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MARIE STUART, ou ESTUARD, Roine d'Efcoffe, femme de François de Valois II du nom, Roi de France, fils de Henri II, &c. Cette Dame & très-illuftre Princeffe a beaucoup de perfections & vertus recommandables, & principalement touchant les Arts & Sciences, dequoi elle donna un fuffifant témoignage, (lors qu'elle prononça en la préfence du Roi de France Henry II, accompagné de la plupart des Princes & Seigneurs de fa Cour) une Oraifon Latine, en forme de Paradoxe, par laquelle elle foutint, qu'il eft bien féant aux femmes de fçavoir les Lettres & les arts libéraux, &c. laquelle Oraifon elle a depuis traduite en François. Mais elles ne font encore en lumière, non plus que fes Poëfies Françoifes. Antoine Fouquelin, de Chauny en Vermandois, fait très-honorable mention de ladite Royne, en fa Rhetorique Françoife, laquelle il lui a dédiée, & racompte d'elle ce que j'ai dit ci-deffus. Elle florit cette année 1584. Dieu lui veuille donner accroiffement d'honneur & de profpérité en toutes fortes *.

*Il s'en falloit beacoup que cette Princeffe infortunée florit en 1584, comme le dit La Croix du Maine, qui lui fouhaite accroiffement d'honneur & de profpérité en toutes fortes. Elle languiffoit alors, depuis près de quinze ans, dans les horreurs d'une cruelle prifon, d'où elle ne fortit que pour porter fa tête fur un échafaut, le 18 Février 1587, âgée de quarante-deux ans.. Cette Reine étoit d'une grande beauté, favoit le Latin & cinq autres lan-gues, écrivoit également bien en profe & en vers, protégeoit les Savans qu'elle aimoit, & les beaux Arts. Mais fes goûts & fes talens ne l'empêchè

pas de faire mille fauffes démarches, qui la réduifirent enfin à chercher un afyle dans les États de fa plus cruelle ennemie, d'Elifabeth, Reine d'Angleterre, qui lui offrit toute fureté & une retraite honorable, pour s'aflurer, fous ces prétextes fpécieux & attrayans, de fa perfonne. La politique cruelle & la diffimulation odieufe d'Elifabeth, qui feignit de plaindre la Reine d'Ecoffe, lorfqu'elle la conduifit fur l'échaffaut, développèrent toute la barbarie de fon caractère. La fermeté que montra dans fes derniers momens l'infortunée Marie Stuard, le courage & la bonté avec lefquels elle confola fes domeftiques, la fierté vraiment Royale avec laquelle elle traita les Miniftres d'Elifabeth, lui firent pardonner toutes les erreurs qui l'avoient réduite à ces terribles extrêmités; on ne vit plus que l'injuftice & l'irrégularité de la procédure inique qui, contre tout droit, la condamnoit à mort. Toute l'Europe plaignit fon fort, & fon fupplice fera toujours la honte du règne de fon ennemie.

MARIN LE FEBVRE, Chirurgien, demeurant à Illiers en Beauffe, l'an 1577. Il a traduit de Latin en François un petit Traité en forme de Dialogue, contenant les merveilleux effets de deux admirables Fontaines fituées en la Forêt d'Ardenne & le moyen d'en user pour plufieurs maladies, imprimé à Paris l'an 1577·

MARIN LIBERGE, Manceau ou Mançois, natif de la Chapelle Soëf au Pays & Comté du Maine près Bellesme au Perche, &c. Docteur ès Droits, par ci-devant Lecteur ordinaire en cette profeffion en l'Univerfité de Poitiers, & maintenant à Angers, homme docte en Droit, & grand Orateur & Hiftorien, Philofophe & Poëte Latin & François, &c. 1. Il se voit de lui un Difcours très-ample du fiége de Poitiers, & de tout ce qui s'eft fait & paffé de mémorable durant icelui, l'an 1569, lequel Livre il envoya à M. des Matraz Jean Beautru Angevin, lequel le fit imprimer à Paris audit an 1569, chez Nicolas Chefneau, fans que l'intention de l'Auteur fût telle; ce Livre a été depuis imprimé a Poitiers l'an 1570, chez Pierre Boifateau, plufieurs augmentations d'Epitaphes, Latins & François, fur la mort des illuftres hommes qui furent tués devant ledit fiège. Je n'ai point connoiffance de fes autres écrits en notre Langue. Quant à ceux qu'il a compofés en Droit & fur l'Hiftoire, & touchant les Oraifons* Latines faites par lui, nous en traiterons dans notre Bibliothèque Latine. Il florit à Angers, ville Capitale du Pays & Duché d'Anjou, cette année 1584, & fait leçons ordinaires en fa profeffion de Jurifprudence.

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1 Ménage, dans la vie de fon père, dit que Liberge, tout habile Jurif confulte qu'il étoit, ayant eu communication de quelques leçons manufcrites de Cujas, les dictoit librement comme fiennes à fes Ecoliers, ce que Cujas ayant fu, témoignoit aux Angevins qui alloient l'écouter à Bourges, "qu'il » leur en étoit d'autant plus obligé, qu'ils auroient pu s'épargner cette peine, » ayant leur Cujas à Angers II rapporte auffi dans fes Remarques fur la vie de P. Ayrault plufieurs autres particularités de ce Profeffeur, qui mourut l'an 1599 ou 1600. (M. DE LA MONNOYE).

1

* Voy, les Mémoires de Niceron, Tom. XL, pag. 52, où il eft dit que

la dernière action publique de Liberge, fut un Difcours qu'il prononça er 1598, en préfence d'Henri IV, & que ce Prince l'écouta avec tant de plaifir, qu'après avoir embraffé & loué publiquement Liberge, il accorda en fa faveur à FUniverfité d'Angers le droit d'appetiffement de pintes à partager avec la Maifon-de-Ville. Il ne furvécut pas beaucoup à cet honneur, étant mort en 1599 ou 1600. Je fais cette remarque, parce que dans le Manufcrit de M. de la Monnoye la mort de Liberge, à la fin de fa note ci-deffus rapportée, eft marquée à l'année 1619 ou 1620. On a fait la même faute dans la Biblioth. Hiftor. de la France, nouv. Edit. n°. 18065. Gilles Bry, dans fon Hift. du Perche, pag. 374, a parlé de Marin Liberge, qu'il dit être de la Paroiffe de Bellou-le-Trichard. Il n'a compofé en François, que le Livre cité par La Croix du Maine. Il a été réimprimé à Poitiers, en 1621.

MARIN SOREAU, Médecin & Aftrophile de la ville de Sées en Normandie. Il a écrit & compofé le Prognostiq fatal pour l'an de grace 1548, imprimé à Rouen en ladite année.

MARTIAL D'AUVERGNE, Procureur au Parlement de Paris, l'an 1480, natif de Lymofin, encore qu'il s'appelât Martial d'Auvergne, &c. 1 Il a écrit en vers François l'Hiftoire de Charles VII, Roi de France, lequel Livre il a intitulé les Vigiles du Roi Charles VII, & contient comme il conquit la France fur les Anglois, & les Duchés de Normandie & de Guienne, &c. imprimé à Paris par diverses fois*; il a davantage écrit quelques Prières à Notre-Dame, intitulées les Dévotes louanges à la Vierge Marie, &c. imprimées à Paris par Jean du Pré, l'an 1492; il a compofé en profe Françoise, cinquante Arrêts d'Amours, imprimés à Paris l'an 1528, & auparavant: lefdits Arrêts ont été commentés de fort doctes annotations par un Jurifconful Lyonnois nommé Benedicus Curtius Symphorianus, & ont été imprimés à Lyon & à Paris **. Plufieurs 'Auteurs font mention dudit Martial d'Auvergne, & entre autres Lilius Gregorius Giraldus de Ferrare en Italie, lequel parle de lui en fes Dialogues des Poëtes de notre temps, fol. 77. Jean de Luc, J. C. Parifien dit Lucius, en fait auffi mention & ledit Curtius de Saint-Saphorin près Lyon, en fes Commen taires fufdits fol. 18. J'ai fouvenance d'avoir lu dans les Hiftoires de France, que cettui Martial d'Auvergne mourut à Paris d'une

fiévre chaude, & qu'il fe précipita dans l'eau, étant preffé de la fureur de fon mal: ce que firent plufieurs autres de fon temps, pour la même maladie

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***

'On varie beaucoup fur le lieu de la naiffance de cet Auteur. Lilius Gyraldus & Jean du Luc le font Auvergnac, en quoi ils ont tort. Benoît lo Court, de qui ils tenoient ce qu'ils ont fu touchant Martial, n'ayant pas dit qu'il fût Arvernus, mais origine Arvernus. Du Verdier, en le nommant Martial de Paris, dit d'Auvergne, femble dire, quoique moins clairement, la même chofe que Benoît le Court. La Croix du Maine, fondé apparemment fur ce que le nom de Baptême, Martial, eft très-commun dans le Limofin, veut que ce Martial, appelé d'Auvergne, fût Limofin. Pour moi je le crois né à Paris, où il étoit Procureur au Parlement, & que d'Auvergne étoit devenu fon nom de famille, parce que fes Ancêtres étoient natifs d'Auvergne, où le nom de baptême, Martial, pouvoit s'être facilement répandu par les alliances contractées dans le Limofin, Province voifine. Quelques-uns ont cru avec trop de facilité, fur la foi de La Croix du Maine, que ce jeune Procureur au Parlement, & Notaire au Châtelet de Paris qui au rapport de la Chronique Scandaleufe, faifi au mois de Juin 1466 d'un accès de fièvre chaude, fe précipita du haut de fa chambre dans la rue, & fe bleffa dangereufement, fans néanmoins en mourir, eft le Martial dont il s'agit. Mais ce Procureur n'étant nommé dans aucune des Editions de cette Chronique, il ne me paroît pas qu'une conjecture fi hafardée doive être reçue. Le Compilateur des Mémoires de Littérature, & le P. le Long, copié par l'Auteur de la Préface imprimée au-devant des Vigiles de Charles Vil, à Paris, 1724, in-8°. ont extrêmement brouillé ce fait. Quant aux Arrêts d'amour, le nombre eft de 51 dans les plus anciennes Editions. La plus ample de toutes, eft celle de Rouen, in 16, 1587, parce que, outre le 52e Arrêt & les Ordonnances fur les Mafques, qui font deux pièces de l'invention du nommé Gilles d'Aurigny, dit le Pamphile, elle contient de plus un 53 Arrêt, rendu par l'Abbé des Cornars, en fes grands jours tenus à Rouen, pour fervir de Réglement touchant les arrérages requis par les femmes à l'encontre de leurs maris. Lilius Gyraldus que j'ai ci-deffus repris d'une , en a fait une seconde au même endroit, lorfqu'au lieu de dire, conformément à Benoît le Court, que Martial d'Auvergne étoit Cognitor Senatús Parifienfis, Procureur au Parlement de Paris, il a dit Coactor Senatûs Parifienfis, charge jufqu'ici inconnue (à moins qu'elle ne défigne un Huissier)... (M. DE LA MONNOYE).

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*Ce Poëme eft celui qui a le plus contribué à la réputation de fon Auteur. Il eft de fix à fept mille vers de différentes mefures. Il est tout à la louange de Charles VII, & il a été intitulé Les Vigiles de la mort du Roi Charles VII, à caufe de la forme fingulière fous laquelle il eft conçu, qui eft celle des Vigiles des Morts, Au lieu de Pfeaumes, ce font des récits hiftoriques, où le Poëte

rapporte les malheurs & les glorieux exploits de fon Héros & les événemens principaux de fon règne; les leçons font remplacées par des complaintes fur la mort du Roi, dans lesquelles on célèbre fes vertus. Cet Ouvrage a été réimprimé à Paris, en 1724, en 2. vol. in-8°.

** A la fuite des Arrêts d'Amours, réimprimés à Amfterdam, en 1731 on a imprimé une pièce curieufe, reconnue pour être de Martial d'Auvergne, qui a pour titre : l'Amant rendu Cordelier à l'obfervance d'Amours. Les deux Bibliothécaires ne parlent point de cette pièce.

***Ce que dit ici La Croix du Maine, du genre de mort de Martial d'Auvergne, eft abfolument faux, ainfi que M. de la Monnoye l'a déjà remarqué dans la note ci-deffus. On ne peut en douter, après fon Epitaphe rapportée dans les Additions de Joly, au Liv. I des Offices de France de Loifeau, Tom. I, fol. 144. Elle finit ainfi :

Sous Jesus-Chrift, en bon fens pacifique
Patiemment rendit fon efperit,

En May treize ce jour là fans replique

Qu'on difoit lors mile cinq cent & huit.

Ce Poëte étoit l'homme de fon fiècle qui écrivoit le mieux. On remarque dans toutes fes productions du génie, de la force, de la pénétration, & une forte d'élégance naïve qui plaît encore, & qui annonce qu'il étoit franc, fincère, & ennemi déclaré du vice. La peinture qu'il fait de la vie champêtre eft charmante;

Mieux vaut lieffe
L'accueil & l'adreffe,
L'amour & fimplesse
Des bergiers pafteurs,
Qu'avoir à largefse
Or, argent, richeffe,
Ne la gentillesle

De ces grans Seigneurs;
Car ils ont douleurs

Et des maux greigneurs ;
Mais pour nos labeurs
Nous avons fans ceffe
Les beaulx prés & fleurs,

Fruitaiges, odeurs,

Et joye à nos cueurs

Sans mal qui nous blesse.

Voy. les Mémoires de Niceron, Tom. IX & X, pag. 171 & 273, & la Bibl. Françoife de M. l'Abbé Goujet, Tom. X, pag. 39.

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