BIBLIOTHÈQUE

FRANÇOISE

DE

LA CROIX DU MAINE.

IN N.

JOA.

INNOCENT TOURMENTE, Poëte François. Il a écrit plufieurs Chants Royaux à l'honneur de la Vierge *.

*Il est ainfi nommé au mot GUILLAUME ALEXIS parmi les Poëtes du Puy de Rouen; on voit pourtant bien que c'eft un faux nom.

JOACHIM DU BELLAY, Gentilhomme Angevin, Sieur DE GONNOR en Anjou, Archidiacre en l'Eglife de Notre-Dame de Paris. Cetui-cy a été l'un des plus eftimés Poëtes Latins & François de notre temps, & lequel a compofé des Œuvres, lefquels vivront autant que dureront les Langues efquelles il a écrit. Il compofa en fes plus jeunes ans la défenfe & illuftration de la Langue Françoife, ensemble un Poëme de fes amours, contenant plus de cinquante Sonnets faits en faveur de fa Maîtreffe qu'il appelle Olive. Un Recueil de Poëfie; la traduction du LA CR. DU M. Tome II.

A

quatre

quatrième & fixième Livre de l'Enéide de Virgile, ensemble plufieurs autres traductions de divers Auteurs; les Regrets de l'Auteur étant à Rome; les Antiquités de Rome; divers Jeux Ruftiques; Epithalame fur le mariage du Duc de Savoie ; le tombeau du Roi Henri II; Difcours au Roi fur le fait des Etats de fon Royaume; plufieurs paffages des meilleurs Auteurs Grecs & Latins, cités par le Roi en fes Commentaires fur le Sympofe, ou Banquet de Platon; le tout imprimé autrefois chez Federic Morel à Paris l'an 1569, & depuis l'on a recouvré plufieurs autres Poëfies tant Latines que Françoifes, toutes imprimées enfemble chez ledit Morel & Abel l'Angelier cette année 1584. Il mourut le premier jour de l'an en Janvier 1559, ou bien 1560 felon aucuns 1.

'Quand La Croix du Maine dit que Joachim du Bellay mourut en Janvier 1559, ou, felon d'autres, 1560, il faut entendre qu'il mourut en 1560, fuivant le Calendrier Romain où l'année commence au premier Janvier; mais qu'il mourut en 1559, fuivant le Calendrier François, où l'année 1560 ne commença qu'au 14 Avril, jour de Pâques. Du Bellay n'avoit encore que trente-cinq ans. ( M. DE LA MONNOYE ).

Joachim du Bellay étoit fourd, & mourut paralytique à trente-cinq ans, étant nommé à l'Archevêché de Bordeaux. On a cru mal-à-propos qu'il étoit bâtard, cat il ne feroit jamais entré dans le Chapitre de Notre-Dame de Paris, dont il étoit Chanoine. N. Chezy de Neuville, Abbé de Lagny, Confeiller de la Grand'Chambre, ne put jamais être Chanoine avec tout le crédit de fon frère, alors Secrétaire d'Etat, parce qu'il étoit bâtard. (M. FALCONET).

* C'est Belly qui a dit que ce du Bellay étoit bâtard, & il a été relevé à ce fujet avec raifon par Niceron & l'Abbé Goujet. Mais tous deux fe font trompés en citant l'Hiftoire des Comtes d'Anjou comme l'Ouvrage où Befly a avancé ce fait ; c'eft dans l'Hiftoire des Comtes de Poitou. Befly n'a point fait 'Hiftoire des Comtes d'Anjou. La Croix du Maine s'eft mépris à fon tour, en croyant que Joachim du Bellay a été Archidiacre de Paris. Niceron qui a confulté les Regiftres de l'Eglife de Paris, n'y a point trouvé le nom de JOACHIM DU BELLAY au nombre des Archidiacres. Cette méprife a été répétée dans les notes fur la Traduction Françoife de M. de Thou, Tom. II pag. 869. Il ne paroit pas non plus que Joachim du Bellay ait jamais été nommé à l'Archevêché de Bordeaux, il n'en eft mention ni dans les Chroniques Bourdeloifes, ni dans les deux Editions de la Gaule Chrétienne. Quelques-uns ont dit que le Cardinal Jean du Bellay, qui mourut Are hevêqu

de Bordeaux en la même année que Joachim, étoit fur le point de fe démettre en sa faveur de cet Archevêché; cela me paroît d'autant moins fondé que Joachim étoit brouillé depuis quelque temps avec le Cardinal fon parent.

« Ce fut une belle guerre, dit Pâquier (Tom. I, Liv. VII, Chap. 6, » Col. 702 & 703 de fes Recherches) que l'on entreprit alors contre l'igno»rance dont Seve, Béze & Pelletier furent les Avant-coureurs. Après fe » mirent fur les rangs Pierre de Ronfard, Vendomois, & Joachim du Bellay, Angevin, tous deux Gentilshommes extraits de très-nobles races. Ces » deux rencontrèrent heureufement..... De manière que fous leurs enfei»gnes plufieurs fe firent enroller... Celui qui le premier apporta l'ufage des » Sonnets fut le même du Bellay, par une cinquantaine dont il nous fit pré» fent en l'honneur de fon Olive, lefquels furent très-favorablement reçus » par la France ». Cette Olive étoit l'anagrame de Viole, qui étoit le vrai nom de fa maîtresse.

Voy. les Mémoires de Niceron, Tom. XVI, pag. 394, & Tom. XX, pag. 101, & la Biblioth. Françoise de M. l'Abbé Goujet, Tom. XII, pag. 117.

JOACHIM BLANCHON, Limofin. Il a écrit un Difcours en vers, touchant la guerre civile & diverfes calamités de ce temps, fait en forme de Dialogue, duquel les entre-parleurs font le Monde & le Temps, imprimé à Paris chez Denis du Pré l'an 1569. Il a davantage écrit plufieurs Sonnets amoureux, & autres Poëfies fur différens fujets. Il a enfin réduit toutes fes Poëfies en un juste volume, lequel a été imprimé à Paris chez Perier l'an 1583. Il florit à Limoges (qui eft le lieu de sa nativité) cette année 1584 *.

Dorat, compatriote de Blanchon, a fait le Diftique fuivant à fon honneur, après avoir parlé d'autres Poëtes Limofins :

Tu quoque, Blanchoni, par his decus arte mereris,

Gallica Lemovicum carmina prima canens.

Cependant les vers de Blanchon n'ont pas eu grand fuccès, même de leur temps; & dans fon Adieu aux Mufes, il dit « qu'après les avoir fuivies » douze à quinze ans, il avoit perdu fon temps dans leur compagnie, & que » la pauvreté le talonnoit ». Tel a toujours été le fort des Poëtes de ce rang. Voy. la Biblioth. Françoise de M. l'Abbé Goujet, Tom. XIII, pag. 164. JOACHIM DU CHALARD, natif de la Souterrane en Limofin, Avocat au grand Confeil à Paris. Il a commenté les Ordonnances du Roi Charles IX, imprimées à Paris l'an 1568. Il

y a un Livre intitulé Origine des Erreurs de l'Eglife, écrit par Joachim du Ch. Je ne fais ce qu'il entend par Ch. '. Je ne penfe pas que ce foit cetuy-cy fufdit qui en foit l'Auteur. Ce Livre a été imprimé l'an 1562, fans le nom de l'Imprimeur ni de l'Auteur.

Le Livre intitulé Origine des erreurs de l'Eglife par Joachim du Ch. peut fort bien être de Joachim du Chalard. Les feize vers du moins imprimés au commencement de fon Expofition fommaire des Ordonnances de Charles IX, tels que du Verdier les a produits, donnent lieu de le présumer *. (M. DE LA MONNOYE).

*

Le P. le Long, dans sa Biblioth. Hiftor. de la Fr. n°. 11268, cite une Sommaire Expofition des trois Etats tenus à Orléans en 1560, & des Ordonnances de Charles IX fur les plaintes de ces Etats par Joachim Charlard, Avocat au Grand Confeil, in-8°. Lyon, 1578. C'eft le même Ouvrage que le Commentaire, ou Expofition des Ordonnances de Charles IX, dont parle ici La Croix du Maine & la Monnoye.

JOACHIM PERION, Tourengeau, Docteur en Théologie à Paris, & Religieux audit pays de Touraine, en l'Abbaye de Cormery, de l'Ordre de S. Benoît 1. Il étoit ettimé entre les plus grands Philofophes & des mieux verfés en Grec qui fuffent de fon temps, comme il l'a bien montré par fes Dialogues de l'origine de la langue Françoife, ensemble de fa conformité avec la langue Grecque, le tout réduit en quatre Livres, imprimés à Paris l'an 1554, chez Sébastien Nivelle, en langue Latine; mais pource qu'ils traitent de la langue Françoise; j'en ai fait mention 2: Il floriffoit fous Henri II l'an 1554.

Il fit fa profeffion de Bénédictin le 22 Août 1517, fort jeune à Cormery, lieu de fa naissance, alla étudier à Paris en 1527, y finit fa licence en 1542, & mourut en 1559, âgé de foixante ans au plus. (M. DE LA MONNOYE).

2 Le Livre de Périon, De Origine lingua Gallica, eft un des plus mauvais qui ait paru fous le règne de Henri II *. ( idem).

*Ce jugement févère de M. de la Monnoye porte fans doute fur le peu d'exactitude de Périon dans les faits & la critique, mais non fur fon style, car il écrivoit fort bien en Latin, ce qui étoit rare, fur-tout parmi les Théologiens de fon temps. (M. de Thou fait de grands éloges de la Latinité de Périon). Voy. les Mémoires de Niceron, Tom. XXXVI, pag. 33.