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& beauté des Dames, où fe trouve le dénombrement des trente qualités re quifes pour faire une beauté complette. J'ajoute aux autres curieufes citations de Névizan le 56° Chap. du XIIIe Liv. d'Amadis, & ce qu'en dit Brantome, Tom. I des Dames Galantes. (M. DE LA MONNOYE).

MADELENE DE L'AUBESPINE (Madame), fille de M. le Secrétaire de l'Aubefpine ', & femme de Meffire Nicolas de Neufville, Seigneur de Villeroy, premier Secrétaire d'Etat, &c. ( duquel nous ferons mention ci-après à la lettre N.) Cette Dame eft fi heureufe à compofer en profe & en vers, & a l'efprit & le jugement fi rares, qu'elle attire un chacun à la contemplation de tant de vertus qui reluisent en elle, lefquelles elle a comme par fucceffion de ceux defquels elle a pris origine, & pour faire preuve de ce que j'ai dit touchant fon fçavoir & doctrine, j'alléguerai fa Traduction des Epîtres d'Ovide, lefquelles elle n'a encore fait imprimer, non plus qu'une infinité de Poëmes de fon invention, lefquels fortiront en lumière, quand il lui plaira. Elle florit cette année 1584*.

1 Elle étoit fille de Claude de l'Aubespine & de Jeanne Bochetel. Divers Auteurs, exactement cités dans Moréry, ont parlé de cette Dame avec éloge. Bertaud, Evêque de Séez, en a fait l'Epitaphe dans ses Poëfies. Elle mourut à Villeroy au mois de Mai 1596. (M. DE LA MONNOYE).

*Elle avoit été mariée en 1562. Fauvelet du Tot fe trompe dans fon Hiftoire des Secrétaires d'Etat, lorfqu'à la pag. 81, il nomme Marie, la mère de Madelaine de l'Aubefpine. Elle fe nommoit Jeanne, & certe erreur est d'autant moins excufable, qu'il rapporte lui-même, pag. 14 du même Our vrage, l'Epitaphe de Madelaine, où il eft dit qu'elle étoit fille de Jeanne Bochetel. Cette Epitaphe nous apprend qu'elle réuniffoit les charmes de la figure aux talens & aux agrémens de l'efprit : Formá, decoris venuftate fingulari fexum ingenio, judicio, liberalitate, animi magnitudine, tùm eruditione fuperavit. L'Epitaphe fe voit dans une Chapelle de l'Eglife de Magny où cette femme célèbre eft enterrée. On y lit qu'elle mourut le 17 Mai 1596, à cinquante ans moins quatre jours. Les Auteurs de l'Hiftoire Généalogique des grands Officiers de la Couronne ont donc mal calculé la date de fa naiffance, Tom. IV, pag. 641, quand ils l'ont placée au 1 3 Mai 1546, il falloit la placer au 21 Mai. Selon leur calcul elle avoit vécu cinquante ans plus quatre jours.

...

MADELENE CHEMERAUT, Dame Poitevine, parente de Mefdames des Roches de Poitiers, &c. J'ai entendu qu'elle

a un efprit gentil & fort prompt à composer en vers & en profe. Elle n'a encore fait imprimer aucuns de fes Œuvres, mais il s'en voit quelques écrits à la main, & entre autres plufieurs Sonnets. Elle florit à Poitiers, l'an 1584.

MAGDELENE DESCHAMPS, femme de M. le Contrôleur Servin, fieur DE PINOSCHES, en Vandomois, & mère de Loys Servin de Pinoches, Avocat en Parlement, (duquel j'ai parlé ci-dessus.) J'ai vu quelques Poëfies Françoises, Grecques & Latines, compofées par ladite Dame, tant fur la mort de François Balduin, (homme des plus renommés pour la Jurifprudence & l'Hiftoire qu'autre de fon temps,) mais elles ne font encore imprimées. J'en ai par devers moi quelques-unes de fa façon fur la mort du fufdit Balduin. Elle a recueilli plufieurs Mémoires touchant la police de France, non imprimés. Je n'ai pas connoiffance de fes autres compofitions Françoises, & quant à celles qu'elle a compofées en Grec ou en Latin, j'en ferai mention autre part. Elle florit cette année 1584.

MAGDELEINE NEVEU, Dame DES ROCHES, en Poitou, mère de Catherine des Roches, toutes deux fi doctes & fi fçavantes, que la France peut fe vanter les ayant engendrées, d'avoir produit en elles les deux perles de tout le Poitou, qui est une région abondante en toutes chofes, & fur-tout en perfonnes d'efprit, entre lefquelles celles-ci doivent obtenir le premier rang pour leur fçavoir. Ladite Magdeleine Neveu, a écrit plufieurs Poëmes & autres Œuvres en profe, lefquelles ont été imprimées à Paris, avec celles de fa fille Catherine des Roches*. Caye Jules de Guerfens, (duquel nous avons ja parlé ci-dessus) a fait imprimer une Tragédie Françoise, prife du Grec de Xenophon, de laquelle le titre eft Panthée, & proteste en fon Epître, mife au devant d'icelle, qu'il n'en est l'Auteur mais qu'elle est de la façon de Mesdames des Roches de Poitiers. Je ne sçai s'il eft ainfi, ou bien s'il le faifoit pour s'acquérir davantage l'amitié de Catherine, laquelle il prétendoit époufer,

fi elle eût voulu tant l'honorer. Ladite Tragédie a été imprimée à Poitiers, l'an 1571, chez les Bouchets, & fe voit au devant d'icelle, un quadrain de ladite Dame des Roches Magdeleine Neveu. Elles font encore aujourd'hui vivantes, & floriffent à Poitiers cette année 1584, & ne ceffent de travailler pour fe rendre immortelles en toutes fortes dignes de perpétuelle gloire.

دو

* Pâquier, Recherches, Liv. VII, pag. 703, Chap. 6, parlant des Poëtes qui parurent après le règne de Henri II, dit : « avec lefquels je ne douterai d'ajouter mes Dames des Roches de Poitiers, mère & fille, & fpécialle»ment la fille, qui réluifoit à bien efcrire entre les Dames comme la Lune » entre les Eftoifes ». Catherine Neveu époufa le Seigneur des Roches qu'elle appelle dans l'Epitaphe qu'elle lui a faite François Eboiffard, Seigneur de la Villée. Elle n'eut de fon mariage que Catherine des Roches, qu'elle nourrit elle-même, & dont elle cultiva avec foin les heureufes difpofitions. Elles moururent l'une & l'autre le même jour, de la pefte qui affligeoit la ville de Poitiers, en 1587. Leurs Ouvrages réunis, & qui forment deux Recueils fous le titre de Premières & fecondes Euvres, ont toujours été imprimés enfemble. La dernière Edition de 1604 eft la plus complette. Madame des Roches parle ainfi dans fa première Ode du peu de liberté que les femmes ont de fe livrer à l'étude :

Nos parens ont de louables coutumes

Pour nous tollir l'usage de raison,

De nous tenir clofes dans la maison,

Et nous donner le fufeau pour la plume...

Il paroît que la mère & la fille n'eurent pas de prétention plus marquée dans feurs Ecrits que celle d'occuper agréablement leur loifir. Voici ce qu'en dit Catherine des Roches dans un Sonnet adreffé à fes Ecrits:

Je ne penfay jamais que vous euffiés de force
Pour forcer les efforts de l'oubli ni da tems;
Auffi je vous escry comme par paffe-tems,
Fuyant d'oifiveté la vicieuse amorce.

On trouve parmi les Euvres de Catherine des Roches deux Dialogues fort fenfés, & qu'on liroit encore avec plaifir, fur les avantages que les femmes peuvent retirer de l'étude. La mère & la fille traduifirent enfemble en vers François le Poëme de l'Enlèvement de Proferpine, par Claudien.

Les plus beaux efprits de leur temps composèrent à l'envi des vers Grecs Latins, François, Italiens & Efpagnols fur une puce qui fut apperçue fur le

fein

fein de Catherine des Roches, aux grands jours de Poitiers, tenus en 1579; Ils forment un Recueil imprimé en 1583, in-4°.

Voy. la Bibl. Françoise de M. l'Abbé Goujet, Tom. XIII, pag. 256, & Tom. XIV, pag. 263.

MADELON JARRY, Sieur DE WRIGNY au Maine, Gentilhomme fort docte, grand Poëte Latin & François, Historien & Orateur. Il a écrit & compofé l'Hiftoire de France, ou de l'origine des François, laquelle il a intitulée, Des Faids des François. Elle n'eft encore imprimée. Je defircrois que ceux (entre les mains defquels elle fera parvenue) la feiffent imprimer: car je crois qu'elle fera pleine de belles & doctes recherches; (comme je peux juger par quelque fragment d'icelle, lequel j'ai écrit de fa main, contenant deux ou trois feuilles de minute;) mais ce que j'en ai, n'eft que le brouillart de fa copie; il a davantage écrit en Poëfie Latine & depuis traduit en vers François, plufieurs Cantiques ou Noëls, Sonnets, Epitaphes, Epigrammes & autres femblables chofes, lefquelles ne font en lumière. Il mourut en fa Terre de Wrigny, près la ville de Sablé au Maine, l'an 1573, âgé d'un quarante ans.

MAMERT PATISSON, Imprimeur & Libraire à Paris, homme fort docte en Grec & en Latin, & en François auffi. Je n'ai encore point vu de fes écrits mis en lumière, fi peux-je bien affurer que quand il voudra il en pourra faire imprimer de fon invention, d'auffi beaux & doctes, comme ceux qu'il imprime d'ordinaire; en quoi il eft à louer grandement pour le profit qu'il fait au public, touchant les beaux livres qu'il imprime tous les jours; car il ne choifit que de bonnes copies, & compofées par hommes doctes, lefquelles il imprime fort correctes, de beaux caractères, fur bon papier & de belle marge, qui font toutes les perfections de l'Imprimerie; en quoi il ne dégénère de Meffieurs les Eftiennes, en la maison defquels il a pris alliance, ayant épousé la veuve du fils de Robert Eftienne, père de Henry, &c. Il florit à Paris cette année 1584 1.

I

Ménage, Chap. 91 du Tom. I de fon Anti-Baillet, a recueilli de divers
LA CR. DU M. Tom. II.

K

Auteurs tout ce qu'il a trouvé qui pouvoit faire le plus d'honneur à la mé-moire de Patiffon. Comme il n'a pourtant point fixé le temps de la mort de cet habile Imprimeur, j'ajouterai ici que ce fut l'an 1600. La preuve s'en tire d'une lettre de Cafaubon, du 23 Juillet 1602, de laquelle j'ai rapporté les termes fur le Tom. I de Baillet, Art. 17. (M. DE LA MONNOYE).

I

MARC-ANTOINE DE MURET, natif de la ville de Limoges, en la Gaule Guiennoise ', appelée des Latins Aquitaine, qui est auffi le pays de Jean d'Aurat, Poëte du Roi, & de plufieurs autres fçavants hommes, entre lefquels je nommerai pour ceux de notre temps Jean de Maumont, Simeon du Bois, dit Bofius, Martial Roger, Jean Jolivet, Chorographe, Michel Nigonius, Orateur, & J. C. lequel étoit tant admirable pour fa divine mémoire, Antoine Valet, Docteur en Médecine, Joachim du Challard, Meffieurs de Selue, dont l'un fut Evêque de la Vaur, Chreftofle de Roffignac, Président de Bordeaux, Martial Mafarier, Docteur en Théologie, & Chanoine de Notre-Dame à Paris, l'an 1540, &c. Jean de Sallignac, Maledent, Betolaud, la Garde, Maffiot, Maillard, de la Barde, le Roy, Beaubrueil, Blanchon, Antoine de Lauets, & autres en nombre infini, defquels je ferai mention autre part, fans parler ici des anciens, comme d'un Profpèr Aquitanus, Bernardus Guidonis, lequel floriffoit en l'an de falut 1300. taifant ici dixfept Papes de cette nation, qui tous ont été hommes doctes, defquels nous nous réfervons d'écrire en autre lieu plus à propos. Or pour revenir, (après cette longue digreffion,) à parler du fufdit M. A. de Muret, nous dirons qu'il est estimé l'un des plus doctes ès-Langues, & des plus éloquents Orateurs de notre temps, outre ce qu'il eft bien verfé en tous arts, toutes profeffions & difciplines, defquelles il a fait fuffifante preuve par fes lectures publiques: mais étant du jourd'hui Prêtre & Citoyen de Rome, (qui n'eft pas un petit honneur, car cela n'eft donné qu'à ceux qui méritent beaucoup, comme auparavant lui, avoit été Chreftofle de Longueil dit Longolius, & de récente mémoire Hubertus Goltzius, fi excellent rechercheur de l'antiquité,) il fe contente de verfer ès fçiences plus propres à

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