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Philofophe, & fur-tout bien verfé en la Poëfie Latine, de quoi il a donné très-ample témoignage par fes Œuvres Latines mifes en lumière, & imprimées à Lyon par Boudevile, Jean Edouard & autres, & encore par fes Oraifons forenfes, imprimées à Lyon & à Paris. Il a écrit en profe Françoise l'Hiftoire de France, laquelle n'a encore été mife en lumière: Meffire Gabriel de Minut, dit Munitius, fils du premier Président de Tolofe (comme nous avons dit ci-deffus parlant de lui) a ladite Hiftoire par devers lui écrite à la main, laquelle il mettra bientôt en lumière, avec un Difcours de la vie dudic Tabouet, felon que j'ai entendu des parens dudit Tabouet. Il mourut à Tolofe fous le règne de Charles IX, ou environ. Jean Papon a fait un ample Difcours des Arrêts donnés contre ledit Julien Taboué, lefquels fe voient au Recueil qui en a été imprimé tant de fois à Paris & à Lyon, lequel Arrêt il femble qu'il l'aie employé par animofiré, car il lui donne un autre titre qu'aux autres defquels il fait mention', l'appelant La Chaffe du Tabonet. Mais qui aura lu les vers Latins, compofés par lui, & envoyés audit Papon, il trouvera qu'il lui a fait injure de n'avoir employé tous les autres Arrêts qu'il avoit obtenus en divers Parlemens de France, étant iccux à fon profit & avantage. Voici donc la copie des vers dudit Tabouet, Procureur du Roi à Chamberry, lefquels j'ai bien voulu employer ici, pour montrer que le pays du Maine ne doit être fcandalifé pour un, qui a pris naiffance en icelui, & que c'eft chofe douteufe du fait narré audit Arrêt, puifqu'il y en a tant d'autres contraires, & qu'un feul qui a été contre lui, a été mis en lumière, & les autres Jean Papon les a paffés fous filence en fon Recueil.

Ad Joannem Paponem, Forenfium placitorum Collectorem repetitium, Julianus Taboëtius Jureconfultus.

Quòd me in calce operis, carbone notaveris atro,

Hoc tibi non laudi, fed vitio dabitur.
Hoc lupus & turpes faciunt morientibus urfi,
Urfi odium exerces, ingluviemque lupi.

Que fola officiunt, decreta noviffima, narras:

Sed mea, qua longè plura fuere, taces.
Atqui opera pretium fuerat, placita omnia certo
Ordine, Rapfodiis inferuiffe tuis..

Retia decipiunt, mí crede, forenfia multos,
Qua non tenduntur milvio & accipitri.
Centum ego decretis fueram fine fraude, Senatu

In triplici victor, prafide Juftitiâ.

Jure meo & causâ fretus, tandem extrà Senatum
Infperato equidem fulmine fuccubui.
Hactenus oppressus jacui mœroris in aula :

In pradam cecidit Mufa, falufque mea.

Ces vers fufdits fe voient imprimés à Lyon, l'an 1560, chez Nicolas Edouard, avec plufieurs autres qu'il envoie à tous les plus renommés Préfidens & Confeillers des Parlemens de France, lequel Livre il intitule Epidictica ad Chriftianos pacis Authores. Il avoit un fils nommé Raymond Tabouet, Avocat à Chamberry. Je ne fais s'il eft encore vivant.

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1 Taboüet, en conféquence des lettres de révision obtenues contre lui; ayant été condamné par Arrêt du Grand Confeil, le 12 Octobre 1556, à faire amende honorable tête nue, pieds nuds, la corde au col & la torche au poing, ne pouvoit difconvenir que l'honneur de fes Parties n'eût été parlà entièrement rétabli, & le fien perdu fans reffource. La Croix du Maine auroit donc mieux fait de ne point rappeler le fouvenir de cette affaire, n'ayant point fur-tout de meilleure pièce pour réhabiliter la mémoire de fon ami, que celle par où il finit fon Article, dans laquelle il y a même des fautes de quantité, qu'on ne pardonneroit pas à un Ecolier de troisième *. ( M. DI LA MONNOYE).

* Pour bien entendre ce que dit La Croix du Maine de Taboüet, & ce qui eft ajouté dans la note de M. de la Monnoye, il faur favoir que Julien Taboüet, Procureur Général du Sénat de Chamberry, s'étant deshonoré par fa conduite dans fa charge, fut reprimandé vivement par Raimond Pelliffon, premier Préfident, en vertu d'un Arrêté de la Compagnie. Taboüet ne refpirant que la vengeance, s'adreffa à François de Lorraine, Duc de Guife, qui le protégeoit, & auquel il repréfenta le premier Préfident de Chamberry & quelques Confeillers comme des Magiftrats, qui, par leurs prévarications méritoient des punitions exemplaires, avec confifcation de biens. Le Duc de Guife eut le crédit de faire nommer le Parlement de Dijon

pour

pour connoître de cette affaire, ne doutant pas qu'étant Gouverneur de la Province de Bourgogne, il ne donnât aux accufations de Taboüet tout le fuccès qu'il pouvoit en efpérer, & qu'il n'eût les confifcations des biens que le Roi lui avoit accordées dans toute l'étendue de fes gouvernemens. Cela ne manqua pas d'arriver: Pelliffon & trois Confeillers du Sénat de Chamberry furent condamnés par Arrêt du 18 Juillet 1552 à faire amende honorable, la torche au poing, dans les termes prefcrits par l'Arrêt, & à de très-groffes amendes. Pelliffon, par le crédit du Connétable de Montmorenci, parvint à obtenir des lettres de révifion, malgré les oppofitions du Parlement de Dijon, qui ne put empêcher que l'affaire ne fût revue de nouveau par des Commiffaires tirés en pareil nombre des Parlemens de Paris & de Dijon, & par fix Maîtres des Requêtes qui leur furent joints. Ces nouveaux Juges rendirent un Arrêt le 12 Octobre 1556, par lequel Pelliffon & fes co-accufés furent abfous; Taboüet condamné à faire amende honorable fur le perron du Palais, & de-là conduit au Pilori des Halles, pour y être tourné trois fois, conduit après à Chamberry, pour y renouveller la même fatisfaction & confiné enfuite en Savoye, ou en tel autre endroit du Royaume qu'il plairoir au Roi. Le premier Préfident & les trois Confeillers furent rétablis dans leurs charges, dont ils avoient été déclarés incapables par le Parlement de Dijon, & obtinrent de très-groffes amendes contre Taboüet, qui perdit fon état, fon bien & fon honneur fans reffource, & que l'on croit être mort à Touloufe en 1562, où il gagnoit fa vie à enfeigner le Droit.

Ménage, Hiftoire de Sablé, pag. 14, remarque avec raifon que Taboüet fut condamné par Arrêt du Parlement de Paris, & non pas par Arrêt du Grand Confeil, comme le dit M. de la Monnoye. Raimond Pelliffon étoit Bifayeul du fameux Paul Pelliffon, de l'Académie Françoife.

Voy. le Catalogue des Ouvrages de Taboüet dans les Mémoires de Niceron, Tom. XXXVIII, pag. 240 & fuiv.

JULIEN DU THIER, Gentilhomme du Maine, excellent Poëte Latin & François, & grand Muficien, nevcu de Meffire Jean du Thier, fieur de Beauregard, Secrétaire d'Etat fous le règne de Henri II, &c. comme nous avons dit ci-devant. Il a traduit de Latin en François l'Hiftoire Romaine de C. Velleius Paterculus, non encore imprimée. Il a écrit & compofé plufieurs Poëfies Françoifes, lefquelles ne font encore en lumière. Il floriffoit l'an 1574. Je ne fais pas s'il eft encore vivant.

S'enfuivent les noms d'aucuns Auteurs, lefquels j'ai mis expreffément à la fin de la lettre I, pour ne favoir leurs propres appellations.

LA CR. DU M. Tome II.

C

JOLIVET, natif de Paris, ancien Poëte François, fort re nommé de fon temps. Il a écrit plufieurs Chanfons d'amours. Il floriffoit en l'an 1260, ou environ.

JONGLET, ancien Poëte François & très-excellent joueur d'inftrumens de mufique en l'an 1260, ou environ, fous l'Empereur Conrad. Il a écrit plufieurs Fabliaux & Chanfons d'amours. Voyez Claude Fauchet qui en parle en fon Recueil des Poëtes *.

* Voy. Fauchet, Chap. 81.

I. FAUVERMY. Il a écrit en vers François un Livre intitulé le Ruynement de Mars, imprimé à Paris du temps du Roi François I, fous lequel il floriffoit.

I. DE FORGES. Il a écrit en profe Françoife le voyage de M. de Lautrec, contenant la prise du Bofque & de Pavie, enfemble la réduction de Genes, d'Alexandrie & autres villes & châteaux en la Duché de Milan, prifes par ledit fieur de Lautrec, imprimé l'an 1527, auquel temps ledit de Forges floriffoit à Pavie en Italie.

I. PALLET, Saintongeois. Il a traduit d'Italien en François un Difcours de la Beauté des Dames, imprimé à Paris par Abel l'Angelier l'an 1578.

I. LE PAULMIER, Docteur en Médecine. Il a écrit un brief Difcours de la préfervation & curation de la pefte, imprimé à Caën en Normandie chez Pierre le Chandelier l'an 1580.

1 C'eft JULIEN LE PAULMIER, père de Jacques le Paulmier, dont nous avons Exercitationes in optimos ferè Auctores Gracos, imprimées à Leyde, 1668, in-4°. Julien le Paulmier, Médecin à Caen, y mourut à l'âge de 68 ans. Il eut pour difciple Jacques de Cahaignes, Médecin auffi à Caën, qui traduifit en François fon Livre de la Pefte, ci-deffus mentionné, & un autre de Pomaceo, c'eft-à-dire, du Cidre. (M. DE LA MONNOYE).

I. PITHOU, OU PITOU, Docteur ès Droits. Il a écrit un Livre touchant la Police & Gouvernement des Républiques,

imprimé à Lyon. Je ne fais s'il eft parent de M. Pierre & François les Pithouz, tant renommés au Parlement de Paris & autres lieux, pour leur grand favoir & doctrine, lefquels font natifs du pays de Champagne, comme nous dirons parlant dudit Pierre par ci-après en fon ordre.

Ce JEAN PITHоv étoit apparemment oncle de Pierre & François Pithou. Nicolas Bourbon l'Ancien, Liv. VIII de fes Nuga, en adreffe la quatrevingt-dix-huitième Epigramme Joanni Pithoo, Jurifconfulto Trecenfi, eloquentiffimo viro, qui n'eft autre affurément que le Jean Pithou, ici mentionné, dont cependant nul des quatre habiles Ecrivains de la vie de Pierre Pithou n'a dit le moindre mot. (M. DE LA MONNOYE).

I. RAPHAEL, Provençal, de l'Ordre de S. Dominique en Provence. Il a écrit la vie de Saint Aulzias de Sabran, Comte d'Arian, glorieux Confeffeur & vierge, imprimée à la requête de Meffire Pierre de Sabran, Seigneur de Beaudiner en Provence, &c. Jean Treperel a imprimé ladite vie à Paris il y a près de foixante ans ou plus 1.

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JEAN RAPHAEL. Les PP. Quétif & Echard n'ont pu deviner la fignification de cet I. Ils mettent feulement l'Auteur en 1500, & difent qu'il dédia cette Vie d'Aulzias ( ou Elzear *) à Louis XII, dont le règne commença au mois d'Avril 1498. Jean Tréperel, l'Imprimeur du Livre, n'a pas, que je fache, imprimé au-delà du quinzième fiècle. ( M. DE LA MONNOYE).

* S. Elzéar, Comte d'Arian, Baron d'Anfin, &c. mourut à Paris le 27 Septembre 1323. Plufieurs Auteurs ont écrit fa vie. Celle que compofa J. Raphaël fut imprimée à Paris, en 1524, in-8°. Il y en a une Edition plus ancienne, in-4°. fans date.

I. ROBERT, Juge criminel à Nifmes en Languedoc. Il a écrit quelques Mémoires touchant les Antiquités de Nifmes, comme témoigne B. de la Tour d'Albenes, en fa Choreide ou Louange du Bal.

J. D. L. Gentilhomme François. Il a écrit un Difcours du fiège tenu devant la Charité l'an 1577, imprimé à Paris chez Jean de Laftre audit an.

J. D. L. Avocat au Parlement de Paris. Il a écrit une lettre

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