquoi ne se complairaient-ils pas sou› verainement dans ces deux choses qui retracent en nous en » quelque façon la forme et la beauté de la Cité Sainte à la» quelle ils appartiennent et leur font admirer sur la terre » une nouvelle Jérusalem? » (Ser. de S. Mich.).

De même que dans l'Eglise des Anges immortels, après le suprême Roi de tous qui est Dieu, un seul qui est depuis la chute de Lucifer, l'Archange S. Michel, commande à tous les autres avec le titre de chef du Paradis et de prince de la milice céleste, de même aussi dans l'Eglise des hommes mortels, après Notre-Seigneur Jésus-Christ qui est le chef invisible de l'Eglise, le Pontife Romain gouverne d'une manière visible avec le titre de vicaire de Jésus-Christ et de successeur de S. Pierre, tous ceux qui font partie du peuple chrétien. · VI.

[ocr errors]

Commentant le chapitre 21 de l'apocalypse, le S. Docteur fait en peu de mots, mais avec un parfait à propos, ces remarques :

» mes, et apparaissant comme homme. Mais l'épouse, sous quelle forme, sous quel aspect et avec quelles qualités pen>>sons-nous qu'elle ait apparu à celui qui la vit descendre du ciel? Le moment où il la vit, c'est celui-là même où il vit » le Verbe fait chair, attentu qu'il les vit deux dans une même » chair. En effet lorsque cet adorable Emmauuel est venu ap» porter à la terre le règne de la discipline céleste, lorsqu'une » sorte d'image visible de cette Jérusalem d'en-haut qui est »notre mère et tout l'éclat de sa beauté nous ont apparu im» primés en lui, qu'avons-nous vu alors, si ce n'est dans l'époux » l'épouse elle-même? etc. »

Jésus-Christ ayant fondé son Eglise de la nouvelle alliance et ne pouvant ni l'assister dans son gouvernement par sa présence corporelle, ni la gouverner lui-même d'une manière visible, a choisi Pierre pour être son vicaire visible sur la terre et avec lui tous ses successeurs afin de perpétuer l'état régulier de l'Eglise, attendu qu'elle doit toujours subsister et que les portes de l'enfer ne prévaudront jamais contre elle. Et à cet effet il a conféré à Pierre et à tous ses successeurs légitimes pour l'exercer dans l'univers entier la charge suprême de Pasteur des âmes; il a voulu qu'en vertu de cette même charge il leur appartînt de tenir sa place, d'exercer visiblement son autorité en qualité de vicaires et du porter ainsi imprimé en eux le caractère de son nom sacré; sous les auspices de ce nom sacré doivent être convoqués les Conciles OEcuméniques, suivant l'institution manifeste du Sauveur lui-même. De même aussi que c'est le propre du Chef ou de Prince d'être la vivante image de l'état qui réside en lui représentativement, de même on peut dire que le Pontife Romain est la vivante image et le vrai représentant de toute l'Eglise en qualité de chef de cette même Eglise et en vertu de l'autorité dont il est revêtu comme vicaire de Jésus-Christ. Aussi est-ce evec raison que l'abbé de Clairvaux écrivant au pape Innocent II l'appelle Pierre fondamentale de la foi catholique (Catholicae fidei petram) conformément aux paroles de notre Sauveur: Tu es Petrus et super hanc petram aedificabo Ecclesiam meam (Math. XVI). Dans la langue syriaque dont Notre-Seigneur se servait et même dans la langue hébraïque le mot Cepha, signifie Pierre, non pas une pierre quelconque, mais une pierre de l'espèce la plus dure.

Chose admirable! Il allait au devant de l'épouse et il n'y » venait pas sans l'épouse. Il cherchait l'épouse et l'épouse était » avec lui. Est-ce donc qu'elles étaient deux? Non certes, car Une seule, dit-il, est ma colombe. Mais il a voulu faire de » plusieurs troupeaux de brebis un seul troupeau, afin qu'il n'y ait plus qu'une bergerie et qu'un Pasteur. Ainsi ayant déjà une épouse qui était avec lui dès le commencement, je veux dire la multitude des Anges, il lui a plu de former » parmi les hommes une Eglise et de l'unir à celle qui est dans » le ciel, afin qu'il n'y ait qu'une épouse et qu'un époux. » C'est pourquoi de l'adjonction de la seconde à la première, » il ne résulte point qu'elles soient deux, mais bien une seule plus accomplie et plus parfaite, et elle se reconnait claire» ment désignée par cette parole: Une seule est mon épouse » vraiment parfaite. De la sorte, l'époux qui est Jésus et l'épouse qui est l'éternelle Jérusalem sont l'une et l'autre du ciel. » (Serm. 27, in Cant.). Ces deux Eglises ne constituent donc qu'une seule et mème Eglise, comme des parties d'un même objet dont l'une vient se joindre à l'autre. Personne en effet n'aura Dieu pour Père dans le Ciel, s'il n'a point voulu avoir sur la terre l'Eglise pour Mère. S. Bernard ajoute: L'unité vient de » la conformité, et cette conformité qui consiste maintenant » dans une égale fidélité résidera plus tard dans une même gloire.

[ocr errors]
[ocr errors]

VII.

« Jésus voulant se montrer comme époux s'est anéanti, pre»nant la forme de serviteur, se faisant semblable aux hom

VIII.

S. Bernard écrit au pape Eugène III, lib. 3 de consideratione, c. 17: « Vous vous trompez si vous pensez que, parce » que Dieu en instituant votre pouvoir apostolique l'a fait sou» verain, il n'a pas institué d'autre pouvoir. Si vous êtes de » cet avis, vous n'ètes point d'accord avec celui qui a dit: Non » est potestas nisi a Deo. Par là même, si le passage suivant: » Qui résiste au pouvoir, résiste à l'ordre que Dieu même » a établi, vous concerne principalement, il ne vous concerne >> pas toutefois uniquement. Enfin le même écrivain sacré ajoute: » Que toute créature vivante soit soumise aux puissances su» périeures. Il ne dit point, à la puissance supérieure, comme » s'il n'y en avait qu'une, mais aux puissances supérieures en >> parlant de plusieurs. Votre puissance n'est donc pas la seule » que Dieu ait instituée: il y a en effet des puissance moyennes » et il y en a également d'inférieures. » Il ressort clairement de ces expressions que le gouvernement de l'Eglise que Dieu a confié a des hommes est à la vérité monarchique, mais qu'il ne laisse pas néanmoins que de renfermer un mélange d'autres pouvoirs inférieurs. L'Eglise étant un seul corps de hiérarchie qui ne saurait subsister sans un chef, ce chef représente toute l'Eglise quant à la plénitude de l'autorité reçue de JésusChrist pour tenir sa place ici-bas: cependant cette même autorité descend en partie dans chacun des évêques des Eglises particulières et se communique à eux comme membres d'un même corps hiérarchique.

[ocr errors]
[ocr errors]

IX.

« Vous êtes celui à qui les clés ont été livrées, celui à qui » les brebis ont été confiées. A la vérité d'autres aussi ouvrent >> les portes du ciel et ont en qualité de Pasteurs des trou» peaux à conduire; mais vous, autant le droit que vous avez » à ce double titre vous élève au-dessus d'eux, autant votre gloire éclipse leurs prérogatives; chacun d'eux n'a qu'un seul >> troupeau qu'il est chargé de conduire; mais vous, tous les >> troupeaux vous ont été confiés pour être entre vos mains » un seul troupeau conduit par un seul Pasteur. Et vous êtes » le Pasteur suprême, non seulement de toutes les brebis, >> mais encore de tous les Pasteurs. Désirez-vous que je vous >> en montre la preuve? Je la trouve dans la parole même du Seigneur. En effet à qui je ne dis pas des évêques, mais des » apôtres toutes les brebis ont-elles été confiées d'une manière >> aussi absolue et sans distinction aucune? Pierre, si vous » m'aimez, paissez mes brebis. De quelles brebis s'agit-il? » Sont-ce les peuples de telle ou telle ville, de telle ou telle >> contrée, ou bien ceux d'un Etat particulier? Mes brebis, dit-il simplement. Qui ne voit clairement que ces paroles ne dé» signent pas seulement quelques brebis, mais bien toutes les >> brebis? Il n'est fait aucune exception là où ne parait aucune >> distinction.» (Lib. 2, de consider c. 9). Donc évidemment toutes les brebis sans distinction ont été mises sous la conduite de Pierre et de ses successeurs; il n'est fait aucune différence entre le magistrat et le peuple, ni aucune exception en faveur des princes ou des rois, et cette charge pastorale dans la personne de Pierre et de ses successeurs est tellement universelle, qu'elle s'étend non seulement à tous les fidèles qui sont les brebis de Jésus-Christ, mais encore à tous les actes de la charge pastorale dans chaque Eglise particulière, attendu qu'il n'est fait aucune exception, là où ne parait aucune distinction.

[ocr errors]

X.

« Et vraisemblablement (continue l'admirable Docteur) les >> autres disciples étaient présents, et Jésus-Christ, en confiant » à un seul l'unité de son Eglise, la recommandait au zèle de >> tous, en les comprenant tous dans un seul troupeau sous un >> seul Pasteur etc. C'est pour cela que chacun d'eux a reçu » mission d'évangéliser tels ou tels peuples particuliers, tous » étant instruits de l'ordre établi par le Sauveur. » Ce passage est certainement beaucoup plus remarquable par le rapport étroit qu'il a avec les précédents que par son étendue. On trouve réunies sous ce peu de mots presque toutes les prérogatives de la souveraine suprématie du Pontife Romain; elles y sont même clairement indiquées et elles y brillent de tout leur éclat. Il est certain que Notre-Seigneur Jésus-Christ a déterminé d'une manière claire et distincte et dans une mesure différente qui résulte évidemment des expressions même du texte sacré, les pouvoirs qu'il a conférés d'une manière générale à tous les apôtres et ceux qu'il n'a conférés qu'à Pierre. On ne voit pas qu'il ait dit à aucun des apôtres en particulier, à l'exception de Pierre seulement, rien dont il put se prévaloir pour prétendre à plus d'autorité qu'un autre, tandis qu'une telle distinction était nécessaire en faveur de celui en qui devait résider l'unité du corps et le pouvoir de le gouverner. L'abbé de Clairvaux prouve en effet par les paroles mêmes de l'évangile dont il nous montre le sens par des arguments d'une clarté admirable, que Notre-Seigneur Jésus-Christ près de monter au ciel confia à Pierre seul, en présence des autres apôtres et disciples, par un ordre trois fois répété, après l'avoir discerné de tous par une comparaison spéciale, le soin de tout le troupeau et le gouvernement de tout son royaume de manière à ce que les autres apôtres pussent avoir part à l'un et à l'autre sous sa conduite, et qu'il lui conféra en même temps une autorité immédiate sur les fidèles de toute l'Eglise.

[ocr errors]

XI.

« Voici encore un autre passage (continue le S. Docteur en » s'adressant à Eugène-III) voici un autre passage, ô Eugène, » qui ne confirme pas moins votre glorieuse prérogative. Les disciples étant sur la mer avec des barques le Seigneur leur » apparut sur le rivage, et, ce qui était de nature à leur causer » plus de joie, il leur apparaissait ainsi après sa résurrection. » Pierre voyant que c'était le Seigneur, se jeta à la mer et le » rejoignit, tandis que les autres arrivaient avec leurs barques. Qu'est-ce autre chose qu'une figure de l'unité et de » l'universalité du Pontificat de Pierre? En effet il n'a pas été chargé de la conduite d'une seule barque, ainsi que tous les >> autres, qui conduisaient chacun la sienne, mais il a reçu la » mission de gouverner le monde: car la mer figure le monde >> et les barques les Eglises particulières. Par la même raison » lorsque dans une autre circonstance il marcha sur les eaux » à l'exemple du Seigneur, il montra qu'il était l'unique Vicaire » de Jésus-Christ, chargé de commander, non pas à un peuple, » mais à tous les peuples etc. Ainsi, tandis que les autres ont » chacun une barque a gouverner, vous, ô Eugène, vous avez >> le gouvernement d'un immense navire composé de toutes » ces barques et ce navire n'est autre que l'Eglise universelle >> répandue sur tout le globe. » Ainsi s'exprime le S. Docteur, dans un style plein d'éloquence. Il prouve clairement par ces admirables paroles que Pierre a été constitué sans aucune restriction et d'une manière indéfinie et illimitée le Pasteur, le supérieur et le recteur suprême de toutes les Eglises répandues dans tout l'univers et de tous les autres Pasteurs.

XII.

« Vous êtes celui à qui les clés ont été confiées» dit encore S. Bernard au même Pape. Et dans son sermon pour la fête de S. Pierre et de S. Paul, il s'écrie: « Pierre a reçu les clés » du royaume des cieux d'une manière tellement particulière, » que la sentence de Pierre précède la sentence du ciel. » En outre dans le 69 sermon, sur le cantique des cantiques, il prononce ces magnifiques paroles: « Celui qui n'entre pas par la >> porte est un voleur et un larron. Pierre ne peut manquer » d'entrer par la porte, puisqu'il a reçu les clés. Mais il n'en>> trera pas seul, car il me fera entrer aussi moi-même s'il » le veut, et il exclura tel autre qu'il se résoudra peut-être à >> exclure en vertu du pouvoir qu'il a reçu d'en-haut. Et ces »clés quelles sont-elles? Le pouvoir d'ouvrir et de fermer, et » celui de discerner ceux qui doivent être exclus de ceux qui » doivent être admis etc. Ce double pouvoir Jésus-Christ l'a » donné, c'est Pierre qui l'a reçu etc. »

Donc c'est à Pierre lui-même expressément et immédiatement, en tant que constituant une personne distincte désignée par le mot tibi, et non à l'Eglise représentée par Pierre, que Jésus-Christ promit et donna, en présence de tous les apôtres, les clés du royaume des cieux, c'est à dire un pouvoir de gouverner si grand et si illimité qu'il lui promit de ratifier lui-même dans les cieux tout ce qu'il aurait déterminé, lié, arrêté, ou bien aboli ou délié sur la terre. Pareillement les clés du royaume des cieux furent remises par Jésus-Christ à Pierre avec l'assurance formelle et inséparable d'une durée ou d'un état de choses permanent qui se perpétuerait jusqu'à la fin des siècles, d'où il résulte évidemment que le pouvoir des clés ne devait point expirer dans sa personne, mais passer à ses successeurs. Ainsi les clés que Pierre a reçues n'ont pas été laissées à l'Eglise pour que cet apôtre les reçût ensuite d'elle, mais bien pour qu'il s'en servit lui-même pour l'utilité de l'Eglise et pour qu'il les communiquât aux ministres d'un rang inférieur. Enfin ces clés n'ont pas été confiées à Pierre comme à un simple mandataire, mais bien comme à un vrai monarque visible dont elles annoncent l'autorité souveraine sur toute l'Eglise.

XIII.

» (L. 2, de considerat. cap. 9, epist. 238 et 1. 3 de consid. » c. 8). Faisons plus encore, recherchons avec plus de soin et » d'attention ce que vous êtes, ô Eugène, je veux dire quelle place vous occupez ici-bas dans l'Eglise de Dieu. Ce que vous » ètes? Vous êtes le prêtre du Très-Haut. Vous êtes l'héritier » de sapôtres. Vous êtes l'héritier et l'héritage de l'univers. Vous » êtes le successeur de Pierre. C'est à vous que l'Eglise a été ‣ confiée depuis l'Orient jusqu'au couchant. C'est vous qui devez » être son rempart et son boulevart devant ses ennemis et ses » persécuteurs. Dieu lui-même est l'auteur de votre unique pri» mauté dans le pouvoir souverain que vous avez sur toutes » choses. >

D

Les prérogatives de l'autorité apostolique subsistent donc encore dans l'Eglise de Dieu, mais non en aucun autre que le successeur de Pierre à qui ont été données les clés du royaume des cieux et l'inséparable assurance que la solidité inébranlable de son pouvoir suprême serait jusqu'à la fin des temps la pierre ferme qui sert de fondement à toute l'Eglise; et il résulte de tout cela la preuve évidente que par droit divin et par droit de succession, le Pontife Romain tient de S. Pierre un pouvoir qui s'étend sur toute l'Eglise. Il est condamné à sortir de l'univers, dit le S. Docteur, celui qui voudrait chercher ce qui n'est point soumis à votre sollicitude.

XIV.

(Epist. 161,189,239,370,1.2,de consid. c. 2, §8, 9,serm.66, inter breves 1. 3, de consid. c. 8, 1. 4, de consid. c. 11). Rien n'est plus magnifique, et en même temps rien n'est plus conforme aux saintes écritures que les titres prodigués en divers endroits par S. Bernard au Pontife Romain pour exalter la suprême autorité qu'il a sur toute l'Eglise et sur tous les chrétiens. Il l'appelle : « Souverain Pontife; évêque de l'univers; ami » de l'époux; Souverain qui n'a point d'égal sur la terre; juge » à qui ont été confiées les clefs du royaume des cieux et qui » révèle les mystères du jugement de Dieu; grand-prêtre; suc>> cesseur de Pierre; prince des évêques; héritier des apôtres; » père très-saint, très-clément et très-aimant; gardien de l'épouse › du Christ; pasteur des brebis de Jésus-Christ; vigilante sen› tinelle préposée à la garde de toutes choses; verge qui chàtie » les puissants; Souverain placé au-dessus de tous les pouvoirs. » de la terre; gardien de tous les troupeaux; prince à qui a » été réservée la plénitude du pouvoir; recteur suprême qui »a dans sa main le tout de toutes choses; modèle de la piété; » soutien de la vérité; défenseur de la foi; docteur des nations; chef des chrétiens; paranymphe de l'épouse; ordon»> nateur du clergé; refuge des opprimés; vengeur des crimes; » gloire des bons; marteau des tyrans; sel de la terre; père des rois; lumière de l'univers; oint du Seigneur; Abel par » la primauté; Noé par le gouvernement; Abraham par le pa» triarcat; Melchisedech par l'ordre; Aaron par la dignité; Moyse » par l'autorité; Samuel par la judicature; Pierre par le pouvoir; Christ par l'onction; Dieu de Pharaon. » Nous passons une quantité innombrable de titres pareils. L'éclatante lumière qui sort de tant et de si graves témoignages chasse bien loin, ce nous semble, les ténèbres que les écrivains hétérodoxes se sont efforcés de répandre sur cet objet, attendu qu'il est impossible de prouver plus victorieusement et d'exalter d'une manière plus éclatante l'autorité suprême du Pontife Romain sur toute la société chrétienne.

[merged small][merged small][merged small][ocr errors]

» séquent n'ont été appelés qu'à prendre part à votre sollici>> tude conformément aux règles que vous leur tracez; mais » vous, avez été choisi pour exercer la plénitude du pou» voir. Le pouvoir des autres est renfermé dans certaines limites, » le vôtre s'étend même sur ceux qui ont reçu un pouvoir sur >> les autres etc. Votre privilége suprême est donc fondé d'une » manière inébranlable sur les clés qui vous ont été confiées » et sur le commandement qui vous a été fait de conduire les » brebis. » (Lib. 2, de consid. c. 9). Ainsi, les apôtres avaient un pouvoir qui était à certains égards semblable, cependant tous ne l'avaient pas au même titre. Pierre l'avait à titre de pouvoir ordinaire et les autres à titre de mission purement personnelle. Entre les mains de Pierre il renfermait la charge de conduire en qualité de Pasteur les brebis du Christ, une constitution de ce pouvoir à jamais inhérente à l'édifice de l'Eglise fondé sur la Pierre, et la transmissibilité de ce même pouvoir ordinaire à ses successeurs. Mais dans les autres apôtres il n'était autre chose qu'un pouvoir reçu par mode de mission ou de délégation personnelle, lequel par conséquent devait expirer avec eux. En effet il n'a été dit nulle part aux autres apôtres qu'ils dussent être indistinctement et absolument Pasteurs des brebis de Jésus-Christ; mais il leur a été dit par mode de mission ou de délégation d'aller instruire toutes les nations. Or il est dans la nature même d'une délégation de n'être point perpétuelle, ni transmissible à des successeurs. Il suit de tout cela que la souveraine primauté de Pierre ne peut ètre infirmée par aucune espèce de comparaison entre lui et lequel que ce soit parmi les autres apôtres.

[ocr errors]

XVI.

« Pierre n'a-t-il point opéré par la vertu de Jésus-Christ des >> miracles plus grands que ceux de Jésus-Christ lui-même, lui >> dont nous lisons, qu'on plaçait les malades dans des lits sur » les places, afin que quand Pierre passerait quelques-uns fus>> sent au moins touchés par son ombre et délivrés de leurs >> infirmités? Nous ne trouvons nulle part que le Seigneur ait guéri de malades par son ombre. Qui est plus puissant que » Pierre, à qui la terre a obéi lorsqu'elle a rendu ses morts, » à qui la mer a prêté ses flots pour soutenir ses pas et de>> vant lequel Simon le magicien est tombé du haut des airs >> atteint et vaincu par le souffle de sa bouche? etc. Qui en même » temps est plus sage que lui à qui ni la chair ni le sang » n'ont point révélé ce qu'il enseigne? (Serm. in festo SS. Petri » et Pauli). Ces éloquentes paroles ruinent par avance tout le fondement des sarcasmes accumulés dans les centuries de Magdebourg, dont les auteurs ont prétendu trouver outre le reniement de Jésus-Christ quatorze horribles chûtes de l'apôtre S. Pierre, affirmant impudemment que le souvenir s'en était conservé par une particulière assistance du Saint-Esprit, afin d'empêcher que l'on ne vînt à attribuer à Pierre de trop grandes prérogatives, comme Dieu prévoyait qu'on le ferait dans la suite des siècles.

XVII.

« Je ne pense pas que vons ayez de toute manière le gou» vernement de l'univers (dit le S. Docteur au pontife romain » Eugène III, lib. 3, de consid.). J'estime que vous avez scule» ment été chargé en quelque façon de lui donner des lois, » sans que vous en ayez toutefois obtenu la possession. Que » si vous allez jusqu'à usurper cette dernière prérogative, vous » avez contre vous celui qui dit: C'est à moi qu'appartient le » globe terrestre et tout ce qu'il renferme. Meus est enim orbis » terrae et plenitudo ejus. Vous n'êtes point celui dont le pro» phète a dit: et erit omnis terra possessio ejus, toute la terre » sera son domaine. C'est à Jésus-Christ qu'appartient ce do» maine et par le droit de la création et par le mérite de la » rédemption, et par le don que lui en a fait son père. A quel » autre en effet a-t-il été dit: Postula a me, et dabo tibi gentes

« PreviousContinue »